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07 février 2016

Assemblée Nationale : Séances du Vendredi 5 février 2016 -Discussion d'un projet de loi constitutionnelle - Etat d'urgence - Déchéance de Nationalité - ( information - comptes rendus )

Éditorial de lucienne magalie pons


Depuis le Vendredi 05 février 2016 la Discussion d’un Projet de loi constitutionnelle est  à l’ordre du jour des séances de l’Assemblée Nationale.

Rappelons  en résumé que ce  projet de loi avait été annoncé par le Président de la République lors du congrès réuni à Versailles le 16 novembre 2015, deux jours après les attentats ayant frappé la France et tué 130 personnes. Il comprend deux articles relatifs, d'une part, à l'état d'urgence et, d'autre part, à la déchéance de nationalité

Vendredi se sont tenues les deux premières séances  et la prochaine se tiendra le Lundi 8 février  lundi 8 février, à seize heures   avec pour ordre du jour la « Suite de la discussion du projet de loi constitutionnelle de protection de la Nation »  

Au cours de la première séance une  Motion de  rejet préalable présentée par Madame Cécile Duflot a été rejetée , et ensuite une Motion de renvoi en commission présentée par Monsieur Noël Mamère a aussi été rejetée.

Vous pouvez suivre ces deux séances  en cliquant sur les liens ci-dessous à votre convenance

Première séance du vendredi 05 février 2016

SOMMAIRE
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Deuxième séance du vendredi 05 février 2016
SOMMAIRE

 VIDEOS DES SEANCES

-  pour accéder directement aux vidéos cliquer sur le carré  blanc à gauche pour la 1ère séance, et sur le carré blanc à droit pour la 2me séance 



Nous terminons  ci- dessous par un court résumé des séances pour donner un bref aperçu des interventions 

Au cours de la première séance, sous la présidence  de Monsieur Claude Bartolone , le Premier Ministre Michel Valls   a introduit et  présenté  assez longuement le projet de loi.

A  la suite la parole a été donnée à Monsieur Dominique Raimbourg, rapporteur et président de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République qui a présenté et commenté le projet de loi constitutionnelle assez longuement aussi, après ces deux interventions à fortes connotations politiques qui présentaient le projet sous un jour favorable, la séance est entrée dans le « vif du sujet ».  

 Mme Cécile Duflot a présenté  une motion de rejet préalable déposée en application de l’article 91, alinéa 5, du règlement,  en commençant par ces mots : «   nous vivons des heures lourdes, l’un de ces moments où chacun, chacune, doit personnellement porter sa part de vérité pour assumer ses responsabilités. Alors, je pèse mes mots. Et pour énoncer en une phrase ce que je pense du sujet qui nous occupe, j’emprunte les mots, souvent cités, de Montesquieu : « Les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires ». Elle a  ensuite développée  très longuement son intervention  en  expliquant  sa demande de rejet.

La parole a été donnée  ensuite par le Président de l’Assemblée au Premier Ministre.

Celui-ci a répondu à Cécile Duflot en  reprenant et renforçant des arguments qu’il avait déjà  développés  dans sa présentation,  Madame Cécile Duflot  à un certain moment a pu glisser : « Ce n’est pas la question, monsieur le Premier ministre ! » ,  le Premier Ministre  a continué sur sa lancée, puis a terminé en ajoutant « Je vous ai écoutée attentivement, madame Duflot. Comme l’a dit très justement Dominique Raimbourg voilà quelques instants, la réponse doit être juste et forte. Elle doit être forte et juste. La Nation, la République, la France, dans ces moments - là, doivent se rassembler autour de ces principes : la force, pour combattre le terrorisme, pour gagner cette guerre, et la justice, parce que c’est au nom de l’État de droit, de la démocratie et de nos valeurs que nous gagnerons cette guerre. Tel est l’engagement du Gouvernement. »

Après cette réponse du Premier Ministre, sont intervenus les  explications de vote sur la motion de rejet préalable ».

Des  députés se sont alors succédés pour expliquer la position de leurs groupe respectif certains annonçant qu’ils  ne voteraient pas la Motion de rejet, d’autres qu’ils la voteraient et finalement lPrésident a déclaré « Je mets aux voix la motion de rejet préalable »

Il a été procédé au Scrutin …
Voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants
146
Nombre de suffrages exprimés
143
Majorité absolue
72
Pour l’adoption
23
contre
120
 (La motion de rejet préalable n’est pas adoptée)

 La séance s’est poursuivie  par une Motion de renvoi en Commission   déposée en application de l’article 91, alinéa 6, du règlement, présentée  par Noël Mamère.

