Aujourd’hui Jeudi 17 Avril, Le Président de la Fédération de la Russie, Vladimir Poutine , répondait en émission
et en ligne directe aux questions des Russes, sur des sujets politiques et de société
russes, mais aussi sur l’actualité internationale . Pour la première fois les
habitants de la Crimée , rattachée depuis le 18 mars à la Russie, ont pris part
à l’émission
Le président russe a répondu de 12 h 00 à 15 h 55 ( heure russe) soit pendant 4 h moins cinq minutes, aux questions des Russes sur des
sujets politiques, économiques et de société russes, et sur des actualités
internationales .
Quelques médias occidentaux ont rapporté cet évènement
annuel, mais trop partiellement et en surface ,insuffisantes et tronquées pour que nous les citions comme
référence.
Selon la recherche de qualité que nous observons toujours pour informer nos lecteurs,
nous nous sommes reportés sur le site « Le Courrier de la Russie »
qui a publié sous le titre « Suivez la « Ligne directe » de
Vladimir Poutine avec les Russes » un article reprenant l’intégralité des questions et des réponses.
Un travail remarquable que nous avons lu avec un grand intérêt.
Nous avons noté que Vladimir Poutine a répondu très précisément
et franchement aux questions qui lui ont été posées, sans en éluder aucune, tant sur la vie politique russe que sur sa vie privée , en développant longuement ses réponses sur les questions importantes, y compris sur les actualités internationales, mais
sur le tout questions et réponses, nous avons noté aussi que l’émission s’est déroulée sans agressivité
de part et d’autre.
Nous reproduisons ci-dessous cet
article tel qu’il figure sur le site « Le Courrier de la Russie »,
vous remarquerez que la chronologie des questions et réponses est inversée et qu’il convient de commencer la
lecture de l’émission ( qui a débutée à 12 heures pour se terminer à 15 h 55
, heure russe) en commençant par la fin
de l’article.
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Source - site « Le Courrier de
la Russie »
Suivez la « Ligne directe » de Vladimir Poutine avec
les Russes
Nina FASCIAUX publié Jeudi 17 avril 2014
« Vladimir Poutine s’adresse aujourd’hui, à partir de
midi (heure de Moscou), à la population russe, lors de sa traditionnelle «
Ligne directe » retransmise à la télévision chaque année depuis 2001. Retrouvez
la traduction de ses propos en direct avec Le Courrier de Russie.
« Le président russe répondra aux questions des Russes sur des sujets
politiques, économiques et de société, sans oublier l’actualité internationale.
Pour la première fois, les habitants de Crimée, rattachée le 18 mars à la
Russie, prendront part à l’émission.
……………….
15h55 : Ce que c’est pour vous ? L’Homme russe, c’est qui
pour vous?
Certains spécialistes pensent qu’un peuple n’a pas de
particularités, que seul un être humain donné a ses propres particularités. Je
ne partage pas cet avis. Si les gens parlent la même langue, vivent sur un
territoire déterminé, s’ils ont des valeurs communes, alors effectivement ils
ont des traits communs. La Russie, c’est un aspirateur qui a absorbé
différentes ethnies. Pensez à tous ces mariages mixtes que nous avons eus.
C’est comme ça que notre code génétique s’est formé, un code très souple, très
résistant et qui constitue notre avantage concurrentiel.
L’Homme russe, l’Homme du monde russe a en tête un objectif
moral suprême.
Le Russe est tourné vers le monde, alors que l’Occidental est
davantage tourné vers lui-même. Chez nous, cela ne suffit pas, seul le peuple
russe a pu créer le proverbe : “quand on meurt devant les gens, même la mort
est belle”.
Devant les gens, cela veut dire, mourir pour la patrie, pour
les autres, c’est là où se situe l’origine de notre sentiment national, de nos
valeurs familiales. Nous sommes moins pragmatiques, nous calculons moins, nous
avons une âme plus large, plus généreuse. Je ne veux vexer personne. Mais dans
le monde globalisé, les échanges de toute sorte sont très intenses, et cela
fait des centaines d’années que nous vivons en nous basant sur nos valeurs :
ces valeurs nous seront encore utiles à l’avenir.
