Plus qu'un Rallye c'est un pèlerinage initiatique consacré à la mémoire des Harkis que notre ami Kader Hamiche accomplit depuis le 1er Août 2013, je reconnais bien en lui un fils de Harki et fier de l'être, mais en plus dans l'exploit qu'il accompli je reconnais aussi en lui un homme qui a hérité des qualités de courage d'une lignée d'hommes qui n'ont pas hésité à prendre les armes aux côtés des soldats Français en Algérie de 1954 à 1962 pour défendre les valeurs de la France.
Important : Le rallye des camps harkis c'est aussi pour Kader Hamiche sa façon de préparer la rédaction d’un troisième livre sur les camps harkis en France. «L’histoire des harkis, c’est celle d’un abandon. qu’il ne faut pas oublier», Kader Hamiche a déjà écrit «Manifeste d’un fils de harki, fier de l’être», sorti en 2007, et «La France confisquée», paru en 2013.
Important : Le rallye des camps harkis c'est aussi pour Kader Hamiche sa façon de préparer la rédaction d’un troisième livre sur les camps harkis en France. «L’histoire des harkis, c’est celle d’un abandon. qu’il ne faut pas oublier», Kader Hamiche a déjà écrit «Manifeste d’un fils de harki, fier de l’être», sorti en 2007, et «La France confisquée», paru en 2013.
Nos précédents articles sur le Rallye des Camps : Pour ceux de mes lecteurs qui n’auraient pas suivi l’évènement, je leur demande de se reporter
aux articles précédents publiés récemment
sur mon site, il suffit de cliquer sur les titres ci-dessous :
. Périple
en vélo de 2580 km à partir du 1er Août pa... publié le 31/07/2013
· Kader
Hamiche : sa première étape en vélo, sous la...publié le 2 Août 2013
Kader Hamiche : Rallye des Camps 2 et 3 - ( sui...
Kader Hamiche : Rallye des Camps 2 et 3 - ( sui...
Et voici ci-dessous la suite :
Rallye des Camps 2013 : étapes 3 et 4
A Villeneuve-sur-Lot Au camps de Bias, devant la stèle aux Harkis
Les deux premières étapes ayant été
terriblement éprouvantes, non seulement du fait de la distance mais à
cause de la chaleur, j’ai décidé de sauter celle de Mont-de-Marsan où
personne ne m’attendait. Du coup, il fallait opérer un transfert vers
Toulouse d’où je devais repartir vers Villeneuve-sur-Lot.
Il n’y avait aucun accueil prévu aux
étapes à suivre. Aussi, c’est seul et sans voiture suiveuse que je
reprenais la route en début d’après-midi, avec, sur le dos, un petit sac
contenant un change léger et mon ordinateur.
Une fois de plus, le cagnard fut au
rendez-vous. Dans un paysage d’une beauté à la fois superbe et
champêtre, le parcours déclinait pentes et descentes, certaines
vertigineuses (je dus pour la première fois depuis le départ, gravir des
côtes de plus de trois kilomètres avec une déclivité supérieure à 13%)
entrecoupées de longs faux plats. Très vite, je sus que cette journée
serait encore difficile. Le sac à dos contenant l’ordinateur, quoique
confortable, pesait sur mes épaules. Mais, surtout, l’entrejambe donna
vite des signes d’irritation. J’avais, en effet, troqué ma tenue bleue
et blanche de cycliste professionnel contre une noire et blanche qui
était loin de la valoir. La première étant repartie avec la voiture
suiveuse vers Béziers pour y être lavée, je ne mis pas longtemps à la
regretter.
Parti tard sur des routes difficiles
pour une étape de cent-trente-huit kilomètres, j’étais tout juste en
vue de Montaigu à la nuit tombante. C’est donc là que je fis halte dans
un hôtel-restaurant confortable aux hôtes accueillants mais sans wifi
ni téléphone… Il me restait en théorie trente kilomètres à effectuer
pour rallier Villeneuve-sur-Lot. Mais il devinrent quarante-huit à la
faveur d’une nouvelle erreur d’aiguillage, pour cause, cette fois, d’un
panneau de bifurcation quasi invisible. Mais le parcours fut magnifique
et c’est tout joyeux, quoique les fesses en feu, que j’atteignis la
terre promise.
