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21 janvier 2015

Le dernier jour du Roi Louis XVI

Éditorial de lucienne magalie pons


Louis XVI, Roi de France et de Navarre (1774-1789) puis Roi des Français (1789-1792) né le 23 Août à Versailles fut guillotiné  le 21 Janvier 1793 sur la place de la Révolution, ancienne place Louis XV, aujourd’hui place de la Concorde à Paris, en application du jugement à mort du Roi par décapitation prononcé par les députés  de la Convention Nationale à la suite de son procès .


Aujourd'hui 21 janvier 2015  c'est le  222ème anniversaire  de cette  exécution qui témoigne  de la sauvagerie qui régnait à cette époque au pouvoir et dans le peuple en France  comme dans bien d'autres pays.

 Hélas pour l'humanité, de nos jours,   il y a  des pays  dit  civilisés où la peine de mort est encore appliquée, sous différentes formes médicalisées, mais aussi  dans d'autres pays  sous des formes barbares et cruelles  indignes de la nature humaine.

C'est  avec foi  et dignité que le Roi Louis  XVI  a vécu les derniers moments de sa vie,  et nous pouvons ici rappeler sa dernière déclaration  faite d'une voix forte : "  Français, je meurs innocent  de tous les crimes qu'on m'impute,  c’est au bord de la tombe et prêt à paraître devant Dieu que j’atteste de mon innocence. Je pardonne aux auteurs de ma mort, et je prie Dieu que le sang que vous allez répandre  ne retombe jamais sur la France »
 

L'histoire raconte qu'il voulut poursuivre mais que Santerre donna l'ordre de faire battre à nouveau les tambours pour couvrir sa voix.

En Janvier 2008 j'avais reproduit  dans l'un de mes blogs,   "Le testament  de Louis XVI"qu'il avait rédigé le 25 décembre 1792, quelque jours avant son exécution, et une étude  "Le dernier jour du Roi Louis XVI"
 
En mémoire de cet évènement tragique qui a marqué l'histoire de France je reproduis ci-dessous ces deux documents.

LE TESTAMENT DE LOUIS XVI


Louis XVI a été guillotiné le 21 Janvier 1793 par les Forces sauvages révolutionnaires
Voici reproduit ci-dessous le Testament d'un homme de foi, Louis XVI, Roi de France :

Testament de Louis XVI

25 décembre 1792

Au nom de la Très Sainte Trinité, du Père, du Fils et du Saint Esprit. Aujourd'hui, vingt cinquième jour de Décembre, moi, Louis XVIe du nom, Roy de France, étant depuis plus de quatre mois enfermé avec ma famille dans la Tour du Temple à Paris par ceux qui étaient mes sujets, et privé de toute communication quelconque, même depuis le onze du courant avec ma famille, de plus impliqué dans un Procès dont il est impossible de prévoir l'issue à cause des passions des hommes, et dont on ne trouve aucun prétexte ni moyen dans aucune loi existante, n'ayant que Dieu pour témoin de mes pensées, et auquel je puisse m'adresser, je déclare ici en sa présence mes dernières volontés et mes sentiments.

Je laisse mon âme à Dieu, mon créateur, je le prie de la recevoir en sa miséricorde, de ne pas la juger d'après ses mérites, mais par ceux de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui s'est offert en sacrifice à Dieu, son Père, pour nous autres hommes, quelque indignes que nous en fussions, et moi le premier.

Je meurs dans l'union de notre sainte Mère l'Eglise Catholique Apostolique et Romaine qui tient ses pouvoirs par une succession non interrompue de St Pierre auquel Jésus Christ les avait confiés. Je crois fermement et je confesse tout ce qui est contenu dans le Symbole et les commandements de Dieu et de l'Eglise, les Sacrements et les Mystères tels que l'Eglise Catholique les enseigne et les a toujours enseignés.

Je n'ai jamais prétendu me rendre juge dans les différentes manières d'expliquer les dogmes qui déchirent l'Eglise de Jésus Christ mais je m'en suis rapporté et rapporterai toujours si Dieu m'accorde vie, aux décisions que les supérieurs Ecclésiastiques unis à la Saint Eglise Catholique donnent et donnèrent conformément à la discipline de l'Eglise suivie depuis Jésus Christ. Je plains de tout mon coeur nos frères qui peuvent être dans l'erreur, mais je ne prétends pas les juger, et je ne les aime pas moins tous en Jésus Christ suivant ce que la charité Chrétienne nous l'enseigne.

