Le gouvernement
anti-austérité du nouveau Premier ministre grec Alexis Tsipras a pris mercredi
ses premières mesures anti-austérité .
Hier Mercredi le gouvernement grec a annoncé d’importantes
réformes notamment le gel de
privatisations, la hausse du Smic et des retraites, lors de son premier Conseil
des Ministres.
Ces décisions sont la signature de la fermeté d’Alexis
Tsipras qui confirme qu’il appliquera
comme il l’avait promis le programme électoral de son parti Syriza , si certains dirigeants de ‘UE pouvaient
encore ces derniers jours fanfaronner en
espérant se placer en conseilleurs en rappelant à la Grèce ses obligations, ou en
écrivant ou disant " la Grèce devra payer sa dette ", ou encore en voulant se poser en médiateur entre la Grèce et l’UE pour négocier
et atténuer les effets sur l’UE et la zone
euro du changement radical de régime grec, ils se sont leurrés et il est temps
pour eux de changer de ton et de revenir à la réalité que leur impose Alexis
Tripsas.
Hier à l’occasion du
premier conseil des ministres de la législature, dès le début de la matinée, le nouveau pouvoir a annoncé le gel de deux privatisations en
cours, celle concernant l’Autorité portuaire du
Pirée, l’autre concernant la vente de 30 % des
parts de la principale compagnie d'électricité du pays, PPC.
Alexis Tripsa a
affirmé que son gouvernement « était prêt à verser son sang pour rétablir la dignité des Grecs », en
assurant : « Nous
sommes ici pour changer radicalement la façon dont les politiques et l'administration sont
dirigées dans ce pays ».
A la suite du conseil des ministres, plusieurs responsables
ont multiplié les annonces de réformes économiques et sociales majeures, qui sont
autant de coups d’épée tranchants dans le contrat passé par les
précédents gouvernements grecs avec le FMI et l’Union européenne.
Panos Skourletis, en charge du ministère du Travail a annoncé ses priorités, notamment le relèvement du salaire minimum à 751 euros,
son niveau d’avant la crise, une loi
relative au rétablissement des conventions collectives et la limitation des
licenciements collectifs.
Le ministre grec des affaires sociales a dit son intention de redresser le niveau des
retraites les plus faibles.
Ces annonces radicales ont paniqué les investisseurs inquiets
du coût de ces premières mesures, et du
bras de fer qui s’annonce avec les dirigeants européens.
En conséquence à la
Bourse d’Athènes l’indice de référence ASE a reculé de 9,2 %,
sous l’effet de la chute des banques qui ont perdu jusqu’à 30 % de leur
capitalisation boursière. Les rendements sur les obligations grecques à 10 ans
ont repassé, mercredi, la barre symbolique des 10 %.
Passant outre les
déclarations des dirigeants européens qui se sont montrés fermés
à tout effacement de la dette, le
premier ministre Alexis Tsipras a martelé hier : « Nous sommes un gouvernement de salut national ... Nous n’entrerons pas dans un affrontement
mutuellement destructeur, mais nous ne poursuivrons pas une politique de
soumission », a t-il ajouté.
Evoquant sa prochaine rencontre avec Jeroen Dijsselbloem,
président de l’Eurogroupe, il a promis que son gouvernement « viserait des budgets à l’équilibre mais ne cherchera pas à dégager des « surplus
irréalistes » » pour servir la dette publique massive du pays.
Alexis Tsipras comme on le voit reste droit dans ses bottes
et n’a pas l’intention de soumette son
pays, comme l’ancien gouvernement le
faisait ces dans ses négociations
avec la troïka, rappelons qu’en septembre dernier la troïka
exigeaient encore de
nouvelles coupes dans les retraites pour tenir les objectifs budgétaires de remboursement
de la dette grecque.
Des économistes aujourd’hui reconnaissent que la dette grecque est un
fardeau intenable, il suggèrent un allègement de 50 % de la dette grecque , et certains
appellent les pays de la zone euro à « surmonter ses tabous » sur un effacement de la dette
grecque .
L'Allemagne a compris qu’elle devait changer le ton
exigeant qu’elle employait vis-à-vis de la Grèce, en effet le ministre allemand de l’Économie Sigmar Gabriel, vice-chancelier
social-démocrate du gouvernement Merkel,
a déclaré lors d’une conférence de
presse, que l’Allemagne respecte le
choix démocratique des Grecs, tout en
plaidant qu’ « il faut que soit respecté un principe de justice à l'égard de
notre population » …… « des gens en Allemagne et en Europe qui se sont montrés solidaires » des Grecs avec les aides consenties depuis 2010.
