Article publié par Lucienne PONS sur internet
LES MAHONNAIS DE FORT DE L’EAU (CHAPITRE 1)
mercredi 8 février 2006, par Lucienne PONS
LES MAHONNAIS DE FORT DE L’EAU (ou les « cinquante familles ») - Chapitre 1 -
Je dois dire que ces anciens Mahonnais minorquins, se rapprochaient singulièrement par leurs comportements, leurs coutumes, leurs goûts, leurs modes de vie et l’agencement de leurs maisons, des anglais et des français que des espagnols, pourtant leurs compatriotes, avec lesquels ils sympathisaient beaucoup. Ceci n’étonnera personne au souvenir des dominations anglaises et françaises qui se sont succédé au cours des siècles sur les Iles Baléares, avant qu’elles ne retombent dans
Grands, élancés, blonds aux yeux bleus ou clairs, certains de ces mahonnais rappelaient par leur physique ces anciens vikings qui avaient envahi les Iles Baléares bien des siècles auparavant.
Si j’ai choisi de vous parler des Mahonnais, communauté de colons pionniers dont mes ancêtres de branche paternelle (les Pons , les Gornes, les Tudury, les Goñalons, les Orfila de très anciennes origines Aragonaise et Wisigoths) faisaient partie, c’est pour relater les débuts et l’évolution des Mahonnais, et leur participation laborieuse et active à l’édification de notre ancienne Algérie Française, et ce d’après des recherches que j’ai effectuées dans les récits historiques du Père Roger DUVOLLET, Père Blanc, actuellement âgé de 94 ans, qui avait fait son noviciat à
DANS LE TOME XIV, faisant partie d’une remarquable et impressionnante série de 24 volumes qu’il a consacré à toutes les Régions et les communautés d’Afrique du Nord qu’il porte dans son esprit et dans son cœur, tout un grand chapitre est consacré aux Mahonnais de la région de Fort de l’Eau.
Je cite ci-dessous les articles écrits par ce rigoureux et talentueux historien impartial, rédigés après consultation des Archives anciennes, avec quelques coupures qu’il voudra bien me pardonner :
Extraits : " DEPUIS 1835, de nombreux émigrants espagnols originaires de Fort-Mahon, dans l’Ile de Minorque, étaient venus s’installer à Alger et ses environs, à l’instigation du Baron de Vialar."
Observation de Lucienne PONS : Ces Mahonnais arrivaient en famille pour la plupart en barques de pêches par leur propres moyens, accostaient à Sidi-Ferruch où ils étaient accueillis par un PONS, qui les avaient précédés et s’occupaient de leurs formalités de recensement auprès de l’Administration Française Coloniale. C’est ainsi que sont arrivés mes ancêtres, les PONS et les GORNES, dont notamment Jean (Juan) PONS et sa famille (son épouse née Margueritte Tudury et leurs enfants) et sa parente Dame Agathe GONALONS veuve d’un GORNES, celle-ci avec ses enfants jeunes adolescents et adultes, ayant tous laissé leurs maisons, terres et activités à MAHON et à FERRERIAS, pour venir trouver des terres bien plus grandes à défricher, ensuite à cultiver et s’établir en Algérie comme tant d’autres familles des Baléares qui se sentaient à l’étroit dans leurs iles dont l’économie en grande difficulté à cette époque ne leur suffisait plus à vivre selon leur ambitions ou leur espoir pour leur descendance.
Reprenons la relation du Père Roger DUVOLLET :
"Ces gens pacifiques, probes, sobres et laborieux en même temps qu’excellents maraîchers, en cultivant de nombreux jardins, réalisèrent des économies qui leur permirent d’acquérir des terres dans les environs de Hussein-Dey et de Maison Carrée."
Observation de Lucienne PONS : C’est ainsi que mon ascendant Jean PONS acheta des terres et fonda le village de BOU-HAMEDI en 1830, près de Fort de l’Eau et du Fondouk, avec ses fils et sa parente Dame Agathe GONALONS veuve GORNES et ses fils.
Reprenons la relation du Père Roger DUVOLLET :
"Après avoir défriché et mis en valeur ces territoires, ces jardiniers qui commençaient à se trouver très à l’étroit sur leur terre, leur descendance ayant augmenté, demandèrent à l’Administration de leur accorder quelques concessions dans la région de Birkadem.
