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29 décembre 2009

Qui est Madame BADINTER ?

article de lucienne magalie pons

Madame Badinter a été auditionnée récemment par André Gerin pour faire part de ses opinions sur l’interdiction légale de la burqua.

Elle a tenu des propos d’un racisme larvé peu commun qui n’a été relevé par personne à ma connaissance, qualifiant la femme voilée comme « objet non identifié » et comme un « objet de fantasme » dont elle dénonce une triple jouissance perverse d’une façon très stigmatisante et plus qu’équivoque :

Voici un extrait de son intervention et de ses extrapolations scandaleuses :

Parlant de la femme voilée elle expose :

« ……….on devient un objet de fantasme ; Dans cette possibilité d’être regardée sans être vue et de regarder l’autre sans qu’il puisse vous voir, je perçois la satisfaction d’une triple jouissance perverse : la jouissance de la toute-puissance sur l’autre, la jouissance de l’exhibitionnisme et la jouissance du voyeurisme. Aussi, quand j’entends certaines femmes expliquer qu’ainsi vêtues elles se sentent mieux et qu’elles se sentent protégées – mais de quoi ? –, je veux bien les croire, mais je pense qu’il s’agit de femmes très malades et je ne crois pas que nous ayons à nous déterminer en fonction de leur pathologie. » » """....

Ainsi Madame Badinter parle "d'objet non identifié" ... "d'objet de fantasme" au lieu de dire "sujet non identifié" "sujet de fantasme" cela confirme bien qu'elle considère elle même les femmes comme des "objets", ensuite elle prétend déceler chez les femmes voilée "une triple jouissance perverse" la jouissance de la toute-puissance sur l’autre, la jouissance de l’exhibitionnisme et la jouissance du voyeurisme, et enfin elle fait son diagnostic ....je pense qu’il s’agit de femmes très malades et je ne crois pas que nous ayons à nous déterminer en fonction de leur pathologie…..

On la classe comme philosophe mais de quelle école de pensée ? et voilà en plus qu’elle se permet de diagnostiquer sur la santé mentale des femmes voilées, jusqu’où irat-elle dans ses propos liberticides et insultants ?

Voir le rapport de cette audience du 30 novembre 2009 en cliquant sur le lien ci-dessous :

EXTRAORDINAIRE AUDITION D'ELISABETH BADINTER CONTRE L A BURQUA ...

EXTRAORDINAIRE AUDITION D'ELISABETH BADINTER CONTRE L A BURQUA ..... Vous avez démontré que la burqa porte des valeurs contraires à celles qui fondent notre ...
militant.over-blog.net/article-extraordinaire-audition-d-elisabeth-badinter-contre-l-a-burqua-40666008.html

ooOoo

Pour ma part j’avais fais une étude en 2008 sur les interventions de Madame Badinter au sujet de la question de la procréation médicale assistée et des mères porteuses dont elle fait la promotion, je crois qu’au moment où elle est mise en évidence sur la question du voile intégral, il convient de lire aussi ses affirmations sur l’utilisation et la marchandisation du corps des femmes et de leur ventre, qui ne semble pas la gêner dans ses élucubrations.

J’avais aussi en préambule de mon étude présentée sa biographie très résumée Voici mon étude de l’époque :

Qui est Madame Badinter ?

Élisabeth Badinter est une « femme de lettres » et une « philosophe féministe » (mais contestée en tant que telle) française, née Bleustein-Blanchet, le 5 mars 1944 à Boulogne-Billancourt. Elle est actionnaire de référence et membre du conseil de surveillance du groupe Publicis.

Élisabeth Badinter est une des trois filles du publicitaire Marcel Bleustein-Blanchet. Elle est la présidente du conseil de surveillance de Publicis depuis 1996. Elle est aussi la deuxième actionnaire du groupe, dont elle détient environ 10 % et figure au palmarès des 500 premières fortunes de France.

Elle est l'épouse de Robert Badinter, dont elle a eu trois enfants.

Agrégée de philosophie, « spécialiste » du siècle des Lumières, observatrice de l'évolution des mentalités et des mœurs, elle a été maître de conférences à l'École polytechnique.

Son essai « Fausse route », publié en 2003 et qui fustige la misandrie contemporaine, ainsi que divers écrits critiques quant aux nouvelles lois concernant la parité politique ou le traitement des crimes et délits sexuels ont suscité une vive polémique, et de nombreuses féministes lui contestent désormais l'épithète de « féministe ». De son côté, elle continue de s'en réclamer, arguant que la vocation du féminisme n'est pas de conduire une guerre des sexes visant à une revanche contre les hommes. Dans cet ouvrage, elle dénonce aussi les enquêtes statistiques sur la violence conjugale où on n'interroge que les femmes et où on amalgame le subjectif et l'objectif, les pressions psychologiques et les agressions physiques, ce qui a pour effet d'établir une hiérarchie morale entre les sexes: « À vouloir ignorer systématiquement la violence et le pouvoir des femmes, à les proclamer constamment opprimées, donc innocentes, on trace en creux le portrait d'une humanité coupée en deux peu conforme à la vérité. D'un côté, les victimes de l'oppression masculine, de l'autre, les bourreaux tout-puissants. »

