02 février 2009

Grève : Monsieur Fillon parle "d'inquiétude" et s'apprête à annoncer 1000 projets pour relancer la croissance

article de lucienne magalie pons

Grève du 29 Janvier 2008 :

Tout le monde en France le sait, le message dominant de la grève du 29 Janvier était un désaveu massif de la politique économique et sociale du Chef de l’Etat et de son gouvernement.


Mais les membres du gouvernement qui se sont exprimés sur les grèves et les manifestations de jeudi contestent qu'il s'agisse d'une mobilisation contre la politique économique et sociale menée actuellement, parlant surtout d'une "inquiétude" face à la crise. C’est d’ailleurs la même interprétation que reprend Xavier Bertrand récent « patron » de l’UMP.


Il s’agit là d’une action concertée de désinformation et d’une tentative de déstabilisation des syndicats, action concertée cousue de fil blanc qui n’impressionne personne, les français savent à quoi s’en tenir.

Pour le Premier Ministre François Fillon, dans la même ligne d’interprétation que Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux, Frédéric Lefebvre et d’autres, il vient de s’employer lui aussi à dénaturer ce message pour le placer sur le terrain de « l’inquiétude devant la crise ».


Ndlr : la crise est donc le parachute auquel s’accroche Le Pouvoir pour éviter d’atterrir sur le terrain de la politique économique et sociale sur lequel les responsables syndicaux l’attendent.


Répétons le, nous avons dépassé un climat d’inquiétude pour entrer dans l’action, il s’agit de l’expression d’une colère, d’un ras- le- bol monumental et d’un désaveu massif de la politique économique et sociale du Chef de l’Etat et de son gouvernement, que 2 500 000 manifestants ont exprimés comme un seul homme, tous secteurs d’activités confondus, publics et privés, et de toutes tendances syndicales confondues.


Les syndicats sortent renforcés par la Grève, ils savent désormais, preuve à l’appui, qu’ils peuvent compter sur la mobilisation massive des français pour soutenir leurs revendications , qu’ils soient ou ne soient pas syndiqués , qu’ils soient de gauche ou de droite ou du centre, qu’ils soient jeunes ou vieux, lycéens , salariés, chômeurs, retraités, tous se tiennent prêts et répondront présents s’il faut accentuer le mouvement.


Le Premier ministre dans sa ligne de conduite, a tenu à faire savoir qu’il comprenait "l'inquiétude devant la crise" exprimée lors du mouvement social de jeudi. Les syndicats se réunissent ce lundi pour discuter d'une action unitaire.


Sur sa lancée et dans un déni total de la véritable signification de la Grève, Monsieur Fillon a déjà prévenu qu’il n'y aura pas de tournant de la politique économique et sociale" et donneur de leçon il se permet l’outrecuidance de dicter leur conduite aux syndicats en détournant la question et en les invitant à ne "pas se tromper de priorité"

Pour Monsieur Fillon, la "priorité absolue, c'est l'emploi", alors que "le chômage est sur une trajectoire d'augmentation forte".


Pour Monsieur Fillon, les grèves et manifestations de jeudi, expriment "majoritairement une inquiétude devant la crise, mais sans qu'il s'en dégage un message très précis ni des propositions claires et cohérentes", analyse ensuite François Fillon.


Ndlr : l’analyse de Monsieur Fillon est volontairement détournée : s’il veut faire croire qu’il ne se dégage pas de ces grèves et manifestations de jeudi « un message très précis ni des propositions claires et cohérentes » il se livre à un mensonge pur et simple pour discréditer les syndicats.


Il insiste sur la crise et sur son impact mondial en ignorant la crise de confiance nationale qu’il vient d’essuyer en argumentant : Cette inquiétude "n'a rien d'étonnant, car la crise est profonde. C'est à mon sens la première vraie crise de la mondialisation".


Il minimise le désaveu national massif de sa politique, exprimé par les manifestants en le traduisant a minima par un désaccord en argumentant : "leur désaccord sur la réforme de l'Etat, les mesures de modernisation économique", et le chef du gouvernement en "prend acte*, mais cela ne peut en aucun cas nous conduire à remettre en cause des réformes nécessaires au redressement. Il n'y aura pas de tournant de la politique économique et sociale".


Ndlr :* comble d’un dialogue de sourd, il prend acte de sa propre interprétation


Enfin le chef de du Gouvernement estime que la "priorité absolue" est aujourd'hui "l'emploi", et il souligne que le chômage continue à augmenter fortement, "nous allons encore le vérifier avec les chiffres du mois de décembre".


Ndlr : oui nous l’avons constaté ! merci !


Pour lui, "la totalité des marges de manœuvre doit aller à l'emploi et l'économie et il déclare ..... « C'est ce que nous dirons aux partenaires sociaux. La flexicurité (sic) constitue une avancée sociale très importante. Il faut passer à la vitesse supérieure et venir en aide aux chômeurs en renforçant notre système de formation professionnelle".


Ndlr : la « formation professionnelle » le grand mot, le grand remède ! ..... ! À croire que tous les chômeurs sont sans métiers, sans qualifications, sans acquis professionnels, sans expérience........ et une formation professionnelle c’est déjà prouvé ne garantit pas un emploi.


Il concède pour l’'agenda social : «nous ne l'établirons pas seuls, nous en discuterons avec les partenaires sociaux», mais dans "l'ordre des urgences, avec le Président de la République nous souhaiterions y faire figurer le suivi de la réforme de la formation professionnelle", le "renforcement du dialogue social dans les petites entreprises, le suivi des restructurations et du plan de relance. Plus les partenaires sociaux y seront associés et plus on évitera les faux procès et la démagogie".