La France qui prenait volontiers un ton directif et très particulier sur la
question grecque comme si c’était son « affaire personnelle », semble progressivement feutrer son discours ( si l’on peut dire ) et tenir compte des autres
partenaires européens, en effet il faut
se souvenir de certaines déclarations socialistes qui
affirmaient « la dette doit être remboursée , … la Grèce
doit faire face à ses obligations, …. », puis ensuite "La dette doit être remboursée mais on
peut discuter des conditions de ce remboursement, par exemple des
délais", comme l’a dit le
secrétaire d’État aux Affaires européennes, Harlem Désir, sur Radio classique
et LCI, jugeant "insoutenable" le niveau actuel de cette dette., en
ajoutant notamment "Avec les autres les partenaires européens, nous avons
une préoccupation, c'est que la Grèce soit en situation le plus vite possible
de rembourser les emprunts qu'elle a contractés auprès de l'Europe"
Mais tout de même, dans l’esprit du secrétaire d’État
Harlem Désir, il reste qu’il estime que François Hollande doit se poser en
« médiateur et facilitateur » … "c'est normal qu'il soit dans
ce rôle de médiateur et de facilitateur", a dit Harlem Désir.
Là-dessus des ministres et des personnalités politique
faisaient concurrence de déclarations, en donnant chacun
leur avis sur le remboursement de la dette grecque en
modérant leur propos, « il faut rééchelonner , il faut renégocier, … Y’a qu’à… on doit…on peut » et patati et patata , de telle sorte que la
ligne de conduite de la France sur la
question grecque n’était pas clairement perceptible devant cette profusion de
déclarations.
Toutefois on peut faire approximativement le point de la position française sur la
question grecque, en se référant aux déclarations faites par Stéphane le Foll, porte parole du
Gouvernement, à l’issue du Conseil des ministres du Mercredi 28 janvier, alors qu’il rapportait en point de presse,
devant les journalistes, les questions évoquées en Conseil des ministres sur ce sujet .
Voici un extrait de ses déclarations sur la question
grecque :
« Sur la question de la Grèce après les élections de dimanche, des contacts
ont eu lieu, le Président de la République a eu Monsieur Tsipras et l’a invité ….,
donc notamment il y aurait … il y aura une date de fixée, avant
.. avant semble-t-il .. avant le prochain Conseil européen, et le ministre
Michel Sapin a indiqué qu’il avait eu son homologue et que des discussions
étaient engagées, avec cette idée d’accompagner la Grèce avec 2 principes
simples, à la fois la solidarité de l’Europe pour trouver une solution nécessaire
à la sortie de cette crise profonde que connait la Grèce, et en même temps la
responsabilité qui doit être aussi de l’ensemble des pays européens et de la
Grèce , par rapport aux engagements qui avaient été pris, donc on est sur cette .....
, elle a été réaffirmée, et les contacts commencent à être pris, soit que entre
.., l’élection, la mise en place du
gouvernement, les choses ont été vite »
Sur la question de la
Grèce on pouvait donc retenir essentiellement dans les propos lénifiants mais souvent imprécis de Stéphane le Foll que « des
contacts ont eu lieu », qu’
« Alexis Tsipras a été invité par le Président de la
République » , « qu’il y aura une date de fixée …, semble-t-il , avant le prochain Conseil
Européen » , que « Michel
Sapin avait eu son homologue et que des discussions étaient engagées avec 2
principes simples…. », etc ..
Mais tout son exposé manquait de précisions, et finalement
en écoutant Stéphane le Foll on perçoit que la position de médiateur ou de facilitateur que
voulaient prendre la France reste suspendue ou flottante.
Par la suite au cours du point de presse dans la séquence de
questions des médias, un journaliste a interrogé le porte-parole du
Gouvernement pour obtenir des précisions en insistant sur la visite envisagée d’Alexis Tsipras , notamment si la Grèce a répondu favorablement à cette invitation, et si l’objectif est de
discuter de la renégociation de la dette
grecque . ….
