FRANÇAISES, FRANÇAIS,
Mes chers compatriotes,
La dernière fois que je me suis adressé à vous au sujet de la
pandémie qui nous frappe, j’avais fixé un délai – une dizaine de jours - pour
juger de l’efficacité des choix faits et décider de l’opportunité de mesures
nouvelles.
Nous y sommes.
Et si les efforts consentis ont été utiles, la lucidité commande
d’admettre que cela ne suffit pas, cela ne suffit plus.
Quelle est à cette heure la situation de notre épidémie ?
Le virus circule en France à une vitesse que même les prévisions les plus pessimistes n’avaient pas anticipée.
Le nombre de contaminations rapporté à la population a doublé en
moins de deux semaines.
Hier, 527 de nos compatriotes sont décédées du COVID-19. Hier,
nous avons dénombré près de 3000 personnes en réanimation, soit plus de la
moitié des capacités nationales.
A la différence de la première vague, l’ensemble des régions se
trouvent aujourd’hui au seuil d’alerte. Dans de nombreux endroits, pour prendre
en charge les patients COVID-19, nous avons commencé à déprogrammer des
opérations du cœur ou du cancer – parfois les mêmes qui avaient dû être
décalées au printemps.
Nous avons pris des mesures. Elles étaient déjà difficiles et je
sais qu’elles ont été perçues comme telles par beaucoup d’entre vous. Elles
étaient indispensables et elles ont souvent été contestées parce qu’elles ne
faisaient pas plaisir. Elles se révèlent toutefois insuffisantes pour endiguer
une vague qui aujourd’hui touche toute l’Europe.
Notre stratégie a été définie dès l’été, c’était de vivre avec le
virus. Il s’agissait de maîtriser sa circulation en nous appuyant sur nos
capacités pour « tester, alerter, protéger », sur les gestes barrières, sur la
protection des plus fragiles et des mesures de ralentissement de l’épidémie
territorialisées, au plus près du terrain. C’est ce que nous avons fait depuis
le mois d’août.
Avons-nous tout bien fait ? Non, et je l’ai dit il y a quinze
jours, on peut toujours s’améliorer, mais nous avons fait tout notre possible
et je crois profondément que notre stratégie était, compte tenu des
informations qui étaient les nôtres, la bonne. Elle fut d’ailleurs celle de
tous les pays européens. Nous aurions pu aller plus vite, au début sur les
tests, mais depuis plusieurs semaines nous sommes un des pays d’Europe qui
teste le plus. Nous aurions collectivement sans doute dû davantage respecter
les gestes barrière en particulier au sein de la famille ou avec les amis qui sont
les lieux où nous nous sommes le plus contaminé. Faut-il nous le reprocher
maintenant ?
Mais surtout il faut reconnaître que, comme tous nos voisins, nous
sommes submergés par l’accélération soudaine de l’épidémie, par un virus qui
semble gagner en force à mesure que l’hiver approche, que les températures
baissent. Une fois encore, il faut avoir beaucoup d’humilité.
Nous sommes tous, en Europe, surpris par l’évolution du virus.
Certains pays, comme l’Espagne, l’Irlande, les Pays-Bas, ont pris plus tôt des
mesures plus dures que les nôtres. Pourtant, tous, nous en sommes au même point
: débordés par une deuxième vague qui, nous le savons désormais, sera, sans
doute, plus dure et plus meurtrière que la première.
A ce stade, nous savons que quoi que nous fassions, près de 9000
patients seront en réanimation à la mi-novembre, soit la quasi-totalité des
capacités françaises. Nous nous organisons bien sûr pour y faire face, rouvrir
des lits supplémentaires et nous allons faire le maximum d’efforts tous ensemble,
mais ce n’est pas suffisant.
Si nous ne donnons pas aujourd’hui, un coup de frein brutal aux
contaminations, nos hôpitaux seront très vite saturés sans que nous ayons,
cette fois, la possibilité de transférer beaucoup de patients d’une région à
une autre parce que le virus est partout.
Si nous ne donnons pas aujourd’hui un coup de frein brutal aux
contaminations, les médecins devront alors choisir, ici entre un patient
atteint du COVID et une personne victime d’un accident de la route, là entre
deux malades du COVID. Ce qui, compte tenu des valeurs qui sont le nôtres, de
ce qu’est la France, de ce que nous sommes, est inacceptable.
