Pour Information :
Déplacement à New York à l’occasion de la 69ème Assemblée générale de l'organisation des Nations Unies
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs les Chefs de délégations,
Vous comprendrez qu’aujourd’hui je m’exprime devant vous avec une émotion particulière, puisque l’un de mes compatriotes vient d’être lâchement assassiné en Algérie par un groupe terroriste lié à « Daech ». Il s’appelait Hervé Gourdel, c’était un homme plein d’enthousiasme qui aimait la montagne et qui pensait pouvoir se livrer à sa passion en allant dans le Djudjura, en Algérie. Il a été capturé et il a été décapité. Voilà ce que le terrorisme fait. Il ne le fait pas qu’à la France. Il y a encore quelques jours, c’étaient les Américains, Anglais, qui étaient touchés par la même barbarie.
Ces groupes, et ce groupe-là, « Daech », ne frappe pas simplement ceux qui ne pensent pas comme lui. Ils frappent des musulmans, ils frappent des populations civiles, ils frappent des minorités. Ils violent, ils tuent. Voilà pourquoi, le combat que la communauté internationale doit mener contre le terrorisme ne connait pas de frontières. Et c’est le même drapeau qui doit être porté, celui des Nations Unies, celui des valeurs pour lesquelles cette organisation a été fondée : la dignité humaine, la liberté, le regard que nous devons avoir sur le monde de demain, un monde de justice.
La France est pleinement engagée dans ce combat-là. Elle l'a été en Afrique quand elle a été appelée au Mali ; elle a été rejointe heureusement par beaucoup de pays africains, européens, maintenant les Nations Unies. La France est engagée chaque fois qu'il y a un risque. Mais aujourd'hui, c'est en Irak et en Syrie que cette menace existe. Elle ne concerne pas que cette région, puisque le groupe « Daech » a décidé non seulement de conquérir des territoires, imaginant fonder un Etat. Mais ce groupe menace l'ensemble du monde, en provoquant des attentats, en organisant des enlèvements, en recrutant des combattants venus de tout le monde pour les former, pour leur montrer la barbarie dont ce groupe est capable afin qu'ils le reproduisent, ce sinistre mouvement du terrorisme dans nos propres pays.
C'est parce que cette menace existe non seulement pour la région mais pour le monde que la France a entendu répondre à l'appel des autorités irakiennes pour que nous puissions leur prodiguer d'abord une aide militaire à travers la fourniture d'armes, c'était au mois d'août dernier, mais aussi à travers un appui maintenant aérien pour éviter que le groupe « Daech » continue, puisse continuer, sa progression.
Nous voulons l'affaiblir. Nous voulons le réduire, mais nous savons aussi que tant qu’il n’y aura pas un règlement de la crise syrienne tous nos efforts risquent d’être réduits, d’où l’enjeu non pas simplement de faire qu’il y ait une action contre le groupe « Daech » mais aussi une solution politique. Nous nous soutenons, la France, l’opposition syrienne, l’opposition démocratique. Nous la considérons comme la seule représentante légitime du peuple syrien. Et là-dessus, nous ne transigeons pas et nous ne faisons aucun compromis parce qu’il y aurait menace. Le régime de Bachar Al-Assad mérite tout autant d’être condamné car il est complice de ce qui s’est produit en Syrie depuis trois ans, 200 000 morts et combien de personnes déplacées.
Mesdames et Messieurs,
La France vit une épreuve à travers la mort, l’assassinat d’un de nos compatriotes, mais la France ne cède jamais devant le chantage, devant la pression, devant les actes barbares.
Au contraire, la France sait qu’elle est attendue, la France sait qu’elle porte des valeurs, la France sait qu’elle a un rôle à jouer et elle n’y renoncera jamais et la lutte contre le terrorisme va être poursuivie, amplifiée autant qu’il sera nécessaire, dans le respect du droit, dans le respect aussi de ce qu’est la souveraineté des Etats car nous ne nous trompons pas lorsque nous agissons, nous le faisons toujours dans le respect des principes des Nations Unies.