"Mis en possession de leurs lots en Juin 1849, les concessionnaires Mahonnais commencèrent par assécher les marais dont la proximité inspirait quelque crainte, en même temps qu’il construisait leurs habitations"
Observations de Lucienne PONS : UNE DE MES ANCËTRES Dame Agathe GORNES-GONALONS a perdu de nombreux fils dans ce travail de défrichement de ces marais insalubres par suite du paludisme.
Reprenons la rédaction du Père Roger DUVOLLET :
"Les nouveaux colons" (mahonnais) "construisirent non un gourbi ou une cabane comme le faisaient la plupart des immigrants, mais une véritable maisonnette, la maison mahonnaise, d’apparence proprette, passée au lait de chaux, parfaitement adaptée au climat africain.
Bien qu’ils n’y fussent nullement forcés, au lieu d’édifier leur habitation sur leur lot de terrain, ces jardiniers se regroupèrent en un même point, formant ainsi le futur Fort de l’Eau. Comme ils se connaissaient tous parents ou amis, ils pensaient non sans raison, qu’en cette époque où les incursions de pillards étaient encore fréquentes, qu’il était préférable de rester unis que de s’éparpiller dans de petites fermes isolées. En outre les habitants du Centre, groupés autour du Fort, pouvaient trouver refuge dans ses murailles en cas de nécessité. On leur avait conseillé de construire leurs maisons en lignes parallèles, afin que les premières rangées protègent les suivantes contre le vent de la mer ; en outre, un boulevard planté d’une triple rangée d’arbres devait entourer le village ; les alignements du front maritime devaient faire office de coupe-feu. Le projet d’installation d’un débarcadère à proximité du Centre fut abandonné quand on se rendit compte du fait que la mer trop forte en ce point de la côte, empêchait la construction d’une jetée."
"Très pieux, les Mahonnais ne manquaient pas d’observer toutes les Fêtes Religieuses, ayant apporté avec eux la foi qui, jointe au puissant esprit de famille qui les animait, leur permettait de lutter contre les dures conditions d’existence. Ils eurent dès 1851 leur Chapelle où officiait l’Abbé Castagnet. Le dernier desservant de cette paroisse exemplaire fût l’Abbé J.P. Toulet. Plus tard une Eglise abrita leur piété qui ne se démentit jamais. Soucieux de s’intégrer rapidement aux pays qui les avait accueillis, dès 1856, ils réclamaient à l’Administration un instituteur pour leurs enfants"
Observation de Lucienne PONS : La première institutrice du Village de BOU HAMEDI, fondé par mes ancêtres PONS et GORNES, fût Antoinette VIDAL cousine des GORNES.
Reprenons le texte du Père Roger DUVOLLET :
"Les concessionnaires ne reçurent aucun subside de l’Administration qui n’eut à exécuter que les travaux publics ordinaires. Chaque attributaire reçut en moyenne un lot à bâtir de 6 ares, un lot de jardin de 20 ares, deux lots de cultures, un de
"Les Mahonnais défrichèrent rapidement leurs lots, vendant les broussailles sous forme de charbon de bois et de fagots aux boulangers d’Alger, creusaient des puits, installant des norias, élevant pour protéger leurs productions, des haies de roseaux qui donnèrent son aspect caractéristiques à leurs campagnes."
"Ils prirent eux mêmes l’initiative de construire une route qui les relia directement à
"Le 15 septembre suivant, le Maire de l’Arba, de passage dans le Centre, constatait que les défrichements marchaient activement et que beaucoup de concessionnaires espéraient qu’ils auraient mis leurs terres en valeur bien avant le terme de trois ans requis par l’Administration. Il estimait que
" L’année suivante, tout le territoire était défriché et on ne pouvait trouver un seul palmier nain - cette terreur des défricheurs - et déjà la prospérité du village était telle que ses habitants n’avaient d’autres soucis que celui d’agrandir leurs concessions."
"Si avant 1830, les terres de ce territoire n’eussent pas trouvé acquéreur à 30 francs l’hectare, moins de cinq ans après, on les payait 600 francs à l’hectare. A noter que la création du Centre de Fort de l’Eau ne coûta que 7.000 francs à l’Administration qui, pour ce genre d’opérations en dépensait habituellement entre 40 et 50.000 francs dans les autres territoires de l’Algérie".