Son originalité et sa liberté de ton par rapport à son milieu de pensée s'étaient déjà manifestés avant cet essai, puisqu'elle développe depuis longtemps sa théorie de la « ressemblance » des sexes: « La ressemblance des sexes est une telle innovation qu'on peut légitimement l'envisager en termes de mutation. » Lors de la parution de Qu'est-ce qu'une femme ?, le journal Le Monde résumait ainsi sa position sur la question: « Élisabeth Badinter pense que l'humanisme rationaliste, l'accent mis sur la ressemblance entre les hommes et les femmes, sont historiquement porteurs du progrès de la condition féminine, alors que toutes les pensées de la différence sont potentiellement porteuses de discrimination et d'inégalité. » (17 mars 1989)

Lors du débat sur la parité en politique, elle s'était opposée à cette loi qui, selon elle, considérait que les femmes étaient incapables d'arriver au pouvoir par elles-mêmes.

Elle est membre du comité de parrainage de la Coordination française pour la Décennie de la culture de paix et de non-violence.

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Note de lucienne magalie Pons : Qui est réellement Madame Badinter ? Une femme qui donne dans la publicité avant tout et utilise les femmes comme des supports de produits divers, matériels et intellectuels alimentés de désirs et fantasmes fictifs de société en voulant les faire admettre comme des réalités ! Elle se dit « féministe » mais de nombreuses féministes lui contestent l'épithète de « féministe »

La pseudo philosophe Madame Badinter entend se situer au-dessus de l’avis « moral » du Conseil d’Etat (En mai dernier, le Conseil d’État se prononçait contre la légalisation de la gestation pour autrui)

Madame Badinter est souvent interviewée comme référence par différents médias pour promouvoir la pratique de procréation par mère porteuse..

Pour Madame Badinter l’amour est une construction et l’instinct maternel n’existe pas et l’origine de l’enfant est indifférente et l’on pourrait penser en lisant ses arguments que la plupart des enfants proviennent de génération spontanée : voici ce qu’elle dit : « On est dans une obsession de la transparence des origines. Je ne comprends pas que l’on veuille lever le secret d’une femme qui accouche sous X. Que dit-on à l’enfant d’une mère qui a accouché sous X et qui est plus tard recueilli ? On lui dit la vérité. C’est tout. Et puis l’origine, c’est à partir de quand ?

.Elle prétend aussi que « Nous vivons sur une illusion que la famille traditionnelle est nécessairement bonne pour un enfant. Chacun vit avec ses poids, ses chagrins. C’est la condition humaine »

Madame Badinter qui entre autre singularité s’était opposée au maintien d’un mariage de musulmans français pour cause de non virginité et qui aurait préféré que la Justice annule le mariage comme le souhaitait le mari musulman, Madame Badinter qui est à contre courant de toute décision officielle qui contrarie sa petite philosophie personnelle qu’elle prétend imposer selon ses vues à la société française est entre autre favorable à la pratique des mères porteuses ; par ailleurs Mme Badinter considère dans un amalgame du genre que « la société n’interdit à aucune femme le droit d’attendre un enfant… et n’interdit à aucune femme d’avorter, ce qui est à l’honneur d’une société démocratique, d’après elle.

Voici une interview qui nous renseigne sur la mentalité de cette « intellectuelle » dont la pensée se réduit à promouvoir une supposée évolution des « mentalités » et à soutenir l’évolution des « techniques » pour soutenir une procréation par mère porteuse au nom d’un prétendu droit réel à l’enfant. D’après elle » on peut porter un enfant sans fantasmer, sans créer de relations autres que physiologiques et bienveillantes »

De nombreux médias dont LCI et d’autres la prenne pour référence en ce qui concerne ses opinions notamment sur le sujet d’actualité des mères porteuses et lui accorde « parole d’évangile » en la matière !

Voici reproduit ci-dessous une interview d’Elisabeth Badinter accordée à « Madame Figaro »

, Badinter

Origine de la photo: Mme Badinter par Jean-Marie del Moral/Madame Figaro

Mères porteuses : entretien avec Élisabeth Badinter

En mai dernier, le Conseil d’État se prononçait contre la légalisation de la gestation pour autrui. Un avis contesté par l’auteur de L’amour en plus L’évolution des mentalités, le droit réel à l’enfant, la marchandisation du corps…, la philosophe défend ici ses arguments en attendant la révision en 2010 de la loi sur la bioéthique.

Paru le 10.07.2009, par Isabelle Girard

Madame Figaro. -Lorsque le Conseil d’État s’est prononcé en mai contre la légalisation des mères porteuses, vous avez estimé qu’il s’agissait d’un « avis moral qui ne tient compte ni de l’évolution des mentalités ni de l’évolution des techniques ». Votre position est-elle féministe ?

