09 février 2009

Les petits garçons Français ne rêveront plus de devenir "Golden Boys"

article de lucienne magalie pons


Dans un passé relativement récent les petits garçons rêvaient de devenir pompiers, pilotes de ligne, pilotes de courses automobiles, conducteur de trains, astronautes, ce qui dénotait leur goût du risque et du sport mais de nos jours en priorité ils rêvent de devenir artistes, stars de la musique, surtout chanteurs de Rap, stars du foot, golden boys (Traders), ce qui dénote leur désirs de notoriété ou de fortune.


En fonction de la politique qui se met en place à haut niveau pour stigmatiser le métier de « trader » ou « golden boy » pour en faire les boucs émissaires expiatoires de la défaillance des dirigeants dans la gouvernance et la gestion des banques, les petits garçons n’auront plus le choix que de rêver de devenir chanteurs de rap, artistes,ou stars du foot, pour accéder à la notoriété ou à fortune.


En effet, pour ceux d'entre eux qui visaient le métier de trader, Monsieur Nicolas Sarkozy vient de briser un de leur espoir de carrière juteuse en fustigeant le 5 Février « "le système de rémunération de ceux qu'on appelle les traders, ces jeunes gens qui jouaient à spéculer" et dont "les rémunérations étaient indexées sur la prime de risques". "Ça a conduit à la catastrophe que l'on sait, a ajouté le chef de l'Etat.


Naturellement sous l'injonction de l'Etat, qui en fait une contrepartie à son aide au secteur bancaire, les dirigeants des banques françaises ravis de trouver des boucs émissaires tout désignés pour faire oublier pour un temps au moins leur propre « bonus », se sont engagés à réformer le mode de rémunération de leurs "professionnels des marchés".


Un accord entre les grands établissements bancaires, la direction du Trésor, l'Autorité des marchés financiers (AMF) et la Commission bancaire pose de nouvelles règles qui devraient entrer en vigueur dès cette année pour les primes que les traders toucheront début 2010. Ce code dit « éthique" serait présenté et soumis prochainement à Christine Lagarde, ministre de l'économie pour approbation.


Ces règles élaborées au sein du Haut comité de place, rassemblant pouvoirs publics, banques et autorités de tutelle seront applicables dès 2009, pour les primes versées début 2010. Dans le champ d'application de ce code figureront les traders et les salariés de la banque d'investissement, quel que soit le statut de leur employeur : banque, entreprise d'investissement, société de gestion ou de capital investissement...


Ce code (de bonne conduite ?) a pour objectif de limiter les bonus garantis et de modérer le poids de la part variable de la rémunération, par rapport au salaire, afin que celle-ci n'encourage des prises de risque inconsidérées.


Il préconise de verser des salaires "suffisamment importants pour rémunérer l'accomplissement par le professionnel des obligations de son poste, le niveau de compétence, les astreintes et l'expérience".


La part variable de la rémunération, serait distincte de la part fixe, et ne pourrait être versée qu'en fonction "des gains réels pour l'entreprise tout en tenant compte des intérêts des clients".


On peut noter aussi que par cet accord la pratique des bonus garantis non liés à la performance serait désormais prohibée, sauf en cas d'embauche ou de rétention de professionnels ayant des fonctions clefs. Dans ces cas, les bonus devront être limités à un an."


D’autres dispositions plus techniques de l’accord concerne "l'assiette et la date des versements" des bonus qui devraient désormais être "cohérents avec les objectifs assignés au professionnel", et avec "ceux de son équipe et son entreprise". Tous les coûts (capital, liquidité, risque etc.) devront être intégrés, pour adapter les primes à la réalité économique des profits et non plus sur les gains comptables. Pas d’anticipation sur des résultats futurs : une part des primes devra être différée dans le temps, pour "prendre en compte les résultats complets des opérations initiées durant un exercice donné". Enfin si des positions de marchés se révélaient perdantes, le bonus serait supprimé.


L’accord préconise de verser une part de la rétribution "en titres ou en options sur titres", afin que les primes soient fonction du cours de Bourse de l'entreprise.


Enfin pour la "gouvernance" le texte prévoit d'informer le Conseil d'administration "des principes de la politique de rémunération" et "de leur déclinaison au niveau individuel", sans doute pour établir un principe de « transparence » pour remplacer la pratique de l'opacité qui régnait jusqu’à présent semble-t-il dans plusieurs entreprises bancaires.


Enfin les traders ne seraient plus seulement associés aux profits mais aussi aux risques et aux pertes ce qui me paraît une pénalisation excessives puisqu'ils seront limités dans leurs initiatives personnelles et qu'il leur sera demandés d'être "cohérents avec les objectifs qui leur seront assignés et avec "ceux de son équipe et son entreprise".


Alors que la pratique des bonus constituait l’un des élément de compétition entre les places financières, pour attirer et retenir les meilleurs professionnels l’accord qui reste à approuver par la Ministre de l’économie, suscite des inquiétudes au sein de quelques entreprises bancaires et établissement financiers de voir leurs traders se délocaliser sur des places financières étrangères notamment à Londres.


D’après Monsieur Georges Pauget, patron du Crédit Agricole, la Fédération bancaire française (FBF) qu’il représente se serait montrée "fort coopérative".


En France où tous les hommes de pouvoir néo capitalistes soutiennent que la concurrence des entreprises aussi bien que celle des individus stimule la performance et justifie les profits, la banalisation des fonctions de traders voulue par l’Etat avec en prime une atteinte à leur « bonus » assorti d’un partage de risque, est une contradiction de plus à inscrire au débit de crédibilité du Chef de l’Etat et de son Gouvernement.


Ceci dit je pense que les « bonus » et autres privilèges exorbitants dont bénéficient les dirigeants des entreprises bancaires et organismes financiers devraient aussi être soumis à des règles réductrices très strictes, il ne suffit pas de désigner les traders comme des boucs émissaires et d'en faire les victimes expiatoires de la débâcle financière de certaines banques, et pour les dirigeants de s’en remettre benoîtement à un geste de bonne volonté de leur part pour se démettre de leur bonus, il faut au contraire réglementer pour eux aussi comme pour les traders et je dirai encore mieux, puisque c’est eux qui décident des investissements financiers de leurs établissements , les pénaliser encore plus et toujours plus à la hauteur de leurs responsabilités en cas de défaillance dans leur gouvernance ou dans leur gestion des investissements financiers à risques.


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