" Les premiers concessionnaires s’appelaient alors : ALZINA (Gabriel et Antoine), SEGUR, BARBER, CARDONA, COLL(Antoine et Jean), CAPO, CAMPS, FORNARIA, FEDELICH, GORNES, GINAR, JUANEDA, LUC, LAURANT, MONTANER, MERCADAL MARQUES(Mathieu, Joseph, Dominique et Jean), MASCARO(Michel et Jean), OLIVES, les PONS (Jean, Christophe, Laurent, Barthélémy, Thomas, Joseph, Jacques), SERRA,les SEGUI(Ramon, Laurent), les SINTES(Joseph, Laurent, Pierre, Bernard), SALORT (Jean, Jacques ) les TUDURI(Antoine, François, Joseph), VILLE. La cinquantaine de familles installées à Fort de l’Eau, comportait 34 couples, 114 enfants, dont 41 filles, 10 célibataires, et 39 domestiques apparentés, et représentait environ 300 individus."
" Ces laborieux pionniers creusèrent des canaux, irriguèrent leurs terres et se livrèrent à la culture maraîchère d’après les méthodes simples apportées des Baléares. Leur production très appréciée contribua notamment à l’approvisionnement en légumes des marchés d’Alger et de Maison Carrée. Enfin plus tard, lorsque des transports plus rapides s’installèrent entre l’Algérie et
Observation de Lucienne : Les Mahonnaises étaient aussi de fines brodeuses. Il était coutume pour les jeunes filles de se réunir entre-elles l’après midi sous les vérandas qui se trouvaient bâties à l’arrière des maisons et donnant sur les jardins, pour broder toutes ensembles les magnifiques trousseaux des jeunes filles et des jeunes gens de la communauté qui devaient tout prochainement se marier. Les mahonnaises étaient aussi d’excellentes cuisinières et pâtissières familiales (j’ai encore le souvenir des délicieux petits pâtés et succulentes pâtisseries que nous confectionnait ma grand-mère Agathe PONS née GORNES), elles pétrissaient leur pain ensuite cuits dans des fours traditionnels installés dans le jardin de chaque maison dans les villages et fermes.
Reprenons l’article de l’Akbar :
"Quand aux Mahonnais, à moins que vous ne passiez par là un Dimanche, ne le cherchez pas dans l’habitation, ni aux alentours, ni encore moins dans un cabaret ***, il est aux champs avec tous ses fils, travaillant sous le soleil ardent avec cette assiduité et cette persévérance dans lesquelles il n’y a pas de vrai cultivateur"
*** il n’y avait pas de cabaret à cette époque à Fort de l’Eau, ce qui faisait l’admiration de tous, contrairement à d’autres Centres de l’Algérie où l’alcool commençait à se répandre. Les Mahonnais étaient très sobres et nullement pressés d’aller dépenser cet argent durement gagné dans un estaminet ; un cabaret n’ouvrit qu’en 1862 et encore végéta-t-il très longtemps***
Reprenons le texte du Père Roger DUVOLLET :
" Comme partout en Algérie, la vigne fît son apparition dans la région de Fort de l’Eau. Vers 1880, ce territoire en comprenait
"Les Mahonnais étaient bien supérieurs, - comme maraîchers - aux Espagnols et aux Italiens. Ils n’employaient en général que la main-d’œuvre mahonnaise, et les membres d’une même famille presque toujours suffisaient pour cultiver le lot et porter la récolte au marché"
Observation de Lucienne : Tout au début de leurs premières récoltes, alors qu’ils n’avaient pas encore les moyens de s’équiper de chevaux et de voitures, pendant que les hommes travaillaient aux champs, il arrivait souvent que les Mahonnaises portent elles-mêmes les produits au marché pour les vendre. Ma grand-mère qui le tenait de sa propre grand-mère me rapportait que certaines de ces vénérables anciennes Mahonnaises transportaient leurs légumes et fruits à vendre retenus dans leurs larges tabliers, parcourant ainsi plusieurs kilomètres jusqu'au marché.
FIN DU CHAPITRE 1
SVP : n’oubliez pas de lire la suite en CHAPITRE 2
1 commentaire:
Je suis de Birkadem, espagnole d'origine e j'ai perdu mon père à l'âge de 6ans en 1962 après une longue maladie. Je ne sais rien de ce qui me constitue et vous lire m'enrichit et répond à quelques unes de mes questions.
Mon grand-père avait épousé une berbère.
Mon père aimait un certain Pons qui tenait un magasin à Birkadem, il était de sa famille je pense.
Merci pour ce bon moment de lecture.
Hafilda
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