Je prie Dieu de me pardonner tous mes péchés. J'ai cherché à les connaître scrupuleusement, à les détester, à m'humilier en sa présence. Ne pouvant me servir du Ministère d'un Prêtre Catholique, je prie Dieu de recevoir la confession que je lui en ai faite, et surtout le repentir profond que j'ai d'avoir mis mon nom (quoique cela fut contre ma volonté) à des actes qui peuvent être contraires à la discipline et à la croyance de l'Eglise Catholique à laquelle je suis toujours resté sincèrement uni de cœur. Je prie Dieu de recevoir la ferme résolution où je suis, s'il m'accorde vie, de me servir aussitôt que je le pourrai du Ministère d'un Prêtre Catholique, pour m'accuser de tous mes péchés, et recevoir le Sacrement de Pénitence.

Je prie tous ceux que je pourrais avoir offensés par inadvertance (car je ne me rappelle pas d'avoir fait sciemment aucune offense à personne) ou ceux à qui j'aurais pu donner de mauvais exemples ou des scandales de me pardonner le mal qu'ils croient que je peux leur avoir fait.

Je prie tous ceux qui ont de la Charité d'unir leurs prières aux miennes, pour obtenir de Dieu le pardon de mes péchés.

Je pardonne de tout mon coeur, à ceux qui se sont fait mes ennemis sans que je leur en ai donné aucun sujet, et je prie Dieu de leur pardonner, de même que ceux qui par un faux zèle, ou par un zèle malentendu, m'ont fait beaucoup de mal.

Je recommande à Dieu, ma femme, mes enfants, ma sœur, mes tantes, mes frères, et tous ceux qui me sont attachés par les liens du sang ou par quelque autre manière que ce puisse être. Je prie Dieu particulièrement de jeter de yeux de miséricorde sur ma femme, mes enfants et ma sœur qui souffrent depuis longtemps avec moi, de les soutenir par sa Grâce s’ils viennent à me perdre, et tant qu'ils resteront dans ce monde périssable.

Je recommande mes enfants à ma femme, je n'ai jamais douté de sa tendresse maternelle pour eux, je lui recommande surtout d'en faire de bons chrétiens et d'honnêtes hommes, de leur faire regarder les grandeurs de ce monde-ci (s'ils sont condamnés à les éprouver) que comme des biens dangereux et périssables, et de tourner leurs regards vers la seule gloire solide et durable de l'Eternité. Je prie ma sœur de vouloir bien continuer sa tendresse à mes enfants, et de leur tenir lieu de mère, s'ils avaient le malheur de perdre la leur.

Je prie ma femme de me pardonner tous les maux qu'elle souffre pour moi, et les chagrins que je pourrais lui avoir donné dans le cours de notre union, comme elle peut être sûre que je ne garde rien contre elle, si elle croyait avoir quelque chose à se reprocher.

Je recommande bien vivement à mes enfants, après ce qu'ils doivent à Dieu qui doit marcher avant tout, de rester toujours unis entre eux, soumis et obéissants à leur mère, et reconnaissant de tous les soins et peines qu'elle se donne pour eux, et en mémoire de moi je les prie de regarder ma sœur comme une seconde mère.

Je recommande à mon fils s'il avait le malheur de devenir Roi, de songer qu'il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens, qu'il doit oublier toute haine et tout ressentiment et nommément tout ce qui a rapport aux malheurs et aux chagrins que j'éprouve ; qu'il ne peut faire le bonheur des Peuples qu'en régnant suivant les lois, mais en même temps qu'un Roi ne peut les faire respecter, et faire le bien qui est dans son cœur, qu'autant qu'il a l'autorité nécessaire, et qu'autrement étant lié dans ses opérations et n'inspirant point de respect, il est plus nuisible qu'utile.

Je recommande à mon fils d'avoir soin de toutes les personnes qui m'étaient attachées autant que les circonstances où il se trouvera lui en donneront les facultés, de songer que c'est une dette sacrée que j'ai contractée envers les enfants ou le parents de ceux qui ont péris pour moi et ensuite de ceux qui sont malheureux pour moi. Je sais qu'il y a plusieurs personnes de celles qui m'étaient attachées qui ne se sont pas conduites envers moi comme elles le devaient, et qui ont même montré de l'ingratitude, mais je leur pardonne (souvent dans les moments de troubles et d’effervescence on n'est pas le maître de soi) et je prie mon fils, s'il en trouve l’occasion, de ne songer qu'à leur malheur.
Je voudrais pouvoir témoigner ici ma reconnaissance à ceux qui m'ont montré un véritable attachement et désintéressé. D'un côté si j'étais seulement touché de l'ingratitude et de la déloyauté des gens à qui je n'avais jamais témoigné que des bontés, à eux ou à leurs parents ou amis, de l'autre j'ai eu de la consolation à voir l'attachement et l'intérêt gratuit que beaucoup de personnes m'ont montrés. Je les prie d'en recevoir tous mes remerciements. Dans la situation où sont encore les choses, je craindrais de les compromettre si je parlais plus explicitement, mais je recommande spécialement à mon fils de chercher les occasions de pouvoir les reconnaître.

