Par communiqué de Presse en date du 20 Février 2018, Monsieur Jacques Myard , Membre honoraire du Parlement , Maire de Maisons-Laffitte , Président du Cercle Nation et République, attire notre attention sur la Tribune qu'il vient de publier dans l'hebdomadaire Valeurs Actuelles sur le projet du gouvernement de privatiser la Française des jeux, tout en nous indiquant le lien de son article.
Pour information nous reproduisons ci-dessous en copié/collé cette Tribune intitulée :
Française des Jeux : Privatisation à haut risque
* Copié/collé :
Tribune. Jacques Myard est membre Honoraire du Parlement
et maire de Maisons-Laffitte.
Les annonces selon lesquelles l’Etat
envisage de privatiser la Française Des jeux (FDJ) se font de plus en plus
insistantes mais cette opération, quoi qu’en dise sa présidente Stéphane
PALLEZ, dépasse le cadre d’une simple privatisation.
L’argument qu’elle développe selon lequel
les loteries seraient gérées à l’étranger par des privés ne peut être recevable
dans la mesure où la France a toujours considéré que les jeux devaient être
strictement contrôlés par l’Etat en raison des dérives qu’ils peuvent engendrer.
Les traités européens réservent à la compétence nationale la législation sur
les jeux. La Cour de Justice européenne l’a confirmé à plusieurs reprises.
Le gouvernement actuel comme le précédent
est dans une situation budgétaire difficile et on ne peut lui faire reproche de
vouloir trouver des ressources budgétaires - ce n’est pas le premier
gouvernement qui s’apprête à vendre les bijoux de famille.
Cependant, le gouvernement tire avec un
fusil à un coup. Cette mesure le privera de la perception des dividendes que
lui rapporte sa qualité d’actionnaire dans la Française des Jeux dont il
détient 72% du capital.
En l’occurrence, le gouvernement ne voit
pas plus loin que le bout de son nez dans cette privatisation.
La Française Des Jeux qui a toujours été
l’enfant chéri du Ministère des Finances a entrepris une politique commerciale
très active, pour ne pas dire agressive, dans le domaine des jeux de hasard et
des loteries. Cette politique a pour conséquence de développer chez
certains clients une addiction qui pose des problèmes d’ordre public et de
santé publique. On s’en souvient, La Française des jeux a même été obligée de
renoncer au Rapido, jeu de grattage dont la fréquence des résultats entraînait
une trop forte dépendance.
On constate aujourd’hui que les joueurs
veulent ne pas avoir à trop réfléchir dans l’espoir du gain et se limiter au
seul geste, fort intellectuel, de grattage, de la même façon qu’ils achètent un
paquet de cigarettes ou leur quotidien préféré.
Ce changement culturel a entraîné la cannibalisation
des paris hippiques, essentiellement du PMU, dont les jeux demandent une
connaissance des performances des chevaux bien plus complexe que le simple
grattage. On estime ainsi que plus d’un milliard de mises s’est reporté des
paris hippiques sur les jeux de grattage de la Française des Jeux.
Cette situation n’est pas sans conséquence
sur l’économie française ; certes pour le ministère du budget peu importe,
puisque la Française des Jeux lui rapporte aujourd’hui plus de trois milliards
d’euros contre 900 millions pour les paris hippiques. Cette lecture est
néanmoins fallacieuse car les activités hippiques pourvoient près de 100 000
emplois en France et concourent directement à l’économie de nombreuses régions
et de sites hippiques.
Le rapport du Comité d’évaluation et de
contrôle (CEC) de l’Assemblée nationale, élaboré avec mon collège R. Juanico en
février 2017, analysait ce phénomène de cannibalisation des paris hippiques et
demandait à l’Etat de veiller au développement équilibré des différentes
catégories de jeux.
Force est de constater que l’on s’écarte
de cette obligation.
Alors que le gouvernement comme ses
prédécesseurs n’a pas de politique des jeux qui intègre tous les facteurs
économiques, sanitaires et d’ordre public pour qu’ils puissent se développer
dans un équilibre satisfaisant, la privatisation de la FDJ va provoquer une
accélération des déséquilibres actuels et porter un coup sérieux à l’activité
de nombreuses régions rurales et villes hippiques.
De fait, si le gouvernement maintient la
privatisation de la Française des Jeux, il va devoir accepter une politique
commerciale agressive de la FDJ, les actionnaires privés voulant obtenir une
rentrée immédiate de l’entrée de leur capital dans la société.
Ce sont les raisons pour lesquelles, s’il
veut éviter la poursuite de la cannibalisation des autres paris et
l’accélération des addictions, le gouvernement devrait y regarder à deux fois
avant d’ouvrir la boîte de Pandore.
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