Je voulais vous parler aussi d’autres régions du monde qui connaissent également des menaces pour notre propre sécurité. Je voulais parler de l’épidémie Ebola, parce que je sais combien elle touche nos amis africains. Mais là encore, regardons au-delà même de ceux qui sont touchés.
Qui peut imaginer que l’épidémie restera confinée dans quelques pays si nous n’intervenons pas ? Là aussi, la menace est globale. Là encore, la réponse doit être globale. Et donc la France, l’Europe, le monde doivent apporter aux pays qui sont touchés par cette épidémie, à la fois les soins nécessaires, la protection indispensable, l’aide économique qui est attendue. Parce que là aussi, s’il y a la moindre faiblesse, le moindre manquement à la solidarité, ce seront tous nos pays qui seront touchés.
Mesdames et Messieurs,
J’étais venu aussi devant vous pour vous parler de ce qui se passe en Europe, à côté de l’Europe, de ce qui s’est produit en Ukraine, avec des manquements là aussi à des principes du droit international. Mais l’enjeu aujourd’hui, même en Europe, c’est la paix et de faire en sorte que le cessez-le-feu qui est intervenu puisse se transformer en un règlement durable de ce conflit. Aucun continent n’est épargné, par aucune menace. Tout est fragile, tout est précaire, tout est vulnérable. A nous d’avoir la même conscience des risques, des dangers, des périls qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. A nous de penser qu’il n’y a pas simplement à faire un devoir de mémoire mais un devoir d’avenir. A savoir quel monde nous voulons.
Le monde que nous voulons, et c’est le dernier point que je veux ici évoquer, doit être celui d’un changement climatique. Parce que le désordre actuel, là aussi, menace non seulement notre génération mais bien sûr celle qui nous suivra, menace notre propre sécurité, car il y a aujourd’hui plus de déplacés à cause du dérèglement climatique qu’à cause des guerres qui sont pourtant, hélas, tellement intenses, tellement meurtrières sur notre planète.
La France a pris là aussi ses responsabilités. Elle a décidé d’organiser la conférence sur le climat en décembre 2015. Je me félicite qu’ici même, grâce au Secrétaire général BAN Ki-moon, il y ait eu ce sommet qui a permis de mobiliser les consciences, les Etats, les institutions financières, les entreprises, la société civile, de nombreuses manifestations ont eu lieu. Parce que nous devons réussir la conférence de Paris, non pas parce que c’est à Paris mais parce que c’est le rendez-vous qu’a le monde avec lui-même. Il y a des instants, des périodes dans l’histoire où nous pouvons décider, décider non pas simplement pour nous-mêmes, mais décider pour l’humanité. Ce moment-là est venu. A Paris, nous devons tout faire pour qu’il puisse y avoir un accord global, un accord qui puisse être contraignant, qui puisse être différencié selon les niveaux de développement, qu’il puisse y avoir ce fonds vert auquel la France a consacré un milliard de dollars pour les prochaines années. Je souhaite que d’autres pays nous suivent parce que nous avons besoin de ce fonds vert pour permettre à des pays qui n’ont pas le niveau de développement de pouvoir assurer leur croissance et en même temps la transition énergétique.
Mesdames et Messieurs,
C’est un moment triste que je vis aujourd’hui au nom de la France, que les Français éprouvent mais c’est un moment aussi de sursaut et de responsabilité. Pour le monde, pour la planète, nous devons lutter contre le terrorisme. Nous devons agir pour la paix. Nous devons réduire les inégalités. Nous devons faire aussi notre devoir par rapport aux générations futures, faire que Paris soit un succès pour le climat et faire que les Nations unies puissent être toujours fidèles au mandat qui leur a été donné au lendemain d’une guerre, une guerre terrible. Mais nous sommes encore devant des défis. Nous sommes sûrs de les relever si nous sommes unis pour nous rassembler et ainsi emporter cette victoire.
Merci
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Mercredi 24 septembre, le président de la République, François Hollande, est intervenu au Conseil de sécurité des Nations unies afin d'appeler à une réponse commune face au terrorisme. Cette intervention s'inscrit dans un contexte particulièrement dramatique pour la France suite à l'exécution d'Hervé Gourdel, pris en otage en Algérie le 21 septembre.
