L'ange est une construction métaphorique qui évolue selon les époques, nous voilà confrontés à l'évidence qui met en scène le corps et l'esprit de la "Bête Humaine" et le nécessaire équilibre à trouver entre la bête et l'ange, l'homme n'est ni bête ni ange, doué de raison il pense, mais il arrive qu'en pensant, son imagination le conduise parfois dans un univers irrationnel et qu' il oublie alors sa dimension corporelle, mais pendant que son esprit s'envole dans des spéculations son corps abandonné replié sur ses frustrations pendant un temps finit par reprendre le dessus et se libère alors dans une animalité incontrôlable, pour ainsi dire qu'il explose comme une marmite à vapeur oublié sur le feu.
Pour essayer de comprendre les mécanismes qui agite la "Bête humaine" dans ses multiples contradictions, contorsions et distorsions physiques et morales, nous allons nous aider en lisant le nouveau travail de Manuel de Diéguez, et nous y retrouverons alors une certaine sérénité.
Source - Site de :
" La bête humaine " (Emile Zola)
1 - Le meurtre sacré
2 - La bête qui rêvait de se regarder du dehors
3 - Dieu et sa biche
4 - Où la métazoologie cache-t-elle sa caméra ?
5 - La bête cérébralisée
6 - Pascal et Valéry
7 - L'intelligibilité ventrale du cosmos
2 - La bête qui rêvait de se regarder du dehors
3 - Dieu et sa biche
4 - Où la métazoologie cache-t-elle sa caméra ?
5 - La bête cérébralisée
6 - Pascal et Valéry
7 - L'intelligibilité ventrale du cosmos
Dans un texte
précédent, j'ai souligné que le premier regard de l'extérieur sur le cerveau de
notre espèce est apparu dans la littérature mondiale moderne avec Les
Voyages de Gulliver de Jonathan Swift.
- La politique mondiale et l'avenir de la philosophie au
XXIe siècle , 23 novembre 2013
Le regard du
dehors des historiens, des satiristes ou des mystiques ne portait pas encore
sur le cerveau semi-animal en tant que tel. L'origine du globe oculaire
proprement simiohumain se trouve dans Isaïe, le premier observateur de la boîte
osseuse de l'idolâtre - celle d'un bûcheron qui se chauffait avec la moitié du
bois rapporté de la forêt le matin et qui se taillait, le soir même un dieu
avec l'autre moitié de son tas afin de se prosterner devant lui. Mais les
premiers prophètes n'observaient pas l'animalité collective des sociétés
proprement simiohumaines, qui s'agenouillent toutes et unanimement devant des
personnages imaginaires.
C'est pourquoi
Swift se révèle le visionnaire de génie dont le chef d'œuvre observe de haut et
de loin un animal encore inconnu des anthropologues de notre temps, le Yahou.
Selon l'auteur, la singularité de cette bête résidait dans l' "infime
lueur de raison" dont elle disposait, mais qui demeurait insuffisante
pour qu'on la qualifiât "d'humaine". A l'aide de quel
observatoire Swift portait-il un regard de simianthropologue avant la lettre
sur la pathologie cérébrale dont souffrait le genre humain à ses yeux? Né près
de trois décennies avant Voltaire en 1667, ce visionnaire a construit le
télescope des futurs astronomes du XVIIIe siècle, les Diderot, les Voltaire,
les d'Holbach, les Grimm. Mais il faudra attendre un demi-siècle après son
décès, en 1745, pour qu'un second visionnaire, Balzac, portât un regard
d'entomologiste sur la société de son temps.
De plus, la
raison infirme dont Les Voyages de Gulliver combattait le chaos
dans les encéphales de l'époque n'était encore que celle d'un animal plongé à
son tour dans les ténèbres de la cosmologie mythique des religions. Mais ce
n'était pas perdre son temps de commencer par armer du moins la bête de la
logique primaire d'Aristote et d'Euclide: il fallait bien aplanir les chemins
de la transcendance à venir
La civilisation
mondiale est sur le point de prendre un tournant distanciateur. Il sera lent et
difficile, l'apprentissage d'un regard du dehors sur le regard que nous
portions hier sur notre espèce. En vérité, cette ambition est celle de la
pensée philosophique depuis qu'elle tente de conquérir sur elle-même et sur le
monde un recul moins rudimentaire que celui de l'animal dont le globe oculaire
demeure privé de tout éloignement à l'égard de l'image de son corps que la
nature lui renvoie en miroir. Mais dès lors que l'œil d'une divinité a
progressivement cessé de prêter sa rétine déformante à des représentations
théâtrales et simplistes de l'univers, il nous fallait acquérir une vue
plongeante sur des orphelins soudainement privés de photographe, de scénariste
et de metteur en scène .