15h50 : Quelle ville auriez vous choisie si vous n’étiez pas
président, pour vivre?
Saint-Pétersbourg, c’est ma petite patrie. J’y suis né.
15h49 : Voulez-vous rester président à vie?
Non
15h48 : Obama vous aiderait-il si vous étiez en train de vous
noyer ?
J’espère que cela
n’arrivera jamais mais je pense que c’est un homme honnête et qu’il le ferait
15h45 : Pourquoi n’allez vous pas aux USA ?
Les USA ont suspendu nos relations, mais j’espère que ça va
évoluer avec le temps. Le rideau de fer est une invention soviétique : nous
n’allons pas nous isoler à nouveau. Les USA sont une puissance mondiale : nous
avons longtemps cru que c’était la seule, mais ce n’est pas le cas.
Lorsqu’on choisit de punir quelqu’un, de mettre un enfant au
coin, on se fait mal à soi-même. Nous ne sommes pas dans une compétition
sportive avec les USA,mais un partenaire dans les domaines de la sécurité, dans
la lutte contre le terrorisme, dans l’évolution du système économique
international.
15h40 : Votre film préféré ?
Tchapaïev bien sûr ! (1934)
15h35 : Le gouvernement a tendance à changer de gouverneurs,
cela va-t-il continuer?
Ce n’est pas une tendance, les gouverneurs doivent faire face
à une infinité de responsabilités : il n’y a pas longtemps dans les villes
russes on regardait la place centrale qui était détruite, et aujourd’hui elle
est en parfait état.
Vous savez, si vous fusillez publiquement trois cents grands
voleurs en Chine, le peuple sera avec vous. Chez nous, il ne s’agit en aucun
cas de fusiller des gens pour vol.
15h25 : Sur l’opposition libérale
L’opposition libérale, c’est un petit groupe de
révolutionnaires : ils sont loin du peuple, mais ils font partie de notre
société. Et même si nous devons nous baser sur la majorité dans nos choix, nous
ne devons pas non plus oublier la minorité et leur position sur la question.
En réponse à Remtchoukov, rédacteur en chef du journal
Nezavissimaïa Gazeta : oui, nous allons construire notre politique en nous
basant sur les intérêts de la majorité. Mais nous nous devons aussi d’écouter
les avis moins répandus. Dans mon travail quotidien, j’écoute tous mes
collègues, même si je ne suis pas d’accord avec tous. Nous aussi nous voulons
avoir des relations normales avec l’Occident. Nous faisons partie de la même
civilisation chrétienne. Mais cela ne veut pas dire que nous devons toujours
céder, trahir nos intérêts juste parce qu’on nous laisse nous asseoir à côté.
15h15 : Ne va-t-on pas oublier Sotchi, avec le développement
du tourisme en Crimée ?
Nous allons bien sûr développer Sotchi : nous avons construit
des hôtels modernes aux standards mondiaux, où les prix sont élevés – et on ne
peut pas les baisser. En Crimée, les infrastructures sont plutôt destinées à
des gens aux revenus modestes.
Nous devons d’ailleurs nous assurer que la Crimée reste
accessible à tous et garantir des billets d’avion à 7000 roubles, des billets
de train autour entre 2 500 et 3000 roubles.
Si elle ne reste pas bon marché, nous ne pourrons garantir la
question du tourisme en Crimée. Nous n’allons pas abandonner Sotchi, les objets
olympiques vont être transformés, nous allons ouvrir des centres commerciaux et
organiser des expositions.
15h10 : La Coupe du monde de football 2018 aura bien lieu en
Russie malgré les sanctions occidentales ?
Le FIFA a déjà répondu que le football et la politique n’ont
rien à voir et que la FIFA n’a pas à revoir son calendrier.
15h05 : Comptez-vous vous remarier ?
Je dois d’abord tâcher de trouver un mari pour mon ex-femme,
ensuite seulement je penserai à moi.
