Éditorial de lucienne magalie pons
Source : Site "Gaullistes de Bretagne et Pays de la Loire
par Emmanuel Jarry et Yann Le Guernigou
PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy entame vendredi la dernière année de son mandat avec un lourd déficit de popularité et un bilan contesté qui alimentent dans sa majorité la crainte d'une défaite aux scrutins présidentiel et législatif de 2012.
Elu le 6 mai 2007 avec 53% des suffrages, il est désormais crédité de la cote de popularité la plus basse d'un président de la République française à un an d'une telle échéance. Des sondages prédisent même son élimination dès le premier tour.
Pourtant Nicolas Sarkozy, dont nul ne doute qu'il sera candidat, affiche une sérénité inoxydable, tandis qu'une poignée de conseillers réfléchissent dans l'ombre à sa future campagne.
"Si je doute beaucoup, je redoute assez peu", dit-il dans une interview à L'Express. "Je ne m'interroge pas sur mon image (...) La meilleure communication, ce sont les résultats."
A l'orée d'une campagne qui ne dit pas encore son nom, le président, ses services, ses ministres et son parti défendent donc son bilan à coups de fascicules sur papier glacé et de déclarations façonnées par des "éléments de langage" calibrés.
Ce qui n'exclut pas, en privé, des appréciations dissonantes. "J'ai cru dans le discours de 2007. Il reste à le mettre en oeuvre", résumait ainsi récemment un ministre.
Dans un tract diffusé à 3,5 millions d'exemplaires, l'UMP insiste d'ailleurs davantage sur l'action protectrice du chef de l'Etat, en énumérant les "catastrophes" qu'il a évitées, selon le parti, à la France, que sur son action réformatrice.
"La France avance", clame pourtant un livret distribué par l'Elysée, comme pour conjurer le sentiment, dans l'opinion, que les Français ne vivent pas mieux en 2011 qu'en 2007.
"BURN-OUT"
Après avoir diagnostiqué en 2009 une société "fracturée", "usée psychologiquement" et obsédée par la peur du déclassement, le médiateur de la République, Jean-Paul Delevoye, dépeint dans son dernier rapport des Français en pleine dépression nerveuse.
"Le 'burn-out' de la société française trahit un besoin urgent de bâtir de nouvelles espérances à la hauteur des efforts fournis", écrit-il. Or, "les débats sont minés par les discours de posture et les causes à défendre noyées parmi les calculs électoraux", déplore cet homme issu de la majorité.
Certes, la crise financière et économique de 2008-2009 est passée par là, comme le rappelle l'Institut national de la statistique, qui fait état de 400.000 emplois perdus en deux ans et d'un fort ralentissement de la progression des salaires.
Mais "Nicolas Sarkozy a été élu sur des promesses fortes, axées sur le pouvoir d'achat et l'emploi", souligne Gaël Sliman, de l'institut BVA. "Les Français ont pu patienter pendant la première année de crise mais ça n'a qu'un temps. Globalement, les gens estiment qu'il n'a pas tenu ses promesses.
Pour cet analyste, les tentatives du chef de l'Etat de redresser sa popularité en axant son discours sur l'immigration, l'identité nationale et la sécurité ont été "catastrophiques".
"Cela a encore plus creusé son impopularité, fait monter (la présidente du Front national) Marine Le Pen dans les sondages et effrité son socle électoral", explique-t-il.
Nicolas Sarkozy multiplie donc les déplacements dans la France rurale et ouvrière pour regagner un électorat populaire qui s'est détourné de lui, même s'il semble résigné à la réforme phare mais contestée des retraites.
Il a aussi relancé la thématique du pouvoir d'achat en proposant que les entreprises dont les dividendes sont en hausse versent une prime à leurs salariés - dernier avatar du "partage de la valeur" dont il s'était fait l'avocat.
CRAINTES
Il a cependant revu son ambition à la baisse en précisant que le montant serait "fixé librement" par les entreprises après discussion avec les syndicats, au risque de voir s'allonger la litanie des reculs, des demi-mesures qui fâchent tout le monde sans satisfaire personne et des annonces sans lendemain.
Le chef de l'Etat s'est ainsi déjà résigné à détricoter l'emblématique "bouclier fiscal", tout comme il a renoncé à la taxe carbone ou à la suppression du juge d'instruction.
Oubliée, également, la "rupture" promise en 2007. Les deux derniers remaniements ont enterré "l'ouverture à gauche", marque du début du quinquennat, et vu un retour en force des fidèles de l'ex-président Jacques Chirac au gouvernement, au détriment de centristes tentés désormais de jouer leur propre carte en 2012.
Pour les analystes politiques interrogés par Reuters, rien n'est cependant joué pour cette échéance.
"Sarkozy est une bête de campagne qui peut trouver en lui les ressources, politiques ou extrapolitiques, pour remonter la pente", estime ainsi Paul Bacot, de Sciences politiques Lyon.
Le chef de l'Etat peut notamment miser sur l'embellie de l'emploi si elle se poursuit et sur ce qui lui a le plus réussi, la gestion de situations de crise internationale comme celles de Géorgie en 2008 et de Libye en 2011, ou la tourmente financière née de la faillite de Lehman Brothers fin 2008.
"En 2007, Nicolas Sarkozy avait gagné sur l'espoir. S'il l'emporte en 2012, ça sera davantage sur les craintes", estime Gaël Sliman. "Il peut se passer des tas de choses en un an. Il a une image rassurante en temps de crise."
Un avis partagé par le directeur de Viavoice, François Miquet-Marty, pour qui le président doit continuer à jouer sa carte de protecteur des Français face à la mondialisation.
L'Elysée et les dirigeants de l'UMP veulent aussi croire que la donne changera dans l'opinion quand le Parti socialiste aura désigné son candidat pour la présidentielle.
"Nous n'avons pas d'adversaire identifié avec lequel les Français puissent faire la comparaison", explique le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé.
"Pour nous, c'est une période qui pourrait être comparée à un faux plat", dit-il en usant d'une métaphore cycliste.
Edité par Patrick Vignal
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