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Le président de la République, François Hollande, a tenu un point de presse à l'issue de la 69e Assemblée générale des Nations unies, l'occasion de rappeler les engagements pris par la France sur l'ensemble des sujets abordés : le changement climatique, la lutte contre le terrorisme ou encore le virus Ebola.
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New York, mercredi 24 septembre 2014
Mesdames, Messieurs,
L’Assemblée générale des Nations unies
restera marquée, pour la France, par la tragédie de l’assassinat de
notre ressortissant Hervé Gourdel, qui a d’ailleurs été dénoncé à
l’instant par le Conseil de sécurité unanimement. Cet événement tragique
qui a suscité une émotion considérable partout dans le monde, mais
notamment en France. Cet événement tragique souligne s’il en était
besoin combien la lutte contre le terrorisme doit être menée à tous les
niveaux et partout. Partout où il sévit.
Si je veux revenir un instant sur cette tragédie, cet assassinat,
avec cette cruauté, c’est pour vous dire que je suis rentré à l’instant
en liaison avec le Premier ministre algérien qui m’a confirmé qu’il
continuerait à mobiliser toutes les forces possibles pour retrouver les
assassins, afin qu’ils puissent être châtiés, et le corps de notre
ressortissant, Hervé Gourdel. Nous le devons à sa famille, nous le
devons au peuple français qui a aussi marqué une solidarité, et aussi
une prise de conscience que le danger était réel et qu’on ne peut pas
détacher le terrorisme tel qu’il se produit dans des régions du monde :
l’Afrique de l’Ouest, la Libye, l’Irak, la Syrie, la Somalie, de ce qui
peut se produire en Europe et en France.
C’est la raison pour laquelle il était si important d’avoir une
résolution du Conseil de sécurité qui a été adoptée à l’unanimité, la
résolution 2178, sur les combattants étrangers. Ceux qui se rendent
notamment en Irak et en Syrie, pas seulement dans ces régions-là, et qui
sont entraînés à tous les sens du terme. Entraînés dans des filières
terroristes, entraînés pour mener un combat, y compris au péril de leur
vie, entraînés pour faire la guerre, y compris dans leur propre pays.
Cette résolution est très importante, parce qu’elle marque une
unanimité, pas seulement du Conseil de sécurité, mais de l’ensemble des
pays, parce que nous sommes tous concernés. Il y a ce qui relève de la
circulation des personnes, il y a ce qui doit être traité quant aux
sources de financement, il y a la lutte contre les réseaux Internet, les
sites qui propagent une idéologie de haine, il y a ce qui doit être
fait également pour lutter contre les filières organisées de trafic et
il y a une coordination qui doit s’opérer y compris sur le plan des
renseignements. Cela concerne, à travers cette résolution, tous les pays
qui voudront y adhérer, s'y engager. Au moment où je parle il y a plus
de 110 pays qui ont signé cette résolution qui de toute façon engage la
communauté internationale.
Cette Assemblée générale des Nations unies a été également très
importante sur le sujet de la lutte contre le terrorisme et contre
« Daech » en particulier, même si je ne veux pas dissiper ce qui se
produit en Libye et qui appelle une mobilisation de la communauté
internationale et j'ai d'ailleurs saisi à l'occasion de mon intervention
auprès du Secrétaire général des Nations unies le Conseil de sécurité
pour qu'il y ait une action qui puisse être engagée pour le
rétablissement de la sécurité, de l'ordre et de l'Etat en Libye.
Je ne veux pas non plus occulter ce qui se passe au Nigéria, car il y
a là aussi un mouvement qui a la même prétention, la même vocation que
« Daech » en Irak et en Syrie. C'est-à-dire que Boko Haram veut
contrôler une partie du territoire et se livre à des exactions. Je
n'oublie pas ce qui s'est passé avec les jeunes filles, avec les
enfants, avec des écoles qui ont été détruites, des élèves brûlés.
Donc ce mouvement contre le terrorisme a pris un accent particulier
en Irak et en Syrie. J'ai renouvelé auprès des autorités irakiennes et
auprès de la communauté internationale le soutien que nous apportons.