Noël Mamère a présenté  d’une façon très précise  et développée sa Motion de Renvoie en Commission du projet de loi de constitutionnalisation de l’état d’urgence et de la déchéance de nationalité,   en se fondant  sur plusieurs motifs juridiques et politiques , 10 motifs en tout,  qu’il a énoncés point par point   dans son intervention très explicite et documentée …, il  a terminé ainsi : « . Pourtant, si nous n’agissons pas pour protéger la démocratie, nous savons que la démocratie ne pourra pas nous protéger. Pour toutes ces raisons, au nom du droit et de la morale, je vous propose d’adopter la présente demande de renvoi en commission.

 Pour répondre à Noël Mamère, le Président a donné d’abord la parole à Jean-Jacques Urvoas, garde des sceaux, Ministre de la Justice,  et ensuite au Premier Ministre Manuel Valls, lesquels on répondu en contrecarrant les arguments de Noël Mamère , en se repliant sur des éléments de droits et de forme ,  et sur le texte du gouvernement qui « sert de base à la discussion ».

Pour   Jean-Jacques Urvoas «  le renvoi en commission n’aurait d’autre conséquence que de faire perdre du temps », il a aussi été assez prétentieux en  affirmant  «Je comprends donc que la motion de Noël Mamère lui offrait l’occasion d’une expression politique – c’est bien là son droit. » en critiquant ensuite « la démonstration »  de Noël Mamère en faisant valoir l’inverse d’une façon cinglante, qui n’était pas justifiée …
Le  Président de l’Assemblée a ensuite donné la parole au Premier Ministre Manuel Valls, ce dernier, a été  accueilli,  pour ainsi dire, par une réflexion de Noël  Mamère  qui a lancé :  Allez-y, je ne comprends rien, ni à la gauche ni à la France !

Cette réflexion a irrité le Premier Ministre qui a riposté : «  Monsieur Mamère, si vous voulez intervenir à ma place, n’hésitez pas ! Vous défendez une motion de procédure et vous souhaitez y répondre : voilà sans doute votre vision pleine et entière du débat démocratique. Il y a tellement d’excès, tellement d’insultes dans vos propos que cela ne sert à rien d’y répondre, à moins de le faire de manière aussi cinglante et précise que Jean-Jacques Urvoas »…………… « Depuis les attentats de janvier 2015, j’essaie, sans y parvenir à chaque fois – il faut être modeste devant cet objectif – de faire en sorte que le débat public soit à la hauteur, que nous échangions des arguments fondés. Il est normal que des désaccords existent, mais les comparaisons auxquelles vous vous livrez sont suffisamment insupportables pour que l’on n’y réponde pas. …….. »

Le Premier Ministre a cependant répondu  longuement, mais d’une façon très désagréable pour terminer enfin  en disant  « Monsieur Mamère, j’ai déjà eu l’occasion de vous dire que nous n’avions plus grand-chose à faire ensemble. Vous le démontrez, et j’en suis heureux. …… Sur ces sujets-là, vos ambiguïtés sont suffisamment importantes pour que je l’affirme une nouvelle fois : nous n’avons pas la même conception de la France.

ndlr : ce qui n'était pas du tout révérencieux ...

Ont suivies les explications de vote sur la motion de renvoi en commission, et après que les représentants de groupes se soient exprimés, le Président à mis aux voix  la motion de renvoi en commission.
Il a été procédé au scrutin

 voici le résultat du scrutin :
Nombre de votants       137
Nombre de suffrages exprimés               130
Majorité absolue            66
Pour l’adoption                14
contre  116
(La motion de renvoi en commission n’est pas adoptée.)