Dans ce contexte, ma responsabilité est de protéger tous les
Français. Et en dépit des polémiques, en dépit de la difficulté des décisions à
prendre, je l’assume pleinement devant vous ce soir.
Quels sont nos objectifs ?
D’abord, c’est le premier, protéger les plus âgés, les plus
fragiles, celles et ceux qui sont atteint de diabète, d’obésité,
d’hypertension, de maladies chroniques et qui sont les premières victimes du
COVID-19.
L’âge est le facteur prépondérant. 85% des malades décédés ont
plus de 70 ans.
Notre deuxième objectif c’est de protéger les plus jeunes.
Je l’ai déjà dit, si le virus tue les plus âgés, il tue aussi,
même si c’est plus rare, les plus jeunes.
Aujourd’hui, au moment où je vous parle, 35% des personnes en
réanimation ont moins de 65 ans. Il touche donc sous des formes graves, toutes
les générations.
Et nous ne savons pas dire aujourd’hui quelles sont les séquelles
à long terme. Perte d’odorat, perte de goût, difficultés respiratoires :
contracter ce virus, n’est jamais anodin, même lorsqu’on a 20 ans.
Troisième objectif c’est de protéger nos soignants qui, à
l’hôpital, dans les structures médico-sociales, en ville, ont déjà beaucoup
donné durant le printemps. Ils ont ensuite dû redoubler d’activité durant l’été
pour rattraper les actes reportés au printemps et, malgré la fatigue, ils font
face aujourd’hui à cette montée soudaine des urgences.
Nous leur devons de prendre toutes les précautions pour limiter la
propagation du virus. Si nous ne le faisons pas pour nous, pour nos proches,
faisons-le pour eux.
Il s’agit troisièmement de protéger les plus modestes qui, parce
qu’ils vivent dans des lieux plus exigus, parce qu’ils occupent des emplois
précaires, sont les plus touchés par le virus sur le plan sanitaire, mais ce
sont aussi les plus touchés par les conséquences économiques et sociales de la
crise.
Enfin, il nous faut protéger notre économie.
Je ne crois pas à l’opposition entre santé et économie que
certains voudraient instaurer.
Il n’y a pas d’économie prospère dans une situation sanitaire
dégradée avec un virus qui circule activement. Et, je vous le dis très
clairement, il n’y a pas non plus, de système de santé qui tient s’il n’y a pas
une économie forte pour le financer.
C’est donc un juste équilibre qu’il nous faut sans cesse
rechercher.
Sans jamais perdre de le vue un principe intangible : pour nous,
rien n’est plus important que la vie humaine.
Quelles sont dès lors les stratégies possibles pour arriver à ces objectifs ?
Nous pourrions – certains le préconisent - ne rien faire, assumer de laisser le virus circuler. C’est ce qu’on appelle la recherche de « l’immunité collective » c’est-à-dire lorsque 50, 60% de la population a été contaminée.
Le Conseil Scientifique a évalué les conséquences d’une telle
option.
Elles sont implacables : à très court terme cela signifie le tri
entre les patients à l’hôpital. Et d’ici quelques mois c’est au moins 400 000
morts supplémentaires à déplorer.
Jamais la France n’adoptera cette stratégie. Jamais nous ne
laisserons mourir des centaines de milliers de nos citoyens, ce ne sont pas nos
valeurs, ça n’est pas non plus notre intérêt.
Une deuxième voie serait de confiner les seules personnes à
risque. Cette voie n’est pas non plus au moment où je vous parle utilisable.
D’abord elle suppose une discussion éthique.
D’une part nos aînés comme les personnes vulnérables, ont souvent
besoin d’une assistance extérieure pour leurs soins, leur ménage, la livraison
de leurs repas – certains vivent aussi avec leurs proches, leurs enfants,
souvent par manque de moyens. Et donc créer une forme de bulle autour d’une
génération, de certaines personnes, comme une barrière entre les générations,
n’est pas réaliste et à ce stade insuffisant.
D’autre part le virus se développe et développe des formes graves
chez les plus jeunes. Et donc, confiner les seules personnes âgées, est inefficace
: parce que le virus circulerait toujours trop vite et sous des formes graves
dans le reste de la population. Et donc nous ne pourrions pas protéger nos
soignants, nos urgences et même à terme nos aînés avec cette stratégie.
