22 mars 2010

Régionales : la majorité présidentielle désavouée


Par lucienne magalie pons
Au premier tour, les cadres de la majorité présidentielle avaient refusé de reconnaître leur défaite, et l’expliquaient par un fort taux d’abstention qui selon eux marquait le désintérêt des Français pour les Régions, voire un mécontentement de la gouvernance régionale, et en aucun cas ne signifiait, selon eux, un désaveu de la gouvernance nationale.

C’est dans cet état de triomphalisme absurde construit sur un déni de la réalité que la majorité présidentielle conduite par François Fillon s’est lancé dans la campagne de l’entre deux tours, pour en fin de course essuyer un défaite cinglante.

Hier Dimanche 21 mars, le résultat final a accentué l’échec de la majorité présidentielle, en dépit d’un taux de participation en hausse de cinq points, que la majorité présidentielle espérait gagner à son profit. En ne conservant en France métropolitaine qu’une seule petite région, l’Alsace, d’une courte tête, la majorité présidentielle essuie en France métropolitaine un revers encore plus accentué : en moyenne sur le territoire national les listes de gauche affichent un succès retentissant de plus de 54 % et les listes du parti présidentiel ne plafonnent qu’à 36 %
On notera que les listes de gauches ont pris le dessus dans les départements de l'Ouest parisien, y compris dans le département des Hauts de Seine considéré comme le « fief » de Nicolas Sarkozy, et même dans des villes comme Nice traditionnellement de droite. En Poitou-Charentes, Ségolène Royal triomphe réélue avec un score de 63 % face à un Raymond Bussereau en déroute, et en Midi Pyrénées Martin Malvy le président PS sortant est réélu à 67 %. Le message des électeurs est net, la majorité présidentielle est défaite et bien défaite. En Ile de France le Président PS sortant Monsieur Huchon avec 56 % (environ, à vérifier) laisse loin derrière lui une Valérie Pécresse en déconfiture de son espérance.

8 ministres candidats et 11 membres du Gouvernement ont été pour ainsi dire renvoyés au vestiaire par les électeurs.

Et non seulement la majorité présidentielle est défaite mais elle a laissé percer le FN en lançant des débats nationaux qui ont maintes fois dérapés et ont offusqués les Français qui se sont sentis visés dans les fondements mêmes de leur nationalité et de leurs origines.

Pour expliquer sa défaite François Fillon n’a pas reconnu formellement cet échec cuisant, ni le désaveu de la politique nationale, et comme il prête son dos rond en toute occasion pour soutenir Nicolas Sarkozy, il a déclaré en direct de Matignon 20 minutes environ après l’annonce des premiers résultats : «J'assume ma part de responsabilité et dès demain matin je l'évoquerai avec le président de la République".

Par ailleurs en évitant de parler de défaite, il a reconnu " Nous n’avons pas su convaincre ", pour lui rien n’a changé : « Le rapport de force issu des Régionales de 2004 reste globalement inchangé et cela constitue une déception pour la majorité … », et en invoquant pour justifier le Pouvoir un paramètre incontournable maintes fois resservi il a déclaré « "La crise mondiale ne nous a pas facilité la tâche", en évoquant "la brutalité de la récession économique ».
Un message qui signifie que le Pouvoir ne reconnaît toujours pas sa défaite et le message de rejet de sa politique qu’elle contient , qu’il tourne la page et qu’il va continuer à gouverner à son gré, encore une fois cette posture n’est pas crédible, cette attitude relève d’une imposture qui ne résistera pas au coup de boutoir d’une gauche renforcée et au mécontentement général qui s’accentuera encore plus.

Les politiques et les cadres de la majorité présidentielle qui se sont succédés sur les plateaux, certains encore avec un triomphalisme ridicule qui n’était pas de mise, s’obstinaient à soutenir qu’ils avait gagné puisqu’il avait repris l’Alsace et reprenaient grosso modo les mêmes arguments que le Premier ministre en signifiant qu’il ne s’agissait que d’élections locales et que le cap national des élections présidentielles de 2007 n’était pas dilué par ce score ""restrictivement" local , que la politique présidentielle de réformes engagées par le gouvernement n’était pas remise en cause et devait tout au contraire se poursuivre, nonobstant les difficulté de la crise financière et économique mondiale qu’il nous resservait en la mettant en avant.

Quand à l'argument qui consiste à reporter sur les régions le résultat des élections dites "locales, ou "régionale" par opposition au caractère national, c'est un argument mensonger d'une stupidité ramarquable, quand on sait que 8 ministres candidats et 11 membres du Gouvernement se présentaient aux Régionales, et que la campagne a été nationalisée avant et après le premier tour par la présence en campagne du Premier Ministre sur le terrain pratiquement à temps plein, escorté de Ministres et d'élus parlementaires nationaux très souvent.

