"Interroger les grands philosophes, c'est
transformer les questions qu'on leur pose en instruments
d'approfondissement de la connaissance du genre humain."
Jaspers
Que communique le second discours imaginaire d'un
candidat qui aurait changé de tête, mais que le lecteur jugera néanmoins
reconnaissable ? Rien moins que le secret du fonctionnement des mythes
verbaux dans la tête de leurs vassaux. Le fidèle attribue aux mots-clés de
sa croyance le rôle d'un moteur universel et souverain de l'histoire du
monde réel. Le langage de la foi est un Pégase. Il traverse les airs et
débarque en divers endroits de la terre, où il accomplit les prodiges
attachés à tel ou tel de ses attributs.
C'est ainsi que Mme Mogherini ayant appris que M.
Biden avait confié à la super élite cérébrale de son pays - les étudiants
de Harvard - qu'il avait forcé les Européens à exercer des sanctions contre
la Russie s'est exclamée, en dévote trompée : "Je suis très
surprise, je croyais que nous étions en dialogue avec M. Biden".
Le fonctionnement de la piété est inscrit dans la
psychophysiologie du simianthrope. On l'a vu à Chicago en 2012 (Honte à une Europe quadrillée de missiles américains - L'Europe
et la France à la croisée des chemins , 24 juin
2014 ) où le verbe incarné s'était mis en bras de
chemise au milieu des Etats européens pelotonnés autour de sa personne. On
l'a vu à Genève en 2013, quand M. Fabius avait cru traiter des affaires de
l'Iran d'égal à égal avec MM. Kerry et Lavrov pour se voir signifier son
congé à l'heure des négociations entre les maîtres du jeu. On l'a vu en
Syrie, où la petite canonnière française censée accompagner l'armada du
géant s'est couverte de ridicule.
Mme Mogherini n'a pas lu les Mémoires
de Mme Albright, Ministre des affaires étrangères du Président Clinton, qui
écrit: "Au début de chaque cours, j'explique à mes étudiants que
le but de la politique étrangère est de persuader les autres pays d'accepter
ce que nous voulons. A cette fin, le président et son ou sa secrétaire
d'Etat disposent de moyens allant du recours pur et simple à nos forces
armées au travail patient du tissage diplomatique." (p. 22)
Au cours de la mise en scène de son apparent
examen de passage devant une Commission de l'Assemblée de Strasbourg censée
en charge de valider ou d'invalider sa nomination à la tête de la
diplomatie européenne, Mme Mogherini n'a pas prononcé un seul mot du
véritable acteur de la pièce et de ses cinq cents places fortes incrustées
dans toute l'Europe depuis soixante-dix ans. Le mythe démocratique
auréolait toutes les têtes.
Une liberté réelle s'exprime toujours par
l'exercice d'un pouvoir effectif, et ce pouvoir est toujours strictement
proportionné au poids économique, politique et militaire de celui qui en
brandit le totem. C'est pourquoi le Général de Gaulle avait purement et
simplement brisé les ailes du mythe en renvoyant les troupes d'occupation
américaines campées à Evreux. Si l'Europe ne dit pas tout simplement à M.
Biden: "Que faites-vous là ? Qui vous autorise à vous présenter en ces
lieux ? Les relations de la Russie avec l'Ukraine et avec nous ne vous
regardent en rien. Nous ne sommes pas les esclaves de votre mythe de la
Liberté."
Mais si vous relisez l'avertissement que j'ai mis
en tête de mon texte du 27 septembre, vous verrez qu'il n'y a aucune
chance, hélas, que les démocraties pieuses sécrètent une classe dirigeante
qui briserait en plein vol le mythe de la Liberté auquel ils se sont
ficelés. .
1 - La France ascensionnelle
Depuis
2012, l'urne funèbre de la solitude m'a enseigné à forger mon action
publique sur l'enclume d'un sacerdoce politique. Je me suis initié à la
logique interne de l'histoire, je me suis exercé à l'ascèse de la pensée
rationnelle. J'ignorais que, sans le secours d'une réflexion rigoureuse,
l'homme d'Etat n'habitera jamais sa nation. Le 19 septembre, j'ai annoncé
que je bouleverserai la sacristie qu'on appelle un parti majoritaire.