Depuis deux
millénaires, nos théologies nous montraient des bésicles imaginaires cachés
derrière les décors. Ils avaient même convaincu la créature qu'un acteur de la
pièce l'avait conçue et créée à partir d'un modèle qu'il cachait dans sa tête,
et qu'elle était une copie fidèle de son géniteur céleste. Celui-ci ne
contestait donc en rien des lois de la nature qui s'imposaient d'avance à son
entendement de créateur artisanal. Mais, au XVIe siècle, l'humanisme hérité des
Anciens et censé à la fois rationaliste et divin de l'Occident a partiellement
retrouvé l'œil unificateur des Grecs et des Romains, qui traitaient le bimane
locuteur d' "animal rationale", de bête "douée de
raison", et cela en exécution d'un seul verdict, celui de ses propres
organes de la connaissance du cosmos.
Qu'allait-il
advenir de la séparation païenne des décisions du tribunal des corps et de
celles du tribunal de la Genèse? D'un côté, la caméra du monde,
de l'autre, celle de Dieu s'étaient de nouveau séparées, mais suffisamment à
l'amiable pour que la frontière convenue entre les deux appareils de prises de
vue de la bête demeurât indécise et contradictoire. En vérité, les clauses du
contrat signé entre l'entendement naturel et l'entendement religieux
demeuraient à l'avantage de l'Olympe, puisque l'évadé des forêts flottait maintenant
entre deux eaux: tantôt il se rapprochait dangereusement de l'animal, tantôt il
frôlait l'homme, mais toujours à ses risques et périls, donc au gré des
civilisations, des lieux, des époques, des climats et des cultures. Aussi
n'était-il nullement question d'ébranler le principe central selon lequel il
existerait une ligne de démarcation, même confuse et variable, entre deux
espèces de mammifères pourtant radicalement autonomes et condamnées, au prix de
mille tiraillements à se partager un seul et même théâtre du monde.
Mais, au début
du XXIe siècle, la problématique monopolistique qui servait de poutre de
soutènement à l'humanisme mondial et de charpente théorique scindée entre le
connaissable qualifié de rationnel et la connaissance proclamée céleste de
notre espèce, cette problématique bipolaire , dis-je, se trouvait soudainement
condamnée à une mutation méthodologique radicale de sa construction
dichotomique précédente, parce que les notions axiales de raison et de déraison
se révélaient biphasées à leur tour, donc semi-animales jusque dans l'enceinte
des théologies schizoïdes.
Du coup, toute
la difficulté se ramène à fabriquer à l'usage de notre espèce un appareil
d'optique suffisamment scindé, lui aussi, pour porter le regard sur un animal
décidément sui generis. Mais comment construire un œil plus pénétrant et
plus sui generis, précisément, que celui dont les animaux attribuent la
nature et les capacités à leur Zeus des animaux? Car si la "raison"
bancale dont la bête bicéphale était si fière court maintenant sur des chemins
plus en plus tortueux, comment bâtir un observatoire tellement perfectionné que
son fonctionnement laisserait au bord du chemin l'intelligence semi animale des
ancêtres? Mais Socrate n'était-il pas passé maître dans l'art de se servir de
la raison dédoublée qu'il mettait en pratique et dont il pesait, dans le même
temps, la valeur et le mode d'emploi?
