Nous avons lu aujourd'hui avec une curiosité tout à fait historique un article qui analyse avec pertinence quelques cent années après, les agissements des banques notamment françaises et leurs implications dans les emprunts russes et opérations financières liées.
D'après une mention figurant sous l'image l'auteur de cet article est français.
Source : RusRéinfo – Agence Russe de Ré-Information www.rusreinfo.ru
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Les « emprunts Russes » de Nicolas-II
Un lecteur nous fait parvenir ce texte, fort intéressant. A noter que quand il parle de « nos » (banques, banquiers, etc) il s’agit des français.
C’est bizarre, personne ne parle des malhonnêtetés de nos banques. Pourtant malgré un entassement de lois destinées à protéger autant que possible les emprunteurs, l’imagination des banquiers français est sans limite pour trouver encore et toujours, aujourd’hui en 2017, des combines permettant de contourner ces lois pour voler autant que possible les couillons de déposants et emprunteurs.
Pour se faire une idée du cynisme de ces honorables établissements bancaires, penchons-nous sur les emprunts russes.
Le tsar Nicolas II, soucieux de moderniser son pays et, entres autres, de le tirer enfin du servage, s’était lancé dans une course contre la montre avec les révolutionnaires qui se montraient de plus en plus entreprenants et arrogants au fur et à mesure qu’il faisait adopter des réformes sociales classiques, émancipation des ouvriers et amorces de réformes agraires. C’est un phénomène bien connu, quand un grand dirigeant politique se lance dans des réformes sociales d’envergure, même si elles sont justifiées, elles sont automatiquement récupérées par des forces de gauche perpétuellement à l’affût des opportunités pour ses démagogies et surenchères. Ainsi ces périodes-là sont elles généralement celles de tous les dangers pour tous les pouvoirs, même ceux authentiquement de droite en même temps qu’autoritaires, voire dictatoriales.
Ces périodes grosses de tous les dangers peuvent parfois être surmontées par les pouvoirs hardiment réformateurs. Un exemple injustement oublié est celui de l’Empereur des français Napoléon III. Sa période délicate a été la phase 1852-1860, dite de l’Empire »autoritaire ». Badinguet s’en est sorti, et a pu desserrer la vis dans sa seconde période, 1860-1870, dite de l’Empire Libéral. Malgré l’échec cuisant de sa Guerre du Mexique (1861-1867), si la sale tuile de la guerre avec Bismarck n’avait pas eu lieu, Napoléon III aurait pu terminer son règne en homme heureux, et aurait eu une chance sérieuse de réaliser son rêve de réunir la Bavière à la France (la Bavière était demanderesse par profonde méfiance envers la Prusse de Bismarck, mais la famille Schneider, qui tenait entre ses mains la sidérurgie française, a fait capoter le projet initial).
Nicolas II (règne de 1894 à octobre 1917) aurait pu lui, aussi, s’en sortir car il voyait grand et juste. Par exemple, c’est lui qui termina la construction du transsibérien, commencé en 1883 et terminé seulement en 1916. Sur les 33 ans que dura cet ouvrage prométhéen, les 24 dernières années se passèrent sous Nicolas II.
Manque de bol, Nicolas II se trouva pris dans un engrenage de guerre contre les japonais (février 1904-mai 1905). Et simultanément presque, la révolution russe de gauche tenta sa chance (1905). Nicolas II réussit à mater cette révolution, mais essuya une défaite cinglante et humiliante dans une grande bataille navale contre le Japon (27 mai 1905) ; les japonais taillèrent en pièces la flotte de guerre russe venue de la Baltique, ce qui affaiblit dramatiquement le Tsar et mit en ébullition les forces révolutionnaires qui venaient d’être matées. Depuis cette date, Nicolas II ne connut guère de répit et eut constamment des révolutionnaires de gauche variés aux fesses, anarchistes, bolchos, etc.; la course contre la montre devenait de plus en plus difficile.
Pour réussir à éteindre l’incendie révolutionnaire, Nicolas II avait besoin de plus en plus de capitaux pour presser son vaste programme de modernisation du pays, seul propre à détourner les masses russes de ses tentations à gauche et à l’extrême gauche.
Or malgré la défaite de 1871 et l’énorme tribut à Bismarck de cinq milliards de francs-or payables en trois ans, la banque française était redevenue, vers la fin des années 1890, la plus puissante du vieux continent. C’est donc vers elle que se tourna Nicolas II pour emprunter les capitaux dont il avait un si urgent besoin.
Nos banques savaient tout sur la situation politique du Tsar. Depuis 1905, elles ne nourrissaient guère d’illusion sur son avenir, et s’attendaient à une révolution calamiteuse d’un moment à l’autre. Mais eu lieu de se conduire honnêtement comme le commandait l’intérêt bien compris de la Triple Entente, elle ne résista pas à saisir une opportunité de profiter de cette précarité du Tsar pour faire de bonnes affaires. Au lieu d’émettre des obligations sûres garanties par des réassurances ad hoc et une progression modérée mais solide de l’économie russe, elle décida de faire payer tout ça aux veaux de français. L’affaire lamentable du Panama avait montré combien le bas de laine français était inépuisable et combien la confiance des épargnants français restait aussi solide que candide malgré toutes les arnaques. Alors voici ce que nos chères grandes banques françaises firent :
Côté naïfs épargnants, les agents de ces banques sillonnèrent toute la France (alors essentiellement rurale) pour expliquer à nos braves paysans que les emprunts russes étaient l’affaire du siècle à ne pas rater, présentant la Russie comme un nouvel Eldorado. Cette campagne reproduisait à quelques nuances près celles que mena Law sous la Régence, quand il présentait nos possessions de Louisiane (qui couvraient alors l’Amérique du Nord depuis le Québec jusqu’à l’embouchure du Mississipi) comme un nouveau Jardin d’Eden riche de promesses infinies. Là, pour les emprunts russes, , ce n’était pas l’Amérique du Nord, mais la plus grande Russie qui était présentée comme la nouvelle poule aux oeufs d’or. Et les braves paysans français répondirent à ces campagnes la fleur au porte-monnaie, avec le même enthousiasme dont les Poilus témoignèrent pour partir à la guerre en août 1914 avec la fleur au fusil.
