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29 janvier 2015

GRECE : premières mesures anti-austérité

Éditorial de lucienne magalie pons

    Le gouvernement anti-austérité du  nouveau Premier ministre grec Alexis Tsipras a  pris mercredi ses premières mesures anti-austérité .

Hier Mercredi le gouvernement grec a annoncé d’importantes réformes notamment le  gel de privatisations, la hausse du Smic et des retraites, lors de son premier Conseil des Ministres.
 
Ces décisions sont la signature de la fermeté d’Alexis Tsipras qui confirme  qu’il appliquera comme il l’avait promis le programme électoral de son parti Syriza  , si certains dirigeants de ‘UE pouvaient encore ces derniers jours fanfaronner  en espérant  se placer  en conseilleurs  en rappelant à la Grèce ses obligations, ou  en écrivant ou disant " la Grèce devra payer sa dette ",  ou encore en voulant se  poser en  médiateur  entre la Grèce et l’UE pour négocier et  atténuer les effets sur l’UE et la zone euro du changement radical de régime grec, ils  se sont leurrés et il est temps pour eux de changer de ton et de revenir à la réalité que leur impose Alexis Tripsas.

Hier à l’occasion du premier conseil des ministres de la législature, dès le début de la matinée, le nouveau pouvoir a annoncé le gel de deux privatisations en cours, celle concernant lAutorité portuaire du Pirée, lautre concernant la vente de 30 % des parts de la principale compagnie d'électricité du pays, PPC.

Alexis Tripsa a affirmé que son gouvernement «était prêt à verser son sang pour rétablir la dignité des Grecs»,  en assurant   : «Nous sommes ici pour changer radicalement la façon dont les politiques et l'administration sont dirigées dans ce pays»

A la suite du conseil des ministres, plusieurs responsables ont multiplié les annonces de réformes économiques et sociales majeures, qui sont autant de coups   d’épée  tranchants dans le contrat passé par les précédents gouvernements grecs avec le FMI et l’Union européenne.

Panos Skourletis, en charge du ministère du Travail a  annoncé ses priorités, notamment  le relèvement du salaire minimum à 751 euros, son niveau d’avant la crise,  une loi relative au rétablissement des conventions collectives et la limitation des licenciements collectifs.

Le ministre grec des affaires sociales  a dit son intention de redresser le niveau des retraites les plus faibles.

Ces annonces radicales ont paniqué les investisseurs inquiets du coût   de ces premières mesures, et du bras de fer qui s’annonce avec les dirigeants européens.

En conséquence  à la Bourse d’Athènes   l’indice de référence ASE a reculé de 9,2 %, sous l’effet  de la chute des banques qui ont perdu jusqu’à 30 % de leur capitalisation boursière. Les rendements sur les obligations grecques à 10 ans ont repassé, mercredi, la barre symbolique des 10 %.

Passant outre les  déclarations des dirigeants européens qui se sont montrés  fermés   à tout effacement de la dette, le premier ministre Alexis Tsipras a martelé hier : «Nous sommes un gouvernement de salut national ... Nous nentrerons pas dans un affrontement mutuellement destructeur, mais nous ne poursuivrons pas une politique de soumission», a t-il ajouté

Evoquant sa prochaine rencontre avec Jeroen Dijsselbloem, président de l’Eurogroupe, il a promis que son gouvernement «viserait des budgets à l’équilibre mais ne cherchera pas à dégager des «surplus irréalistes»» pour servir la dette publique massive du pays.

 Alexis Tsipras  comme on le voit reste droit dans ses bottes et  n’a pas l’intention de soumette son pays,   comme l’ancien gouvernement le faisait ces  dans ses  négociations  avec la troïka, rappelons qu’en septembre dernier la troïka exigeaient  encore   de nouvelles coupes dans les retraites pour tenir les objectifs budgétaires de remboursement de la dette grecque.

Des économistes   aujourd’hui  reconnaissent que la dette grecque est un fardeau intenable, il suggèrent un allègement de 50 % de la dette grecque , et certains appellent   les pays de la zone euro à «surmonter ses tabous» sur un effacement de la dette grecque .

L'Allemagne  a  compris qu’elle devait changer  le  ton exigeant  qu’elle employait  vis-à-vis de la Grèce,  en effet le ministre  allemand de l’Économie  Sigmar Gabriel, vice-chancelier social-démocrate  du gouvernement Merkel, a déclaré  lors d’une conférence de presse, que l’Allemagne  respecte le choix démocratique des Grecs,  tout en plaidant  qu’  «il faut que soit respecté un principe de justice à l'égard de notre population» …… «des gens en Allemagne et en Europe qui se sont montrés solidaires» des Grecs avec les aides consenties depuis 2010.