Si la lentille
d'un microscope désespérément itinérant ou le miroir d'un télescope obstinément
en voyage dans l'immensité cheminent du même pas que leurs utilisateurs trottinants,
le champ d'interprétation de l'anthropologie transcendantale se rétrécira à son
tour et sa configuration sautillante obéira, elle aussi, aux ordres étriqués
que lui intimeront des manchots. Du coup, comme il est dit plus haut, la pesée
de la notion même de raison dont dispose l'animal tronçonné de naissance
dépendra de la nature et de la qualité d'une balance perpétuellement en
évolution; et si nous ne portions pas de regard de l'extérieur sur notre coude
à coude avec nos appareils d'inspecteurs au petit pied, nous ne prononcerions
jamais d'autre verdict que celui de nos bésicles enfumées. C'est pourquoi,
depuis Platon, la philosophie est une pièce de théâtre à trois personnages, la
bête, son œil à elle et le regardant planté à quelques pas de ces deux-là.
C'est dire que
les constructeurs de la balance à peser la distance des rétines à l'égard de
leur objet sont soumis, eux aussi, à une pesée harassante de la qualité de
leurs pauvres scénarios, tellement les problématiques demeurent toujours et nécessairement
à l'image de leurs piètres modélistes. Aussi "Dieu" est-il demeuré un
personnage spéculaire, donc en formation continue dans la tête de ses
adorateurs et de ses employeurs. Mais alors, qu'en est-il d'une créature
appelée à se faire, pas à pas, l'opticien d'un Dieu toujours plus ou moins
myope, toujours plus ou moins rudimentaire, toujours plus ou moins taillé à la
hache, mais quelquefois serti de diamants par des orfèvres avertis? Il s'agit
d'apprendre à regarder du dehors les fabricants du troisième œil de l'humanité,
il s'agit d'observer la rétine des opticiens de Dieu.
Pour cela,
demandons-nous ce qu'il advient du bijoutier quand il s'appelle Isaïe, Anselme,
Bernanos ou Claudel. De même que la cervelle de l'idole change sans cesse de
place, de complexion, de calibrage et de mode d'emploi dans l'atelier de ses
joailliers, l'œil des artistes d'un "Dieu" de grand prix se trouve
sans cesse rattrapé par le regardant du cosmos qu'il enfante d'un siècle à
l'autre, puis qu'il positionne et met en œuvre sur le théâtre du monde. Les
géniteurs de "Dieu" sont des peseurs à la recherche de leur pierre
philosophale. Or l'œil de "Dieu" fuit sa propre rétine comme une
biche impossible à rattraper à la course.
On voit que la
tentative désespérée des théologiens de placer non plus seulement l'objet de
leur recherche sous le regard de leur doctrine, mais également leur propre
globe oculaire met, en retour, la noble folie de la philosophie au rouet:
depuis Platon, cette discipline demande à l'humanisme mondial de s'intéresser à
l'auteur du scénario, aux recettes du metteur en scène, à la nature des décors,
mais surtout aux personnages censés tapis dans les coulisses du théâtre confessionnel,
tellement le protagoniste le plus réputé de la pièce n'est pas près de monter
en chair et en os sur les planches de sa catéchèse.
Car si la folie
la plus précieuse de la raison d'une époque n'est jamais qu'une sécrétion de
qualité inégale, mais toujours spéculaire et si le spéculaire est soumis au
trépas par nature, penser, ce sera placer la connaissance sommitale du
monde et de soi-même sur les barreaux d'une échelle de Jacob non moins
branlante que celle d'un "Dieu" de passage. Mais alors, le "spirituel",
comme on disait, débarquera-t-il dans un édifice aux multiples étages, lesquels
hiérarchiseront les savoirs rationnels?
Placer l'humain
proprement dit quelque part entre la bête curieuse d'apprendre à se connaitre
et la bête enfermée dans la casemate de son aveuglement, serait-ce la simple
continuation de la recherche du "Dieu" incapturable des mystiques?
Dans ce cas, l'histoire d'une espèce en fuite et insaisissable à elle-même
progresserait-elle de mettre la main sur le Dieu que cette bête serait
secrètement à elle-même?
Exemple: est-il
ascensionnel de prolonger à titre posthume l'existence physique de notre
espèce? Dans ce cas nous devons concevoir une anthropologie de cette
continuation mythique et, du coup, le matériau à examiner en laboratoire sera
constitué, de siècle en siècle, par les sécrétions oniriques de la bête. Si
nous soumettons l'évolutionnisme à cette discipline, donnera-t-elle sa vraie
postérité au siècle des Lumières? Présentée de la sorte, la question posée
renvoie tout de suite à la problématique et à la hiérarchie des valeurs dont
s'inspirera l'interrogateur. Mais le simianthropologue ne saurait cautionner en
catimini une problématique qu'un prodige aurait validée d'avance: toute
discipline scientifique en appelle à la pesée permanente de sa méthodologie, et
il lui appartient de donner progressivement sa profondeur épistémologique à la
quête sans fin qui l'inspire.
