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31/10/2013 | Durée: 3'59 |A la veille du séminaire intergouvernental franco-russe qui se tiendra
le 1er novembre, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a précisé les
grands enjeux bilatéraux entre les deux pays.
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Discours de Jean-arc Ayrault au Collège universitaire français de l'Université d’État de Moscou
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31/10/2013
Cher recteur, Cher Victor SADOVNITCHI. Monsieur le
Président et Cher Marek HALTER, Mesdames, Madame, Messieurs les Ministres qui
m’accompagnent de France, Mesdames et Messieurs les Parlementaires qui se
présentent dans ma délégation officielle, Monsieur l’Ambassadeur de France qui
venez juste de prendre vos fonctions, Mesdames, Messieurs les Professeurs du
Collège universitaire français, Chères Etudiantes et Chers Etudiants, Chers
Amis.
C’est vraiment un très grand honneur d’intervenir
aujourd’hui devant ce Collège universitaire français de l’Université d’Etat de
Moscou qui porte le nom de son fondateur Mikhaïl LOMONOSSOV. Ce savant
universel dont les talents embrassaient aussi bien la physique, la chimie et
l’astronomie que l’histoire, la littérature ou la poésie. Cette université est
l’un des fleurons de cette terre de sciences et de culture qu’est la Russie.
Chacun d’entre vous détient une part de cet héritage marqué par une volonté
farouche d’élever la Russie au niveau cultuel le plus élevé, le souci de
l’excellence qui est un effort à la fois individuel et collectif et la force de
l’émancipation qui va de pair avec le savoir. Il appartient à chacune et chacun
d’entre vous de faire vivre cet héritage et je sais combien chaque jour
enseignants comme étudiants vous vous y employez.
Cette passion pour la culture, cette passion pour les
idées et pour la science fait partie du ciment de la relation franco-russe,
elle rythme notre histoire commune. En effet, notre amitié est ancienne, dès le
XIe siècle Henri 1er épousait la princesse Anna IAROSLAVNA, celle que tous les
manuels d’histoire ont longtemps appelé Anne de Russie. Mais c’est à l’époque
des Lumières qu’elle a réellement pris tout son sens et toute son ampleur. S’il
s’inspira de son expérience néerlandaise pour organiser la ville de
Saint-Pétersbourg, c’est bien La Sorbonne et l’Académie des sciences que Pierre
LE GRAND avait à l’esprit lorsqu’il décida d’ouvrir au début du XVIIIe siècle
sur les berges de la Neva une université et une académie. Pendant de longues
années, c’est en français que Catherine II entretint une relation épistolaire
avec VOLTAIRE et qu’elle prit auprès de Denis DIDEROT des conseils sur les
réformes de nature à favoriser la modernisation de la Russie.
Après la défaite napoléonienne, les officiers russes
apprirent à Paris le sens des mots liberté, égalité, fraternité. Ces valeurs
servirent d’inspiration au premier soulèvement contre l’autoritarisme des Tsars
en décembre 1825 par les fameux décabristes. En cette année 2013 qui correspond
au centenaire du sacre du Printemps, comment oublier également l’influence
culturelle et scientifique si originale et si forte que chacun de nos pays a
exercé sur l’autre avant la Première Guerre mondiale. Comment oublier qu’ici
même le français et le russe ont été jusqu’en 1914 les deux langues
obligatoires de votre système secondaire et universitaire et que ces échanges
ont marqué nos élites intellectuelles et l’imaginaire de nos deux peuples. Plus
près de nous c’est à son retour de Gorki à l’automne 1986 que le prix Nobel de
la paix Andreï SAKHAROV eut l’idée d’introduire les valeurs de la démocratie à
l’université comme contribution aux évolutions politiques qui s’annonçaient
dans le cadre de la Glasnost. Cette intuition lumineuse du fondateur du Comité
pour la défense des droits de l’homme et des victimes politiques se concrétisa
dans le projet d’un pôle universitaire français à Moscou imaginé avec
l’écrivain et ami Marek HALTER ici présent aujourd’hui. En 1991, deux ans après
la disparition de l’académicien SAKHAROV, le Centre universitaire français vit
donc le jour comme s’en souvient bien d’ailleurs votre recteur, Victor
SADOVNITCHI.
En votre nom à tous, je voudrais vraiment rendre
hommage aux initiateurs et aux promoteurs de ce brillant projet qui continue de
vivre aujourd’hui et auquel vous toutes et vous tous, Mesdames, Messieurs les
Professeurs et les Etudiants vous contribuez avec tant de passion. Depuis plus
de 20 ans, les plus grands intellectuels de nos deux pays et les professeurs de
nos plus prestigieuses universités confrontent leurs analyses et leurs
expériences dans un enrichissement croisé entre nos deux cultures. Se faisant,
ils contribuent à former des générations de francophones de haut niveau. C’est
une chance immense pour la Russie mais, je vous le dis sincèrement du fond du
cœur, c’est une chance immense pour la France. Tout d’abord parce que tous ses
anciens élèves irriguent le tissu éducatif et scientifique de nos deux pays,
souvent à des postes clés, ils font prospérer les valeurs au cœur de
l’enseignement dispensé entre ces murs, dans le monde de l’entreprise, la
société civile, les médias et la vie publique. Ils favorisent une francophonie
d’excellence et incarnent notre attachement à une diversité culturelle qui à
Moscou comme à Paris est une marque de civilisation. Bref, ils sont les
vecteurs d’une compréhension mutuelle et d’une amitié sans cesse plus étroite
entre nos deux peuples.