La France  qui  prenait volontiers un ton directif  et très particulier   sur la question grecque comme si c’était son « affaire personnelle »,  semble  progressivement  feutrer son discours  ( si l’on peut dire ) et tenir compte des autres partenaires européens,  en effet il faut se souvenir de certaines déclarations socialistes qui affirmaient «  la dette doit être remboursée , … la Grèce doit faire face à ses obligations, …. », puis ensuite  "La dette doit être remboursée mais on peut discuter des conditions de ce remboursement, par exemple des délais",  comme l’a dit le secrétaire d’État aux Affaires européennes, Harlem Désir, sur Radio classique et LCI, jugeant "insoutenable" le niveau actuel de cette dette., en ajoutant notamment "Avec les autres les partenaires européens, nous avons une préoccupation, c'est que la Grèce soit en situation le plus vite possible de rembourser les emprunts qu'elle a contractés auprès de l'Europe"
Mais tout de même, dans l’esprit  du secrétaire d’État Harlem  Désir,  il reste qu’il estime que François Hollande doit se poser en « médiateur  et facilitateur » … "c'est normal qu'il soit dans ce rôle de médiateur et de facilitateur", a dit Harlem Désir.

Là-dessus des ministres et des personnalités politique faisaient   concurrence de déclarations, en donnant chacun leur avis sur le remboursement de la dette grecque  en  modérant leur propos,  « il faut  rééchelonner , il faut renégocier,  … Y’a qu’à… on doit…on peut  »  et patati et patata , de telle sorte  que  la ligne de conduite de   la France sur la question grecque n’était pas clairement perceptible devant cette profusion de déclarations.
 
Toutefois on peut faire approximativement  le point de la position française sur la question grecque, en se référant aux déclarations  faites par Stéphane le Foll, porte parole du Gouvernement, à l’issue du Conseil des ministres du  Mercredi 28 janvier, alors qu’il rapportait en point de presse,  devant les journalistes,  les questions évoquées en Conseil des ministres sur ce sujet .

Voici un extrait de ses déclarations sur la question grecque :

«  Sur la question de la Grèce  après les élections de dimanche, des contacts ont eu lieu, le Président de la République a eu Monsieur Tsipras et l’a invité ….,  donc notamment il  y aurait … il y aura une date de fixée, avant .. avant semble-t-il .. avant le prochain Conseil européen, et le ministre Michel Sapin a indiqué qu’il avait eu son homologue et que des discussions étaient engagées, avec cette idée d’accompagner la Grèce avec 2 principes simples, à la fois la solidarité de l’Europe pour trouver une solution nécessaire à la sortie de cette crise profonde que connait la Grèce, et en même temps la responsabilité qui doit être aussi de l’ensemble des pays européens et de la Grèce , par rapport aux engagements qui avaient été pris, donc on est sur cette ..... , elle a été réaffirmée, et les contacts commencent à être pris, soit que entre ..,  l’élection, la mise en place du gouvernement, les choses ont été vite »

Sur la question  de la Grèce on pouvait donc  retenir  essentiellement  dans les propos  lénifiants mais souvent imprécis  de Stéphane le Foll que   « des contacts ont eu lieu »,  qu’  « Alexis  Tsipras a été invité par le Président de la République » , « qu’il y aura une date de fixée  …, semble-t-il , avant le prochain Conseil Européen » , que  «  Michel Sapin avait eu son homologue et que des discussions étaient engagées avec 2 principes simples…. »,  etc ..

Mais tout  son exposé manquait de précisions,  et  finalement en écoutant Stéphane le Foll on perçoit que  la  position de médiateur ou de facilitateur que voulaient prendre la France reste suspendue  ou flottante.

Par la suite au cours du point de presse dans la séquence de questions des médias, un journaliste a interrogé le porte-parole du Gouvernement pour obtenir des précisions en insistant sur  la visite  envisagée d’Alexis Tsipras , notamment  si la Grèce a répondu favorablement  à cette invitation, et si l’objectif est de discuter  de la renégociation de la dette grecque .  ….