Élisabeth Badinter. Pas seulement. Je défends cette position d’abord par souci d’humanité. Si je suis favorable à la légalisation et à l’encadrement de la gestation pour autrui (GPA), c’est qu’une telle loi permettrait à un couple, dont la femme ne peut porter d’enfant parce qu’elle n’a pas d’utérus, de devenir parents. Je la défends ensuite parce que je crois que l’amour est construction et que l’instinct maternel n’existe pas.

Ça, c’est un acquis du féminisme ! Nous ne sommes pas des femelles animales qu’un flot d’hormones réveille au moment de l’accouchement – au point de prendre son nouveau-né dans les bras et de s’écrier : « Je le reconnais, c’est le mien ! » Les relations se tricotent au jour le jour. En outre, je suis une réaliste doublée d’une pessimiste, contrairement à ceux qui s’opposent à la GPA, que je trouve idéalistes. Au fond, pourquoi rejette-t-on l’idée qu’une femme puisse porter l’enfant d’une autre ? Parce que l’on pense que l’équilibre des enfants nés dans ces conditions est menacé, que les enfants de la mère porteuse vont être perturbés, qu’une femme qui porte l’enfant d’une autre n’aura pas le courage, à la naissance, de s’en séparer…

Autant d’arguments que vous écartez…

Oui, car j’ai une vision très réaliste de la maternité. De cette période, les femmes ont leur propre perception. Certaines aiment être enceintes sans pour autant avoir envie d’élever des enfants. D’autres se sentent douées pour éduquer des enfants mais trouvent insupportables les moments de la grossesse et de l’accouchement. Et puis il y a celles qui, en chemin, avortent. Compte tenu de tous ces cas de figure, je crois qu’une femme peut tout à fait porter l’enfant d’une autre, soit parce qu’elle aime cet état, soit parce qu’elle veut aider un couple en mal d’enfant. On peut porter un enfant sans fantasmer, sans créer de relations autres que physiologiques et bienveillantes.

“La légalisation est le seul moyen d’empêcher toute dérive, comme la mercantilisation inappropriée du corps de la femme ou l’existence d’agences d’intermédiaires.”

Quelles précautions faudrait-il prendre, selon vous ?

La légalisation est le seul moyen d’empêcher toute dérive, comme la mercantilisation inappropriée du corps de la femme ou l’existence d’agences d’intermédiaires. Être mère porteuse ne peut donc devenir un travail.

Vous pensez donc, comme la philosophe Sylviane Agacinski – qui s’oppose néanmoins à vous sur la GPA -, que la maternité ne peut être un job ?

Bien sûr que ce n’est pas un job. Il faut admettre qu’il y ait des femmes qui se disent tout simplement : je vais rendre un couple heureux. Néanmoins, j’ai insisté, lorsque j’ai été auditionnée à la commission du Sénat, pour qu’on inscrive dans la loi – si loi devait être votée – un droit au regret. Même s’il est rarissime qu’une mère porteuse ait demandé à garder l’enfant, c’est déjà arrivé. Il faut en tenir compte.

Note de lucienne pons : Madame Badinter est en pleine contradiction : d’un côté elle prétend que l’instinct maternel n’existe pas et que l’on peut porter un enfant sans fantasmer, sans créer de relations autres que physiologiques et bienveillantes, de l’autre elle reconnaît qu’une mère porteuse aurait le droit de garder l’enfant à la naissance, au nom de quel sentiment alors ? Madame Badinter ne s’en explique pas d’après elle la mère porteuse aurait un droit au regret ? regret de quoi ? Madame Badinter ne s’explique pas sur ce droit non plus !

Alors même que l’enfant possède les gamètes de ses parents biologiques ! Qui est la mère, pour vous ?

Celle qui va élever l’enfant. De même que j’ai toujours pensé que le père était celui qui élevait l’enfant, et non le géniteur.

Comment analysez-vous l’hostilité quasi unanime des psychanalystes contre la légalisation des mères porteuses ?

Je ne la comprends pas. Je trouve curieux qu’ils fassent si peu confiance à la parole. Il n’est pas difficile d’expliquer à un enfant dans quelles conditions il est né. Avec Amandine, l’enfant éprouvette, la dissociation du processus maternel s’est faite il y a vingt-cinq ans, et on n’en a pas fait toute une histoire. Je ne dis pas que ces enfants plus tard n’auront pas de problèmes ! Je dis aussi que les enfants nés dans les conditions les plus « orthodoxes » n’échappent pas non plus aux problèmes. Nous vivons sur une illusion que la famille traditionnelle est nécessairement bonne pour un enfant. Chacun vit avec ses poids, ses chagrins. C’est la condition humaine.

Pensez-vous que la femme ait droit à un enfant à tout prix ?

Il n’y a pas de droit à l’enfant inscrit dans le Code civil. Ni de droit moral à l’enfant, mais un droit réel à l’enfant. N’importe quelle femme, fût-elle droguée, violente, perverse, peut mettre au monde un enfant sans que la société s’y oppose. On ne peut pas sélectionner les femmes qui peuvent avoir des enfants ! À cause de cette crainte de l’eugénisme, la société n’interdit à aucune femme le droit d’attendre un enfant… et n’interdit à aucune femme d’avorter, ce qui est à l’honneur d’une société démocratique. À mon sens, ce fut une décision à prendre autrement plus lourde de conséquences que celle de légaliser la gestation pour autrui. Je trouve notre société beaucoup plus frileuse aujourd’hui qu’il y a trente-cinq ans.