Le Centre universitaire français, oui, c’est bien un
investissement, un investissement pour l’avenir. La jeunesse que vous
représentez est porteuse de tous les espoirs et constitue pour nos deux
gouvernements une priorité. C’est d’elle dont dépendra notre capacité à relever
les défis que nous aurons à affronter dans ce monde en profonde mutation. C’est
le dynamisme de la jeunesse qui imprimera l’élan nécessaire à la relation
franco-russe pour les prochaines décennies. Notre coopération universitaire et
scientifique contribue donc à façonner notre destin commun et cette coopération
nous avons la volonté de la renforcer. Avec 5.000 étudiants russes dont 2.000
inscrits dans des cursus de longue durée, la France est aujourd’hui la
quatrième destination choisie par les jeunes de la société russe. C’est bien
mais c’est encore insuffisant. Dans un monde ouvert, qui après les années
d’enfermement de la période soviétique, permet heureusement des allers avec des
retours, la mobilité des étudiants et des chercheurs est un atout pour les pays
d’origine comme pour ceux de destination. Alors faisons preuve d’ambition,
d’audace, ne cédons pas à la tentation du repli sur nous-mêmes et encourageons
cette mobilité par tous les moyens de la Russie vers la France mais aussi de la
France vers la Russie.
Je suis donc heureux que la négociation d’un accord de
reconnaissance mutuelle des diplômes ait été engagée. Ce cadre permettra de
donner une nouvelle impulsion à nos échanges et j’y veillerai particulièrement
avec la ministre de l’Enseignement supérieur, Geneviève FIORASO, pour qu’il
aboutisse le plus rapidement possible. Parce que ça sera l’occasion de
favoriser des parcours d’études trop souvent concentrés dans les domaines de
l’économie, de la gestion, de la littérature ou des langues étrangères. Notre
intérêt réciproque est d’ouvrir de nouvelles possibilités dans les sciences
exactes, les sciences de l’ingénieur, les sciences humaines, autant de
disciplines où nos deux pays excellent. Enfin, il nous appartient d’encourager
les nouveaux liens entre nos établissements en développant des partenariats
structurés ou des réseaux sectoriels dans certains domaines clés de nos
échanges en liaison avec nos acteurs économiques mais aussi en favorisant le
développement des relations entre nos régions qui se caractérise souvent par un
potentiel scientifique remarquable. C’est ainsi que notre coopération se mettra
au service de l’innovation et de l’exigeante entreprise de modernisation
économique et sociale dans laquelle nos deux pays sont pleinement engagés.
Mesdames, Messieurs, Chers Amis, en 1773, lorsqu’il
arriva à Saint-Pétersbourg, Denis DIDEROT pensait trouver en Russie un champ
infini pour l’expérimentation de ses idées révolutionnaires. Catherine II
l’écouta poliment mais choisit un autre chemin, son chemin c’est naturellement
à la Russie qui est un grand pays de la tracer. Et la Russie peut compter sur
l’amitié de la France comme sur le respect et la reconnaissance qu’elle lui
inspire. Cette amitié sincère, profonde, ancienne autorise aussi la franchise
et c’est avec franchise que nous évoquons ensemble et dans le respect mutuel nos
différences comme c’est le cas par exemple sur la Syrie ou sur la portée
universelle des droits de l’homme. Même si je n’ignore pas le débat qui de
génération en génération rebondit entre slavophiles et occidentalistes, ma
conviction profonde c’est que la Russie et la France ont hérité des Lumières de
valeurs qui les rapprochent inexorablement. L’attachement à la liberté
d’expression et de conscience, la force de l’indépendance de la justice, la
certitude que les hommes naissent libres et égaux en droit dans le respect du
message de la grande Révolution française, ma conviction profonde c’est que les
sensibilités qui s’expriment et qui peuvent parfois nous séparer finiront par
s’estomper du fait même des évolutions au plus profond de nos sociétés. C’est donc
avec confiance que nos deux pays peuvent envisager leur avenir commun dans un
ancrage toujours plus étroit à l’Europe. L’ouverture du Collège universitaire
français de Moscou avait été l’occasion pour François MITTERRAND et Mikhaïl
GORBATCHEV d’adresser des messages que je vous encourage à redécouvrir parce
qu’ils conservent aujourd’hui toute leur pertinence. J’en retiens pour ma part
trois enseignements, une université française à Moscou est bien le symbole des
liens étroits entre la France et la Russie. La culture française et la culture
russe ont toujours fait partie d’un enseignement européen. Investir dans le
savoir est bien le meilleur placement pour éduquer des hommes libres. Je
souhaite à votre collège d’inscrire ces projets dans ce noble dessein toujours
d’actualité et de le faire pendant de longues années.
Voilà, Mesdames et Messieurs, mes Chers Amis, ce que
je voulais vous dire, vive l’amitié franco-russe !
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31/10/2013
Le Premier ministre est allé à la rencontre de la communauté
française en Russie, le 31 octobre 2013. "Il y a une passion et un amour
pour la France. Ce qui est important c'est de s'intéresser à [Lire la suite...]
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Revue de Presse
Source _ FranceTv info
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SOURCE - Voix de la Russie - :
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