Invité de RFI, Christian Jacob, président du groupe UMP à l’Assemblée Nationale, député de Seine-et-Marne , en répondant aux questions de Frédéric Rivière, s'est exprimé sur les actualités politiques françaises et européennes., notamment sur le projet
de budget 2015, qui doit être soumis à l'avis de la Commission
européenne prochainement , sur la politique menée par le gouvernement français, sur la nomination pressentie de Pierre Moscovici comme commissaire européen aux affaires économiques, sur
le retour de Nicolas Sarkozy en politique, et sur des questions de sociétés, telles que le mariage pour tous, la PMA et la GPA, la circulaire Taubira ...
En ce qui concerne le Budget 2015 Monsieur Christian Jacob a estimé notamment ... «Ce qui est en cause n’est pas le Commission, mais le
gouvernement et la manière dont ce budget 2015 a été monté sur des
prévisions très hypothétiques ......Aujourd’hui, nous sommes dans une
situation où les déficits et où les impôts explosent».
Pour les autres sujets abordés voir la vidéo :
- Date de publication : 08/10/2014
- Durée : 08:55
- Catégorie : News
Texte de l’interviewe reproduit selon les notes que nous avons prises à l'écoute :
FR : Bonjour Christian Jacob
CJ : Bonjour
FR : La commission Européenne fera connaître prochainement son
avis sur le Plan de Budget 2015 de la France, il semblerait bien qu’en l’état actuel, elle ne le juge pas acceptable,
trop de de déficits, pas assez d’économies, pas assez de recettes, Bruxelles
veut que la France trouve les moyens de faire 8 milliards d’euros d’économies
supplémentaires, , ou éventuellement trouve 8 milliards de recettes supplémentaires,
est-ce que ce que ce scénario serait grave selon vous ?
CJ : Oui, ce qui est en cause ce n’est pas la Commission, mais c’est
le Gouvernement, la manière dont ce budget a été monté sur des prévisions
toutes hypothétiques, c’était dénoncé par le Haut Conseil aux finances publiques,
et on voit bien ce qui s’est passé depuis le mois d’avril dernier, c’est pas vieux, .., lorsque Manuel Vals prend ses
fonctions il s’engage à tenir les déficits à peu près à 3 ½ % pour l’année, on
s’aperçoit qu’aujourd’hui on va vraisemblablement finir l’année à 4,4 % de
déficit, mais surtout après avril, là il y a un mois lorsque Manuel Vals, pour la 2me fois, fait
un discours de politique générale, il est obligé d’aller acheter les voix de
gauche au PS, les voix des frondeurs, et donc il ouvre les vannes des déficits,
et quand on ouvre les vannes des déficits et bien c’est les impôts .., ce sont
les impôts de demain.
Aujourd’hui on est dans une situation qui en est là, c’est-à-dire qu’à la fois les déficits
explosent et en même temps les impôts explosent, on ne réduit pas les dépenses
publiques et donc effectivement il y a de forts risques d’être sanctionné par
la Commission.
FR : Pourtant Michel Sapin, le Ministre des Finances, affirme qu’il
n’y aura en 2015 ni impôts nouveaux, ni économies nouvelles…
CJ : Oui, sauf qu’aujourd’hui les baisses de dépenses publiques qu’ils
ont annoncées ne sont pas au rendez-vous, on se fiche vraiment du monde, quand
Monsieur Sapin a le toupet de dire que les dépenses publiques baissent, mais c’est
« se fiche du monde », vous savez ce qui se passe ? .. Les dépenses
publiques mécaniquement devraient augmenter de 23 milliards d’euros, cette
augmentation va être réduite, , c’est-à-dire qu’on aura une moindre
augmentation des dépenses, c’est comme,-pour prendre un exemple-, c’est comme
dans le budget d’un ménage, vous avez 2.000 euros de dépenses mensuelles, il
faut réduire vos dépenses mensuelles, très bien, les gens viennent vous revoir
8 jours après en disant, bravo on a réduit nos dépenses mensuelles, on avait
2.000 euros de dépenses, maintenant on est à 2.002 euros, donc on a bien
réduit, .. c’est ce que dit Monsieur Sapin, c’est-à-dire qu’on est sur une
moindre augmentation des dépenses publiques , qu’il nous présente comme une baisse des dépenses, mais baisser
les dépenses c’est quand on est à 2.000
euros, eh bien on est à 1.800 ou à 1.900, là on baisse, c’est pas ce qu’il
fait.
FR : dans ce contexte Pierre Moscovici qui est pressenti pour être
Commissaire européen aux affaires économiques, a été contraint de passer un
écrit de rattrapage après un oral que pourtant certains ont jugé pas trop mal
réussi, c’est quoi , vexant, inquiétant, humiliant pour la France ?
CJ : oui, c’est un peu peu
tut ça, d’abord c’est un mauvais choix d’avoir choisi Pierre Moscovici, je
pense que c’était vraiment pas le mieux placé pour être choisi comme
Commissaire européen, le Président de la République s’est entêté dans ce choix
là aussi, pour des raisons non pas de compétences, mais d’équilibre au sein du
PS et de son Gouvernement, donc mauvais choix d’avoir retenu Pierre Moscovici
pour être Commissaire européen, et d’ailleurs ont voit bien qu’il est en fait « demi
commissaire » , s’il va au bout et s’il est maintenu dans ses fonctions,
il est sous tutelle, donc c’est pas vraiment un commissaire en tant que tel ,
et l’audition au Parlement européen c’est sérieux , c’est compliqué, et quand
on connait Monsieur Moscovici, vraisemblablement à quelques maladresses qu’il a pu faire,
son audition devant le Parlement
européen s’est en effectivement très mal passée, alors on va voir comment les
choses vont évoluer dans les jours qui viennent , avec cette sorte
effectivement de rattrapage.