Soutien à travers des livraisons d'armes, nous l'avions déjà réalisé dès
le mois d'août. Soutien à travers une protection aérienne et j'aurai
l'occasion demain au conseil de défense de préciser les opérations. Sur
la Syrie, j'ai rencontré le chef de l'opposition syrienne, c'est-à-dire
pour ce qui concerne la France la seule représentation légitime du
peuple syrien, pour lui confirmer le soutien que nous lui apportons,
soutien sous toutes ces formes.
Enfin je veux souligner deux points importants qu'a traités
l'Assemblée générale. D'abord c'est Ebola, c'est une épidémie
considérable qui peut déstabiliser là aussi les Etats, provoquer des
guerres civiles si nous n'y prenons garde. Et surtout atteindre aussi
notre propre sécurité. On ne peut plus détacher, distinguer ce qui
relève de l'insécurité dans une partie du monde et ce qui relève aussi
de la vulnérabilité de l'ensemble de la planète. La France là aussi a
pris des engagements vis-à-vis de la Guinée, puisque nous y avons
installé un hôpital militaire et nous continuerons à mobiliser toute
l'aide possible pour que cette partie de l'Afrique puisse être sauvée
car il s'agit bien de cela.
Enfin, le dernier point, c'est la mobilisation qui s'est produite sur
le climat. La France y a une attention particulière puisque nous allons
recevoir en décembre 2015 la conférence qui va régler, enfin, la
question d'un accord global, contraignant et différencié. Ces
formules-là sont maintenant admises par l'ensemble des participants. Il y
aura d'ici Paris une réunion, d'abord de l'Union européenne à la fin du
mois d'octobre pour préciser les engagements des 28 ; il y aura aussi
la conférence COP20 à Lima ; et enfin Paris. Pour que Paris soit réussi,
pour que nous puissions avoir cet accord, il convient qu'il soit
préparé très en amont. Et ce qu'a fait le Secrétaire général des Nations
unies, hier, est de bon augure par rapport à ce que nous pouvons
attendre de la conférence de Paris - et notamment les interventions des
responsables américains et chinois vont dans le sens que nous
souhaitons. C'est très important qu'il y ait cette mobilisation parce
que c'est aussi une question de sécurité. Il y a la sécurité pour la
génération d'aujourd'hui, les générations d'aujourd'hui - et le
terrorisme est une menace, une menace qui frappe, hélas, nous le voyons -
mais aussi l'avenir de la planète c'est une question de sécurité pour
les générations futures.
Pour toutes ce raison, y compris avec ce que je viens de dire de
dramatique qui concerne la France mais qui ne concerne pas que la
France, car je n'oublie pas toutes les victimes du terrorisme, je n'en
distingue aucune, il n'y a aucune hiérarchie à établir, tous ceux qui
sont victimes, toutes celles qui sont victimes du terrorisme méritent le
même égard, la même considération, le même respect. Et là il y a eu un
acte qui était dirigé contre la France et la France saura réagir comme
il convient, c'est à dire selon ses valeurs, selon ses principes et
selon ses devoirs.
Je suis prêt à répondre à quelques questions.
[Journaliste :] Merci Monsieur le Président. Au nom de l'Association
des correspondants des Nations unies, soyez le bienvenu ici et merci
pour cette conférence de presse. Je suis Pamela Falk de CBS News.
Ma question porte sur la Syrie. Vous avez mentionné - et vous avez
beaucoup parlé - de la légalité des frappes sans le consentement du
gouvernement concerné. Pourquoi est-ce que la France est disposée à
aller mener des frappes aériennes en Irak et pas en Syrie, outre le fait
que l'on ne peut pas tout faire, bien sûr.
[Monsieur le Président :] Oui, comme vous dîtes, on ne peut pas tout
faire et il convient de bien faire. Et d'abord de répondre à une demande
qui nous a été adressée - qui m'a été adressée - par les nouvelles
autorités irakiennes quand je me suis rendu à Bagdad puis à Erbil. Il y a
eu cette sollicitation, directe, auprès de la France d'un appui aérien.