Elle peut être pertinente mais elle n’est pas suffisante.
Nous pourrions également faire le pari de tout miser sur la
stratégie du « Tester, alerter, protéger. »
Après tout, nous réalisons 1.9 million de tests par semaine, nous
sommes l’un des meilleurs pays d’Europe en la matière. Et, grâce au travail
remarquable de l’Assurance maladie, des Agences Régionales de Santé, 100 000
appels sont passés chaque jour pour identifier les cas contact et briser les
chaînes de contamination.
Mais si ce système peut être efficace avec quelques milliers de
cas par jour, nous avons aujourd’hui entre 40 000 et 50 000 contaminations
quotidiennes dépistées, sans doute en réalité le double. Ce système n’est plus
efficace, et d’ailleurs aucun pays européen ne le retient plus aujourd’hui.
Quant à la piste de l’augmentation de nos capacités de réanimation
que certains évoquent comme une piste qui nous permettrait de ne pas prendre
des mesures difficiles aujourd’hui. Je vais vous dire très clairement, nous
sommes en train de le faire mais là non plus ce n’est pas une bonne réponse.
Nous avons les stocks de médicaments, les respirateurs, les
masques, les blouses et les gants, tout le matériel nécessaire parce que nous
avons appris de nos insuffisances, de nos manques durant la première vague.
Nous avons aussi formé près de 7000 infirmiers et médecins pour
pouvoir travailler en réanimation et nous avons aussi repoussé nos capacités
qui sont passées de 5000 lits avant la première vague à 6000 aujourd’hui, nous
allons les porter au-delà de 10 000 lits en réanimation. Un effort colossal a été
fait de formation, d’investissement. Mais il n’est pas suffisant face à cette
vague
Nous agissons aussi sur le moyen terme : le Ségur de la santé qui
correspond à 8 milliards par an investis dans l’hôpital et notre santé
permettra de renforcer l’attractivité des métiers.
Mais il faut cinq ans pour former un infirmier-réanimateur, dix
ans pour former un anesthésiste. Il n’y a pas de solution magique, ce n’est pas
en quelques mois que nous pourrons créer véritablement une capacité totalement
différente. Nous ne pourrons pas non, compte tenu que les autres pays européens
sont saturés, faire appel à une main d’œuvre étrangère à court terme.
Du reste, quand bien même nous pourrions ouvrir beaucoup plus de
lits et malgré l’effort de doublement que nous avons réussi qui peut
sérieusement vouloir que des milliers de nos compatriotes passent des semaines
en réanimation avec les séquelles que cela implique sur le plan médical ?
Quelle est donc aujourd’hui la bonne stratégie à retenir ?
Confiner les plus âgés, les plus vulnérables, tester, alerter, protéger, augmenter les lits de réanimation : aucune de ces solutions n’est suffisante l’état actuel. Il faut donc aller plus loin.
Après avoir consulté les scientifiques, dialogué avec les forces
politiques, économiques et sociales, après avoir échangé aussi avec nos
partenaires européens, et pesé le pour et le contre, j’ai décidé qu’il fallait
retrouver à partir de vendredi le confinement qui a stoppé le virus.
Tout le territoire national est concerné, avec des adaptations pour les seuls départements et territoires d’outre-mer.
Mais parce que nous avons appris des événements du printemps, ce
confinement sera adapté sur trois points principaux :
- les écoles resteront ouvertes,
- le travail pourra continuer,
- les EPHAD et maisons de retraite pourront être visités.
Quelles seront les règles de cette nouvelle étape ?
Le Gouvernement les détaillera demain lors d’une conférence de presse. Il y a d’abord ce qui ne changera pas par rapport à ce que nous avons vécu au printemps.
Comme au printemps, vous pourrez sortir de chez vous uniquement
pour travailler, vous rendre à un rendez-vous médical, pour porter assistance à
un proche, pour faire vos courses essentielles ou prendre l’air à proximité de
votre domicile. C’est donc le retour de l’attestation.
Comme au printemps, les réunions privées en dehors du strict noyau
familial seront donc exclues, les rassemblements publics seront interdits, et
vous ne pourrez pas vous déplacer d’une région à l’autre, à l’exception des
retours de vacances de la Toussaint, et donc il y aura une tolérance durant ce
week-end de retour pour que chacune et chacun puisse revenir de son lieu de
vacances, pour que les familles puissent s’organiser.
