15 novembre 2012

Actualités Européennes : Europe du Sud, Allemagne, France

Éditorial de lucienne magalie pons

Les populations d’Europe du Sud n’apprécient pas que la Chancelière Allemande Angela  Merkel  vienne dans leurs pays soutenir leurs dirigeants sous prétexte de les encourager à renforcer des mesures de redressement économiques   qui en fait se traduisent par faire endosser au peuple  des mesures draconiennes d’austérité et de rigueur dont ils pâtissent de plus en plus dans leur vie sans en apercevoir à l’horizon le bout du tunnel des privations  qui leur sont imposées..

Quand elle se rend en visite dans les pays de l’Europe du Sud, la Chancelière Allemande, est de plus en plus mal accueilli  par les populations à tel point qu’elles sont très rigoureusement  écartées et maintenues  hors de ses déplacements par de très importants dispositifs de sécurité.

Nous l’avons vu une première fois en Grèce où sa visite  avait déclenché de très fortes manifestations et nous l’avons vu aussi   Lundi 12 Novembre  lors de sa  première visite officielle au Portugal

En dépit des  forces de sécurité mises en place, dans la matinée des Lisboètes en colère avaient recouvert  de draps noirs  plusieurs monuments  de la capitale pour marquer leur mécontentement.

Tout au long de la  matinée , des manifestants portugais  ont protesté  massivement   dans les rues de Lisbonne  contre la venue d’Angela Merkel et exprimer leur mécontentement,  en affichant des banderoles  sur lesquelles étaient inscrits des slogans affichant leur colère : "Le Portugal n'est pas le pays de Merkel", "Angela Merkel assassin", "Une Allemagne européenne oui, une Europe allemande non",  pendant que  des protestataires, réunis à l'appel de mouvements apolitiques, lâchaient des ballons noirs en signe de deuil.


Ricardo Castelo Branco du mouvement Anonymous  a déclaré : "Nous venons protester contre le gouvernement, contre Merkel et tous ceux qui représentent un pouvoir qui agit en toute impunité alors que les gens sont dans la misère".



Devant la Présidence Portugaise, des manifestants agitaient des affiches sur lesquelles on pouvait lire « Dehors Merkel et la Troîka » ,  au moment même où le   Président portugais  Anibal Cavalo Silva  s’entretenait avec Angela Merkel.

(Par coïncidence la Troïka des créanciers œuvrait  sur  le dossier de la dette du Portugal)


,Le principal syndicat portugais, la CGTP, a organisé  dans l'après-midi un défilé "en défense de la souveraineté nationale" en opposition à Mme Merkel qui est  perçue  par les syndicats comme imposant ses vues au gouvernement portugais.

Pour ne pas risquer de se trouver confrontées à  d'autres mouvements de foule, les autorités portugaises ont déplacés  l'entretien d'Angela Merkel avec le premier ministre, Pedro Passos Coelho,  loin du centre de la capitale, dans un ancien fort situé  dans la banlieue ouest de Lisbonne à l’embouchure du Tage.


Au cours de sa visite, Angela Merkel  a rappelé au Portugal la solidarité de l’Allemagne et au au cours d’une conférence de presse,  – comme si de rien n’était des manifestations  -  a salué lundi les efforts consentis par les Portugais pour surmonter leurs difficultés économiques.

 "Je ressens une grande détermination ici au Portugal pour surmonter cette période difficile", a dit Angela Merkel au cours d'une conférence de presse conjointe avec Pedro Passos Coelho.

"Je sais que c'est très dur pour certaines personnes. Le chômage est élevé, notamment parmi les jeunes, et l'Allemagne veut donc soutenir le Portugal notamment en ce qui concerne la formation professionnelle des jeunes", a-t-elle  aussi  notamment déclaré  à l'issue d'un déjeuner de travail avec son homologue portugais.

 Pedro Passos Coelho a pour sa part affirmé notamment  que sa politique d'austérité était la seule possible. "Nous savons que la situation sociale est difficile et qu'il est plus simple de parler de réformes que de les mettre en œuvre", a-t-il  plus ou moins nuancé en ajoutant : …… "Nous avons conscience des difficultés mais nous pensons que c'est la seule manière d'aller de l'avant."


 ,Le  Diario Economico, un grand  quotidien économique portugais,  connu  jusque là pour sa retenue, a  cette fois ajouté sa voix aux critiques en affirmant dans un éditorial,  que "Merkel a fait du Portugal le Frankenstein de l'économie" …,  "Merkel a voulu faire du Portugal et de la Grèce des cobayes pour ses expériences en matière économique. Elle a réussi. Le Portugal, sans monnaie pour dévaluer [...] est aujourd'hui un véritable Frankenstein de l'économie qui continue à rejeter la mise en œuvre de l'austérité pour l'austérité".



Les visites d’Angela Merkel dans les pays d’Europe du sud sont un moyen pour elle de soutenir implicitement  les exigences d’austérité et de rigueur  que leurs créanciers  leur imposent en échange de prêts  destinés à leur redressement,  mais on peut y voir aussi comme un moyen  de consolider  son influence  en Europe , en vue  d’impressionner  et de  ressouder  autour d’elle un électorat allemand  actuellement divisé, et ce  en prévision des élections allemandes de 2013 au cour desquelles Angela Merkel   remettra en jeu son mandat de Chancelière face au SPD;


Et puis il lui  faut aussi combler le vide qu’a laissé  le couple MERKOZY qui se plaçait en duo comme  le moteur de l’Europe sous le quinquennat expiré de Nicolas Sarkozy.


