Le 19 novembre 2009, le quotidien Le Monde nous apprend que le président Nicolas Sarkozy envisage de faire transférer les restes d'Albert Camus au Panthéon
Les origines d’Albert Camus
Pour bien cerner l’évolution d’Albert Camus il me parait légitime de tracer en quelques lignes l’ambiance familiale de son enfance :
Lucien Auguste Camus, père d'Albert, est né en 1885 à Oued-Fayet dans le département d'Alger et descend des premiers arrivants français en Algérie. Lucien Auguste Camus travaillait comme caviste dans un domaine viticole, près de Mondovi, à quelques kilomètres au sud de Bône (Annaba) dans le département de Constantine, pour un négociant de vin d'Alger.
Le père d’Albert Camus avait épousé en novembre 1910 Catherine Hélène Sintès, née à Birkadem en 1882, dont la famille est originaire de Minorque. De cette union naîtront deux fils 1911, Lucien Jean Étienne et en novembre 1913, leur second fils, Albert Camus.
Lucien Auguste Camus, père d’Albert Camus, est mobilisé en septembre 1914. Blessé à la bataille de la Marne et évacué le 11 octobre à l'hôpital militaire de Saint-Brieuc, il y meurt le 17 octobre 1914 alors qu’Albert Camus, est dans sa première année.
Sa mère, née Catherine Sintès en partie sourde n’a pu faire d’étude, avant même le départ de son mari au front, elle s’était installée par commodité avec ses enfants en très bas âge, Lucien Jean Etienne et Albert chez sa mère, Mme Sintès.
De son père, Camus ne connaîtra que quelques photographies.
De sa mère Albert Camus écrira plus tard « Il y avait une fois une femme que la mort de son mari avait rendue pauvre avec deux enfants. Elle avait vécu chez sa mère, également pauvre, avec un frère infirme qui était ouvrier. Elle avait travaillé pour vivre, fait des ménages, et avait remis l'éducation de ses enfants dans les mains de sa mère (Madame Sintès grand-mère maternelle d’Albert Camus).
Et de sa grand-mère Albert Camus écrira dans un brouillon de l’Envers et l’endroit : Rude, orgueilleuse, dominatrice, celle-ci les éleva à la dure », en parlant de son frère et lui-même. Pour qui connaît les cinquante familles minorquines toutes apparentées entre elles qui sont à l’origine de la fertilisation de la Mitidja et créatrices de nombreux villages et fermes, voici ce que rapportent dans ses récits historiques sur l’Algérie, le Père Roger DUVOLLET, Père Blanc, qui avait fait son noviciat à la Maison des Pères Blancs à Maison Carrée et ensuite accompli sa noble mission, jusqu’à l’indépendance de l’Algérie, d’abord dans plusieurs Villes d’Algérie pendant plus de quarante ans, et notamment pendant 11 ans au Sahara, à Hassi Messaoud et à Ouargla, où il est devenu le Père vénéré et l’ami de tous les pétroliers qui ont découvert et mis en production les immenses gisements de pétroles et de gaz du Sahara alors Français :
1°) Extrait : " DEPUIS 1835, de nombreux émigrants espagnols originaires de Fort-Mahon, dans l’Ile de Minorque, étaient venus s’installer à Alger et ses environs, à l’instigation du Baron de Vialar."