Les commerces qui ont été définis au printemps comme non
essentiels, les établissements recevant du public, notamment les bars et
restaurants, seront fermés.
Comme au printemps, le « quoiqu’il en coûte », cette réponse
économique parmi les plus protectrices du monde se poursuivra. Elle sera même
plus importante qu’en mars pour nos petites entreprises fermées
administrativement avec la prise en charge jusqu’à 10 000 euros par mois de
leurs pertes en chiffres d’affaires. Les salariés et les employeurs qui ne
peuvent pas travailler continueront quant à eux à bénéficier du chômage
partiel. Et nous complèterons par des mesures de trésorerie pour les charges et
les loyers des prochaines semaines et un plan spécial sera fait pour les
indépendants, les commerçants les très petites et moyennes entreprises qui je
sais, redoutent plus que tout la crise.
Par rapport à mars-avril, nous avons progressé. C’est pourquoi
certaines règles vont évoluer.
D’abord, nos enfants ne sauraient être durablement privés
d’instruction, d’éducation, de contact avec le système scolaire. Trop de
conséquences, trop de dégâts, en particulier pour les plus modestes. Les
crèches, les écoles, les collèges et les lycées demeureront donc ouverts avec
des protocoles sanitaires renforcés. Les facultés et établissements
d’enseignement supérieur assureront à l’inverse des cours en ligne.
Partout où c’est possible, le télétravail sera à nouveau
généralisé. Mais, et c’est une seconde différence par rapport au printemps,
l’activité continuera avec plus d’intensité. Les guichets des services publics
resteront ouverts. Les usines, les exploitations agricoles, les Bâtiments et
Travaux Publics continueront de fonctionner.
L’économie ne doit ni s’arrêter, ni s’effondrer ! Je vous invite
donc, dans la mesure des possibilités de chacun, à participer de cet effort en
travaillant, en soutenant les entreprises qui, proches de chez vous, ont innové
à travers des commandes à distance, la vente à emporter ou la livraison à
domicile. Le Gouvernement accompagnera les TPE/PME comme les artisans qui
entreprendront des démarches de numérisation.
Nos frontières intérieures à l’espace européen demeureront
ouvertes et sauf, exception, les frontières extérieures resteront fermées.
Bien évidemment, les Français de l’Etranger resteront libres de regagner
le territoire. Dans les ports et les aéroports pour les déplacements
internationaux, des tests rapides obligatoires seront déployés pour toutes les
arrivées. Aucun voyageur ne doit pouvoir entrer sur le territoire européen sans
qu’on soit certain qu’il n’est pas porteur du virus.
Enfin, pour éviter que ne se nouent des drames humains où des
personnes en fin de vie se retrouvent totalement isolées, les visites en maison
de retraite ou en EHPAD seront cette fois autorisées dans le strict respect des
règles sanitaires. Je souhaite aussi que les personnes en situation de handicap
puissent bénéficier des souplesses dont elles sont besoin. Quant aux
cimetières, en cette période marquée par la Toussaint, ils demeureront ouverts,
et je veux que nous puissions continuer à enterrer dignement nos proches.
Ce nouveau confinement ne réussira que par la mobilisation de tous
et chacun à son rôle à jouer.
Aux personnes à risque, aux plus vulnérables, aux personnes âgées
de plus de 70 ans, je demande une vigilance accrue. Moins de réunions avec la
famille, avec les amis, même si c’est un crève-cœur. Et le respect de la
distanciation physique, y compris au domicile, le port du masque systématique
lorsqu’on se trouve à l’intérieur en présence d’une autre personne, même un
proche, un enfant ou un petit enfant. C’est très important pour vous.
Les soignants à l’hôpital, jouent évidement dans ce contexte un
rôle essentiel, mais nous avons besoin des médecins de ville, des infirmiers,
des pharmaciens, de tous les acteurs du médicosocial, de tous les professionnels
de santé de ville pour assurer une prise en charge précoce des patients dès les
premiers symptômes pour éviter que ne se développent des formes complexes.