J’ai donc pris la décision d’assurer cette protection en liaison avec
les autorités irakiennes mais aussi avec nos alliés dans le cadre de la
coalition.
J’ai réuni le lundi qui a suivi mon déplacement à Bagdad la
conférence sur l’Irak. Car pour ce qui concerne la France, la priorité
doit d’abord être donnée à l’Irak. Il y a, vous avez raison de le
souligner, un groupe terroriste, Daech, qui s’étend au-delà de l’Irak et
qui d’ailleurs a trouvé une part de sa source en Syrie. Je ne reviens
pas sur ce que j’avais dit il y a un an sur la nécessité de mener une
action internationale contre le régime syrien qui avait utilisé des
armes chimiques. On voit bien ce qui s’est produit, cette alliance des
extrémistes, le régime de Bachar al-Assad et le groupe Daech, qui ont eu
le même objectif qui était de lutter contre les seuls autorités
légitimes, qui était l’opposition syrienne. Aujourd’hui ce sont les
Américains, et un certain nombre de pays du Golfe qui ont mené des
opérations, qui sont des opérations qui peuvent se révéler utiles. J’en
ai parlé avec le chef de l’opposition syrienne. Pour l’instant, en ce
qui concerne la France, ce sera à travers une aide direct à l’armée
syrienne libre et à l’opposition syrienne. Pourquoi ? Parce que les
bombardements sont nécessaires, la protection aérienne est
indispensable, mais ce sont les populations en Irak et en Syrie qui
doivent mener le combat. Ce sont elles qui vont reconquérir les
territoires qui ont été perdus au bénéfice de ce groupe terroriste.
Je rappelle donc que la France continuera ses opérations en Irak.
Q : Pour l’instant ?
Je pense que nous avons ce devoir d’être d’abord en Irak dans le cadre du partage des tâches qui a été organisé avec nos alliés.
Q : Ça pourrait changer ? Ça pourrait évoluer ?
Ça n’a pas besoin d’évoluer puisque que pour l’instant nous sommes qu’au début de l’opération.
Q : Si la France se limite à intervenir en Irak, est ce qu’elle
n’intervient pas en fait qu’à moitié ? Ne craignez-vous pas que la
France perde sur les deux tableaux, c’est-à-dire qu’elle apparaisse
comme un supplétif des Etats-Unis d’un côté, tout en restant une cible
privilégiée des terroristes de l’autre ?
Je ne comprends pas votre question. Si on était en Syrie, vous direz
que nous sommes des supplétifs puisque nous serions avec les Américains.
Nous intervenons en Irak. Nous avons décidé avec nos alliés et
souverainement. Nous le faisons parce que nous avons été appelés. Nous
sommes qu’au début de l’opération et nous avons pris des engagements que
peu de pays ont jugés nécessaire. La France a été le pays à livrer des
armes aux autorités irakiennes et au Kurdistan d’Irak. La France a été
le pays qui a fait le plus pour l’aide humanitaire en Irak compte tenu
de ce qui se passait, des minorités religieuses qui étaient persécutées,
les Chrétiens d’Irak. Souvenez-vous de ce qui s’est passé cet été. La
France a été la première aussi à reconnaitre l’opposition syrienne comme
la seule représentante du peuple syrien. La France a été la première à
soutenir l’armée libre syrienne.
Nous sommes à la fois une nation indépendante, souveraine, capable de
prendre nos responsabilités et de le faire dans une alliance. Nous
sommes, avec les autorités irakiennes, décidés à les aider à reconquérir
leur territoire. Au cas où vous l’oublieriez, il faut savoir que
Mossoul est toujours occupé, qu’une partie du territoire irakien est
toujours sous le contrôle de ce groupe Daech. A partir de là, des
opérations sont menées aussi par les Américains aussi bien en Irak qu’en
Syrie. Tout cela correspond à la lutte que nous devons avoir de manière
coordonnée avec des alliés qui ne se réduisent pas aux Américains
puisqu’il y a de nombreux pays de la région d’abord et aussi de
l’ensemble de la communauté internationale.
Enfin, je rappelle que j’ai rencontré hier le président Rouhani car
je considère que l’Iran doit, dans ce combat-là aussi, être un acteur.