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15h : Question d’Edward Snowden : Est-ce qu’à l’instar des
USA, la Russie intercepte les conversations des gens ? Est-ce que les besoins
des services spéciaux en renseignements peuvent justifier ce genre d’écoutes ?
Vous êtes un
ex-agent des services spéciaux, moi aussi. Nous allons donc parler entre
professionnels.
En Russie, notre réglementation sur les écoutes est très
stricte, et nos moyens limités : nous avons besoin de l’autorisation du
tribunal et consacrons moins d’argent que les USA dans le domaine. Nous ne nous
permettons pas d’écouter les gens en masse.
Bien sûr, nous avons notre lot de terroristes et de criminels
et nos services spéciaux doivent se donner les moyens de les contrôler. Mais
les écoutes sont réglementées par la loi russe.
14h50 : Y a-t-il un dialogue possible entre la Russie et
l’Europe sans que les USA nuisent à nos relations ?
Je l’espère. Après que les pays d’Europe ont renoncé à une
partie de leur souveraineté, les valeurs européennes ont commencé de changer.
Elles sont plus conservatives, et traditionnelles. Je pense à la Hongrie, à la
montée du FN en France. Cela est lié au désir des pays européens de récupérer
leur souveraineté : car les problèmes sont résolus plus efficacement au niveau
national qu’à Bruxelles, et le peuple le sait.
Encore une fois, la relation avec les pays occidentaux est
une question de confiance au niveau personnel et intergouvernemental. Nous
avions de formidables relations avec le Danemark mais elles se sont dégradées
récemment après une réunion avec M.Rasmussen : ce dernier a enregistré notre
conversation privée et l’a publiée sans me prévenir. De quelle confiance
peut-on parler avec ce genre d’incidents ?
14h45 : Comment rétablir une relation de confiance avec les
partenaires occidentaux ?
La réponse est simple : il est vrai que la confiance a été
perdue mais ce n’est pas de notre faute. Les USA ont une approche de deux
poids-deux mesures et cela nous déçoit. Les Américains font bien ce qu’ils
veulent en Irak, en Afghanistan, mais la Russie ne peut pas en faire autant. Il
n’y a pas de logique. Nous devons privilégier le droit international. C’est ce
à quoi la Russie aspire.
Le redémarrage de
nos relations avec les USA s’est terminé plus tôt avec le dossier libyen.
Mais la Russie tient à restaurer des relations de confiance
avec les Etats-Unis.
14h40 : Pourquoi vous êtes-vous adressé au peuple russe après
le rattachement de la Crimée à la Russie ?
Je me suis senti obligé de m’adresser au peuple russe en
présence de la Douma au vue du degré d’importance de l’événement. Le monde
occidental contemporain est unilatéral. Les pays occidentaux ont renoncé à une
partie de leur souveraineté, ce qui représente aussi une politique de blocs.
Il est difficile de parler avec des gens qui chuchotent chez
eux de peur que les Américains les écoutent. (Applaudissements).
Je me suis adressé au peuple comme un homme simple : notre
position est honnête, simple et transparente. Le peuple voit la sincérité,
prend en compte l’opinion des gens simples plutôt que celle des dirigeants.
14h35 : Sur le prix de vente du gaz à l’Ukraine
On nous dit que c’est un prix politique mais ça ne l’est pas.
C’est un prix sur lequel nous nous sommes mis d’accord en 2009 avec Ioulia
Timochenko et Iouri Prodan. Nous l’avons ensuite baissé espérant qu’ils
pourraient ainsi payer au moins quelque chose mais depuis mars 2014, ils ne
payent plus du tout.
Les Etats-Unis promettent des milliards d’aide. Ce n’est
cependant pas de l’argent, mais des garanties. Nous allons encore patienter un
mois. S’ils ne payent pas, nous passerons au système de pré-paiement.
Ce système de fonctionnement est très lourd et menace la
transition de notre gaz vers nos clients européens. C’est pour cela que nous ne
nous pressons pas d’instaurer ce système. Mais nous ne pouvons pas attendre
éternellement.