Mais il faut bien comprendre la difficulté en face de laquelle.., à
laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui, c’est d’avoir des impôts qui
continuent à augmenter puisque les prélèvements obligatoires ne diminuent pas,
les dépenses publiques ne baissent pas, aucune réforme de structure.., aucune
réforme de structure, parce que le
Président de la République est incapable de les porter, il n’y a plus de
majorité au sein même du PS, le groupe PS est divisé, et effectivement tout
part à vau-l’eau en ce moment.
FR : Le quotidien Le Monde daté d’aujourd’hui évoque une nouvelle
affaire qui pourrait inquiéter Nicolas Sarkozy, une vente d’hélicoptères au Kazakhstan
en 2010, qui aurait pu donner lieu à des
rétro-commissions, une enquête est ouverte depuis 2012, est-ce que vous pensez,
comme Nicolas Sarkozy le suggère parfois lui-même, qu’il soit victime d’une
forme d’acharnement judiciaire ?
CJ : écoutez, ça fait beaucoup quand même, c’est-à-dire que chaque
jour, bon quand ce n’est pas Le Monde, c’est
Médiapart ou un autre organe de presse, ce qui est vraiment choquant dans tout
cela, c’est qu’à chaque fois on soulève une hypothétique affaire, ça fait des
pages et des pages dans des journaux, des heures et des heures d’antennes, mais lorsque , - ce qui est vrai pour Nicolas
Sarkozy est vrai pour beaucoup d’autres personnalités-, mais lorsqu’il sort
blanchi de l’affaire, ça passe en 30
secondes sur les antennes et fait 3 lignes au bas des pages des journaux, mais
on alimente tout cela , alors moi je n’ai, bien entendu , aucun élément pour juger ou
pour répondre, affaire ou pas affaire,
je n’en sais rien, mais je trouve objectivement que cela fait beaucoup, et que
depuis qu’il a décidé de revenir ç la tête de l’UMP, on sent quand même une
certaine accélération pour aller le chercher sur ce point.
FR : sur Bygmalion.., l’affaire Bygmalion vous avez l’impression
que l’étau se resserre un peu autour de Nicolas Sarkozy avec les déclarations
de Bastien Millot, codirigeant de
Bygmalion , qui considère qu’il est difficile de supposer que Nicolas Sarkozy n’ait
rien su ?
CJ : écoutez, je suis très prudent sur cela, laissons avant la
justice .., vous savez les comptes rendus des auditions qui sont le lendemain
dans la presse, les interviewes de tel ou tel, il faut avoir beaucoup de
sérénité, de recul, laissons travailler la justice, et il sera temps de voir
lorsque l’affaire sera jugée, pour le moment on est loin d’en être là, et c’est
cela qu’il faut attendre avec sérénité.
FR : Depuis le retour de Nicolas Sarkozy le débat sur le mariage
pour tous, la PMA, procréation médicalement assisté, la GPA , la gestation pour
autrui, agite largement l’ UMP, et au-delà la classe politique, mais
enfin l’UMP en particulier, est-ce que c’est vraiment utile ?
CJ : Ben, ce qui est invraisemblable à comprendre depuis le début,
pendant tous les débats sur le mariage pour tous, on a, quand je dis « on «
c’est le groupe UMP, on a dénoncé que derrière cela il y avait un sujet ..,
nous avions fait avant cela une
proposition alternative que je continue à défendre, qui est celle de l’Union
civile, qui permettait de donner les mêmes droits aux couples homosexuels qu’aux
couples hétérosexuels mariés, à la seule différence c’est qu’il n’y avait pas
le sujet de la filiation, et je pense pour moi qu’il faudra revenir là-dessus..
FR : donc il faudrait annuler le mariage (ndlr : pour tous)
et en venir à l’Union civile .. ?
CJ : c’est pas annuler, c’est simplement ..
FR : c’est ..
CJ ..dans le texte, c’est remplacer « mariage » par « union
civile » et à ce moment-là on règle tous les problèmes, parce que le débat
sur la filiation est quand même très
fort aujourd’hui. Nous avons dénoncé les
risques sur la GPA et là , la main sur le cœur, tout le monde nous a dit «
mais absolument pas, il n’y a aucun risque de GPA, le groupe UMP part dans des
délires pas possibles.. », mais on voit bien aujourd’hui la réalité des
choses, quand Mme. Taubira reconnait les GPA pratiquées à l’étranger, ça veut
dire qu’il y a 2 catégories de femmes ..,
ceux qui ont la possibilité et les moyens financiers .., 2 catégories de couples, pardon .., ceux qui ont les moyens
financiers de bénéficier d’une GPA à l’étranger, c’est-à-dire de trouver un
mère porteuse, pour eux pas de problèmes puisque leur enfant pourra même avoir
la nationalité française, en revanche ceux qui n’ont pas les moyens , eh bien c’est
tant pis pour eux !
Il faut être très clair sur la GPA, ce que n’a jamais été le
Gouvernement, et on voit bien que Monsieur Vals a reviré 2 ou 3 fois de
position, là sous la pression de la rue,
il a changé de position en disant qu’il était opposé à la GPA, alors qu’il y a
quelques semaines.., quelques mois il y était plutôt favorable.
FR : Merci Christian Jacob, bonne journée.
CJ : Merci à vous.
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