On me
reprochera mon vocabulaire. On le croira emprunté à la théologie et
étranger à la République. Mais, que voulez-vous, la laïcité se trouve entre
les funérailles et le sépulcre. Sachez, mes amis que, si la vraie voix de
la politique donne corps aux nations ascensionnelles et si la vraie voix
des peuples n'est pas celle de leur mécanique administrative, je mettrai ma
vocation au service de l'âme de la France - et mon activité de tâcheron des
travaux et des jours de la bureaucratie d'Etat ne sera pas celle de ma
haute mission. Car si cette civilisation en venait à stériliser la
distinction d'autrefois entre le monde terrestre et le spirituel, la
science politique y perdrait son ancrage dans une intemporalité féconde.
Or, la vassalisation actuelle de l'Europe nous démontre qu'une politique privée
d'élan ascensionnel tombe dans la bassesse dont le spectacle s'étale sous
nos yeux.
2 - Chaînes, garrots et camisole de force
Vous ne
saviez pas - et moi non plus - que la servitude de la France et de l'Europe
iraient jusqu'à nous faire prendre les armes de la bêtise contre la patrie
de Tolstoï et de Dostoïevski, vous ne saviez pas - et moi non plus - que
nous irions à petit trot sur les traces du vaincu de 1812 en Russie , vous
ne saviez pas - et moi non plus - que la servitude peut lancer au galop les
croisés de la sottise sous le drapeau du mythe de la Liberté. Mais l'heure
a sonné, pour la France, de se présenter en pédagogue de l'Europe de la
raison; l'heure est venue pour la France, de forger la lance d'un peuple
instruit des lois de la géopolitique.
Voyez ce
qui manque à nos sorbonicoles : ils n'ont aucune connaissance de la rudesse
de l'histoire, aucune science de l'arène des grandes puissances, aucune
expérience des règles qui commandent l'expansion et le déclin des empires.
L'Europe est devenue le nouveau centre de formation des sophistes et des
scolastiques d'une religion de la Liberté - la pastorale qui leur fait
admirer le nouveau mythe du salut par la "démocratie" nous
renvoie aux sorbonagres du Moyen-Age.
Ne soyez
pas les tard-venus de l'Europe d'une nouvelle Renaissance. En 2007, à peine
étais-je élu à la Présidence de la République que je suis allé frapper aux
portes des principales capitales d'un Vieux Continent américanisé afin de
tenter de convaincre les grandes nations nées à l'école d'Athènes et de
Rome de se soustraire entièrement et définitivement à la tutelle militaire
qui les rassemble depuis quatre générations sous le drapeau de l'étranger.
Mais c'est d'une voix dévote et la bouche en cœur que ces agonisants de
leur souveraineté m'ont répondu: "Nous confions désormais et pour
toujours notre défense aux armes de notre puissant et bienveillant
protecteur."
J'ai tenté
d'expliquer à ces enfants en bas âge qu'à ce compte, l'Europe des Sorbonnes
ne retrouvera jamais son indépendance et qu'il serait d'un ridicule
titanesque de seulement y songer, parce que la bureaucratie qu'un souverain
étranger nous aura conduits à sécréter nous placera sous le heaume des cinq
cents bases américaines qu'il a incrustées à jamais sur nos labours. Non
seulement je n'ai pas été entendu à Berlin, à Rome, à Londres, à Madrid,
mais j'ai découvert, à cette occasion - j'aurais dû le savoir depuis belle
lurette - que la classe dirigeante de la démocratie mondiale a trouvé son
ancrage définitif à mille lieues de toute connaissance réfléchie de
l'histoire du monde et que cette oligarchie de cervelles scolarisées nous
conduit tout droit au suicide sur la scène internationale.
Dès 2008,
j'ai tenté de faire comprendre à Washington que la Russie exerce depuis
longtemps et à bon droit l'influence traditionnelle d'une grande puissance
sur deux petits voisins, l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie, qui sont moins
éloignées du territoire de l'ex-empire des tsars que l'Amérique centrale ne
l'est de Washington, ou l'Afrique du Nord de la France d'hier.