Mais la réponse de Stéphane le Foll  ne s’est pas démarquée de son précédent exposé sur la question grecque, aucune date n’est  fixée, selon lui l’’objectif est de trouver une date avant le prochain  Conseil européen, et encore l’objectif est  de discuter de  manière globale sur des sujets que sont l’ensemble des questions de croissances, et  des questions de la dette « qui de toute façon  aurait été discutées  …. »

Comme vous le verrez ci-dessous  en lisant  l’échange entre le journaliste et le porte-parole du Gouvernement ,  tout  tient  et reste encore  en  « objectif » :

- Échange entre un journaliste et Stéphane Le Foll sur la question grecque : 

Question : Juste une question sur Tsipras,  si nous comprenons bien une visite est envisagée avant le prochain Conseil européen, est-ce que la partie Grecque a  répondu favorablement à cette invitation d’ores et déjà ?

Stéphane Le Foll : Si j’ai indiqué que ce serait  avant le Conseil européen c’est  que la partie Grecque l’a indiqué..

Question :  il y a une  date de fixée ?

Stéphane le Foll :  pas encore de date de fixée, il faut comprendre j’imagine qu’en Grèce aujourd’hui les urgences sont d’abord de régler l’ensemble de la mise en œuvre d’un Gouvernement ,  et enfin  tous les sujets qui doivent l’être  devant le Premier  ministre grec,  mais il  y a eu un contact  qui a été pris entre le Président de la République et le Premier ministre grec, une invitation a été faite par le Président de la République,   et l’objectif c’est  qu’on trouve  une date avant le prochain Conseil européen, et  je répète aussi que le ministre des Finances Michel Sapin a eu son homologue.

Question : ….. et l’objectif  est également de discuter  de la renégociation de la dette grecque ?

Stéphane Le Foll :  l’objectif est de discuter de manière globale je l’ai dit, à la fois des sujets qui sont évoqués par la partie grecque,  sur l’ensemble des questions de croissances, des questions de la dette qui …, qui de toute façon auraient été discutées puisqu’il y avait des échéanciers qui arrivaient justement à l’échéance par définition, et donc c’est l’ensemble des discussions qui seront ouvertes.  La France je le dis, c’est à la fois la solidarité qu’on doit à la Grèce et au peuple grec, et en même temps la responsabilité qui engage chacun par rapport à la Zone euro et par rapport aux engagements qui ont été pris par l’Etat grec.

Fin de l’échange entre le journaliste et Stéphane le Foll


Les réponses de Stéphane Le Foll  restent  dans la banalité faute de pouvoir s’avancer  dans des précisions ,  résultat  on ne sait pas si la Grèce a oui ou non  favorablement  réagi à l’invitation du Président de la République, par contre   on sait que l'objectif est de  trouver une date qui n'est pas encore fixée , et que l'objectif des discussions est discuter de questions « qui de toute façon aurait été discutées  »

 Les réponses de Stéphane le Foll n’apportent  pas de réponse à la renégociation de la dette…,  donc on a l’impression que la France ne sera pas le médiateur facilitateur qu’elle visait d’être, de toute façon nous  savons de manière certaine  que  le Premier Ministre Alexis Tsipras   a évoqué sa prochaine rencontre avec Jeroen Dijsselbloem, président de l’Eurogroupe,  et qu’il a promis que son gouvernement «viserait des budgets à l’équilibre mais ne cherchera pas à dégager des «surplus irréalistes ...., pour servir la dette publique massive du pays. » …. , ce qui situe à la fois le  haut niveau où se situeront les discussions de renégociation de la dette  et  dans quel  contexte  il défendra les intérêts de son pays.

Il est bien certain qu’Alexis Tsipras à ses urgences et qu’il commence à discuter avec les instances européennes supérieures comme il se doit, on voit mal qu’il se mette à discutailler à priori avec chacun des dirigeants des pays de l’UE.

Cette propension   de la France qui consiste à vouloir faire défiler à l’Élysée des Chefs d’État et de Gouvernement,  comme pour indiquer qu’elle détient les clefs de l’UE et pourrait engager seule bilatéralement des discussions qui en fait doivent se traiter au niveau de l’Europe,  est caractéristique  de  sa  précipitation à vouloir s’interposer  et se  positionner au-dessus des autres, sans avoir pris le temps de mesurer  ses réelles  compétences par rapport aux organes décisionnel de l’UE et de l’Eurogroupe.

Je ne dis pas que Monsieur Alexis  Tripsas ne viendra pas en France répondre à cette invitation, mais rien ne le presse de ce côté-là, et il prendra le temps qu’il faut pour d’abord engager ses discussions au niveau de l’UE  et après il viendra ou ne viendra pas,  comme il lui conviendra à Paris,  c'est lui qui pilote son agenda..
  

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