Certes,
l'animal obéit à un instinct de conservation "naturel", lequel le
porte à défendre son existence corporelle menacée. Mais, primo, si la
bête contrainte à se mettre sur la défensive avance d'un seul pas en direction
de la cervelle spécifique du genre simiohumain et si, secundo, son
système d'auto-défense fait sécréter des mondes imaginaires à ses neurones, et
si, tertio, des univers mentaux en chaîne font leur apparition dans des
conques osseuses armées d'un code de leur développement qui les aura rendues
cosmiques de naissance, ces représentations magiques de l'univers fourniront sa
nourriture originelle à une bête malencontreusement prolongée et rendue
seulement plus fastueuse dans son imagination religieuse que sur la terre.
Du coup, la
question de l'animalité spécifique de notre espèce va s'étendre à la
spectrographie des croyances les plus primitives de la bête, du coup l'examen
de l'évolution des théâtralisations spéculaires de la vie post mortem de
ce primate va se révéler un instrument entièrement nouveau de la recherche anthropologique,
du coup il faudra reconsidérer les métamorphoses de l'animalité cérébralisée et
consécutives ou connaturelles à l'émergence de mondes mentaux fantastiques, du
coup, les délires sacrés de ce mammifère viendront combler les vœux de sa
conque osseuse, puis les hypertrophier, puis les auréoler, mais sans que les
assauts du fabuleux changent jamais la nature même d'un ensorcellement
cosmologique au suivant.
Alors la
frontière qui séparera l'homme de l'animal se trouvera seulement quelque peu
déplacée d'un siècle à l'autre ou d'un millénaire à son successeur. Du coup, le
débarquement des mythes sacrés bouleversera toute la problématique antérieure,
qui demeurait incarcérée dans la démonstration confirmative ou dans la
réfutation en règle de toutes les allégations de type théologique. Mais s'il
n'est plus nécessaire de réfuter la fécondation d'Alcmène par Zeus ou celle
d'une vierge de village par Jahvé, quel champ immense ne s'ouvrira-t-il pas à
une anthropologie abyssale, puisque, de Platon à nos jours, toute la
philosophie se convertira à une psychologie fondamentale de la bête évolutive !
Mais cette mutation de la problématique simianthropologique se voudra elle-même
soumise à une pesée sans cesse en devenir, tellement l'instrument de mesure
d'une science ne sera autre que la balance transzoologique dont disposera la
connaissance rationnelle de l'évolution cérébrale du bimane détoisonné.
Puisque le
regard émergeant que l'historien des corps et des têtes portera sur sa propre
discipline se révèlera tributaire d' un itinéraire valorisant ou dépréciatif de
ses méthodes, à quel moment et dans quelle mesure le religieux participera-t-il
de l'animalité ou des progrès "spirituels" d'une espèce
devenue imperceptiblement ascensionnelle?
Valéry
découvrira la bête flottante entre deux espèces et qui se définit comme un
"ni l'un, ni l'autre"….
Le visionnaire
des Paraboles approfondit la phrase de Pascal: "L'homme
n'est ni ange ni bête"; car il ne s'agit plus d'un "tantôt,
tantôt", mais d'un animal dont la spécificité le constitue en un
troisième animal:
Voici : d'entre les feuilles une Figure vint.
Une Figure vint à la lumière,
Dans la lumière, Et il regardait de toutes parts,
Une Figure vint à la lumière,
Dans la lumière, Et il regardait de toutes parts,
Et celui-ci n'était " ni Ange ni Bête.
Qui est le
troisième regardant, celui qui fait dire au poète?
Car l'ANGE est l'ANGE et l'ANIMAL est ANIMAL
Et il n'y a rien de l'un dans l'autre
Et rien entre eux
Mais CELUI-CI n'était ni l'un, ni l'autre.
Et il n'y a rien de l'un dans l'autre
Et rien entre eux
Mais CELUI-CI n'était ni l'un, ni l'autre.