14h30 : Sur les sanctions contre les proches de Vladimir
Poutine
On essaie effectivement de m’atteindre en visant mes amis et
proches. Ces amis se sont enrichis sans moi, et certains n’ont même rien à voir
avec la Crimée. La femme de Guennady Timtchenko, par exemple, n’a pas pu payer
son opération car sa carte a été bloquée. Ceux qui ont été punis l’ont appris
dans les médias, les larmes aux yeux. Si vous voulez les punir, libre à vous de
le faire.
14h20 : Sur le départ de la Russie de grandes institutions
Le monde se développe et certains ne comprennent pas la
Russie d’aujourd’hui. Nous ne siègerons pas dans des institutions, où on ne
veut pas de nous, comme à l’APCE. Mais, ne pas y être ne signifie pas que nous
nous isolerons.
14h10 : Sur les Tatars de Crimée
Ils ont beaucoup souffert durant la période stalinienne. Ils
ont été notamment déportés. Il est de notre devoir de tout faire pour que leur
intégration dans la Russie soit synonyme de réhabilitation de leur identité et
de leurs droits. Catherine II avait déjà édité une loi assurant aux Tatars de
Crimée le statut de citoyens à part entière de la Russie, garantissant leurs
droits, ainsi que leur religion et de leurs lieux de culte. Il s’agissait d’une
politique sage et intelligente dont nous allons nous inspirer. Nous préparons
d’ailleurs un décret sur la réhabilitation des Tatars de Crimée et d’autres
peuples qui ont souffert sous Staline, comme les Arméniens et les Grecs.
13h55 : Sur le pétrole
La rente pétrolière constitue une grande partie du budget
russe. Le pétrole représente 191 milliards de dollars, alors que le gaz 28
milliards de dollars. Le pétrole est vendu sur le marché mondial. Peut-on nous
nuire sur ce point ? Oui. Comment ? En baissant les prix, ce que peut faire
l’Arabie saoudite. Et cette dernière a compris qu’elle n’avait pas intérêt à le
faire. Nous avons d’ailleurs de bonnes relations avec l’Arabie saoudite, bien
que nous ayons des divergences sur la question syrienne.
Ceux qui souhaitent nous nuire ont peu de moyens de le faire.
Nous vendons par exemple notre gaz principalement aux Européens : 35% de leur
gaz est russe. A mon avis, ils ne peuvent tout simplement pas faire autrement,
sauf s’ils diversifiaient leurs ressources énergétiques.
Pour le moment, le problème se situe au niveau du transit du
gaz par l’Ukraine. Et j’espère que nous allons régler cette situation au plus
vite.
13h47 : Combien va coûter la Crimée à la Russie ?
Les infrastructures de la Crimée sont en très mauvais état.
Il faudra investir beaucoup, augmenter les salaires et les retraites. Combien
cela représente-t-il ? Pour les retraites –
28 milliards de roubles et 16,5 milliards de roubles pour les
fonctionnaires.
Entre la Russie continentale et la Crimée nous ne savons pas
encore ce que nous allons construire, pont ou tunnel.
La Crimée deviendra
une région d’honneur qui sera bénéfique au budget fédéral et non dépendante des
subsides étatiques.
13h40 : Question de Kisseliev, président de l’agence de
presse Rossia Segodnia, sur la menace de l’Otan.
Nous n’avons pas peur, et personne ne doit avoir peur. On
nous a promis à l’époque, au temps de l’unification de l’Allemagne, que l’OTAN
ne s’étendrait pas à l’Est. Puis petit à petit, les pays du Pacte de Varsovie
ont commencé à rejoindre l’OTAN. Pourquoi ? Pour des raisons de sécurité, nous
ont-ils répondu. Nous avons alors proposé de signer des accords sur la
sécurité. On nous a alors répondu que ces pays avaient le droit de choisir
leurs moyens de sécurité. Mais nous aussi devons penser à la nôtre. Et voir ces
moyens de protection s’approcher de nos frontières nous effraie.