Q : Vous avez dit hier dans votre déclaration que tout était fait
pour assurer la sécurité de la France et des Français face à la menace
terroriste. On apprenait quelques heures plus tard que trois prétendus
djihadistes étaient arrêtés à Orly, venant de Turquie alors qu’ils n’ont
jamais été arrêtés et que ces trois prétendues personnes dangereuses se
sont rendues d’elles-mêmes à la gendarmerie. Avez-vous exigé des
explications sur ce cafouillage ? Avez-vous exigé des explications aussi
à la Turquie ? Que pensez-vous du comportement de la police dans cette
affaire ?
Il y a une circulation des personnes par la Turquie pour se rendre
sur un certain nombre de sites, notamment en Syrie et en Irak. La
coopération avec la Turquie est absolument indispensable. Là, il y a eu à
l’évidence des manquements. Je m’en suis entretenu avec les autorités
turques. Et j’ai demandé au ministre de l’Intérieur de se rendre dans
peu de jours en Turquie pour que la coopération et les procédures soient
clarifiées.
Il n’est pas possible que des personnes qui justement sont suspectées
de s’être rendues sur des lieux où il y a des combats puissent être
renvoyées dans un avion sans aucun accompagnant et sans qu’il y ait
information préalable des autorités françaises.
Une enquête a également été diligentée par le ministre de l’Intérieur
pour savoir ce qui s’est passé à l’arrivée à Marseille et pourquoi ces
trois individus n’ont pas été appréhendés à ce moment-là.
Demain dans le Conseil de défense nous prendrons si c’est nécessaire
d’autres dispositions concernant la France. Mais la coopération avec la
Turquie à l’évidence doit être renforcée.
Q : Quel type de dispositions ?
Des dispositions qui permettent d’assurer à la fois le contrôle des
personnes puisque la législation n’est pas encore votée, vous savez que
le projet de loi n’a été voté que par l’Assemblée nationale. Nous avons
donc à prendre des mesures supplémentaires de contrôle dans le cadre de
la législation existante
Q : Vous en avez appelé aujourd’hui à l’union nationale, au
rassemblement, au-delà des clivages partisans. Le débat au Parlement
quelques instants auparavant l’avait souligné, puisque M. Fillon par
exemple est sur cette ligne, pensez-vous que ce consensus, cette union
nationale puisse durer, même si les opérations militaires devaient durer
très longtemps ou si d’autres otages, malheureusement été enlevés.
Pouvez-vous nous éclairer davantage sur ce qui sortira du Conseil de
défense de demain ?
Sur la deuxième question, attendons que le Conseil de défense soit
réuni. Je vous ai dit qu’à l’ordre du jour il y aurait à la fois ce que
nous avons à faire en Irak : les opérations militaires, et en même temps
ce que nous avons aussi à faire pour assurer la sécurité de nos
compatriotes, et en France, et à l’étranger. Je saisis cette occasion
pour rappeler les consignes de vigilance par rapport à certains
déplacements sur des zones qui sont jugées dangereuses. Sur votre
question sur l’unité nationale, elle a été rendue possible avant même
qu’il y ait l’assassinat de notre otage, lors du débat au Parlement cet
après-midi, et je veux saluer ce qui a été exprimé par l’ensemble des
familles politiques, en tout cas celles qui sont représentées au
Parlement. Chacun a bien compris qu’il y avait un intérêt supérieur, qui
est celui non seulement de la France en tant que telle parce que nous
forces sont engagées, mais aussi celui de la sécurité, la sécurité de
nos concitoyens, la sécurité collective au niveau du monde, non pas
simplement de cette région. L’unité nationale n’est pas demandée sur
d’autres sujets que ceux qui sont essentiels, ceux qui nous rassemblent
au-delà de nos différences, et dont je suis en tant que Président de la
République, le garant. Il y a des questions qui resteront
nécessairement de l’ordre du débat politique, et je fais confiance aux
différentes familles politiques pour exprimer ces positions. Mais là où
il y a nécessité de rassemblement, c’est justement pour ne pas laisser
les terroristes utiliser éventuellement les règles de la démocratie à
leur bénéfice. Et la meilleure façon de répondre à un acte aussi odieux,
à un crime aussi abject, c’est justement d’être capable d’avoir le
sursaut, celui de ce rassemblement et de cette unité. Mais je vais
ajouter un dernier mot. L’unité n’est pas simplement celle des forces
politiques, mais celle de la communauté nationale. Le risque est grand,
vous le connaissez : c’est celui de vouloir opposer les Français entre
eux, selon leur religion, selon leur conviction, selon leur quartier. Eh
bien non : là aussi les terroristes n’y parviendront pas. Je veux
saluer les réactions des autorités notamment qui représentent l’Islam de
France, mais aussi de toutes les religions, mais aussi de ceux qui
n’ont pas de religion, pour dire que non, il n’y aura pas
d’utilisation, d’instrumentalisation des religions dans ce débat qui est
celui de l’intérêt national. Tous les Français sont concernés, tous les
citoyens, tous les résidents, d’où qu’ils viennent, doivent avoir ces
règles-là à l’esprit Nous sommes unis, pas simplement au niveau des
forces politiques, nous sommes unis, tous les citoyens de France, pour
répondre au terrorisme.