Je croirais calomnier cependant les sentiments de la Nation si je ne recommandais ouvertement à mon fils M. De Chamilly et Hue, que leur véritable attachement pour moi, avait porté à s'enfermer avec moi dans ce triste séjour, et qui ont pensé en être les malheureuses victimes. Je lui recommande aussi Cléry des soins duquel j'ai eu tant lieu de me louer depuis qu'il est avec moi. Comme c'est lui qui est resté avec moi jusqu'à la fin, je prie Messieurs de la Commune de lui remettre mes hardes, mes livres, ma montre, ma bourse, et les autres petits effets qui ont été déposées au Conseil de la Commune.

Je pardonne encore très volontiers à ceux qui me gardaient, les mauvais traitements et les gènes dont ils ont cru devoir user envers moi. J'ai trouvé quelques âmes sensibles et compatissantes, que celles-là jouissent dans leur cœur de la tranquillité que doit leur donner leur façon de penser.

Je prie Messieurs de Malesherbes, Tronchet et de Sèze, de recevoir ici tous mes remerciements et l'expression de ma sensibilité, pour tous les soins et les peines qu'ils se sont donnés pour moi.

Je finis en déclarant devant Dieu et prêt à paraître devant lui que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancées contre moi.

Fait en double à la Tour du Temple le vingt cinq décembre mil sept cent quatre vingt douze.



Le dernier jour du Roi Louis XVI


Etude réalisée par Lucienne Magalie Pons ( d'après des notes relevées dans des écrits d'historiens de l'époque )