La séance après ces deux rejets successifs s’est poursuivie par la discussion générale où sont intervenus huit députés


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La 2me séance a été très révélatrice  d’une diversité d’opinions émises dans leurs interventions  par les députés qui sont très partagés  sur l’interprétation des articles du  projet, certains formulent mêmes des  réserves et des propositions au-delà de leur accord  de principe ou de leur désaccord sur la révision constitutionnelle projetée, nous ne pouvons pas tout résumer, mais pour donner un aperçu de la discussion  générale nous reproduisons l’intervention de la Députée  Marion Maréchal Le Pen, et plus bas , l’intervention de Monsieur Gilbert Collard dans la discussion des articles :
    
 Copié/collé :

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M. le président. La parole est à Mme Marion Maréchal-Le Pen.
Mme Marion Maréchal-Le Pen. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, chers collègues, que de temps perdu, une fois de plus, à cause de grosses ficelles politiciennes alors qu’il serait grand temps de prendre enfin les décisions réclamées à cor et à cri par les Français : je pense notamment au rétablissement de nos frontières nationales, maintes fois promis, encore d’ailleurs le même jour que cette réforme constitutionnelle, suite aux événements du 13 novembre, mais qui n’a jamais été effectif.


Au lieu de cela, nous voici réunis parce que le Président de la République et son chef de Gouvernement ont décidé de gribouiller à la va-vite notre texte fondamental. Dans quels objectifs ? J’imagine pour tenter de rassurer nos concitoyens, légitimement inquiets de se voir dirigés par un gouvernement sous tutelle d’une Union européenne passoire où les flux migratoires ont atteint des records en 2015 ; et j’imagine aussi pour apaiser son aile gauche dogmatique en lui accordant quelques gages votés à la va-vite – une fois de plus – en commission.

Cette réforme constitutionnelle n’est qu’une perte de temps alors qu’il y aurait urgence à agir avec force et efficacité face à la menace terroriste grandissante. Pendant que le débat politique s’épuise depuis des semaines autour de ce texte, nous ne parlons plus de la suspension nécessaire de l’espace Schengen, nous ne parlons plus de la mise en place d’un consistoire pour les Français musulmans, nous ne parlons plus de la fermeture des mosquées salafistes officielles et officieuses, plus d’une centaine identifiées dans notre pays et dont une dizaine à peine ont été fermées… de façon temporaire. Nous ne parlons plus de la lutte contre le trafic d’armes par lequel se fournissent les terroristes sur fond de libre circulation des biens et des personnes.

Le comble est que votre réforme, présentée comme un moyen d’élargir le périmètre de la déchéance de nationalité aura, au contraire, pour conséquence directe la restriction du droit existant en la matière. En plus, il suffit d’observer la législation en vigueur pour en déduire que cette réforme est parfaitement inutile, ce qui semble avoir échappé au Gouvernement et à la majorité : oui, le code civil permet déjà de déchoir de leur nationalité des binationaux nés français.

M. Jacques Myard. C’est exact !
Mme Marion Maréchal-Le Pen. Il s’agit des articles 27 et 23-8 relatifs à la perte de nationalité, de l’article 25-1 et de l’article 25 qui prévoit la déchéance pour les individus qui se sont livrés « au profit d’un État étranger à des actes incompatibles avec la qualité de Français et préjudiciables aux intérêts de la France ». Il aurait donc suffi d’une simple réforme législative pour en élargir l’application à certains autres cas de crime et délit.
M. Pascal Popelin. Lisez l’avis du Conseil d’État !
Mme Marion Maréchal-Le Pen. Or, la rédaction de votre article 2 rendra inconstitutionnelles les articles susmentionnés car ils permettent une déchéance sans condamnation alors que celle-ci deviendra dorénavant un préalable obligatoire pour un privé un Français de sa nationalité.
M. Pierre Lellouche. C’est exact !
Mme Marion Maréchal-Le Pen. Par ailleurs, votre objectif, dans le projet de loi à venir, est de réduire la déchéance à une peine complémentaire prononcée par le juge – qui pourra d’ailleurs se contenter de la seule privation des droits civiques. Une façon pour le Gouvernement de se laver de toute responsabilité en écartant la déchéance par décret. Quel manque de courage ! Un courage qui n’a d’ailleurs jamais été prouvé au regard des cinq déchéances prononcées depuis quatre ans, un nombre dérisoire, mais moins dérisoire, il est vrai, que celui des déchéances prononcées sous Nicolas Sarkozy.