Q : Face à la contagion de Daech dans la région, au Liban, qui est
une nouvelle arène pour la guerre aux « Infidèles » : est-ce que les
Chrétiens d’Orient, du Liban doivent quitter la région ?
Lorsque je me suis rendu en Irak, et notamment à Erbil, cette
question s’est posée. J’ai rencontré les représentants, justement, des
Chrétiens de l’Irak, qui étaient aussi très liés aux Chrétiens de Syrie
et aux Chrétiens du Liban, aux Chrétiens d’Orient. Ils m’ont tous dit
qu’ils voulaient rester, qu’ils voulaient retourner dans leur ville,
dans leur village. Pour certains qui ont de la famille en France nous
avons ouvert des procédures pour qu’il puisse y avoir un accueil. Mais
notre but c’est précisément que l’Orient reste ce qu’il a été,
c’est-à-dire un lieu de vie pour l’ensemble des cultes, pour l’ensemble
de ce qui a été la richesse culturelle de cette partie du monde, donc
nous faisons notre double devoir : un devoir, justement, d’action, pour
que les Chrétiens puissent retrouver leur lieu de vie, et aussi un
devoir d’accueil pour ceux qui auraient à venir, pas simplement des
Chrétiens d’ailleurs, mais aussi des Yazidis ou d’autres, qui auraient à
venir en France parce qu’ils y auraient des liens familiaux.
Q : Vous avez évoqué le Nigeria, et Boko Haram. Un porte-parole de
l’armée nigérienne a déclaré que le chef de Boko Haram avait été tué,
pouvez-vous confirmer ou infirmer cette information ?
Je ne peux pas confirmer cette information. Le Président Goodluck
était au Conseil de sécurité et il n’a pas donné cette information. Ça
ne veut pas dire qu’elle n’est pas vraie, mais en tout cas elle n’est
pas confirmée.
Q : Les autorités françaises avaient précisé que tous les moyens de
l’Etat étaient mis en œuvre pour essayer de libérer Hervé Gourdel, vous
avez bien compris le pessimisme des autorités, vous aviez dit qu’il n’y
aurait pas de négociations : qu’est-ce qui a été tenté, qu’est-ce que
les autorités algériennes nous ont dit, y a-t-il eu des contacts avec
les ravisseurs ?