Mais la réponse de Stéphane le Foll ne s’est pas démarquée de son précédent
exposé sur la question grecque, aucune date n’est fixée, selon lui l’’objectif est de trouver
une date avant le prochain Conseil européen,
et encore l’objectif est de discuter de manière globale sur des sujets que sont l’ensemble
des questions de croissances, et des questions
de la dette « qui de toute façon aurait été discutées …. »
Comme vous le verrez ci-dessous en lisant l’échange entre le journaliste et le
porte-parole du Gouvernement , tout tient et reste encore en « objectif » :
- Échange entre un journaliste et Stéphane Le Foll sur la question grecque :
Question : Juste une question sur Tsipras, si nous comprenons bien une visite est
envisagée avant le prochain Conseil européen, est-ce que la partie Grecque a répondu favorablement à cette invitation d’ores
et déjà ?
Stéphane Le Foll : Si j’ai indiqué que ce serait avant le Conseil européen c’est que la partie Grecque l’a indiqué..
Question : il y a une date de fixée ?
Stéphane le Foll :
pas encore de date de fixée, il faut
comprendre j’imagine qu’en Grèce aujourd’hui les urgences sont d’abord de
régler l’ensemble de la mise en œuvre d’un Gouvernement , et enfin tous les sujets qui doivent l’être devant le Premier ministre grec, mais il y a eu un contact qui a été pris entre le Président de la
République et le Premier ministre grec, une invitation a été faite par le
Président de la République, et l’objectif
c’est qu’on trouve une date avant le prochain Conseil européen,
et je répète aussi que le ministre des
Finances Michel Sapin a eu son homologue.
Question : ….. et l’objectif est également de discuter de la renégociation de la dette grecque ?
Stéphane Le Foll : l’objectif est de discuter de manière globale
je l’ai dit, à la fois des sujets qui sont évoqués par la partie grecque, sur l’ensemble
des questions de croissances, des questions de la dette qui …, qui de toute
façon auraient été discutées puisqu’il y avait des échéanciers qui arrivaient
justement à l’échéance par définition, et donc c’est l’ensemble des discussions
qui seront ouvertes. La France je le dis,
c’est à la fois la solidarité qu’on doit à la Grèce et au peuple grec, et en même temps la responsabilité qui engage
chacun par rapport à la Zone euro et par rapport aux engagements qui ont été pris
par l’Etat grec.
Fin de l’échange entre le journaliste et Stéphane le Foll
Les réponses de Stéphane Le Foll restent dans la banalité faute de pouvoir s’avancer dans des précisions , résultat on ne sait pas si la Grèce a oui ou non favorablement réagi à l’invitation du Président de la
République, par contre on sait que l'objectif est de trouver une date qui n'est pas encore fixée , et que l'objectif des discussions est discuter de questions « qui
de toute façon aurait été discutées »
Les réponses de Stéphane le Foll n’apportent pas de réponse à la renégociation de
la dette…, donc on a l’impression que la
France ne sera pas le médiateur facilitateur qu’elle visait d’être, de toute façon
nous savons de manière certaine que le
Premier Ministre Alexis Tsipras a évoqué sa prochaine rencontre avec Jeroen
Dijsselbloem, président de l’Eurogroupe, et qu’il a promis que son gouvernement « viserait des budgets à l’équilibre mais ne cherchera pas à dégager des « surplus
irréalistes ...., pour servir la dette publique massive du pays. » …. , ce qui situe
à la fois le haut niveau où se situeront
les discussions de renégociation de la dette et dans
quel contexte il défendra les intérêts de son pays.
Il est bien certain qu’Alexis Tsipras à ses urgences et qu’il
commence à discuter avec les instances européennes supérieures comme il se
doit, on voit mal qu’il se mette à discutailler à priori avec chacun des
dirigeants des pays de l’UE.
Cette propension de la France
qui consiste à vouloir faire défiler à l’Élysée des Chefs d’État et de
Gouvernement, comme pour indiquer qu’elle
détient les clefs de l’UE et pourrait engager seule bilatéralement des
discussions qui en fait doivent se traiter au niveau de l’Europe, est
caractéristique de sa précipitation à vouloir s’interposer et se positionner au-dessus des autres, sans avoir
pris le temps de mesurer ses
réelles compétences par rapport aux
organes décisionnel de l’UE et de l’Eurogroupe.
Je ne dis pas que Monsieur Alexis Tripsas ne viendra pas en France répondre
à cette invitation, mais rien ne le presse de ce côté-là, et il prendra le
temps qu’il faut pour d’abord engager ses discussions au niveau de l’UE et après il viendra ou ne viendra pas, comme il lui conviendra à Paris, c'est lui qui pilote son agenda..
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