La Chambre de Commerce et
d’Industrie Franco-Russe (CCIFR), en commun avec le Centre Analytique
l’Observatoire franco-russe ont organisé le 2 octobre un déjeuner d'affaires avec la participation de Monsieur Pascal Boniface, fondateur et
directeur de l’Institut des Relations Internationales et Stratégiques (l'IRIS).
A cette occasion Monsieur Pascal
Boniface s'est produit devant les représentants des départements
gouvernementaux russes, des compagnies européennes françaises et russes, des
experts russes sur la politique extérieure et la défense, ainsi que ceux de
l’ambassade des États étrangers en Russie, il a notamment parlé de la politique étrangère du nouveau
président de France François Hollande
Monsieur Pascal Boniface a aussi été interviewé ensuite par la
«Radio Voix de la Russie »
au cours de laquelle, Pascal Boniface a présenté la politique étrangère de François Hollande et
la place actuelle de la France
dans le monde.(voir l’Interview en
Copié/collé plus bas)
« Radio La Voix de la Russie » a publié sur son site cet entretien, que vous
retrouverez à la suite d’une note biographique très résumée que nous avons tenu
à noter ci-dessous, retraçant le brillant parcours de l’intéressé :
Pascal Boniface fut conseiller des cabinets ministériels de
Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de la Défense, puis de Pierre
Joxe lors de ses ministères de l'Intérieur et de la Défense
Actuellement Pascal Boniface est Directeur de
l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et enseignant à
l'Institut d'Etudes européennes de l'Université de Paris 8
Il dirige
La revue internationale et stratégique (parution trimestrielle
depuis 1991) et L'Année stratégique (parution annuelle depuis 1985).
Il a écrit ou dirigé la publication d'une
quarantaine d'ouvrages ayant pour thème les relations internationales, les
questions nucléaires et de désarmement, les rapports de force entre les
puissances, ou encore la politique étrangère française ou l'impact du sport
dans les relations internationales.
Pascal Boniface publie de nombreux articles dans
des revues internationales de géopolitique, intervient régulièrement dans les
médias, qu'ils soient nationaux ou internationaux, écrits ou audiovisuels et
fait de nombreuses conférences et débats en France et à l’étranger.
Il écrit aussi de nombreux livres notamment « Les Intellectuels faussaires » l’un de ses plus brillants, qui sera classé parmi les meilleures ventes en 2011 ou il décrit avec la rigueur scientifique qui le caractérise « le triomphe médiatique des experts en mensonge » et des « sérials menteurs » et les postures adoptés par les « faussaires de l’information, déguisés sous les traits d’intellectuels ou de chercheurs, mis en évidence par les médias.
Voir ce qu’il en disait lui-même sur BFMTV en juin 2011
Pascal Boniface dénonce les intellectuels Faussaires - YouTube |
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www.youtube.com/watch?v=rT2UP4Rho-I4 juin 2011 - 3 min - Ajouté par BuzeeNews
Invité pour son livre Les Intellectuels faussaires |
Pascal Boniface est Secrétaire général de la Fondation du football.
Distinctions :
Pascal Boniface est Chevalier de l'Ordre national du mérite et Chevalier de la Légion d'honneur. Il a également reçu le prix Vauban en 2012.
ooOoo
Ci-dessous Interview copié/collé - Source : La voix de la Russie :
De passage à Moscou à l’occasion d’une conférence organisée le 2 octobre dernier par l’Observatoire franco-russe (http://www.ccifr.ru/fr/l-observatoire/prezentatsiya/), Pascal Boniface, directeur de l’Institut des Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), a accepté de répondre aux questions de La Voix de la Russie. Ancien conseiller des cabinets ministériels de Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de la Défense, puis de Pierre Joxe lors de ses ministères de l'Intérieur et de la Défense, Pascal Boniface nous présente la politique étrangère de François Hollande et la place actuelle de la France dans le monde. Hollande - Sarkozy, au-delà du style : rupture et continuité en politique étrangère
La Voix
de la Russie
(LVR) : Nicolas Sarkozy, « homme de coups », et François Hollande,
« homme de synthèse » (http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/05/02/nicolas-sarkozy-un-homme-de-coups-francois-hollande-un-homme-de-synthese_1693921_3232.html),
cette différence que vous faîtes dans le style des deux présidents peut-elle
avoir un véritable impact sur la politique étrangère de la France?