Ndlr : Pas un mot sur le pouvoir d’achat et la relance de la consommation !


Interrogé sur les chiffres de la croissance, François Fillon dans une situation attentiste, se réfère à l’extérieur et réserve de se prononcer : «les institutions internationales et les conjoncturistes ont tous revu à la baisse leur prévision. Nous allons réajuster les nôtres mais nous attendons d'en savoir un peu plus sur le premier trimestre et sur l'évolution de la situation aux Etats-Unis".


Ndlr : ne dispose-t-il pas d’analystes capables d’émettre des prévisions nationales ou européennes ?

S’exprimant sur la fameuse question des bonus aux chefs d'entreprises, il a rappelé que dans les entreprises aidées par l'Etat, "la règle est claire: il n'y a pas de bonus et les bénéfices doivent aller majoritairement à la reconstitution des fonds propres. Il n'y a pas d'aides sans contreparties: arrêtons ce discours démagogique sur les soi-disant cadeaux faits aux banques!"


Et toujours dans une position d’attente « pour le reste de l’économie » il déclare : «nous attendons de voir si les règles de bonne conduite édictées par le patronat sont respectées. C'est une question de semaines. Si ce n'est pas le cas, nous légiférerons, mais il faut être clair: si nous devions le faire, le débat ne se limiterait pas à la rémunération des dirigeants, il s'élargirait nécessairement à d'autres professions".


Pour la mutation du préfet de la Manche Jean Charbonniaud, (voir affaire de Saint-Lô dans mes précédents articles) , le Chef du Gouvernement estime que "le préfet n'avait incontestablement pas pris toute la mesure de la situation" (sic)


"Il faut s'habituer à l'idée que les préfets ne sont pas une autorité indépendante" ..... et si "chacun a le droit de s'exprimer et de contester", cela "doit se faire dans l'ordre" ( sic) , selon François Fillon.


Ndlr : Selon Monsieur Fillon : « Le Préfet n’avait incontestablement pas pris toute la mesure de la situation" ....... qu’est-ce à dire ? Comment le Préfet aurait-il pu s’imaginer à l’avance que 3000 manifestants viendraient manifester leurs mécontentements ? A priori on pouvait supposer qu’ils venaient applaudir le Chef de l’Etat puisque les élus locaux et régionaux avaient prévenus leurs sympathisants de la visite de Monsieur Sarkozy et les avaient invité a venir le soutenir.

Fallait-il filtrer aux abords de la ville toutes les personnes et ne laisser passer que celles munies de la carte de l’UMP ou d’une invitation ? ? C’eut été commettre une grave faute contre les libertés publiques, faute qu’un Préfet pas plus du reste qu’un Directeur de la Sécurité publique ne peut prendre le risque d’assumer.

Ou alors refouler tout le monde et établir un encerclement tout autour de la ville ?

Ce serait alors « rétrécir » à quelques personnalités et élus locaux la visite d’un Chef d’Etat et la réduite ainsi à une simple « formalité de passage » en la vidant de toute sa signification politique et médiatique

Comme l’avait souligné Hervé Mariton, député ‘villepiniste’ UMP de la Drôme, « à vouloir trop préparer les choses et à dire 's'il y a une manif on vire le préfet'", les visites présidentielles vont devenir "aseptisées et n'auront plus aucun intérêt".


Enfin Monsieur Fillon prétend que : si "chacun a le droit de s'exprimer et de contester", cela "doit se faire dans l'ordre". ( sic)


Ndlr : en rang d’oignons peut-être ?


Bref pour en revenir à notre Premier Ministre, il doit annoncer ce lundi à Lyon « les 1000 projets «retenus dans le cadre du plan de relance et il estime, que "rien ne serait pire qu'un changement de cap" après la mobilisation sociale du 29 janvier.


A cet effet, une douzaine de ses ministres et leur entourage ont pris avec lui le TGV ce lundi matin pour un aller-retour à Lyon.


Pour une fois, Le Chef de l’Etat laisse voyager et œuvrer ses ministres ! Il est vrai qu’il s’est accordé du temps pour réfléchir ..... selon un conseiller de l’Elysée.


C’est donc à Lyon qu’ils participeront à un Comité interministériel d'aménagement et de compétitivité des territoires, au cours duquel seront arbitrées les dernières incertitudes, et arrêtés les "1.000 projets" répartis sur tout le territoire, pour aider à relancer la croissance...


75% des 26 milliards du plan de relance tout juste voté par le Parlement doivent être investis dès cette année, a promis le gouvernement, et notamment dans les transports et le logement.

Selon François Fillon, tous les montants annoncés pour les investissements concernent "des opérations qui ne se seraient pas réalisées en 2009 ou 2010* s'il n'y avait pas ce plan de relance". Ils viendront d'ailleurs, ajoute-t-il, en augmentation du déficit de l'Etat


Plusieurs ministres se sont exprimés devant la presse au moment du départ du TGV nous n’en citeront que deux, qui ont émis des avis assez contradictoires :


L’Optimiste :

"Nous sommes dans le train de la relance. C'est un train rapide avec effets immédiats" *, a déclaré à la presse le ministre chargé du plan de relance, Patrick Devedjian.

La pessimiste :

La ministre de l'Economie Christine Lagarde qui depuis quelques jours semble jouer les « Cassandre » a affirmé qu'elle "serait très étonnée" que la croissance soit "positive" en 2009. (Les prévisions du gouvernement sont à l'heure actuelle de 0,2 à 0,5% de croissance.)


Peut-être se sont-ils rapprochés pendant le voyage pour accorder leurs violons ?


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