Une Malle de Famille ou "Souvenancitude"
Souvenancitude : Un mot choisi par un ami dont il a titré son blog mémoire.
Ce mot Souvenancitude évoque pour moi l’une de ces grandes malles de voyage des anciens immigrés français "colonisateurs " des îles et ensuite des colonies et possessions Françaises d'Outre mer , malles qu’ils emportaient tout au long de leur vie dans leurs lointaines pérégrinations et se tranmettaient de génération en génération, avant qu'elles ne prennent place dans nos mémoires. Il y avait dans la maison de mon enfance une de ces malles de taille moyenne, soigneusement rangée au fond d’un large placard ; elle avait connu beaucoup de déplacements et de fortunes diverses dans la famille Maugez ma branche maternelle depuis le 17me siècle, d'abord la Guadeloupe puis Saint Domingue, ensuite retour en France lors de la révolte de Saint-Domingue, ensuite quelques décennies en France et enfin elle avait débarqué dans les années 1870 en Algérie et en dernier lieu ce fut la malle qui accompagnait mon grand père maternel, officier de marine marchande, dans ses voyages au long cours, dont les mers de chine, mon grand père décédé quelques années avant ma naissance et dont ma mère me parlait tant que j'ai toujours l'impression de l'avoir vraiment connu et aimé comme un vivant familier de mon enfance. Et je me souviens des mots émus de ma mère qui protégeait cette malle comme un trophée, gardienne des trésors de famille « c’est la malle de mon père, il la tenait de son père qui lui aussi la tenait du sien, surtout faites bien attention de ne pas l’abîmer, j’y tiens comme à mes yeux, c’est un véritable trésor qui contient des souvenirs de famille ». Il s’agissait bien entendu d’un trésor affectif transgénérationnel, car dans cette malle à demi vide ne se trouvaient que des documents de famille, des photos, des linges brodés et fines dentelles soigneusement pliés dans des papiers de soie, et des souvenirs de voyages sans aucune valeur matérielle, mais précieux par la charge affective qu’ils contenaient. Lorsque je me souviens de cette malle, je me souviens surtout que ce qui m’émerveillait et m’intriguait le plus en elle, c’était sa doublure intérieure en soie brochée, rebrodée de minuscules bouquets de roses et de fines guirlandes de feuillages verts. Enfin lorsqu'on ouvrait le couvercle un parfum d'amande presque imperceptible se répandait et cette odeur me rappelait une très ancienne boite de poudre de riz qui tronait sur la coiffeuse de ma mère et dont je me poudrais en cachette étant petite fille, de temps en temps .
Cette malle est restée supposée en « attente » en Algérie en 1962 lors du départ de mes parents pour la France , trop fragile pour subir un nouvel exode précipité. Je ne saurais jamais ce qu’elle est devenue car nous ne sommes jamais retourné dans ce pays devenu étranger et que j'ai fait le serment de ne jamais plus y retourner, pour garder de ce pays intacte en moi son image d'autrefois.
Pour me représenter cette ancienne malle j’ai cherché et trouvé sur Internet une modèle ancien « approchant » qui lui ressemble par sa forme mais qui est d’apparence plus solide, plus lourd et moins raffiné que celle que je garde en mémoire. (voir en début de texte)
D’après mes souvenirs les barres de renforcement sur le corps de notre malle de famille
n’étaient pas horizontales mais verticales comme celles qui figurent sur le couvercle et son bois était plus clair, presque
beige rosé.
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