Pascal Boniface : Le style fera une
différence bien sûr, mais le plus important réside dans les points de force de la France et dans sa position.
S’il ne faut pas négliger l’aspect personnel d’une politique étrangère et
l’importance des relations personnelles, cela vient modifier légèrement une
politique, cela ne vient pas la révolutionner, ni la modifier du tout au tout.
LVR : Donc en politique étrangère nous allons être plutôt
dans une dynamique de continuité ?
P. Boniface : Oui.
Déjà Nicolas Sarkozy avait annoncé une rupture dans la politique étrangère
française par rapport à ce qu’avaient fait Charles de Gaulle, François
Mitterrand et Jacques Chirac. En réalité, il a amené son style propre, mais il
n’a pas totalement bouleversé les positions françaises. Il avait, par exemple,
annoncé qu’il ne serrerait pas la main de Vladimir Poutine, or la France et la Russie ont eu une bonne
coopération. Il avait annoncé qu’il se tiendrait à l’écart de la Chine, et la France et la Chine ont eu une bonne
coopération. Le changement le plus important qu’il a amené, c’est la
réintégration de la France
dans l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord), et son insistance à
définir la France
comme un pays occidental, alors que ses prédécesseurs ne réduisaient pas la France à ce caractère
occidental.
LVR : Avec François Hollande, peut-on considérer que l’on
va être dans une continuité qui sera, davantage qu’une continuité avec Nicolas
Sarkozy, une continuité avec la politique étrangère de Jacques Chirac ?
P. Boniface : Il est
vrai, comme beaucoup l’ont remarqué, que François Hollande et Jacques Chirac
s’entendent très bien, ils sont originaires du même département : la Corrèze. Une légende
voudrait même que Jacques Chirac ait plutôt voté pour François Hollande que
pour Nicolas Sarkozy. Mais s’il y a une continuité de la part de François
Hollande, elle sera plus à chercher dans François Mitterrand que dans Jacques
Chirac. Même si bien sûr l’époque n’est plus la même : la guerre froide a pris
fin, nous sommes dans un monde en voie de multipolarisation. Mais l’approche de
s’appuyer sur des relations multilatérales, de ne pas s’enfermer dans un tête à
tête avec les Etats-Unis, qui était celle de François Mitterrand, correspond
peut-être plus à l’approche de François Hollande.
LVR : Et à ce propos, a-t-on aujourd’hui des éléments
pour définir la vision du monde de François Hollande ?
P. Boniface : On a
assez peu d’éléments dans la mesure où il a peu parlé de politique étrangère
durant la campagne électorale. Mais il semble que François Hollande considère
les instances multilatérales, notamment l’ONU, comme une base importante
d’appui de la politique française. Il a déjà déployé de nombreux efforts pour éviter
que la crise de l’Euro ne dégénère, et que l’Euro et l’Europe soient mis en
danger. Et il a résisté aux pressions américaines en annonçant un retrait
anticipé des forces françaises d’Afghanistan, malgré une demande américaine de
ne pas y procéder. L’un de ses premiers gestes sur la scène internationale a
donc été un geste d’indépendance.
Les priorités de la
France en matière de politique étrangère
LVR : Durant la conférence que vous avez donnée ce matin
à Moscou, vous avez qualifié le discours de François Hollande à l’Assemblée
générale de l’ONU de « catalogue de voeux pieux ». Quels seront, d’après vous,
les dossiers prioritaires que va devoir gérer le nouveau gouvernement français
en matière de politique étrangère au-delà de ces « vœux pieux » ?