Si l’enfant naît avec un défaut… ?

Eh bien, il naît avec un défaut. Il n’y a pas d’enfant idéal. Il n’y a pas de grossesse idéale. Il n’y a pas de code génétique sans faille.

Lorsque Nadine Morano, députée UMP, dit qu’elle pourrait porter l’enfant de sa fille, comment réagissez-vous ?

Il ne faut pas qu’il y ait de confusion de génération, car cela engendre une perturbation temporelle : ma mère est ma grand-mère. En revanche, pourquoi une sœur ne pourrait-elle porter l’enfant de sa sœur ?

Que pensez-vous, aujourd’hui, de l’importance que prend la nécessité de connaître ses origines ?

On est dans une obsession de la transparence des origines. Je ne comprends pas que l’on veuille lever le secret d’une femme qui accouche sous X. Que dit-on à l’enfant d’une mère qui a accouché sous X et qui est plus tard recueilli ? On lui dit la vérité. C’est tout. Et puis l’origine, c’est à partir de quand ?

Madame Figaro bien entendu se garde bien de contester le moindre des propos de Madame Badinter !

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ÉTAT DES LIEUX

La pratique des mères porteuses est interdite dans une majorité d’États européens, comme la France (en 1994), l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, l’Autriche et la Suisse. Elle est tolérée en Belgique et aux Pays-Bas, autorisée et encadrée au Royaume-Uni, pour les couples dont la femme est infertile. Dans certains États des États-Unis (Californie, Arkansas, Illinois) et

Provinces du Canada (Alberta, Nouvelle-Écosse), des agences mettent légalement en relation les parents demandeurs et les mères de substitution candidates. Coût de l’opération : 50000 €.

Depuis la France, de plus en plus de couples se rendent à l’étranger, même s’ils savent que de retour sur le territoire hexagonal, la filiation de l’enfant ne pourra être reconnue.

Un groupe de sénateurs présidé par Michèle André (PS) a proposé en décembre 2008 d’autoriser la GPA(gestation pour autrui) pour mettre fin à ces difficultés d’état civil, estimant que « correctement encadrée, elle peut être un don réfléchi et limité dans le temps d’une partie de soi ». En mai dernier, le Conseil d’État s’y est opposé. C’est au cours de l’année 2010 qu’interviendra en principe le réexamen des lois.

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Voici une critique de l’ensemble des vues de l’esprit de Madame Badinter de sa généralisation globale laxiste des phénomènes de violences qu’elle considère comme des « préjugés populaire », enfin de son peu de rigueur méthodologique et de ses « mensonges »

source - http://sisyphe.org/article.php3?id_article=598 -

Élisabeth Badinter dénature le féminisme pour mieux le combattre

Une critique de SON LIVRE « Fausse route »

29 septembre 2003

par Élaine Audet

Depuis sa publication, au printemps 2003, le livre Fausse route d’Élisabeth Badinter a suscité une multitude d’articles et de reportages, les grands médias lui ouvrant la voie royale qu’ils réservent, depuis quelques années, aux discours antiféministes. Ils n’auraient pu être mieux servis. Pour Élisabeth Badinter, " le " féminisme français actuel est monolithique, essentialiste et anti-hommes. Influencé par quelques théoriciennes radicales américaines, il victimiserait les femmes, diaboliserait la sexualité masculine et aurait réussi à faire prévaloir un nouvel ordre moral.

Dans la même foulée, l’ouvrage préconise le renforcement des stéréotypes sexuels dans l’enfance, la libéralisation de la prostitution et accuse les féministes de puritanisme par leur présumée incapacité de prendre en compte les nouveaux courants de la sexualité. Son leitmotiv : les féministes américaines sont allées trop loin, si les femmes ne veulent pas se couper à tout jamais des hommes, il est temps d’en finir avec la guerre des sexes. C’est donc du féminisme américain autant que du français que la pamphlétaire veut faire le procès.

D’abord, que signifie pour É. Badinter être féministe ? Essentiellement, c’est viser à être égale aux hommes et à partager tous leurs privilèges. Il n’y a pas de domination masculine, selon elle, mais un manque de volonté chez les femmes d’affirmer leur autonomie. Quand on veut, on peut ! Peu lui importent les concepts de pouvoir et d’aliénation. Elle ne pratique pas ce genre de philosophie ! Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’elle se porte à la défense des valeurs patriarcales : toute son œuvre en témoigne par la recherche d’une complémentarité qui ne remettrait pas en question la suprématie masculine et les stéréotypes de féminité et de virilité qu’elle considère essentiels à une construction identitaire saine et solide des deux sexes.