Puis j'ai
signé avec M. Poutine une alliance stratégique entre la Russie et la France
qui a fait grincer des dents au Capitole. J'ai également tenté de conduire
à son terme l'Union des peuples riverains de la Méditerranée, mais chacun
sait qu'Israël et Washington étaient aux aguets et qu'ils ont fait échouer
ce projet. Sept ans plus tard, la livraison à Moscou de deux navires de
guerre construits à Saint-Nazaire et dont M. Vladimir Poutine m'avait passé
commande se révèlera une étape décisive, donc effrontée, de la course de
l'Europe en direction de sa puissance d'autrefois, parce que la pesanteur
de la présence politique et militaire des Etats-Unis de Dunkerque à l'Oural
est devenue tellement dictatoriale qu'elle commence de faire comprendre aux
grands et même aux petits élèves de l'OTAN la solidité des chaînes qui
enserrent leurs chevilles, la rigidité des garrots qui les étranglent et la
résistance aux déchirures des camisoles de force dont le tissu enveloppe le
mythe de la Liberté.
3 - Mon combat contre le dollar
C'est en
homme d'expérience, donc en habitué du théâtre des glaives que je vous mets
en garde: sachez que si vous demeurez les spectateurs passifs et ficelés de
la présence militaire de l'empire américain sur vos arpents, vous avez déjà
quitté le temps de la guerre politique pour celui des rubans dorés de votre
servitude.
Sachez
également que l'empire romain aux quarante neuf faisceaux de notre temps ne
dispose pas des mêmes armes que les légions d'autrefois, sachez également
que les heures courent cent fois plus vite que sous Auguste ou Tibère,
sachez également que le premier empire militaire qui ait jamais étendu au
monde entier son réseau de camps retranchés est un géant aux articulations
fragiles, sachez également que les ressources de son ossature sont appelées
à s'épuiser rapidement, sachez également que les tonnes de dollars qui
couronnent sa charpente lui font une tiare plus chancelante d'année en
année.
Certes, si
vous deviez traîner la patte et tituber dans votre sommeil, l'heure de vous
colleter avec votre destin sera définitivement passée, parce que vous vous
serez tellement asservis de l'intérieur que le monde réel cessera de se
montrer capturable à vos prises. Alors, ce sera un jeu d'enfants de vous
faire prendre des tâches subalternes pour des occupations dignes de vos
Etats. Les domestiques s'agitent et étalent leurs parures. Vous en avez un
avant-goût avec Mme Mogherini, qui voudrait que l'Europe des Machiavel au
petit pied et des Talleyrand d'arrière-cuisine interdise à la Russie
d'ouvrir un couloir vers sa province de Crimée.
Quel défilé
de gâte-sauce et de saute-ruisseau que celui des candidats à un poste de
commissaire au sein de la Commission de Bruxelles ! L'Anglais, M. Hill est
un agent d'influence de la Shell . Il sera censé défendre les intérêts de
l'Europe contre ceux de la City. Le Français, M. Moscovici, jouera
l'hurluberlu de service dans la mascarade. L'Espagnol Miguel Arias Canete,
autre agent pétrolier, jouera les burlesques grimés. Le Hongrois, Tibor
Navracsics sera relativement neutralisé, la Slovène Alenka Bratusek
également, parce qu'elle ne comprenait pas un mot aux questions qu'on lui
posait, mais tout ce petit monde sera validé en vertu d'un acte secret de
non-agression signé en coulisses par les fonctionnaires au service de
Washington.
Comment le
sauvetage de la pensée et de la culture de l'Europe serait-il confié à ce
caravansérail? M. Juncker est trépassé avant de s'être seulement mis un
instant à la barre. Les Etats seront-ils mieux lotis que les fantoches
d'une Commission de figurants.
J'ai fait
mes premières armes en solitaire sur la scène internationale. J'ai tenté de
combattre la domination mondiale du dollar à l'heure du scandale des
"subprimes". Mais le G20, dont Washington est parvenu d'emblée à
exclure l'Espagne, a néanmoins et fort rapidement relégué au second rang le
G5, fondé le 1er décembre 1974 par M. Giscard d'Estaing et élargi à la
Russie en 1998. Aujourd'hui, seul le G20 présente une ossature de taille à
combattre les accords de Bretton Woods de 1944, qui a placé avec une
rapidité fulgurante le monde entier sous la domination de la monnaie
américaine et qui a permis à Washington d'abolir purement et simplement
l'étalon-or.