Le dernier jour de Louis XVI Roi de France
21 Janvier 1793
Cinq heures du matin, Cléry réveille le Roi comme il en avait reçu l’ordre. Louis XVI aussitôt se dispose aussitôt à entendre la messe.
La veille l’abbé Edgeworth de Firmont avait obtenu, à grandes peines des commissaires de la Commune, l’autorisation de donner au prisonnier cette dernière consolation.
Les ornements avaient été empruntés à une Eglise voisine, une commode disposée au milieu de la chambre sert d’autel, le roi profondément recueilli assiste au Saint Sacrifice, prie avec ferveur et communie.
La Messe terminée, Louis XVI fait ses adieux à Cléry et lui remet différents souvenir pour ses proches, un cachet pour son fils, un anneau pour la Reine Marie-Antoinette, un sachet renfermant les cheveux de toute sa famille et charge Cléry de leur faire ses adieux : « Cléry, dites à la Reine, à mes chers enfants, à ma sœur, que je leur avais promis de les voir ce matin, mais que j’ai voulu leur épargner la douleur d’une séparation si cruelle. Combien il m’en coûte de partir sans recevoir leurs derniers embrassements. »
Le Roi essuie quelques larmes et ajoute douloureusement « Je vous charge de leur faire mes adieux »
Il avait été décidé que Cléry accompagne le Roi jusqu’au lieu de l’exécution pour le déshabiller sur l’échafaud, mais cette disposition fût annulée et l’un des conseillers municipaux en avait prévenu Cléry avec une expression féroce en ajoutant : le bourreau est assez bon pour lui.
Depuis cinq heures du matin Paris est sous les armes, de l’intérieur de la Tour on entend battre la générale, les cliquetis des armes, le trépignements des chevaux,  le bruit des canons tirés sur les pavés .
A neuf heures les portes de la Tour s’ouvrent avec fracas ; Santerre accompagné de municipaux entre à la tête de 10 gendarmes et les range sur deux lignes. Le Roi, qui se trouve avec son confesseur l’abbé Edgeworth de Firmont, sort de son cabinet.
- Vous venez me cherchez ? dit-il s’adressant à Santerre
- Oui, répond Santerre sans aucune marque de considération
- Je vous demande une minute reprends le Roi.
Il rentre dans son cabinet dont il ferme la porte. Il se dirige vers son confesseur, se met à genoux : « Tout est consommé, Monsieur, donnez votre dernière bénédiction et priez Dieu qu’il me soutienne jusqu’à la fin ».
Après avoir été béni le Roi se relève, et rentre accompagné de l’abbé dans la pièce ou Sancerre l’attend. Dans sa main il tient une lettre pliée, et s’adressant à l’un des municipaux le plus proche de lui, un ancien prêtre assermenté Jacques Roux, il lui demande :
- Je vous prie de remettre ce papier à la Reine, …. à mon épouse, se reprend-
il aussitôt
- Cela ne me regarde point, répond Jacques Roux en faisant de la main un signe de refus
- C’est juste, réplique le Roi
Puis il se tourne vers un autre municipal et reprend :
- Remettez ce papier, je vous prie, à ma femme ; c’est mon testament, vous pouvez en prendre lecture, il y a des dispositions que je désire que la Commune connaisse.
Cléry présente une redingote au Roi, « Je n’en ai pas besoin, donnez moi seulement mon chapeau »
Couvert, il s’adresse alors aux municipaux :
- Messieurs, je désire que Cléry restât près de mon fils qui est accoutumé à ses soins ; j’espère que la Commune accueillera cette demande.
Il se tourne ver Santerre, le regarde et dit d’une voix ferme :
- « Partons »
Arrivé dans la première cour, Louis se retourne dignement deux fois vers la Tour, comme pour envoyer un dernier regard de regret, d’amour et d’adieu aux êtres si chers qu’il laisse derrière lui.
Un carrosse l’attend à la porte extérieure, il y prend place au fond avec son confesseur. Deux officiers de gendarmerie qui ont reçu l’ordre de frapper le Roi au moindre mouvement de désordre qui pourrait se manifester sur le chemin, occupent le devant du carrosse.
Rappelons que des mesures exceptionnelles de sécurité renforcées sont en places à la suite du meurtre, survenu la veille au soir, de Lepelletier de Saint Fargeau, membre de la Montagne qui avait voté la mort du Roi. (Lepelletier de Saint Fargeau avait dîné chez un restaurateur du Palais, son repas fini il se dirigeait vers le comptoir, lorsqu’un homme s’approche : « Est-ce vous qui êtes Lepelletier ? », sur la réponse affirmative l’homme reprend : « Vous avez voté la mort du Roi ? » .. « J’ai voté selon ma conscience » répond Lepelletier. L’homme, qu’on sût être par la suite un ancien garde du corps nommé Pâris, en un éclair de temps tire son sabre, le plonge dans le flanc du régicide Montagnard qui tombe frappé d’un coup mortel, pendant que son agresseur se sauve à la faveur du tumulte.)
Les autorités révolutionnaires, la Commune, craignent après des révélations de sources sures, qu’un certain nombre de royalistes déterminés qui avaient juré de se dévouer à leur Roi, dont on dit qu’ils seraient de 400 à 500 fondent sur le trajet et enlèvent le Roi, ces craintes ne sont pas sans fondement quelques royalistes s’en étaient ouverts à Monsieur de Malesherbes et à Monsieur de Firmont. Les autorités révolutionnaires redoutent aussi des mouvements de foule pendant le trajet et surtout au moment de l’exécution une immense explosion de cris de grâce.