La méthode du discours et ses sources

La méthode d’ "analyse" d’É. Badinter est simple, efficace et malhonnête. Il s’agit de faire dire à l’ensemble des féministes, et parfois à quelques-unes d’entre elles censées représenter un courant féministe majoritaire, ce qu’elles n’ont jamais dit. Ensuite, elle réfute ces contre-vérités par des arguments d’autorité : Croyez-moi, c’est moi, E. Badinter, qui le dis ! Elle cite souvent des statistiques qui contredisent ses affirmations à l’emporte-pièce, mais elle les enterre sous la charge qu’elle reprend ad nauseam selon laquelle les féministes victimisent les femmes et haïssent les hommes. Affirmation facile qu’elle se garde bien de démontrer. Pour Élisabeth Badinter, ce serait faire preuve de paranoïa ou de misandrie de parler d’une violence spécifique envers les femmes ou d’un système, le patriarcat, se perpétuant grâce à l’existence de rapports sexuels de domination.

Quant à ses sources, l’auteure les puise surtout dans les médias à large diffusion dont Libération, Le Monde, Elle, L’Express, Le Point Madame Figaro, Marianne, New York Times, France 2. Des sources dont l’antiféminisme et le sensationnalisme de plusieurs d’entre elles autorisent de sérieux doutes sur le caractère scientifique de cet essai. Si elle est agrégée de philosophie et maître de conférence à l’École polytechnique, Élisabeth Badinter n’est tout de même pas membre du Centre national de recherche scientifique (CNRS) ni professeure titulaire dans une université. Peut-être cela explique-t-il son silence sur les chercheuses universitaires féministes les plus en vue, son manque de rigueur méthodologique et les sources contestables qu’elle utilise dans son livre. Rien d’étonnant non plus que son pamphlet ait pu obtenir un tel écho dans les médias, qui partagent les intérêts de classe et la vision patriarcale du monde d’Élisabeth Badinter. « Fausse route » s’inscrit indéniablement dans le ressac antiféministe actuel et dans la mouvance du courant masculiniste de droite, revanchard, misogyne et homophobe qui trouve une alliée naturelle en É. Badinter.

Une violence symétrique entre les deux sexes

La remise en question de l’Enquête nationale sur la violence envers les femmes en France (ENVEFF) par É. Badinter est un des aspects de son pamphlet qui a soulevé le plus l’intérêt des médias et des antiféministes. Cette enquête, effectuée auprès de 6 970 femmes de mars à juillet 2000, ferait, selon Badinter, une amalgame entre les violences psychologiques, physiques et sexuelles afin d’en gonfler les chiffres. Quiconque consultera le rapport de l’Enquête verra, contrairement à ce que prétend l’auteure de « Fausse route », que les statistiques des différentes formes de violence sont compilées séparément. Les chercheuses et les féministes ne sont pas responsables du fait que des journalistes additionnent les résultats des différentes catégories de violence subies par les femmes. En expliquant la méthodologie employée, les chercheuses ont insisté sur la distinction à faire entre les situations de conflits verbaux et psychologiques et la violence physique et sexuelle, qui porte toujours atteinte à l’intégrité de l’autre, ainsi que sur l’existence d’un continuum dans les cas de violence conjugale. Quant à la qualité scientifique de l’enquête, elle a été dûment contrôlée, notamment avec la collaboration d’un statisticien du Centre national de recherche scientifique (CNRS), et appuyée par de nombreuses personnalités scientifiques.

Mais, même si É. Badinter admet « qu’un homme qui tue une femme - souvent sa femme - va jusqu’au bout d’un mouvement d’appropriation de l’autre », elle s’étonne du même souffle que tant de femmes n’arrivent pas à quitter leur bourreau ! Il est pourtant de notoriété publique que le syndrome de la femme battue repose sur la destruction systématique de l’estime de soi par un continuum de violence psychologique, physique et sexuel qui paralyse celles qui en sont victimes. Comme elle refuse de reconnaître l’existence d’une violence spécifique envers les femmes engendrée par des rapports sexuels de domination, elle se rabat sur le préjugé "populaire", nullement démontré par les études scientifiques, selon lequel la misère sociale et culturelle serait la cause première de la violence. Pourtant, les données statistiques et les faits quotidiens démontrent que la violence envers les femmes traverse toutes les classes sociales, comme le rappelle parmi tant d’autres le meurtre de Marie Trintignant. Mais rien n’aura raison des préjugés antiféministes de Mme Badinter qui regrette que le questionnaire de l’enquête n’ait pas aussi été adressé aux hommes ce qui, selon elle, nous en aurait appris beaucoup sur les abus de pouvoir et la violence spécifique des femmes. N’étant pas à une contradiction près, elle reconnaît pourtant que des hommes sont responsables de 90% des actes de violence !

La victimisation féministe des femmes et des hommes

É. Badinter reproche aux abolitionnistes, qu’elle appelle « prohibitionnistes », d’amalgamer la prostitution au viol et de faire ainsi des prostituées des « victimes absolues » en les réduisant au silence. Est-ce l’ignorance ou la mauvaise foi qui lui fait passer sous silence les nombreux témoignages de prostituées et de "survivantes" publiés dans les médias, les maisons d’éditions ou Internet, et qui racontent l’enfer que leurs auteures vivent ou ont vécu, ainsi que leur désir de s’en sortir ? Badinter qualifie malhonnêtement la lutte contre cet esclavage moderne, à l’échelle planétaire, de « guerre contre les prostituées ». Elle se plaît à confondre délibérément la lutte contre un système d’exploitation, patriarcal ou prostitutionnel, et une lutte contre des individus. Elle ne voit aucune distinction entre les choix individuels d’une minorité et des choix et enjeux collectifs qui ont des retombées sur l’ensemble de la société. C’est de la pure mauvaise foi d’assimiler, comme elle le fait, la dénonciation de la violence envers les femmes à la victimisation de ces dernières.