Parallèlement, côté Tsar, nos grande banques tenaient un tout autre langage : En gros, elles lui disaient ceci :
‘Vous savez aussi bien que nous combien votre position est précaire. Les Rouges vous menacent davantage chaque jour, vous pouvez trébucher sur une révolution majeure à tout moment. Alors nous, on veut bien vous prêter, on va émettre des emprunts russes en quantité, comme vous le demandez. On va les présenter aux épargnants français comme la meilleure affaire du monde, et n’ayez crainte, ça marchera, ça on vous le garantit. Mais vous comprendrez qu’en compensation de cette publicité, il nous faut des commissions sur vos emprunts à la hauteur des dangers que vous courez, et que noue ne pouvons pas nous permettre de courir avec vous ».
Et le Tsar n’avait pas le choix, li acceptait tout, tout, tout. Au départ, ce furent des commissions de 30 %, puis de 40 %, et à la fin, pour le plus gros paquet d’emprunte émis, les commission exigées par nos chers banquiers furent de 50 % ! vous avez bien lu ! 50 % ! c’est- à-dire que chaque fois que le Tsar empruntait deux francs aux braves épargnants français, les banques se prenaient un franc de commission, donc la moitié de cet argent finissait dans leurs poches !
Certains lecteurs auront sans doute du mal à avaler ça. Je ne peux que leur conseiller de lire l’histoire complète de ces emprunts russes qu’ils trouveront exposée avec tous les détails dans le tome 3 de l’oeuvre majeure d’Emmanuel Beau de Loménie : »Les Responsabilités des Dynasties Bourgeoises ».Emmanuel Beau de Loménie, docteur ès-lettres, fin connaisseur de René Chateaubriand (cet auteur avait en commun avec lui d’être descendant direct de Saint Louis) était secrétaire perpétuel de l’Assemblée Nationale des députés de France, et de ce fait, c’est lui qui entretenait et dirigeait les archives du JORF. Dans son oeuvre immortelle, on trouve donc toutes les références incontestables tirées de ces archives. Chateaubriand et Beau de Loménie sont à ce jour les deux seuls historiens français qui appartenaient à la plus haute aristocratie de France et qui avaient tous deux décidé de tout raconter aux français. Seuls eux voyaient l’histoire de France de haut, tous les autres historiens français y compris les plus connus comme Michelet, ne la voyaient que d’en bas. René Chateaubriand, lui aussi, avait osé parler, il l’avait fait dans ses M.O.T (Mémoires d’Outre-Tombe) et il l’avait payé cher, par un exil qui lui mangea ses plus belles années d’homme mûr en pleine possession de ses moyens. Beau de Loménie, bien entendu, possédait toutes les preuves de ces commissions de voleurs exigées par les banques en échange de leur publicité mensongère auprès des français. Ainsi ces honorables banquiers trompaient tout le monde, en volant le Tsar comme des bandits au coin d’un bois, et en mentant de façon révoltante aux français tout en leur piquant la moitié de leur argent putativement prêté au Tsar
Alors la conclusion ?
Que nos amis russes n’aient pas de complexes, eux, ils ne nous ont rien volé. C’est triste à dire, mais quand sous Lénine et Staline, les bolchos décidèrent de ne pas rembourser les emprunts russes aux français, ils n’avaient pas vraiment tort. Personne n’a jamais demandé quoi que ce soit à nos grandes banques, mais ce sont elles qui ont le plus profité des emprunts russes, et de loin, car la moitié de leur valeur était tombée dans leurs poches à titre de bénéfice net de tous frais, ça tombait du Ciel sans rien faire, directement depuis le gousset de noa braves épargnants. Tandis que l’autre moitié, le Tsar ne la mettait pas dans sa poche, il l’utilisait à équiper la Russie, et s’il avait échappé à la tourmente de 1917, lui, du moins, aurait restitué aux épargnants français une part des bénéfices de ses opérations, tandis que le moitié qui allait à nos banques tombait dans un trou noir !
Si donc les français s’étaient tant soit peu instruits, ils auraient fait rendre gorge depuis longtemps aux grandes banques pour leurs vols scandaleux sur leur épargne qu’ils lui confiaient pour la prêter au Tsar ! hélas, c’est là un rêve inaccessible, principalement à cause de l’inculture crasse des gauches françaises, dont la stupidité le dispute à leur vénalité et leur médiocrité intellectuelle. Ce qui reste toujours aussi vrai de nos jours…..
J’arrête là cette sinistre histoire. mais je peux vous assurer que la mentalité de nos grandes banques n’a pas beaucoup changé depuis les dernières années du tsarisme en Russie. Une prochaine fois, je vous expliquerai comment elles s’y prennent, de nos jours, pour faire passer directement dans leurs poches une partie non négligeable de l’argent que nous leur confions, je vous ferai admirer leur extraordinaire inventivité……..
M.A
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