Pour se prémunir à tout prix de ces manifestations dès cinq heures du matin, comme dit plus haut, le tambour avait appelé aux armes, la garde nationale toute entière et la Commune a réuni sur les lieux de l’exécution une masse de « citoyens » sur lesquels elle peut compter pour neutraliser les citoyens qui auraient l’intention de soutenir le Roi.
Dans toute les rues que doit traverser le cortège funèbre et très au-delà la circulation est rigoureusement interdite, les habitants doivent rester dans les maisons et immeubles et ne pas se montrer aux fenêtres. Les comités et les sections tiennent des permanence prêts à donner des ordres à tout moment, de nombreux détachements armés occupent toutes les barrières pour empêcher tout rassemblement armé ou non armé, entre dans Paris où n’en sorte, tous les quartiers sont surveillés par des hommes en armes, quelques rares boutiques sont entrouvertes, les autres sont fermées.
Toutes ces mesures empêchèrent les royalistes de se rassembler et sur les 4 à 500, 25 seulement peuvent se retrouver, les autres ne peuvent même pas sortir de leurs maisons.
La voiture est entourée d’une force imposante, elle avance entre deux haies épaisses d’hommes armés de fusils ou de piques, sans autres « spectateurs » que la population armée.
Le Roi très calme muni du bréviaire de son confesseur lit la prière des agonisants. D’après ce qu’en rapporte les écrits du temps, les deux gendarmes le regardent silencieusement, étonnés de voir une pieuse sérénité illuminer son visage.
A dix heures un quart la voiture s’arrête place de la Révolution (place de la Concorde de nos jours) devant l’échafaud dressé , tout autour de l’instrument de supplice un espace vide entouré de canons mèche allumée et au-delà à perte de vue une forêt de pique et baïonnettes. Un des bourreaux s’avance et ouvre la portière, Le Roi avant de descendre recommande son confesseur, qui a répandu sur ses dernières heures le réconfort de la religion, aux deux officiers qui occupent l’arrière de la voiture, et posant sa main sur le genoux de Monsieur Edgeworth de Firmont « Messieurs, dit-il, je vous recommande Monsieur que voilà ; ayez soin qu’après ma mort il ne lui soit fait aucune insulte. Je vous charge d’y veiller »
Louis descend de voiture, tout aussitôt trois bourreaux veulent lui ôter son habit, il les repousse avec fierté et l’ôte lui même, défait son col et sa cravate.
Les bourreaux s’approchent de nouveau et lui saisissent les bras.
- Que prétendez vous ? , leur demande Louis avec vivacité
- Vous lier
- Me lier ! répond le Roi indigné. Non je n’y consentirai jamais. Faites ce qui vous est commandé, mais vous ne me lierez pas.
Les bourreaux semblent disposés à employer la force.
Louis XVI se tourne en chrétien vers son confesseur et l’interroge du regard.
- « Sire, lui dit en pleurant Monsieur de Firmont, ce nouvel outrage est un dernier trait de ressemblance entre sa Majesté et le Dieu qui va être sa récompense. »
Louis lève un regard douloureux vers le Ciel et prononce :
- « Assurément, il faut rien moins qu’un tel exemple pour me soumettre à une pareille humiliation, » puis regardant les bourreaux il ajoute « faites ce que vous voudrez, je boirai le calice jusqu’à la lie ».
Louis alors gravit les marches de l’échafaud appuyé sur son confesseur, le bourreau lui coupe les cheveux, louis tressaille légèrement. Puis il s’avance jusqu’au bord de l’estrade et imposant silence d’un seul regard royal aux tambours rangés au pied de l’échafaud, il prononce d’une voix retentissante : « Français, je meurs innocent ; c’est au bord de la tombe et prêt à paraître devant Dieu que j’atteste de mon innocence. Je pardonne aux auteurs de ma mort, et je prie Dieu que mon sang ne retombe jamais sur la France … »
L’infâme Santerre alors, avant qu’il continue, fait un signe et la voix du Roi de France est couverte par les roulements des tambours.
Les bourreaux attachent Louis sur la bascule et en quelques secondes très vite le tranchant de la guillotine met fin à son supplice.
L’ignoble exécuteur prend la tête, la lève en l’air, fait deux fois le tour de l’échafaud pour la montrer à la foule sordide des sans-culottes, seuls à qui l’approche de la place a été permise, qui répond en hurlant « Vive la nation ! Vive la République ! » et ces forcenés, femmes et hommes, se ruent pour voir de plus près le cadavre de Louis, les uns trempent dans le sang leur baïonnettes et sabres, d’autres en imprègnent des mouchoirs comme pour en faire des talismans pour assurer la victoire contre tous les Rois d’Europe. Qu’ils promèneront ensuite dans Paris avec une joie féroce en criant « Voilà le sang du tyran ! … »
Un homme monte sur l’échafaud et plonge tout entier son bras dans le sang coagulé pour en prendre d’épais caillots et en asperge par trois fois la foule profane, indigne, haineuse, qui se presse au pied de l’échafaud pour recevoir cette horrible consécration, comme les républicains l’avaient reçue par le sang répandu en septembre.
Cette  sinistre foule longue à se disperser, ira ensuite dans les rues de la ville en élevant les mouchoirs trempés du sang du roi avec une joie féroce en criant « Voilà le sang du tyran !
Ainsi périt Louis XVI à 39 ans, dans la 17me année de son règne, Louis XVI qui eut été le plus parfait des Rois, si les vertus et les qualités du croyant et de l’homme de bien qu’il était, eussent pu suffire sur le trône dans la crise du temps où le sort l’avait jeté.

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