Il est bien sur que le plan de compétitivité  Français, soutenu par François Hollande et le Gouvernement français,  gêne la chancelière et ses ministres dans leurs entournures et ambitions, mais ils ne peuvent affronter directement François Hollande sur ce point, ces deux pays entretiennent des échanges commerciaux importants qu’il convient de ménager, et puis n' oublions pas l’Allemagne et la France ont une puissance économique qui les place  respectivement  au 1er et  au 2me rang   en Europe.

 Depuis quelques jours une certaine presse allemande a entretenu   des rumeurs sur l’interrogation et  l’inquiétude des dirigeants allemands sur la santé économique de la France, en relatant notamment certaines de leur déclarations ou  avis, notamment l’avis de l’économiste allemand Lars Feld , l’un des « cinq sages allemands » dont les avis font autorité qui aurait déclaré  "Le principal problème en ce moment, ce n'est plus la Grèce, l'Espagne ou l'Italie, c'est devenu la France parce qu'elle n'a rien entrepris de nature à rétablir sa compétitivité, au contraire, elle va dans l'autre direction !",  et en rapportant par ailleurs que « deux sources »,  avaient déclaré la semaine dernière que Wolfgang Schäuble avait envisagé de demander aux "sages" allemands la rédaction d'un rapport sur l'économie française, une information  ensuite démentie par ces conseillers.


Selon des « sources françaises, les critiques qui auraient été   émises en Allemagne  contre la situation  économique de la France sans prendre  en compte son plan pour la compétitivité annoncé la semaine dernière par la France,  sont en partie liées à la campagne pour les élections allemandes  de 2013  au cours  desquelles  Angela Merkel remettra en jeu son mandat de Chancelière face au  SPD qui aurait de bonnes chances  pour les prochaines législatives.


Pour couper court à ces  (prétendues)  rumeurs de presse allemande,  au  cours d’une conférence de presse commune Mardi   à Bruxelles,  Pierre Moscovici et son homologue   William Schäuble, se sont efforcés d’afficher leur entente.

 Le Ministre Allemand  a déclaré  «  La France n'est pas l'homme malade de l'Europe »

"Non, il ne faut pas perdre une seconde à répondre à cela", a  affirmé  notamment Wolfgang Schäuble lors de cette conférence de presse.

Pour Wolfgang Schäuble, "cela ne nous aiderait pas de nous donner des notes les uns les autres". "Ce n'est pas comme si nous faisions tout bien en Allemagne. Ce n'est pas comme si la France faisait tout bien, mais je ne veux même pas dire cela."

"Nous avons confiance dans la politique menée par le gouvernement français", a  surajouté  le ministre allemand.

Le Ministre Français Pierre Moscovici a quant à lui répété qu'il n'y avait "aucun flottement" dans la relation entre les deux premières puissances économiques de la zone euro.

"Il n'y a pas de malentendu franco-allemand, il n'y a pas d'ingérence des uns dans la politiques des autres. Il y a deux pays conscients de leur devoir commun pour l'Union européenne", a ajouté Pierre Moscovici..

Hier Mercredi Jean-Marc Ayrault a assuré sur France Info au cours d’une interviewe : «Il n'y a pas d'avenir de l'Europe s'il n'y a pas d'entente franco-allemande", ….., "Mais l'entente franco-allemande, ce n'est pas un alignement de l'un sur l'autre. On se parle, on se respecte et on essaie de trouver les bonnes réponses ensemble comme (...) dans le passé".



Suite  à certaines  rumeurs  qui prétendaient que le gouvernement allemand,   par la voix des "Sages" qui le conseillent,  aurait jugé que  la France n’ allait pas assez loin dans les réformes, notamment en matière de lutte contre les déficits publics et de réforme du marché du travail., Jean-Marc Ayrault a répondu Berlin "ne dit pas cela" ……,  "Nous avons aussi des questions à poser au gouvernement allemand sur ce qu'on peut faire ensemble pour relancer la croissance".


On comprend bien après ces différentes déclarations allemandes et   françaises que la France et l’Allemagne veulent  aplanir  les différends  qui existent ou peuvent exister  entre  leurs  deux pays ,   dirigés depuis l’élection présidentielle française de Mai 2012,    par des personnalités d’orientations  politiques différentes.



Ce Jeudi 15 Novembre Jean-Marc Ayrault  le Premier Ministre Français  se rend à Berlin pour une visite officielle de deux jours, Le Premier ministre s'entretiendra    ce jour même  en tête-à-tête avec la chancelière allemande Angela Merkel.

Les médias et les commentateurs supposent qu’ils rechercheront une entente constructive et des compromis  entre tous les « sujets qui fâchent » ; et de citer l’échec de la  fusion  EADS, l’avenir de l’UE au  plan économique, la notion de solidarité, l’intégration,   le pacte de compétitivité français, ….bref tout un catalogue  de dossiers qui évidemment ne sauraient être traités en deux jours.

D’autant que la visite de 48 heures  comprend  aussi un entretien avec le président allemand Joachim Gauk, une rencontre avec des hommes d'affaires français et allemands, une visite au mémorial des juifs assassinés d'Europe, un déjeuner avec des responsables syndicaux et un dîner avec des intellectuels allemands.


Dans tous les cas il faut souligner que cette prise de contact entre Angela Merkel et Jean-Marc Ayrault aura au moins le mérite de « déblayer » la prochaine rencontre  de la Chancelière Allemande et du Président Français François Hollande, lors du prochain Conseil Européen.


Un petit point qui risquerait de chagriner au plan politique  la Chancelière Allemande : 

Les médias nous apprennent que Jean-Marc Ayrault  aurait  prévu un petit-déjeuner avec les dirigeants de la formation d'opposition allemande vendredi matin, avant de rentrer à Paris..

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