Nous avons besoin de nos élus, nos maires ont joué un rôle
essentiel et je les salue. Maires, présidents et présidentes
d’intercommunalités, de métropoles, élus de terrain, nous allons avoir besoin
de vous de manière encore accrue, pour proposer et aller plus loin en matière
de prévention mobiliser nos associations pour accompagner les personnes les
plus isolées, les moins bien informées et assurer la bonne application des
mesures prises. Que ce soit près de nos jeunes dans le temps périscolaire ou
pour accompagner les personnes les plus vulnérables ou les plus âgées.
Nous avons besoin des forces de sécurité intérieure pour garantir
l’application des mesures, de nos forces de sécurité civile pour déployer les
plateformes de test et aller au contact de la population.
Nous avons aussi besoin du sens des responsabilité de chacun et de
l’esprit citoyen de tous. Restez au maximum chez vous. Respectez les règles.
Une fois encore je vous le dis, la réussite dépend du civisme de
chacune et chacun d’entre nous.
Comment cette nouvelle étape va-t-elle se dérouler dans le temps ?
Chaque heure compte. L’ensemble de ces mesures entreront donc en
application au plus vite. Elles le seront dans la nuit de jeudi à vendredi, et
seront appliquer a minima jusqu’au 1er décembre.
Dès demain, un débat suivi d’un vote se tiendra au Parlement. Dès
demain le Gouvernement détaillera toutes ces mesures, nous devons nous honorer
de cette transparence et du fait que ces décisions difficiles se passent dans
un cadre démocratique, où toutes les oppositions peuvent s’exprimer.
Dès demain également, je participerai à un Conseil européen pour
coordonner les réponses sanitaires des différents pays de l’Union.
Tous les quinze jours, nous ferons le point sur l’évolution de
l’épidémie et déciderons, le cas échéant, de mesures complémentaires. Et nous
évoluerons alors si nous pouvons alléger certaines contraintes en particulier
sur les commerces. Je sais que beaucoup de commerçants espéraient ne pas
fermer. Je sais que pour les commerces de centre-ville je demande un très gros
effort. Tenons-le avec beaucoup de rigueur pendant 15 jours. Si d’ici 15 jours
nous maitrisons mieux la situation nous pourrons alors réévaluer les choses et
espérer ouvrir certains commerces, en particulier dans cette période si
importante avant les fêtes de noël. Nous verrons si nous pourrons cultiver
l’espoir de célébrer en famille ce moment si précieux de Noël et des fêtes de
fin d’année.
Notre objectif à terme est simple : réduire très fortement les
contaminations – de 40 0000 contaminations par jour à 5000, ralentir
significativement le rythme des entrées à l’hôpital et en réanimation.
Et ce n’est qu’alors que nous pourrons redéployer une stratégie «
Tester, Alerter, Protéger » renouvelée, complétée. C’est pourquoi durant ces
semaines nous allons aussi produire des efforts massifs pour mettre en place
beaucoup plus de plateformes de test à travers des innovations et une nouvelle
organisation. Nous devons collectivement déployer beaucoup plus massivement
l’application TOUSANTICOVID, qui sera un instrument de la sortie de cette phase
de confinement. Tests en 30 minutes, meilleurs traçage, isolement plus efficace
des personnes positives qui est un sujet sur lequel nous devons encore
réfléchir. Une fois le pic épidémique passé tous ces outils doivent nous
permettre demain de tenir jusqu’au vaccin, à l’été, nous disent les scientifiques.
Mes chers compatriotes, nous avons tous été surpris par
l’accélération soudaine de l’épidémie. Tous. Si je sais la lassitude, cette
impression « d’un jour sans fin » qui tous nous gagne, nous devons, quoiqu’il
arrive, rester unis et solidaires, et ne pas céder au poison de la division.
Cette période est difficile en cela qu’elle éprouve notre
résilience et notre unité. Mais elle est un révélateur de ce que nous sommes.
Des femmes et des hommes liés les uns aux autres. Très peu de génération auront
eu comme la nôtre autant de défis ensemble. Cette pandémie historique, les
crises internationales, le terrorisme, les divisions de la société et une crise
économique et sociale sans précédent liée à la première vague. Mais j’ai
confiance en vous. Confiance en notre capacité à surmonter cette épreuve. Nous
devons tenir, chacun à notre place, dans la transparence, le débat, dans la
détermination pour appliquer les règles que nous nous fixons et en nous serrant
les coudes. A nouveau, nous nous relèverons. Si nous sommes unis, et nous
seront unis. Nous avons besoin des uns des autres, nous sommes une nation unie
et solidaire et c’est à cette condition que nous y arriverons. Nous sommes la
France. Je compte sur chacun d’entre vous, je serai là, nous serons là, et nous
y arriverons tous ensemble.