Le bouclier antimissile ne sert pas à défendre mais à
attaquer. On nous répète qu’il n’est pas dirigé contre nous. Or, lorsque nous
proposons de signer un document certifiant qu’il n’est pas dirigé contre nous,
les Américains ne veulent pas le signer. C’est étonnant, mais c’est vrai.
On a toujours dit : si vous l’installez, on répondra. Et ce
sera reparti pour une course à l’armement.
Nous poursuivrons bien sûr les pourparlers, et on fera tout
pour assurer la sécurité du peuple russe.
13h35 : Sur l’élection présidentielle anticipée du 25 mai en
Ukraine
Nous ne pouvons reconnaître la légitimité de l’élection du 25
mai si l’on continue de tabasser les candidats pro-russes originaires de l’Est.
C’est quoi cette campagne présidentielle ? Sans réformes constitutionnelles,
comment peut-on organiser une élection lorsque le président légitime est
toujours en vie ?
Concernant les candidats. Le leader dans les sondages est
Porochenko. Son business est en Russie. Timochenko, je la connais bien. Elle a certes appelé à pulvériser les Russes,
mais bon, disons qu’elle était sur les nerfs. C’est elle qui a aidé à signer
les contrats gaziers que ses collègues ne veulent plus respecter.
Je ne connais pas les autres candidats. Mais nous sommes
prêts à travailler avec chacun d’entre eux.
Quant à l’attitude des pouvoirs aujourd’hui, l’armée
ukrainienne envoient des tanks, des véhicules blindés à l’Est : vous êtes fou ?
Vous allez tirer sur qui ? Et avec ça, vous avez des nationalistes qui se
baladent tranquillement en Ukraine.
Comment pouvez-vous demander aux gens de l’Est, dans ce
contexte, de déposer les armes ? Il faut que les gens trouvent un compromis. Il
faut garantir les droits de la population de l’Est.
13h30 : Sur l’unicité de la Russie et de l’Ukraine
La volonté extérieure de confronter la Russie et l’Ukraine,
deux peuples qui ne font qu’un, est une politique vieille de centaines
d’années.
Les Russes blancs n’ont par exemple jamais admis la
séparation entre l’Ukraine et la Russie. Mais maintenant nous vivons dans deux
pays différents.
Il y a des gens que la grandeur effraie. C’est ainsi qu’on a
divisé la Yougoslavie. Si vous réfléchissez bien, vous comprendrez facilement
qui veut diviser la Russie.
Je ne peux pas accepter l’idée que l’Ukraine soit une terre
maudite. L’Ukraine est une terre qui a beaucoup souffert. Je le dis au sens
premier du terme. Regardez les régions de l’Ouest, où le nationalisme fait
rage.
A l’Est, en revanche, les gens sont différents. Ils ont du
mal à s’entendre avec l’Ouest. Notre rôle à nous est d’être un bon voisin, un
parent proche.
J’espère que nos partenaires occidentaux nous écoutent et
nous entendent. L’Europe, de Lisbonne à Vladivostok, doit s’unir si elle veut
être concurrentielle.
13h25 : Est-ce que vous comptez régler toutes les questions
par la force, après la Crimée ?
Le facteur “force” a toujours existé dans les relations
internationales. Les Etats doivent faire appel à la raison et créer sur l’arène
internationale des règles stables pour parvenir à des compromis sans avoir
recours à la force. Rappelons-nous ce qui s’est passé en Irak, en Afghanistan,
en Libye, etc. La volonté de rendre le monde unipolaire montre que tout peut
être résolu par la force.
Et j’espère que nous suivrons désormais plutôt la voie du
droit.
13h15 : Sur la Transnistrie
C’est un des problèmes les plus difficiles hérités de la
chute de l’URSS. La population de la Transnistrie est majoritairement
pro-russe. Beaucoup de Russes y résident. Ils ont leur propre vision de leur
avenir et de leur destin. Ce qu’ils expriment n’est rien d’autre que de la
démocratie. Nous devons continuer notre dialogue avec la Moldavie, l’Ukraine.