P. Boniface : Par « vœux
pieux », je souhaitais qualifier ces mesures sur lesquelles la majorité des
Français ne peut qu’être d’accord, mais que la France n’a pas le pouvoir
de mettre en œuvre seule. Le travail que doit mener le nouveau gouvernement,
mais il en est de même dans tous les pays, est de convaincre ses partenaires de
travailler ensemble, leur montrer que ce qui est en jeu, ce n’est pas l’intérêt
de la France,
mais un intérêt plus général. Et la
France ne peut réussir que si elle arrive à montrer qu’elle ne
poursuit pas la quête de sa propre grandeur, car les autres nations y sont
parfaitement insensibles, mais qu’elle poursuit, comme dans le cas de la
réforme du Conseil de Sécurité de l’ONU, un objectif qui correspond aux
intérêts de la majorité des Etats.
LVR : Mais pour mettre en place cette politique
multilatéraliste, quels sont les partenaires sur lesquels la France peut compter ?
L’Union Européenne ?
P. Boniface : L’Union
Européenne est un premier partenaire, mais il n’est suffisant. Si l’on veut une
modification du Conseil de Sécurité, il faut déjà convaincre les autres membres
permanents, dont au moins deux d’entre eux, la Chine et les Etats-Unis, sont pour le moment
réticents. C’est un travail de longue haleine et dont la mise en œuvre ne sera
pas immédiate.
LVR : Vous avez qualifié, durant la conférence de ce
matin, la politique étrangère du nouveau gouvernement de « politique tous
azimuts », cela signifie-t-il que la politique étrangère de la France sous François
Hollande sera une politique plus réactive que proactive ?
P. Boniface : Non,
cela signifie que la France
ne bornera pas son horizon à une stricte politique occidentale. Et je pense que
pour des raisons variées, Nicolas Sarkozy avait développé des relations qui
n’étaient pas très bonnes avec des pays comme le Japon, le Mexique, la Turquie, qui sont des
partenaires potentiellement importants pour la France, et auxquels
François Hollande a adressé un message de réconciliation.
Mettre en place une politique
étrangère « tous azimuts », cela signifie que la France a bien sûr des
alliés déterminés qui sont les pays de l’Union Européenne, et les pays de
l’Alliance Atlantique, mais qu'elle ne s’interdit pas de passer des accords
avec d’autres pays qui ne sont pas membres de l’Union Européenne ou de l’Alliance
Atlantique.
La France
et ses partenaires européens et américains
LVR : Ce matin encore, vous avez qualifié François
Hollande d’héritier de Jacques Delors, cela signifie-t-il que le nouveau
président est un pro-européen convaincu ?
P. Boniface : Oui, il
est pro-européen. Mais il est sans doute moins fédéraliste que ne l’était
Jacques Delors, dans la mesure où il a une double paternité : Jacques Delors et
François Mitterrand. Or François Mitterrand était moins fédéraliste que Jacques
Delors. L’engagement pro-européen de François Hollande est indéniable, mais il
est peut-être, car l’époque aussi a changé, moins enthousiaste et moins
romantique par rapport à la construction européenne, que ne l’était Jacques
Delors.
LVR : Quel peut être le rôle de la France dans la gestion de
la crise économique européenne ?
P. Boniface : Le rôle
qu’a déjà un peu joué François Hollande d’intermédiaire entre l’Europe du Sud
et l’Allemagne, de facilitateur pour trouver un compromis qui ne soit un
renoncement trop important pour personne, mais qui puisse permettre de sortir
des blocages. La façon dont on est arrivé à un accord sur la sortie de la crise
de l’Euro, il y a maintenant un mois, est un bon exemple de ce que la France peut faire pour
faciliter la prise de solutions communes.
LVR : Dans cette dynamique quelle est la place de la
relation franco-allemande ?
P. Boniface : Cette
relation n’est plus le moteur unique de la construction européenne. Elle reste
toutefois indispensable, mais n’est plus suffisante. Dans une Europe à 27, deux
pays ne sont plus suffisants pour exporter des solutions comme cela pouvait
être le cas dans une Europe à 9 ou à 12.