Vive la République.
Vive la France.
oo0oo
En conséquence le chef de l'Etat a décidé de mettre en place un nouveau « confinement
sur tout le territoire », à partir de vendredi et ce jusqu'au 1er
décembre.
Voici ci-dessous le scénario des principales mesures mises en perspective :
- Les déplacements seront limités, avec une attestation, uniquement pour travailler, vous rendre à un rendez-vous médical, porter assistance à un proche, faire vos courses ou prendre l’air à proximité de votre domicile.
- Les réunions privées en dehors du noyau familial, les rassemblements publics et les déplacements entre régions seront exclus, à l’exception des retours de vacances de la Toussaint, c’est-à-dire jusqu’à dimanche.
- Les commerces définis comme non essentiels et les établissements recevant du public, comme les bars et restaurants, seront fermés.
- L’Etat continuera à apporter une aide massive aux petites entreprises impactées avec la prise en charge jusqu’à 10 000 euros par mois de leurs pertes en chiffres d’affaires.
- Les salariés et les employeurs continueront à bénéficier du chômage partiel. Des mesures de trésorerie pour les charges et pour les loyers seront prévues.
- Un plan spécial sera annoncé pour les indépendants, les commerçants, les très petites et moyennes entreprises.
- Les crèches, écoles, collèges et lycées resteront ouverts avec des protocoles sanitaires renforcés.
- Les universités et établissements d’enseignement supérieur assureront des cours en ligne.
- Le travail pourra continuer. Partout où cela est possible, le télétravail sera généralisé.
- Les guichets des services publics resteront ouverts.
- Les usines, les exploitations agricoles et le BTP continueront de fonctionner.
- Les visites en EHPAD et en maisons de retraite seront cette fois autorisées dans le strict respect des règles sanitaires,
- Les personnes en situation de handicap puissent bénéficier des souplesses dont elles ont besoin.
- en cette période de Toussaint, les cimetières demeureront ouverts.
- le Premier ministre Jean Castex annoncera le détail des mesures à 18h30, jeudi 29 octobre.
Après l'intervention "solennelle d'Emmanuel Macron, qui se traduit dans les grandes lignes comme un son de cloche alarmiste, certains médias ont résumé succinctement les nouvelles mesures annoncées du confinement dit "allégé" par rapport au précédent confinement du printemps, pour exemple j'ai entendu ce matin sur certaines radio des formules de présentation très concentrées pour présenter les mesures du confinement actuel " Les enfants à l'école, pour permettre aux parents d'aller au travail, les restaurants et les bars fermés, retour impératif à la maison dès 19 heures .. les restaurants et bars fermés, .aucun divertissement n'est possible" ou encore "métro-boulot-dodo " ….
Plus importantes que les commentaires des médias, de nombreuses réactions de la classe politique et des acteurs économiques concernés se sont élevées pour souligner notamment l’échec du gouvernement dans la lutte contre le virus pour sortir de cette crise sanitaire, à l’exception de quelques parlementaires Lrem et associés qui se sont placés ( bien entendu) dans la ligne du Président.
Nous avons parcouru les médias qui les relatent et
ci-dessous nous résumons les réactions
les plus marquantes que nous avons découvertes 🔻
- Le Sénateur Bruneau Retailleau ,patron des sénateurs LR, : « Ce
soir, je pense à tous les Français sur lesquels s’abat la brutalité d’un
nouveau confinement.Une mesure rendue nécessaire par l’échec cinglant du
gouvernement dans la lutte contre le virus »,
a commenté sur Twitter le sénateur de la Vendée Bruno Retailleau.