C’était dimanche : il fallut donc attendre le lendemain 9 heures pour accéder aux bureaux locaux de la presse régionale. La Dépêche et Sud-Ouest me reçurent, comme partout, avec sympathie et intérêt pour mon entreprise.
Puis ce fut la visite du camp de
Bias, à six kilomètres de Villeneuve-sur-Lot en direction inverse de mon
étape du jour. A mesure que j’approchais du camp, je me sentais pris
d’émotion car c’est la première fois que j’y venais. Je fus tout surpris
de trouver à l’entrée du camp, une aire sans aucun relief et sans
arbres, une stèle toute simple gravée d’un texte au style administratif
et parfaitement neutre, celui de l’article 1er de la loi du 11 juin 1994
: « La République française témoigne sa reconnaissance envers les rapatriés (sans majuscule)
anciens membres de forces supplétives et assimilés ou victimes de la
captivité en Algérie pour les sacrifices qu’ils ont consentis ». Un
chauffeur de bus stationné à proximité eut la gentillesse de me prendre
en photo devant la stèle. Puis il me désigna un homme accroupi à
l’ombre des premières maisons basses qui encadraient un terrain de
football.
J’allai vers lui. C’était un homme
d’une cinquantaine d’années au maximum, au visage souriant et avenant
marqué par la vie et, me sembla-t-il, l’usage de substances interdites.
La conversation s’engagea. Il me dit dans cette belle langue française
du Sud-Ouest, juste, sans fioritures, sans un mot déplacé et d’un ton
parfaitement posé mais désolé, comment le camp avait peu à peu été
investi par des populations immigrées d’Algérie, les quelques familles
de Harkis restées là ayant renoué avec l’Islam et le pays d’origine et
servant de cheval de Troie, en quelque sorte, à l’invasion. Puis il me
montra du doigt deux vieilles dames vêtues à la mode du bled et une plus jeune en tenue sportive.
Quoique en tenue moulante de
cycliste non conforme à l’idée que ces dames pouvaient se faire de la
pudeur, j’allai résolument vers la plus jeune d’entre elles. Ayant
entendu mes explications, elle eut d’abord un mouvement de recul.
J’insistai gentiment pour qu’elle me parle un peu du camp. Elle n’alla
pas jusque là mais se prêta néanmoins à une discussion anodine. Je lui
demandai s’il y avait une fontaine. Elle voulut absolument aller me
chercher une bouteille d’eau de source fraîche. Elle parut contente de
m’avoir fait plaisir. Je mis fin à cette rencontre en remerciant et en
promettant de revenir la voir à l’écriture du livre sur les camps, qui
est à l’origine de ce périple. Elle ne dit pas non.
En partant, je m’arrêtai devant
l’homme qui m’avait d’abord accueilli. Accroupi au pied d’une maison, il
roulait une cigarette. Il me donna la route à suivre pour retourner
vers Villeneuve-sur-Lot.
Je fus pris d’un sentiment de malaise. Un pensée me vint : « La cause harkie est morte ! » Je ressentis l’impression d’être un de ces personnages des films de Sydney Pollack (Jeremiah Johnson) ou Arthur Penn (Little Big Man) rencontrant des indiens en plein milieu d’une nature sauvage et désolée. Oui, désolation
! C’est le mot qui me venait, à cet instant, à propos de cette cause
que je ne cesse de rappeler à mes compatriotes sans reconnaissance et
sans mémoire, et à cette patrie française qui s’est comportée envers les
Harkis, ses fils aimants et fidèles, comme une indigne marâtre.
Désolation mais pas renoncement. Les
Romains pensaient qu’un être mort ne l’était vraiment que du jour où
l’on cessait d’invoquer son nom. Il en est de même de la cause harkie.
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