4 - Les chefs d'Etat face au cerveau de la bête
La question
est maintenant de savoir si, cent vingt cinq ans seulement après la
révolution de 1789, la connaissance, demeurée si tragiquement limitée, de
la nature et de l'étendue de leurs nouveaux devoirs civiques dont disposent
les peuples démocratiques actuels, si cette connaissance infirme, dis-je,
de la géopolitique, se perpétuera jusqu'à la chute du Vieux Monde dans le
gouffre de la servitude. Faudra-t-il attendre des décennies pour que
l'information des corps électoraux quitte les bancs de l'école et
s'élargisse à la planète? Car enfin, croyez-vous que l'Amérique serait parvenue
d'une pichenette à contraindre vos Sorbonne à asphyxier - et au seul profit
de votre maître d'au-delà des mers - le commerce et l'industrie des Etats
du Vieux Monde, croyez-vous que cette aberration scolastique aurait été
possible si les peuples d'aujourd'hui se trouvaient quelque peu
déscolarisés et plus instruits des affaires du monde?
Pis que
cela: votre maître en sophistique a convaincu vos théologiens de vous
prêcher sa catéchèse, selon laquelle la politique doit passer avant
l'économie; et vos valets de l'étranger n'ont pas voulu leur répondre
vertement: "Ce ne sont pas les priorités de la politique
internationale que vous nous conviez à prendre en compte, mais seulement
les devoirs économiques que vous attachez à notre domesticité. Depuis quand
les tâches de la politique extérieure des Etats souverains se
réduisent-elles à perpétuer la présence de vos armes sur leurs
territoires?"
Français,
votre patriotisme est demeuré si féodalement barricadé dans les forteresses
décrépites de vos identités locales qu'il vous faut apprendre les règles
qui régiront la guerre de demain. Apprenez donc à étendre votre regard
au-delà de vos arpents et sachez que Washington a débarqué jusque sur vos
plates-bandes et dans vos jardinets - déjà l'étranger dispose de votre
droit de vendre les fruits et les légumes de vos potagers. Si vous refusez
de quitter vos jeux d'enfants, si vous refusez de déserter vos préaux, si
vous jouez à la marelle dans vos cours d'écoles, si vous laissez les
échines pliées de vos classes dirigeantes s'occuper de vos affaires à votre
place, jamais je ne parviendrai à faire débarquer le débat de fond sur vos
places publiques grouillantes d'aveugles, de muets et de sourds. Contre
quel ennemi imaginaire vous êtes-vous laissé entraîner, contre quel guerrier
à la cuirasse étincelante et au heaume d'acier vos classes dirigeantes vous
demandent-elles de vous ruer? Observez la tenue et la dégaine de l'ennemi
imaginaire qu'on vous montre du doigt.
5 - L'Europe du sépulcre vide
M. Biden,
ancien Président de la Commission des affaires étrangères du Congrès et
devenu vice-Président des Etats-Unis, vient d'avouer que Washington vous à forcés
à édicter des sanctions économiques contre la Russie. Vous le savez,
puisque Mme Nuland avait confessé crûment, dès le mois de mars 2014, que
l'Amérique avait déjà dépensé cinq milliards de dollars pour tenter de
mobiliser les "enculés" européens contre les intérêts de la
Russie en Ukraine.
Qu'a
répondu Mme Mogherini qui, selon M. Renzi, chef du gouvernement de la
péninsule était censée aider l'Italie, sa patrie, à rapprocher l'Europe de
la Russie et à donner de l'éclat à la présidence tournante du Vieux
Continent, qui appartenait à Rome pour six mois? Ouvrez bien vos oreilles
et écoutez la réfutation de M. Biden et de M. Lavrov: "Non,
Messieurs, l'Europe prend seule ses décisions et à l'unanimité."
Pensez-vous faire l'Europe avec des tels pantins, fantoches et paltoquets?
Mais
avez-vous entendu M. Barack Obama feindre de hiérarchiser les périls
terribles que courrait le monde actuel? Le plus grand, dit-il, est
l'épidémie d'Ebola, le second, l'assaut hitlérien de la Russie contre
l'Europe en Ukraine, le troisième, l'Etat islamique. Devant quelle instance
ces sottises ont-elles été proférées à haute et intelligible voix? Devant
l'Assemblée générale des Nations Unies, c'est-à-dire devant l'opinion
publique mondiale.
M. Lavrov
s'est demandé s'il fallait s'esclaffer. Mais vous voyez à quel degré de
puérilité on vous a d'ores et déjà réduits. Si vous croyez vraiment que la
reconquête du port de Sébastopol, qui fait partie de la Russie depuis la
grande Catherine, est une attaque du nouveau Führer contre l'Europe
entière, retournez sur les bancs de l'école. Vous y apprendrez que la
dernière intervention de la France à Sébastopol est celle de Napoléon III
en 1856. Cette rade serait-elle subitement devenue le centre de gravité de
la planète de l'atome? Savez-vous que la Russie du XXIe siècle a d'autres
chats à fouetter qu'à jouer soudainement au héros de bande dessinée en
Ukraine, savez-vous que vos dirigeants corrompus en sous-main par
Washington savent fort bien, eux, qu'ils vous placent sous le joug d'un
film de la Metro Goldwyn Mayer.