Cette réforme aurait pu être nécessaire si elle avait eu pour objectif bien défini de contourner la jurisprudence du Conseil constitutionnel en permettant la suppression des contraintes temporelles à la déchéance – je pense à la condition de commission du crime dans les quinze années suivant l’acquisition de la nationalité. Cela aurait été une mesure de bon sens et même d’équité alors qu’il n’y a pas de contrainte temporelle exigée entre le fait reproché et la perte de nationalité pour les Français nés français.

Ce débat ne peut pas éluder les entraves que pose aujourd’hui le droit européen dans la lutte contre le terrorisme. Une jurisprudence constante de la Cour européenne des droits de l’homme, dont personne n’a parlé jusqu’ici,…

M. Pierre Lellouche. Si, moi !
Mme Marion Maréchal-Le Pen. …sanctionne l’expulsion des personnes déchues de leur nationalité au motif qu’elles pourraient subir des traitements inhumains ou dégradants dans leur pays d’origine. C’est pourquoi certains terroristes ont pu échapper à leur expulsion, tel le terroriste franco-algérien Djamel Beghal, caché au fin fond du Cantal et qui a ainsi pu apporter en son temps son aide aux frères Kouachi. Que compte faire le Gouvernement face à cette jurisprudence qui vide la déchéance de son utilité en empêchant l’expulsion ? Comptez-vous refuser de l’appliquer, monsieur le Premier ministre ? Permettez-moi d’en douter alors que cela fait bien longtemps déjà que le gouvernement français est incapable de faire valoir ses intérêts face aux instances européennes.

Si nous en sommes venus à voir de telles atrocités perpétrées sur notre sol et si nous débattons aujourd’hui de notre Constitution, c’est bien parce que quarante ans de déconstruction de notre code de la nationalité ont contribué à fabriquer des Français déconnectés de notre histoire, de nos valeurs, de notre identité : l’acquisition de la nationalité française n’est plus subordonnée à la renonciation de la nationalité étrangère, et puis il y a l’acquisition via le droit du sol, les naturalisations à tout va,…
M. Bernard Roman. C’est incroyable de dire ça !
Mme Marion Maréchal-Le Pen. …un communautarisme exacerbé que favorise l’immigration de masse.

C’est pourquoi, au vu de tout cela, monsieur le Premier ministre, nous ne voterons pas cette réforme constitutionnelle
_______________________________/
De nombreux députés  sont intervenus pour participer à la discussion  générale, à la suite de ce chapitre  s’est ouverte la discussion des articles, c’est Gilbert Collard qui a été appelé le premier à la parole par le Président.
Voici ci-dessous son intervention :  
Copié/collé :
Discussion des articles
M. le président. J’appelle maintenant les articles du projet de loi constitutionnelle.
Article 1er
M. le président. Un certain nombre d’orateurs sont inscrits sur l’article 1er.


Je rappelle que chacun dispose d’un temps de parole de deux minutes.

La parole est à M. Gilbert Collard, premier inscrit.

M. Gilbert Collard. Monsieur le Premier ministre, chers collègues, tous les discours du monde n’arriveront pas à transformer l’inutilité en utilité.


Cet article 1er, qui veut constitutionnaliser l’état d’urgence, est inutile. On sait, depuis le 25 janvier 1985, que l’état d’urgence est conforme à la Constitution. Alors pourquoi vouloir absolument le faire entrer dans la Constitution ?

Je pense personnellement, mais je ne veux pas être désagréable, que ce que vous faites s’apparente à du vent, du vent constitutionnel, du vent juridique. La Constitution n’est pas un objet qu’on fait entrer dans une boîte à outils, fut-elle présidentielle. Il en ressort quelque chose de l’ordre de la désacralisation dès lors qu’on se sert de la Constitution comme d’un instrument politique.

J’ai peur, après que l’on a constaté le départ de Mme Taubira, les atermoiements dont vous avez fait preuve, les hésitations, que vous cherchiez à couvrir votre nullité politique, désormais un peu burlesque, du noble vêtement de la Constitution.

C’est dommage. Nous n’avons pas besoin de constitutionnaliser ce qui n’a pas à l’être. Le faire, c’est donner l’impression qu’on utilise les instruments juridiques suprêmes de notre pays pour des accommodements politiques.

Tout le monde sait, les juristes l’ont dit et répété, que l’état d’urgence est constitutionnel. Il n’y avait donc pas lieu de recourir à ce qui constitue l’article 1er.



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