Les scientifiques nous apprennent que le vol d'un papillon a des répercussions dans l'univers entier, comment croire que les glissements des bulletins de votes régionaux dans les urnes, n'ont aucune influence politiques sur la gouvernance "nationale " de l'Elysée ?

Et puis géographiquement le territoire national est un et indivisible , les Régions en sont physiquement et sans discontinuité ses assises foncières fondamentales, elles sont parties intégrantes et constitutives du Territoire National, au plan politique de même, alors pourquoi vouloir nous faire croire que les Régions ne seraient que très accidentellement représentatives politiquement du Territoire National ?

On nous a informé que Claude Guéant, le secrétaire général de l'Elysée, a expliqué qu'il y aurait bien un "petit remaniement technique" en annonçant quelques changements d'ordre "technique" et que Lundi matin, François Fillon serait reçu à l'Elysée pour ""faire le point sur le message des Français".

Encore un ronron" technique "qui se dégage de toute prise de conscience et de responsabilité politique pour banaliser leur échec et le message des électeurs.

L’'idée (farfelue), alimentée par la rumeur, que François Fillon présente sa démission pour que le chef de l'Etat (magnanime) la lui refuse, a été abandonnée, trop obstentatoire sans doute, si tant est qu’elle ait été sérieusement évoquée De même que celle, agitée par beaucoup à l'UMP, d'un remaniement pour éjecter les ministres d'ouverture au profit d'un gouvernement resserré sur la droite.

On nous a informé aussi que Mardi, les députés de l'UMP se réuniront à huis clos pour évoquer les résultats et je le suppose pour mettre en place une stratégie de redémarrage dans la continuité …sous des formes de communications renouvelées … bref encore, pour la suite , nous pouvons nous attendre à des annonces, des promesses, des expositions médiatiques revisitées ou on nous représentera les mêmes plats de base saupoudrées de nouvelles épices et d’une nouvelle sauce pour masquer le tout et son gout de « resservez moi ça » jusqu'en en 2012 .

Mais dans la réalité, il existe bien un malaise parmi les parlementaires qui se sont déjà exprimés avant le deuxième tour, certains ont souligné la tournure présidentielle trop personnelle de Nicolas Sarkozy, son ouverture à gauche, que la droite ressent assez mal, certains souhaitent que les partis de droite retrouvent une liberté d’expression trop monopolisée par l’UMP, et d’autres protestations au sein de la majorité parlementaire ne manqueront pas de s’élever dans les prochains jours.

Il faut bien reconnaître que ce muselage constant auquel ils se sont soumis avec duplicité depuis 2007 , leur devient de plus en plus insupportable, surtout maintenant qu’ils constatent l’échec de la stratégie électorale du parti. Ne pouvaient-ils se manifester plus tôt au lieu de s’aligner sur les bancs des assembléees en rang d'oignons, pour voter comme un seul homme, sans aucune critique ou suggestion personnelle, des textes manifestement anti sociaux ? voire discriminatoires à venir.

Car il faut bien reconnaître que c’est surtout aussi une exigence de justice sociale qui s’est exprimée dans le rejet de la majorité présidentielle tant au premier qu’au second tour.
S’étaient déjà exprimées aussi les tendances centristes, d'Hervé de Charette à Hervé Morin, et aussi d'autres tendances de la majorité, comme Christine Boutin par exemple qui avait émis des critiques d’une stratégie de droite trop unitaire.

Des critiques en effet aussi s’élèvent sur la pertinence d'un parti unique à droite, elles font observer que les électeurs déçus par le gouvernement et désireux de l'exprimer dans les urnes sans voter PS n'avaient en effet que deux choix : s'abstenir ou donner leur vote au FN, qui en a profité largement en revenant dans le jeu politique national.

D’autres membres de la droite dénoncent la mauvaise idée du débat sur l'identité nationale, qui, selon eux, n’a fait que renforcer le FN, lequel en a profité largement en revenant en troisième position et en hausse dans le jeu politique national.

Pour Alain Juppé : "Une réflexion s’impose désormais sur le rythme des réformes, la méthode selon laquelle elles sont lancées et préparées, la concertation qui les accompagne, la façon dont elles peuvent être mieux comprises et acceptées par une opinion que la crise déboussole."

Pour les résultats chiffrés régions par régions , inutile d’en faire « une salade »ici, vous les avez certainement suivis avec attention, et les journaux quotidiens, les hebdomadaires vont en faire état largement , donc pour moi je pose la plume, en attendant la suite, notamment pour apprendre ce qu’en pense les Villepinistes.

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