Toute cette rhétorique que déploie É. Badinter a un but : faire oublier le fait que les auteurs de violence conjugale ou de viols sont en grande majorité, non pas des « obsédés, des méchants, des pervers » qui courent les rues le soir en quête d’une proie, comme elle le prétend, mais bien des hommes proches des femmes agressées. Il n’y aurait, selon elle, que quelques cinglés qui pètent parfois les plombs. À la suite de cette opinion sans aucun fondement dans la réalité, elle a beau jeu de prétendre que l’analyse féministe des rapports sexuels de domination se résume à « la dénonciation inconditionnelle du sexe masculin ».

On a droit à une autre fable de sa part, quand elle affirme que « les deux sexes se posent en victimes l’un de l’autre, à ceci près que les femmes parlent haut et fort et que les hommes murmurent. » Élisabeth Badinter, qui occupe une place de premier ordre dans les médias comme héritière-actionnaire et présidente du directoire de Publicis, quatrième groupe de communication mondial, a probablement une oreille sélective. Baignant dans les milieux masculins néolibéraux, elle reprend à son compte les arguments masculinistes et les douteuses conclusions de « l’état des lieux masculins », publié par le magazine « Elle » à l’occasion de la Journée internationale des femmes. Des hommes y prétendent que ce sont désormais les femmes qui font la loi et eux qui en sont les victimes. Le fait que les femmes deviennent des citoyennes à part entière causerait, chez plusieurs d’entre eux, une « confusion identitaire » qu’ils assimileraient à une forme d’oppression. Évidemment, l’antiféministe de service se garde bien de mentionner que, dans le même dossier, d’autres hommes contestent la soi-disant domination des hommes par les femmes.

D’où Élisabeth Badinter tire-t-elle la conviction qu’il y a beaucoup d’hommes battus par des femmes puisque, selon elle, les hommes battus auraient honte de s’en plaindre et de faire rire d’eux ? À l’encontre des faits démontrés par de nombreuses études, la pamphlétaire parle de la violence féminine comme d’une réalité courante et symétrique à la violence masculine contre les femmes : « Hommes et femmes sont sujets à cette pathologie car la violence appartient à l’humanité. » Elle nie la violence systémique des hommes dans le but de contrôler les femmes et conserver les privilèges que continue à leur octroyer une société basée sur la division inégale des rôles et la discrimination sexuelle. Comme les violeurs le font dans les procès pour viol qui leur sont intentés, Badinter cherche également à disculper les hommes en invoquant un argument fallacieux d’une époque heureusement révolue. Elle parle du « non qui veut dire oui », dont les féministes « puritaines » voudraient nier l’existence. « Il est peut-être inscrit dans la nature que l’homme conquiert et que la femme cède à une douce violence », dit-elle, en justifiant ainsi à l’avance tous les abus.

La domestication de la sexualité

Croyant donner plus de force à ses attaques contre la domestication de la sexualité par le « nouvel ordre moral féministe » des Dworkin-MacKinnon, Badinter s’appuie sur des antiféministes américaines notoires, comme l’anthropologue Gayle Rubin, tête de file et théoricienne depuis les années 80 du courant lesbien sadomasochiste et queer. Ce courant voit les inégalités de pouvoir comme faisant partie intégrante de la sexualité. Idée reprise tant par É. Badinter que par Denise Bombardier au Québec. Les diverses manifestations des sexualités minoritaires dissidentes queer ont vite été assimilées comme une mode et ont servi de fer de lance pour saper l’influence du féminisme radical. Dans Coming to Power, Rubin considère que les féministes sont intégrées à la société hiérarchique dominante et doivent être traitées comme des ennemies.

Dans son dernier livre, Penser le sexe, donné en référence dans Fausse route, Rubin poursuit son apologie de la pornographie, de la prostitution, du sadomasochisme, de toutes les minorités sexuelles dissidentes et se concentre surtout sur la défense de la pédophilie en refusant d’y voir une forme d’exploitation sexuelle. Pour elle, toute loi visant à régir la sexualité constitue « un apartheid sexuel » destiné à renforcer les structures du pouvoir en place.

