13 janvier 2013

Mali : Dominique de Villepin ne rejoint pas l'unanimisme des "va-t-en guerre", d'après nous il a raison !

Éditorial de lucienne magalie pons


L’intervention française au Mali a reçu un large soutien de la classe politique française, d’après les médias un grand consensus politique de tous les partis  de gauche et droite  soutient l’intervention française au Mali, François Hollande s’est félicité que l’unité nationale se retrouve pour approuver sa décision.

 Mais  cependant un ex premier Ministre Dominique  de Villepin  ne rejoint pas cette unanimité, il  analyse la situation malienne  tout autrement avec la  lucidité d’un  grand diplomate, qui avait porté en février 2003 à l'ONU le "non" de la France à la guerre en Irak, et qui aujourd’hui, pour le Mali,   privilégie la recherche d’un processus et d’une dynamique  politique  pour négocier en isolant les islamistes en ralliant les touaregs à une solution raisonnable, de préférence à un reflexe précité de  l’ unanimisme  « va-t-en-guerre »  

 Dans sa tribune  publiée sur le JDD, Dominique Villepin  écrit notamment  «  Pire encore, ces guerres sont un engrenage. Chacune crée les conditions de la suivante. Elles sont les batailles d’une seule et même guerre qui fait tache d’huile, de l’Irak vers la Libye et la Syrie, de la Libye vers le Mali en inondant le Sahara d’armes de contrebande. Il faut en finir. »

Si nous avons isolé ci-dessus ce passage de son écrit c’est parce que nous estimons qu’il est bon de rappeler  que les armes de contrebande,  aux mains des rebelles islamistes et terroristes, qui inondent le  Mali et le Sahara proviennent de la  révolution Libyenne, ce que tout le monde politique et médiatique parait avoir oublié.

Nous pensons qu’il est édifiant de lire la Tribune de Dominique de Villepin empreinte d’un esprit de réalisme et de vérité et c’est pourquoi nous la publions ci-dessous intégralement reproduite  en copié/collé :


 Source JDD :

 12 janvier 2013

Villepin : "aucune des conditions de la réussite n'est réunie" au Mali
Mis à jour le 13/01/2013 | 11:04 , publié le 13/01/2013 | 09:28

Villepin : "Non, la guerre ce n’est pas la France"

TRIBUNE - Par Dominique de Villepin, ancien Premier ministre. A paraître demain dans le JDD.

Le Mali, pays ami, s’effondre. Les djihadistes avancent vers le sud, l’urgence est là.

Mais ne cédons pas au réflexe de la guerre pour la guerre. L’unanimisme des va-t-en-guerre, la précipitation apparente, le déjà-vu des arguments de la "guerre contre le terrorisme"  m’inquiètent. Ce n’est pas la France. Tirons les leçons de la décennie des guerres perdues, en Afghanistan, en Irak, en Libye.

Jamais ces guerres n’ont bâti un État solide et démocratique. Au contraire, elles favorisent les séparatismes, les États faillis, la loi d’airain des milices armées.

Jamais ces guerres n’ont permis de venir à bout de terroristes essaimant dans la région. Au contraire, elles légitiment les plus radicaux.

Jamais ces guerres n’ont permis la paix régionale. Au contraire, l’intervention occidentale permet à chacun de se défausser de ses responsabilités.

Pire encore, ces guerres sont un engrenage. Chacune crée les conditions de la suivante. Elles sont les batailles d’une seule et même guerre qui fait tache d’huile, de l’Irak vers la Libye et la Syrie, de la Libye vers le Mali en inondant le Sahara d’armes de contrebande. Il faut en finir.

Au Mali, aucune des conditions de la réussite n’est réunie.

Nous nous battrons à l’aveuglette, faute de but de guerre. Arrêter la progression des djihadistes vers le sud, reconquérir le nord du pays, éradiquer les bases d’AQMI sont autant de guerres différentes.

Nous nous battrons seuls, faute de partenaire malien solide. Eviction du président en mars et du premier ministre en décembre, effondrement d’une armée malienne divisée, défaillance générale de l’Etat, sur qui nous appuierons-nous?

Nous nous battrons dans le vide, faute  d’appui régional solide. La Communauté des Etats de l’Afrique Occidentale reste en arrière de la main et l’Algérie a marqué ses réticences.

Un processus politique est seul capable d’amener la paix au Mali.

Il faut une dynamique nationale pour reconstruire l’Etat malien. Misons sur l’union nationale, les pressions sur la junte militaire et un processus de garanties démocratiques et de l’Etat de droit à travers des politiques de coopération fortes.

Il faut aussi une dynamique régionale, en  mobilisant l’acteur central qu’est l’Algérie et la CEDEAO en faveur d’un plan de stabilisation du Sahel.

Il faut enfin une dynamique politique pour négocier en isolant les islamistes en ralliant les touaregs à une solution raisonnable.

Comment le virus néoconservateur a-t-il pu gagner ainsi tous les esprits? Non, la guerre ce n’est pas la France. Il est temps d’en finir avec une décennie de guerres perdues. Il y a dix ans, presque jour pour jour, nous étions réunis à l’ONU pour intensifier la lutte contre le terrorisme. Deux mois plus tard commençait l’intervention en Irak. Je n’ai depuis jamais cessé de m’engager pour la résolution politique des crises et contre le cercle vicieux de la force. Aujourd’hui notre pays peut ouvrir la voie pour sortir de l’impasse guerrière, si elle invente un nouveau modèle d’engagement, fondé sur les réalités de l’histoire, sur les aspirations des peuples et le respect des identités.  Telle est la responsabilité de la France devant l’histoire.

Dominique de Villepin

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