En réplique
à tant d'âneries calibrées, hélas, à votre échelle, les députés de la Douma
ne serrent plus la main des membres du Congrès américain. Comment le
sauriez-vous? Le mardi 30 septembre, j'écoutais le journal de 13 h sur
France Inter, qui était entièrement consacré aux pluies diluviennes tombées
sur Montpellier. La Révolution de 1789 aurait-elle enfanté des citoyens à
jamais coupés du reste du monde? Les historiens de demain se frotteront-ils
les yeux à lire le conte des mille et une nuits de la démocratie mondiale?
Se demanderont-ils pourquoi les peuples rouis par la longue histoire de
leur mythe de la Liberté se seront laissé vassaliser par leur propre mythe
en retour?
Mais sachez
que votre folie n'est pas nouvelle. C'est en escadrons serrés que la
cavalerie des croisés du Saint Sépulcre a galopé sur des milliers de
kilomètres en direction de Jérusalem et pour le seul motif que les
propriétaires de leur pauvre cervelle étaient parvenus à leur faire croire
que l'éternité de leur vie posthume passait par la conquête d'un sépulcre
vide.
6 - La pesée du cerveau de l'humanité
Mais la
politique des songes immortels qui vous tiennent en laisse depuis tant de
millénaires vous jette maintenant dans une tragédie inconnue de vos
ancêtres, parce que ce n'est plus seulement au timon de la politique
internationale que vos folies sacrées attellent l'Europe, mais au
gouvernail du cerveau sous-développé qui paralyse encore notre espèce. Si
vous ne savez pas comment prendre en mains les rênes de vos neurones,
confiez l'encéphale endormi de la France et de l'Europe à un coursier de
feu. Car nos anthropologues d'avant-garde commencent d'observer de haut et
de loin la folie propre au seul animal que la nature ait rendu volubile.
Savez-vous
que notre démence spécifique, seul notre langage abstrait la sécrète jour
après jour dans nos têtes et que la bête devenue loquace à l'aube du
paléolithique se voit précipitée, dès qu'elle ouvre la bouche, dans des
mondes conceptualisés et sanglants? Apprenez à observer les stratagèmes et
les sortilèges massifs que votre maître d'outre-Atlantique déverse dans
votre tête, écoutez les billevesées que profère votre vassalisateur, désensorcelez-vous
de l'emprise des magiciens de la démocratie mondiale. Il est vide, le
tombeau vers lequel on vous traîne. M. Biden a dit: "C'est curieux,
ils y courent maintenant tout seuls". Il ne sait pas quelle mèche du
langage il a allumée dans vos conques osseuses.
La science
nouvelle de la politique internationale vous appelle à une connaissance
anthropologique de votre cervelle. Elle vous enseigne que les Etats et les
nations du Moyen-Age demeuraient impuissants à conquérir une connaissance
méta-zoologique des songes qui faisaient délirer leur époque. Sachez que la
classe dirigeante actuelle de la démocratie mondiale demeure rebelle à
connaître les "hallucinés sanguinaires" qui rassembleront demain
un vaste troupeau de croisés de leurs songes. Les sciences humaines
étriquées de notre temps ne connaissent pas encore les rouages et les
ressorts de l'halluciné suprême que vous adorez et dont vous saluez les
rôtissoires cachées sous la terre. Je vous le dis, l'heure a sonné, pour
vos vrais chefs d'Etat, de conduire vos Etats au naufrage cérébral ou de
prendre une longueur d'avance sur les cerveaux de leur temps.
J'écrivais
le 25 juillet:
"A partir de cette date, et compte-tenu qu'on ne luttera
efficacement contre le naufrage de la langue française que si le Président
de la République et le Premier Ministre se voient nommément mis en cause,
je relèverai quelques-unes de leurs fautes."
- 1 - M.
Valls ignore qu'on ne dit pas mouton noir, mais brebis galeuse.
- 2 - M.
Hollande ignore qu'on ne dit pas moins que quiconque, mais moins
que personne.
Le 11
octobre 2014
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