Pour les catholiques, la réalité de la Nativité est une réalité civilisationnelle à reconquérir de pied ferme. Qui aurait cru que ce que l’on appelle communément les racines chrétiennes de la France serait un jour contesté ? Certains Français ont peut-être souvenance de ce reportage tourné dans les années 90 et en somme assez choquant montrant un papa chinois mécontent du livre d’histoire de sa fille parce que celui-ci commençait par : « Nos ancêtres les Gaulois ». Je ne veux pas que ma fille voit cette entrée en matière, expliquait-il alors, nos ancêtres à nous n’étant pas Gaulois. Cette réaction, quoiqu’anecdotique, était au fond moins grave qu’on ne pouvait le supposer il y a près de vingt ans et pour cause, elle provenait d’un étranger. Ce qui est bien plus grave, en revanche, c’est l’assiduité malsaine, perverse avec laquelle les dirigeants français, les élites ou même certains petits fonctionnaires s’appliquent actuellement à asseoir la logique de ce papa chinois anonyme.
Le silence éloquent de François Hollande le soir du 24 décembre conforte dans cette vision. Un silence exemplaire que l’on n’a jamais pu reprocher à l’UMP ou, même s’il n’a jamais été au pouvoir, au FN. Pour le PS, il n’est pas forcément très catholique de fêter Noël et en plus, ce n’est pas de sa faute, c’est celle à Voltaire ou celle à Rousseau. Par contre, il est bien plus catholique d’exprimer des vœux à la communauté musulmane de France à l’occasion de la fin de l’Aïd el-Fitr en août. Cherchez l’erreur et imaginez l’inverse dans un pays de culture musulmane. Kafka en pâlirait.
Ici ou là surgissent des faits divers qui peuvent sembler mineurs mais qui, associés, sous-tendent tout un diagnostic en faisant tache d’huile. Il y a peu, la directrice d’une école maternelle située dans le Loiret (maternelle de Montargis) eut l’étrange idée d’annuler la visite du Père Noël au seul motif que les autres croyances étaient à respecter. Heureusement que le maire UMP de la ville ramena à l’ordre ce gourou de la laïcité en dénonçant « un contresens total ». Ailleurs, une non moins étrange affaire de Crèche fit irruption dans une gare SNCF de Villefranche. Suite à une plainte déposée par un client sans doute aussi consciencieux que la dame du Loiret, les employés de la gare furent priés retirer la crèche de son endroit habituel. Cette directive avait été formulée par la direction régionale de Toulouse. Loin d’obtempérer aveuglement, les cheminots de la SNCF se contentèrent de masquer d’une manière ostentatoire le symbole de Noël. D’autres cas représentatifs, plus connus, viennent compléter l’image générale de cette tendance soi-disant laïcarde. On connaît la triste histoire du marché de Noël d’Amiens rebaptisé en 2008 en « Parfums d’Hiver » sous prétexte qu’il fallait le démarquer des autres marchés de ce type foisonnant dans les villes et villages de France. Inutile de s’étaler ici en commentaires. Par ailleurs, les médias formatant le disc dur des masses, on s’aperçoit sans plus aucun étonnement que le Huffington Post insinue crûment l’idée que Noël est loin d’être une période heureuse, cela jusqu’à se demander s’il ne s’agit pas de la pire période de l’année vu qu’elle serait davantage « propice aux ruptures et aux décès ». Juste au-dessous, bien dans l’optique de la ligne éditoriale, une polémique tournant autour de la nouvelle place des femmes dans la Grande Mosquée ajoute une pincée de piment à l’esprit hautement laïc des médias. Certes, sans doute est-il regrettable que les femmes musulmanes, jugées trop bavardes, aient à prier au sous-sol, mais il n’est pas certain que cet article soit vraiment opportun en cette période de Noël.
Quand l’idéologie va trop loin, elle frise la sottise. Sans partager les convictions de Jacques Attali, je fus néanmoins doublement déçue en l’entendant dire ceci sur le plateau de BFM TV (émission datant de 2011 avec Ruth Elkrief) : « Il est utile de parler de l’identité française à condition de ne pas parler de l’héritage chrétien de la France, la France a un héritage divers. Elle n’est pas spécialement chrétienne, elle est aussi musulmane, l’islam étant présent [dans certaines régions de France] avant la chrétienté (…) ». L’islam présent en France avant la chrétienté : voici une phrase qui avait fait presque fait sursauter son interlocutrice, elle qui a dû se replonger le soir même dans ses manuels d’histoire. Et nous pauvres ignares qui pensions que la France était devenue entièrement et immuablement chrétienne à partir de 476, alors donc que l’islam comme religion est apparu en 622 (Hégire), l’Arabie ayant été entièrement convertie dix ans plus tard ! Enfin, on se demande pourquoi la question de l’identité française n’est abordable qu’à condition d’être traitée sous un autre angle que chrétien. M. Attali voudrait donc gommer 1600 ans d’histoire en faisant de l’esprit ?
Cet ancien conseiller de François Mitterrand s’inscrit dans la même lignée que BHL, ce dernier ayant incité, lors d’une polémique sur l’identité nationale, à « réduire le caquet au coq gaulois ».
Comme l’a si bien dit Jean d’Ormesson, qu’importe que le portable ait pris la place du chapelet, là n’est pas l’important. Il importe d’emblée de défendre cet héritage chrétien que les nouveaux manitous d’une République de moins en moins française veulent noyer dans cet immense triangle des Bermudes qu’est le mondialisme absolu. En l’occurrence, l’islam est lui aussi un instrument de destruction entre leurs mains.
C’est en réalité un faux calcul. Les musulmans sont forts parce qu’ils croient. On ne détruit une croyance que si elle est faible, tiède. C’est ce qui peut advenir du monde catholique. Laisserons-nous faire ?
En ce soir du 25 décembre, La Voix de la Russie réitère ses meilleurs vœux de Noël à tous les auditeurs catholiques et fiers de l’être.