En s’appuyant sur le courant queer, É. Badinter affirme que la prostitution, la pornographie, le sadomasochisme, la pédophilie ne sont que des sexualités différentes que le puritanisme judéo-chrétien empêche d’admettre et qui tombent sous le coup de ce qu’elle appelle « le nouveau féminisme moral ». Dans l’histoire du féminisme, il y a eu un moment où s’est élaborée une éthique qui rejetait la construction socioculturelle de la sexualité ainsi que la division sexuelle des rôles et les rapports de pouvoir qu’elle a engendrée. Qu’y a-t-il de répréhensible dans le fait de proposer une éthique ? Contrairement à ce qu’elle veut nous faire croire, ce qui est en jeu dans le débat sur la prostitution, ce n’est pas la reconnaissance d’un choix individuel alternatif pour vivre plus pleinement sa sexualité mais le droit pour les proxénètes de mettre librement en marché le corps des femmes.

Ce féminisme-là, accuse-t-elle, qui critique le sexe de consommation et la commercialisation du sexe, participe à la renaissance des stéréotypes sexuels qui sont en passe de disparaître ! La lutte pour ou contre la pornographie et la prostitution constituerait actuellement un enjeu majeur pour la redéfinition des rapports entre hommes et femmes et de leurs libertés réciproques. Elle cite au passage l’autobiographie des prouesses sexuelles de Catherine Millet, comme exemple d’une nouvelle sexualité libérée de toute censure, et s’empresse d’en conclure que la notion de normalité n’existe pas dans le domaine de la sexualité.

Christina Hoff Sommers et Katie Roiphe, citées également par É. Badinter, sont des universitaires de droite, populaires dans les grands médias américains, dont les interventions visent à désamorcer l’analyse critique de la domination et de la violence masculines envers les femmes et prônent la réconciliation des sexes dans la complémentarité, les femmes ayant, selon elles, déjà atteint l’égalité.

Susan Faludi, auteur de Backlash, a fait la critique de cet antiféminisme militant, dans la revue Ms. La méthode de Sommers et Roiphe, dit-elle, consiste « à émettre des opinions réductrices, erronées et faciles, en les faisant passer pour des idées sérieuses et audacieuses ». En y regardant de plus près, on constate qu’elles ne font pas de recherches personnelles mais relaient les attaques des masculinistes avec qui elles partagent la faveur des médias. Ces universitaires sont d’ailleurs grassement subventionnées par de riches fondations de droite pour accuser les féministes d’accaparer le pouvoir partout, de victimiser les femmes et de castrer les hommes. On reconnaît là plusieurs des thèmes chers à la pamphlétaire française pour qui ce seraient les féministes qui victimiseraient les femmes et non ceux qui les agressent par le viol, le harcèlement sexuel, la pornographie et la prostitution. Toute protestation contre la violence envers les femmes lui paraît comme une déclaration de guerre adressée au genre masculin.

Pourtant, E. Badinter est forcée de constater l’existence d’une sexualité trash, souvent très violente, où prévalent des rapports de domination et de soumission, où le corps n’est plus qu’un simple objet de consommation. Mais le fait que les films X servent désormais de « matrice originelle de fantasmes », montrant couramment des actes de triple-pénétration, de viols collectifs et parfois des films snuff où les actrices pornos sont réellement torturées et assassinées, ne semble pas l’émouvoir outre mesure. Elle se contente d’y voir des faits de société, de plus en plus normalisés et commercialisés, et non des valeurs résultant de la structure de domination hommes-femmes imprégnant toutes les strates de la réalité sociale. Pourtant, plus loin, elle nous apprend, à propos de l’échangisme, que cette réalité, prétendument normalisée, ne touche qu’une petite minorité de Français (4%) et de Françaises (1%). Et de répéter que la sexualité ne doit pas être domestiquée par le « nouvel ordre moral féministe », l’important pour toutes ou tous étant que les pratiques sexuelles, même extrêmes, puissent librement la pimenter.

À l’historienne et féministe Florence Montreynaud, qui remet en question la sexualité machiste et son vocabulaire militaire de conquête, elle répond que « l’intimité et la tendresse ne sont pas l’alpha et l’oméga de tout désir. La violence des pulsions n’est pas exclusivement masculine et n’aboutit pas nécessairement à un viol. Il y a toutes ces femmes qui réclament sans complexe un dominateur au lit et un associé en dehors. » On reconnaîtra ici les opinions - et non des faits démontrés - avancées par la journaliste Denise Bombardier pour qui les féministes sont allées trop loin et risquent ainsi de se couper à jamais des hommes (11).

Le retour de l’essentialisme avec le foulard islamique, la parité et l’instinct maternel

Mélangeant tout allègrement, É. Badinter rend les féministes responsables de l’acceptation du foulard islamique à l’école et du torpillage de l’universalisme républicain. Elle laisse entendre qu’au nom du relativisme culturel, elles auraient aussi entériné le droit à la polygamie et l’excision des petites filles. Comment peut-elle affirmer de telles aberrations tout en reconnaissant du même souffle « le courage et les convictions de Benoîte Groult et de quelques autres » pour dénoncer et faire interdire cette infamie ?

Elle se fait un devoir de dénigrer les féministes qui ont critiqué certaines de ses positions, en rejetant par exemple, lors de la lutte pour la parité politique, l’universalisme abstrait dont elle s’inspire, qui n’est en fait que le masque de l’universel masculin. Elle, qui n’hésite pas à faire appel à des arguments essentialistes quand cela l’arrange, accuse les féministes d’avoir utilisé ce genre d’arguments pour justifier l’inscription de la dualité des sexes dans la Constitution et de permettre ainsi à diverses catégories de la population (homosexuel-les, communautés ethniques, etc.) d’exiger à leur tour la parité politique.