Valéry n'est
pas homme à jeter des majuscules par la fenêtre. Et maintenant, il en use à la
manière des théologiens.
MAIS TOI, Animal,
Plus je te regarde, ANIMAL, plus je deviens HOMME.
En Esprit,
Et tu te fais toujours plus étrange,
Car l'Esprit ne conçoit que l'Esprit.
Plus je te regarde, ANIMAL, plus je deviens HOMME.
En Esprit,
Et tu te fais toujours plus étrange,
Car l'Esprit ne conçoit que l'Esprit.
Mais s'il n'y a
Rien de l'un dans l'autre
Et rien entre eux,
Et rien entre eux,
quelle est
l'intuition du mystique, ce regardant qui se tient en suspens dans un étrange
"entre deux" et qui en écoute la musique? On voit que l'homme en tant
que tel n'est observable que dans un miroir à inventer.
J'ai rappelé (Lettre ouverte à M. Vladimir Poutine, Président de la
Fédération de Russie , 21 septembre 2013 ) que la mutation radicale
de la plateforme de la connaissance rationnelle dont usait l'humanisme
renacentiste se situait dans la postérité des guerres de religion du siècle
précédent, dont les carnages avaient illustré le caractère animal des
sacrifices de sang dont ruisselaient les autels. Et pourtant, il faudra
attendre le XXIe siècle pour qu'un regard de simianthropologue fût porté sur le
XVIe siècle; car la difficulté qui torturait les cerveaux n'était encore que de
savoir s'il fallait mâcher bien crue et à belles dents la chair de la victime
exposée sur l'autel et boire à pleines rasades son sang bien frais ou s'il
était préférable de laisser de côté les gorgées d'hémoglobine de Dieu pour se
rabattre seulement sur des symboles timides d'une déglutition si féroce. On
sait que cette difficulté culinaire était politique. Mais comment se fait-il
que la question d'ores et déjà si clairement posée à l'encéphale de l'humanité,
aucun Etat ne se risque encore à la soulever, ni ne songe seulement à
s'enquérir des secrets psychobiologiques d'une folie dont dépendait pourtant,
croyait-on, le sort de l'âme et de l'intelligence de l'humanité tout entière?
Certes, le XVIII
siècle a inauguré un premier déplacement de l'attention en direction de la
frontière entre l'homme et l'animal; mais depuis l'Iphigénie
d'Euripide jusqu'à celles de Racine, puis de Goethe, personne ne s'est risqué à
anéantir la pseudo distanciation chrétienne ni le semi recul de l'humanisme
renacentiste. Pour que la raison se réveille, il faudra que se produise une
mutation préalable de la problématique entière dans laquelle la question se
posera; et ce sursaut aura attendu un siècle et demi après la parution de L'Evolution
des espèces de Darwin. Mais, sans le préalable du transformisme,
comment le XXIe siècle aurait-il timidement commencé d'observer la mutation de
la bête et son passage du règne animal aux immolations jugées payantes d'un
congénère offert à un fauve censé attablé dans le cosmos et toujours
ripaillant?
Du coup, la
critique généalogique d'une humanité dont la raison scientifique post
chrétienne commence de s'armer se révèlera un trésor inépuisable de la
recherche anthropologique future, tellement il deviendra significatif au plus
haut point que la radiographie du trafic sanglant de ce bipède avec ses idoles
n'étende plus seulement le champ de l'analyse sacrilège du sanglant à une pesée
zoologique des assassinats pieux de la foi, mais également à l'analyse de la
raison rudimentaire dont usait la physique tri-dimensionnelle - on sait que,
jusqu'en 1905, l'expérience répétée des phénomènes, mesurables et constants
était censée sécréter une intelligibilité en soi du cosmos, alors que le fourrage
de la continuité des routines de la matière n'était jamais que l'extension
animalisée d'un "principe de raison" miraculé par le calcul - on
faisait sécréter aux nombres une intelligibilité ventrale. S'il en est ainsi,
quel est le ventre qui sert d'encéphale à "Dieu".
La semaine
prochaine, j'étudierai l'animalité spécifique de la preuve expérimentale
classique dans l'univers tri-dimensionnel dont on sait qu'il a explosé en 1904
et 1905.
le 7 décembre
2013
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