Les autorités algériennes ont mobilisé des forces très importantes,
plus de 1500 soldats se sont rendus dans la zone. C’est une zone qui est
extrêmement boisée, qui est particulièrement difficile d’accès et où le
travail qui se poursuit de nettoyage, de vérification, de contrôle du
territoire est extrêmement délicat, il n’y a pas eu le temps nécessaire
pour retrouver Hervé Gourdel. C’est pourquoi il a été exécuté très
vite : parce que les terroristes savaient qu’ils étaient pourchassés. Ce
que les autorités algériennes m’ont confirmé c’est qu’elles allaient
continuer, et je leur ai demandé de le faire au nom de la France, pour
que les criminels soient châtiés et pour que le corps d’Hervé Gourdel
soit rendu à sa famille. J’ai eu la famille. C’est un moment extrêmement
lourd, extrêmement grave. Cette famille s’attendait au pire, et quand
le pire se produit… J’ai eu à donner une information qui avait été à un
moment évoquée, y compris dans la presse, c’est-à-dire que l’information
circulait, la famille ne savait pas encore, elle pouvait se douter,
mais j’ai été amené à confirmer cette information. Je vous demande sur
tous ces sujets, vous devez faire votre devoir, vous l’avez fait et
c’est la liberté de l’information, mais sachez qu’il y a toujours des
familles qui sont éprouvées. Alors c’est toujours un exercice délicat :
donner l’information, elle est là, les citoyens y ont droit, mais en
même temps, il faut pouvoir être le plus digne possible à l’égard de
familles éprouvées. J’ai donc appelé très vite la famille, pour lui
confirmer la réalité de cette information.
Merci.
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Mardi 23 septembre, le président de la République, François Hollande,
était présent au siège des Nations unies à New York pour participer au
Sommet sur le climat, point d'étape avant la COP 21 qui sera organisée à
Paris fin 2015.
En marge du Sommet sur le climat à New York, le président de la
République, François Hollande, a fait une déclaration sur la situation
d'Hervé Gourdel, alpiniste français pris en otage en Algérie.
.
New York, mercredi 24 septembre 2014
Notre compatriote Hervé GOURDEL a été assassiné par un groupe terroriste, lâchement, cruellement.
Je pense à lui. Il était parti en Algérie pour se livrer à sa
passion : la montagne. Il a été victime d’un crime odieux, dont les
auteurs devront être châtiés.
Je pense à sa famille, à sa compagne, à ses parents, auxquels j’ai
parlé et qui sont submergés par le chagrin. Je pense à ses proches qui
sont nombreux, qui ne comprennent pas et qui n’acceptent pas cette
terrible injustice. Pourquoi lui ? Pourquoi là-bas ?
Je pense à tous nos concitoyens qui sont saisis d’effroi, parce que
le but des terroristes, c’est justement d’effrayer, de faire peur.
Alors, dans ce moment, je veux rappeler des choses simples et fortes.
Hervé GOURDEL est mort parce qu’il était français, parce que son pays
la France combat le terrorisme. Hervé GOURDEL est mort parce qu’il est
le représentant d’un peuple, le nôtre, qui est épris de liberté et qui
défend la dignité humaine contre la barbarie.
Ma détermination est totale et cette agression ne fait que la
renforcer. Nous continuerons à lutter contre le terrorisme partout et
notamment contre le groupe qu’on appelle « Daech », qui répand la mort
en Irak, en Syrie, qui poursuit des populations civiles, persécute des
minorités religieuses, viole, décapite… Oui, c’est contre ce groupe que
la France s’est mobilisée et a été appelée par les autorités irakiennes.
Aussi les opérations militaires aériennes – il n’y a pas de troupes
au sol – les opérations militaires se poursuivront, tout le temps
nécessaire.
Je veux aussi que toutes les dispositions soient prises pour assurer
la sécurité de nos compatriotes en France et partout dans le monde. Je
renouvelle mes appels à la vigilance, mes consignes pour que nul ne soit
exposé à un risque qui est inutile dans cette période.
Je réunirai, dès demain, un Conseil de défense pour, à la fois, fixer
les buts que nous avons assignés à nos opérations militaires et
renforcer encore la protection de nos compatriotes.
Dans cette épreuve, l’unité est la meilleure réponse et c’est
pourquoi je me réjouis, hélas, dans cette période que le Parlement ait
pu démontrer son sens du rassemblement et de l’intérêt national.
Je lance un appel à la réunion de tous, au rassemblement de toute
notre communauté, au-delà de nos différences, au-delà de nos
sensibilités, de nos convictions, parce que c’est l’essentiel qui est en
jeu. La France ne cède pas au terrorisme, la France ne cèdera jamais au
terrorisme, parce que c’est son devoir et, bien plus, parce que c’est
son honneur.
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