Une fois de plus, elle invente un conflit pour ensuite se permettre d’attaquer les féministes qui, comme Gisèle Halimi (12), croient qu’il n’est pas juste d’assimiler la moitié de l’humanité à une catégorie. Comme l’autre moitié, celle des hommes, les femmes englobent toutes les catégories d’âges, de classes, de métiers, d’ethnies, d’orientations sexuelles, d’appartenances politiques, etc. Déterminé depuis 30 siècles par des rapports sexuels de domination, l’universalisme dont se réclame E. Badinter est masculin comme le démontre notamment la situation en France où les femmes n’occupent que 10% des sièges. De quelle démocratie est-il donc question quand elle exclut la moitié de l’humanité ?

Contexte néolibéral et intérêts de classes

Pour mieux comprendre les prises de position d’Élisabeth Badinter, il est essentiel de les situer dans le contexte du néolibéralisme et des intérêts de classe précis qu’elle y défend. Comme PDG d’une des plus importantes entreprises de publicité au monde, il n’est pas étonnant qu’elle ne puisse considérer autrement qu’en ennemies les féministes qui dénoncent le sexisme dans la publicité et ailleurs et se situent dans la mouvance altermondialiste pour une répartition plus juste et équitable des richesses.

Alors que le discours dominant néolibéral a tout intérêt à convaincre les femmes de retourner au foyer et de se contenter de travaux à temps partiel, pour laisser les meilleurs emplois aux hommes, Badinter attribue au féminisme le retour de l’idéologie maternaliste. Elle feint d’ignorer la prise en charge du corps des femmes par la médecine, la biotechnologie et les compagnies pharmaceutiques qui voient en elles de nouvelles sources de profits, notamment comme productrices d’embryons et mères porteuses, quand elles ne sont pas récupérées pour alimenter le marché de la prostitution.

Quand on fausse la route pour mieux la condamner

Élisabeth Badinter termine son pamphlet en prédisant l’impasse entre les sexes dont, bien sûr, les féministes seraient responsables. À aucun moment il ne lui vient à l’esprit que les hommes puissent avoir à faire un effort pour éviter cette impasse. Pour elle, dénoncer la discrimination et la violence envers les femmes, ne fait que braquer inutilement les hommes et attiser la guerre des sexes. Telle est la "fausse route" prise, selon elle, par le féminisme actuel et le piège à éviter sous peine d’y perdre notre liberté et de freiner la marche vers l’égalité. Ce n’est certainement pas en alimentant l’antiféminisme et les arguments misogynes des masculinistes qu’Élisabeth Badinter favorisera la marche vers une société non sexiste dans laquelle les femmes seront libres de choisir leur destin sans être accusées de limiter ainsi celui des hommes.

En fermant « Fausse route », on ne peut s’empêcher de se demander pourquoi É. Badinter insiste tant pour se déclarer féministe, sinon pour tromper son lectorat et convaincre les femmes qu’elles ont tout intérêt à se rallier au masculin universel. Et cela en dépit des preuves abondantes de l’impossibilité pour elles d’accéder, dans un tel système, à une représentation politique équitable, de leur exclusion des postes de commande dans tous les domaines et de la persistance des écarts salariaux dus à leur sexe. Drôle de féministe, qui nie la hiérarchie fondée sur le sexe et qui s’acharne à dénigrer en bloc les féministes à coups d’amalgames, de généralisations et de mensonges, et qui ne ressent de solidarité qu’envers les hommes avec qui elle s’identifie totalement en espérant être reconnue « un homme comme tout le monde » dans un universalisme au masculin pluriel.

La nécessité d’écrire un pamphlet, d’une mauvaise foi si évidente, vient peut-être finalement de la peur d’une nouvelle vague féministe puissante qui, loin de victimiser les femmes, les invite à lutter ensemble contre la pauvreté, l’injustice et la violence. Pensons seulement à la Marche mondiale des femmes (MMF), au Lobby européen des femmes, au travail sur le terrain et dans les réseaux électroniques de centaines d’associations contre la prostitution, le viol et le harcèlement sexuel, au mouvement Ni putes ni soumises, à la présence féministe dans les manifestations pour la paix et les luttes sociales notamment pour l’équité salariale, le partage du travail domestique, la réalisation de la parité politique et, sur le plan théorique, aux contributions de nombreuses chercheuses comme Michèle Le Doeuff, Geneviève Fraisse, Christine Delphy, Christine Bard, Christine Fauré, Marie-Victoire Louis en France, pour n’en nommer que quelques-unes. La plus grande imposture de ce livre consiste sans doute à prétendre que les féministes victimisent les femmes par leur résistance aux formes d’oppression qu’elles subissent. Ce sont leurs luttes au contraire qui leur ont permis d’étendre, d’hier à aujourd’hui, leur autonomie dans tous les domaines.


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