LVR : Passons maintenant de l’autre côté de l’Atlantique,
qu’en est-il de la relation de François Hollande et Barack Obama?
P. Boniface :
François Hollande a affaire à un président américain qui, pour la première
fois, n’est pas hostile à la construction européenne. Les autres présidents
américain, dans le passé, se disaient favorables à la construction européenne,
mais voyaient dans une Europe qui s’organise, une concurrence qui leur faisait
peur. Ce n’est pas le cas de Barack Obama pour lequel l’Europe n’est pas une
préoccupation première. Pour Barack Obama, l’Europe n’est ni un problème, ni
une solution.
Les points chauds actuels
LVR : D’après vous, quel peut être le rôle de la France en Syrie ?
P. Boniface : Il ne
faut pas avoir l’illusion que la
France, par sa seule puissance, pourrait mettre fin à la
guerre civile en Syrie. D’ailleurs aucun Etat n’a cette capacité à lui seul.
Seule une solution internationale, de préférence une solution négociée, pourra
agir. Ce que peut faire la
France est, outre fournir une aide humanitaire aux victimes
de cette guerre civile, de tenter de trouver une solution acceptable par
l’ensemble des membres du Conseil de Sécurité de l’ONU. C’est ce qu’elle essaie
de faire, c’est ce qu’elle n’a pas encore réussi à faire pour le moment.
LVR : Et au Mali ? Jean-Dominique Merchet dans une
tribune datée du 1er octobre a qualifié le Mali de « nouvel Afghanistan » (http://fr.ria.ru/tribune/20121001/196193949.html),
pensez-vous que l’on puisse assister dans la région à un enlisement comparable
à celui des troupes occidentales en Afghanistan ?
P. Boniface : Certes,
il y a toujours des risques d’enlisement quand on fait une opération militaire.
Mais la différence au Mali est que l’on a un allié sur place qui est plus
puissant que ne l’étaient nos alliés en Afghanistan, et les forces hostiles sont
peut-être elles moins puissantes.
Si l’Afghanistan doit servir de leçon,
c’est en montrant que les troupes de libération passent assez vite pour des
troupes d’occupation. Il faut donc toujours faire attention de ne pas avoir une
présence au sol qui devient irritante, et provoque un phénomène de rejet de la
part de la population locale.
Les relations franco-russes
LVR : Au-delà des relations économiques florissantes
entre les deux pays, la Russie
peut-elle devenir un partenaire politique de la France ?
P. Boniface : Un
partenariat politique a existé entre Chirac et Poutine. Et ce fut le cas, de
façon plus forte encore, entre Mitterrand et Gorbatchev. Mikhaïl Gorbatchev a
maintes fois rendu hommage à l’appui que Mitterrand lui avait donné. Il y a eu
une petite parenthèse avec Nicolas Sarkozy qui a voulu éviter la Russie au départ, même si
par la suite il s’en est rapproché.
Actuellement, nous avons avec la Russie un point de
divergence important sur la
Syrie. Mais il faut savoir gérer cette divergence, il faut la
reconnaître sans en faire un obstacle majeur dans la relation entre la France et la Russie, parce que sur de
nombreux points, on peut avoir des positions d’intérêt commun.
LVR : Qu’en est-il de la question des Droits de l’Homme ?
Peut-elle nuire aux relations entre la France et la Russie? Et, comment d’après vous interpréter le
silence de François Hollande sur l’affaire des Pussy Riot ?
P. Boniface : Sur la
question des Droits de l’Homme, il y a des avis différents entre Russes et
Français. Les journalistes français sont très sévères à l’égard de la Russie, mais d’un point de
vue rationnel, si l’on peut dire qu’il y a sans doute encore des choses à
revoir, il y a des progrès indéniables. Le développement de la société civile
est une réalité.
Sur les Pussy Riot, je pense que c’est
une affaire qui a été médiatisée au-delà de son impact réel. Les combattants
des Droits de l’Homme en Russie ne peuvent pas être résumés à ces chanteuses,
qui mènent certes un combat, mais qui font aussi beaucoup dans la provocation
et dans le show-off.
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