Nous devons lever
le blocus que subissent les Transnistriens de la part de la Moldavie et de
l’Ukraine.
Il y a des nationalistes à la frontière de l’Ukraine et de la
Transnistrie. Mais les habitants de Transnistrie doivent décider seuls de leur
destin.
13h : Sur les Russes qui sont contre la position russe en
Ukraine. Peut-on parvenir à un compromis sur l’Ukraine ?
Ce compromis ne doit pas être trouvé entre les pays tiers
mais au sein même de l’Ukraine. Nous ne pouvons que soutenir une solution qui
inclurait un référendum sur la fédéralisation de l’Ukraine, puis une élection –
ou le contraire… l’ordre importe peu. Le plus important est que les droits des
russophones soient respectés.
Le Sud-Est de l’Ukraine ne faisait pas partie de l’Ukraine à
l’époque de l’Empire russe : c’était une partie de la Nouvelle Russie de
Catherine II, qui a été remise à l’Ukraine dans les années 1920 par les
Bolchéviques. La question aujourd’hui est d’assurer les garanties pour les
russophones et Russes d’Ukraine. Les habitants du Sud-Est veulent des garanties
de Kiev.
Certes, certains Russes ont différents points de vue.
Rassurez-vous, nous n’envoyons plus au goulag les gens qui pensent
différemment. Maintenant, le fait qu’ils rencontrent une résistance. c’est une
autre question. Nos intellectuels pensent qu’ils détiennent la vérité suprême
et n’aiment pas qu’on leur dise autre chose.
J’ai aussi constaté que des gens espèrent la défaite de leur
pays. Mais ce n’est pas nouveau. La Russie a déjà connu cela dans son histoire.
Mais ne soyons pas extrêmes : nous ne devons pas persécuter les gens qui ont
une opinion différente.
J’espère ne jamais avoir à demander l’autorisation de faire
entrer des forces militaires en Ukraine.
12h50 : Sur les relations de la Russie avec la Chine
Nos relations se développent très bien, avec succès. Nous
nous faisons confiance, et concernant la situation politique, sécuritaire, nous
sommes assurément des voisins, alliés. Mais la question d’une éventuelle union
politique ne se pose pas. Cette question n’est plus à l’ordre du jour.
Nous n’avons plus envisagé de créer de nouveaux blocs
militaires. Mais sur le plan économique, la Chine reste notre partenaire numéro
1.
Tout le monde sait que ce pays deviendra la première
puissance mondiale d’ici quelques années, de par leur population et leur
puissance.
Nous estimons que les relations russo-chinoises jouent un rôle
important de la politique internationale.
12h45 : Auriez-vous fui, à la place de Ianoukovitch ?
Il ne s’est pas enfui, il a été forcé de quitter le pays.
L’accord du 21 février prévoyait qu’il n’y ait pas de recours aux forces
armées, et en échange l’opposition devait libérer les bâtiments administratifs
: Ianoukovitch a dit oui. Il a réintroduit la constitution de 2004, il a
accepté la tenue d’élections anticipées, il a tout accepté, toutes les
conditions posées par l’opposition. Mais quand il a quitté Kiev, les militants
lui ont tout pris. Même sa propre résidence… Pourquoi ? Pourquoi ont-ils fait
ça ? Je ne comprends pas.
Pourquoi ce coup d’Etat ? Nous sommes dans une situation
critique, dans laquelle il faut procéder selon sa propre expérience. Je suis un
ancien du KGB, j’ai donc juré fidélité à mon peuple : c’est ma philosophie.
12h40 : Sur Ianoukovitch
Le poids de la responsabilité de chaque dirigeant est très
lourd. Viktor Ianoukovitch accomplissait sa mission comme il l’entendait. Nous
avons discuté ensemble de la situation à Kiev, et concernant le recours
possible des autorités d’alors à la force, Viktor m’a avoué qu’il n’a jamais
osé signer l’ordre qui permettrait aux Berkouts de tirer sur ses propres
citoyens.
