L’intervention française au Mali a reçu un
large soutien de la classe politique française, d’après les médias un grand consensus
politique de tous les partis de gauche
et droite soutient l’intervention
française au Mali, François Hollande s’est félicité que l’unité nationale se
retrouve pour approuver sa décision.
Mais cependant
un ex premier Ministre Dominique de
Villepin ne rejoint pas cette unanimité,
il analyse la situation malienne tout autrement avec la lucidité d’un grand diplomate, qui avait porté en février
2003 à l'ONU le "non" de la
France à la guerre en Irak, et qui aujourd’hui, pour le Mali, privilégie la recherche d’un processus et d’une
dynamique politique pour négocier en isolant les islamistes en
ralliant les touaregs à une solution raisonnable, de préférence à un reflexe
précité de l’ unanimisme « va-t-en-guerre »
Dans sa tribune publiée sur le JDD, Dominique Villepin écrit notamment « Pire encore, ces guerres sont un
engrenage. Chacune crée les conditions de la suivante. Elles sont les batailles
d’une seule et même guerre qui fait tache d’huile, de l’Irak vers la Libye et la Syrie, de la Libye vers le Mali en
inondant le Sahara d’armes de contrebande. Il faut en finir. »
Si nous avons isolé ci-dessus ce
passage de son écrit c’est parce que nous estimons qu’il est bon de
rappeler que les armes de contrebande, aux mains des rebelles
islamistes et
terroristes, qui inondent le Mali et le
Sahara proviennent de la révolution
Libyenne, ce que tout le monde politique et médiatique parait avoir
oublié.
Nous pensons qu’il est édifiant de
lire la Tribune
de Dominique de Villepin empreinte d’un esprit de réalisme et de vérité et c’est
pourquoi nous la publions ci-dessous intégralement reproduite en
copié/collé :
Source JDD :
12 janvier 2013
Villepin : "aucune des
conditions de la réussite n'est réunie" au Mali
Mis à jour le 13/01/2013 | 11:04
, publié le 13/01/2013 | 09:28
Villepin : "Non, la guerre
ce n’est pas la France"
TRIBUNE - Par Dominique de
Villepin, ancien Premier ministre. A paraître demain dans le JDD.
Le Mali, pays ami, s’effondre.
Les djihadistes avancent vers le sud, l’urgence est là.
Mais ne cédons pas au réflexe de
la guerre pour la guerre. L’unanimisme des va-t-en-guerre, la précipitation
apparente, le déjà-vu des arguments de la "guerre contre le
terrorisme" m’inquiètent. Ce n’est
pas la France. Tirons
les leçons de la décennie des guerres perdues, en Afghanistan, en Irak, en
Libye.
Jamais ces guerres n’ont bâti un État solide et démocratique. Au contraire, elles favorisent les séparatismes,
les États faillis, la loi d’airain des milices armées.
Jamais ces guerres n’ont permis
de venir à bout de terroristes essaimant dans la région. Au contraire, elles
légitiment les plus radicaux.
Jamais ces guerres n’ont permis
la paix régionale. Au contraire, l’intervention occidentale permet à chacun de
se défausser de ses responsabilités.
Pire encore, ces guerres sont un
engrenage. Chacune crée les conditions de la suivante. Elles sont les batailles
d’une seule et même guerre qui fait tache d’huile, de l’Irak vers la Libye et la Syrie, de la Libye vers le Mali en
inondant le Sahara d’armes de contrebande. Il faut en finir.
Au Mali, aucune des conditions de
la réussite n’est réunie.
Nous nous battrons à
l’aveuglette, faute de but de guerre. Arrêter la progression des djihadistes
vers le sud, reconquérir le nord du pays, éradiquer les bases d’AQMI sont
autant de guerres différentes.
Nous nous battrons seuls, faute
de partenaire malien solide. Eviction du président en mars et du premier
ministre en décembre, effondrement d’une armée malienne divisée, défaillance
générale de l’Etat, sur qui nous appuierons-nous?
Nous nous battrons dans le vide,
faute d’appui régional solide. La Communauté des Etats de
l’Afrique Occidentale reste en arrière de la main et l’Algérie a marqué ses
réticences.
Un processus politique est seul
capable d’amener la paix au Mali.
Il faut une dynamique nationale
pour reconstruire l’Etat malien. Misons sur l’union nationale, les pressions
sur la junte militaire et un processus de garanties démocratiques et de l’Etat
de droit à travers des politiques de coopération fortes.
Il faut aussi une dynamique
régionale, en mobilisant l’acteur
central qu’est l’Algérie et la
CEDEAO en faveur d’un plan de stabilisation du Sahel.
Il faut enfin une dynamique
politique pour négocier en isolant les islamistes en ralliant les touaregs à
une solution raisonnable.
Comment le virus néoconservateur
a-t-il pu gagner ainsi tous les esprits? Non, la guerre ce n’est pas la France. Il est temps
d’en finir avec une décennie de guerres perdues. Il y a dix ans, presque jour
pour jour, nous étions réunis à l’ONU pour intensifier la lutte contre le
terrorisme. Deux mois plus tard commençait l’intervention en Irak. Je n’ai
depuis jamais cessé de m’engager pour la résolution politique des crises et
contre le cercle vicieux de la force. Aujourd’hui notre pays peut ouvrir la
voie pour sortir de l’impasse guerrière, si elle invente un nouveau modèle
d’engagement, fondé sur les réalités de l’histoire, sur les aspirations des
peuples et le respect des identités.
Telle est la responsabilité de la France devant l’histoire.
Dominique de Villepin
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