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Note : Le Père Duvollet relate ensuite l’ardeur au travail de ces familles minorquines, leur sobriété, leurs mœurs paisibles, leur esprit de famille, leur éducation religieuse et leur ouverture à la France :
2°) Extrait : "Très pieux, les Mahonnais (minorquins) ne manquaient pas d’observer toutes les Fêtes Religieuses, ayant apporté avec eux la foi qui, jointe au puissant esprit de famille qui les animait, leur permettait de lutter contre les dures conditions d’existence. Ils eurent dès 1851 leur Chapelle ( à Fort de l’eau, première ville entièrement construite par les cinquante familles ) où officiait l’Abbé Castagnet. Le dernier desservant de cette paroisse exemplaire fût l’Abbé J.P. Toulet. Plus tard une Eglise abrita leur piété qui ne se démentit jamais. Soucieux de s’intégrer rapidement aux pays qui les avait accueillis, dès 1856, ils réclamaient à l’Administration un instituteur pour leurs enfants"
Fin des extraits (dans l’œuvre du Père Duvollet il y a d’autres passages encore plus élogieux, mais ces deux courts extraits se suffisent pour situer les traditions familiales des minorquins)
Plus tard ces cinquante familles essaimèrent aux alentours et construisirent de nombreux village et installèrent des fermes toujours dans la même observance de leurs mœurs familiales.
Je ne sais si la Grand-mère Sintès était venue dès l’origine avec ces familles, mais elle leur était apparentée très étroitement d’après la généalogie établie par d’éminents généalogistes d’origine minorquine, qui ont étudiés l’origine de ces cinquantes familles dont les actes se trouvaient et sont toujours pour les premiers arrivants, consignés au Diocèse de Ciutadella à Minorque, et pour ceux qui sont nés ensuite en Algérie , au Centre national d’archives d’outre mer à Aix-en-Provence (pour les actes de plus de cent ans) et pour ceux de moins de 100 ans à Nantes , assez curieusement au Service d’Etat civil du Ministres des Affaires étrangères, avec tous les actes concernant tous les Français rapatriés d’Algérie, étant précisé que tous ces minorquins étaient devenus tous Français depuis plusieurs générations soit en optant pour la France lors de leurs services milita ires, soit en demandant très vite leur naturalisations.
Ainsi ce que Albert Camus avait pu considérer de sa grand-mère en écrivant : « Rude, orgueilleuse, dominatrice, celle-ci les éleva à la dure », en parlant de son frère et lui-même, s’explique en fait par cette éducation rigoureuse patriarcale et matriarcale, transmise de génération en génération, et jusqu’à nos jours dans ces familles : une éducation stricte ou les grands parents autant que les parents prenaient leur place de chefs de lignée, et ne lâchaient pas la bride à leur descendance en les maintenant dans le strict respect des traditions familiales.
Pour les études brillantes et l’œuvre non moins brillante d’Albert Camus, son évolution dans les milieux intellectuels, philosophes, et mondains parisiens, je ne donnerai aucune appréciation, ni jugement de valeur, d’illustres commentateurs reconnaissent en lui un humaniste en marge des courants philosophiques, selon leur analyse il s'est opposé au christianisme, au marxisme et à l'existentialisme et n'a cessé de lutter contre toutes les idéologies et les abstractions qui détournent de l'humain.
Toujours d’après eux, il incarne une des plus hautes consciences morales du XXe siècle – et disent que l'humanisme de ses écrits a été forgé dans l'expérience des pires moments de l'espèce humaine.
Simplement pour moi Française d’Algérie, qui ai lu deux ou trois de ses ouvrages, je m’accorde à reconnaître toutes ces éloges, mais je regrette que dans ses narrations portant sur l’Algérie notamment sur Oran, comportent des descriptions parfois trop caricaturales , presque violentes, qui font penser à un survol en surface des lieux, à une dramaturgie accentuée qui ne saisit pas le fond véritable de cette ville et de ses habitants de l’époque.
Pour moi je souhaiterais sincèrement que le Pouvoir actuel laisse pour le moment Albert Camus dormir en paix, je crains trop que les honneurs du Panthéon, et des discours rédigés par des plumitifs politiques ou pseudo-philosophes qui ne l’ont pas connu personnellement, ou connu seulement à travers ses œuvres avec leur propres interprétations, et qui ne le célébrerons que par rapport à leurs propres ressentis , ne donnent lieu qu’à une grande opération de communication politique détournée de son authenticité culturelle, Albert Camus mérite mieux.
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