Vous, Berkouts, avez dignement accompli votre devoir. Sur ce
qui vous est arrivé à Kiev, je peux dire avec certitude que l’Etat ukrainien va
en subir les conséquences. On n’a pas le droit d’humilier les hommes qui
défendent l’Etat, on n’a pas le droit de les priver d’aide médicale comme cela
a été le cas à Kiev. Nous avons à plusieurs reprises proposé à Kiev
d’accueillir les Berkouts et de leur fournir toute l’aide médicale nécessaire.
On ne nous a jamais entendus.
12h38 : Sur la présence de soldats russes en Crimée
Je n’ai jamais caché notre but : celui d’assurer les
conditions idéales pour les citoyens de Crimée, afin qu’ils puissent organiser
un référendum et éviter l’arrivée de nationalistes ukrainiens.
Ce sont
effectivement nos militaires qui ont apporté leur soutien aux forces de
sécurité locales.
Tout ça dans le but d’obtenir un référendum juste.
Nous avons des sites stratégiques militaires importants en
Crimée, et il fallait assurer la sécurité des habitants face à d’éventuelles
exploitations illégales de ce matériel militaire.
12h35 : Sur la préservation du patrimoine naturel en Crimée
Nous avons remarqué des violations de la législation en
matière d’écologie en Crimée et nous allons tout faire pour que ce soit
respecté.
12h30 : Que va faire la Russie pour l’industrie en Crimée ?
Une zone économique spéciale ?
La Crimée, c’est le tourisme et le repos. Mais c’est vrai que
la région a également un grand potentiel agricole et industriel : cela demande
des investissements, bien sûr. Il y a des infrastructures à développer. La
production agricole a chuté de 60% depuis 1990.
La production de riz demande beaucoup d’eau, ce qui est
devenu compliqué depuis le rattachement de la Crimée à la Russie. Nous allons
développer les stations balnéaires, les infrastructures. Nos spécialistes ont
pris connaissance de tous les besoins. Les établissements de repos en Crimée ne
sont par exemple pas conformes aux normes sanitaires. On ne peut se contenter
de traiter tout le monde comme des mineurs en vacances qui viennent boire un
verre et puis c’est tout.
Nous allons accélérer les choses, attirer les investissements
russes dans cette région. Lors de notre dernière rencontre avec Alekseï Tchaly,
il m’a proposé de créer une agence régionale pour le tourisme en Crimée. Et je
soutiens cette idée.
12h25 : Sur le problème de paiement, notamment des retraites,
en Crimée
C’est une des questions les plus épineuses. C’est un vrai
problème. Tout d’abord la situation avec les banques n’est pas résolue. Nous
essayons de négocier avec nos partenaires ukrainiens, en vain. Ils refusent le
dialogue. Les transactions en hryvnias restent limitées. Nous essayons de créer
notre propre système monétaire mais cela prend du temps. Il faudra au moins un
mois pour ouvrir tous les comptes nécessaires.
Sur le versement des salaires et retraites, je sais qu’il y a
des perturbations, mais sachez que l’on a pris la décision de rémunérer les
fonctionnaires et les retraités en Crimée au même taux qu’en Russie. Pour
éviter l’inflation nous avons pris la décision de procéder par étapes : nous
augmenterons les versements de 25% dans un premier temps, puis à nouveau en mai
et juin, et encore 25%, en juin et juillet. Donc d’ici juillet 2014,
l’augmentation sera de près de 100%. Car les retraités reçoivent deux fois plus
d’argent en Russie qu’en Ukraine.
Les militaires sont, eux, payés 4 fois plus en Russie qu’en
Ukraine.
Tous les acquis sociaux et aides sociales seront conservés.
12h20 : Comment faire pour que les Ukrainiens et les Russes
restent des peuples frères ?
Ce n’est pas une question ordinaire. Nous sommes tous
submergés par l’émotion. Si l’on s’aime et se respecte, nous devrions trouver
un moyen de se comprendre. Nous sommes les membres d’une même famille : ce sera
plus simple qu’entre deux Etats. J’espère que l’on restera proches et que
l’Ukraine trouvera un moyen de s’en sortir.
Je me permets de noter que si l’on se respecte, nous devons
respecter la liberté de choix de l’autre. Ceux qui sont en Ukraine doivent
respecter les choix de la Crimée. La Russie a toujours été proche de l’Ukraine
et compte le rester. La Russie a énormément aidé l’Ukraine : nous parlons de
centaines de milliards de dollars.
12h15 : Une question est posée sur la flotte de la mer Noire
à Sébastopol
Nous avions des accords avec l’Ukraine sur le renouvellement
de la flotte russe. Mais ces accords n’ont pas été respectés par l’Ukraine.
Aujourd’hui j’espère qu’il n’y aura plus de problèmes. Une partie de la flotte
de Novorossisk sera transférée à Sébastopol. On parle d’une commande de 5
milliards de roubles. Sébastopol est une ville qui incarne la gloire de la
marine russe.
12h10 : Une question est posée sur la Crimée
La menace contre la population russophone était considérable.
A tel point que les citoyens de Crimée
se sont adressés à la Russie, et ont demandé notre aide. La Russie
n’avait jamais planifié cela. Nous voulions tisser de bonnes relations avec l’Ukraine.
Lorsque les menaces sur le peuple russophone sont apparues, le peuple de Crimée
a parlé d’autodétermination, on a décidé de le soutenir.
Rien n’a été préparé d’avance, mais nous avons agi
rapidement. Notre but était de maintenir la sécurité des citoyens, d’assurer
les conditions nécessaires à l’expression de leurs opinions. Jusqu’au dernier
moment, je n’ai osé évoquer publiquement le rattachement de la Crimée,
j’attendais le résultat du référendum. Les sondages sont une chose, mais pour
moi le plus important était de connaître la volonté du peuple. Avec une
participation de 83%, et un “oui” à près de 97%, leur volonté m’a parue claire.
12h05 : Une question est posée par rapport à la situation au
Sud-Est de l’Ukraine
Je voudrais revenir sur ce qui s’est passé en Ukraine ces
derniers mois. Lorsque Ianoukovitch a refusé de signer l’accord avec l’UE, il
s’est justifié par le fait que cela allait empirer la situation économique de
l’Ukraine.
Les troubles qui ont conduit à un changement de pouvoir à
Kiev ont été soutenus par certains, mais pas par tous.
Le Sud-Est notamment s’inquiétait de l’arrivée de groupes
nationalistes au pouvoir, ils se sentaient menacés, les Russes en Ukraine
risquaient de perdre certains de leurs droits.
Ensuite, Kiev a envoyé des oligarques dans les
administrations de ces villes, et cela a fait monter les tensions. A l’Est, les
gens ont commencé à prendre les armes et les autorités ont menacé par la force
d’y remettre de l’ordre - jusqu’à envoyer des chars. Pour moi, c’est un crime
que Kiev a commis.
Il faudra encore du temps pour comprendre ce qu’il s’est
vraiment passé. Mais nous devons dès à présent envisager une sortie de crise.
On voit les autorités de Kiev arriver à l’Est. Vers qui vont-ils ? Vers leurs
oligarques, ceux qu’ils ont nommés, mais pas le peuple. Il faut libérer les
prisonniers. On parle à Kiev d’une éventuelle fédéralisation mais il faut avant
tout mener un dialogue diplomatique. L’armée ne sera d’aucune aide.
Il ne s’agit pas d’un dialogue des autorités entre elles mais
entre le pouvoir et le peuple.
L’Occident pense que nous avons envoyé des Russes au Sud-Est
de l’Ukraine : ce sont des idioties. Du grand n’importe quoi. Il s’agit de
citoyens locaux. La preuve, les gens ont ôté leurs masques et ne comptent pas
partir. Ils sont maîtres de leur terre.
12h : Alors que l’émission commence, plus de deux millions de
questions ont déjà été posées par les citoyens russes.
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