- Marine Le Pen Présidente du Front National : Nous respecterons bien sûr les consignes, mais je persiste à dire que la gestion erratique de la crise et l’absence d’anticipation de cette 4ème vague sont la raison de décisions qui seront très dures à surmonter pour beaucoup de nos compatriotes et de nos entreprises. »
- Valérie Boyer sénatrice LR :
« La France est de nouveau sonnée. Les Français,
nos commerçants paient l'incapacité de l'Exécutif à renforcer les moyens des
hôpitaux »
- Nicolas Dupont-Aignan Président
de Debout La France : « Emmanuel Macron
confine les Français chez eux mais laisse nos frontières ouvertes au sein de
l'Union européenne... Incompréhensible ! Un peu de bon sens : contrôlons nos
frontières nationales et exigeons un test négatif pour toute entrée sur le
territoire national» …
- Boris Vallaud, député PS des Landes : « Ce
reconfinement n’est malheureusement pas une surprise. Il est rendu tristement
nécessaire pour protéger notre santé et épargner autant que possible nos
soignants à nouveau mis à rude épreuve. Le gouvernement a perdu le contrôle du
virus. Ce reconfinement est un échec de la stratégie du gouvernement et du
Président, qui nous assurait pourtant, le 14 juillet, que la France était
prête pour affronter une deuxième vague. Quelles leçons l’exécutif a-t-il
véritablement tirées de la première vague ? La question est posée. Notre
soutien à cette décision est un oui de colère et un oui de
responsabilité. »
Olivier Faure, premier secrétaire du Ps
appelle à « une rigueur absolue pour respecter le confinement (…) « Je
voterai demain (jeudi) les mesures proposées ».
Damien Abad, député LR de l’Ain et président de son groupe à l’Assemblée nationale : « Face à une deuxième vague non maîtrisée, il n’y a que des solutions difficiles. Le reconfinement est la conséquence directe de l’échec du déconfinement. Malgré tout, la santé des Français doit être notre priorité ».
- Julien Aubert, député LR du Vaucluse : « Le
Président a été très pédagogue (…) en expliquant son cheminement intellectuel.
Je suis resté sceptique sur la question des lits, où il parle de doublement
alors qu’on est à peine à + 20 %, et son argument sur les aînés,
qui sont isolés quel que soit le confinement. »
- Hervé Morin, président centriste de la région
Normandie « C’est une soirée triste pour la France et les Français (…)
Derrière ce deuxième confinement, « ce sont des parcours humains qui se
brisent ». Il n’hésite pas à mettre en cause directement le ministre de la
Santé, Olivier Véran, qu’il accuse de « mensonge » sur le nombre de
lits de réanimations supposés être disponibles au moment de la deuxième
vague : « l’engagement d’avoir 12 000 en tout date du printemps
alors que là on nous parle de 9 000 ».
- Christian Jacob, président de LR: « Où
sont les lits de réa promis ? On nous dit que c’est partout pareil en
Europe mais, en Allemagne, ils en ont 25 000. Au Royaume-Uni, ils sont
même capables de construire un hôpital de campagne en quatre jours… Chez nous,
il n’en est même pas question ». Le vote organisé, ce jeudi, à l’Assemblée
nationale relève pour lui du « mépris du Parlement » lequel doit
« voter des textes » et non pas « statuer sur la prestation
télévisée du président de la République ».
- Jean-Luc Mélenchon, leader de LFI « Le déconfinement est un échec. L’épidémie est hors de contrôle. Le Président aussi ...
Alexis Corbière a souligné : « La consigne du Président Macron : 'Restez chez vous !'. Mais, les ouvriers des usines, les travailleurs du bâtiment, les employés des services publics, les enseignants, les élèves, etc.. c'est à dire des millions de personnes : Au travail ! Incompréhensible...», a déploré le député de la France insoumise Alexis Corbière
- Stéphanie Rist, députée LREM du Loiret : « Les hôpitaux sont saturés. Mais c’est un confinement allégé, qui va permettre de soulager quelques professions ». Concernant le consensus politique, autour de ce reconfinement, « il est beaucoup moins présent, …. mais il faut une union nationale, il en va de la responsabilité de chacun, pour aider ceux qui en auront le plus besoin, par exemple, les étudiants qui vont devoir être accompagnés, c’est un des publics les plus fragiles, il faudra les aider. On a beaucoup de travail à faire mais on peut y arriver seulement si l’on n’est pas dans l’opposition systématique ».
- Geoffroy Roux de Bézieux, président du Medef :Le reconfinement va « provoquer des dégâts économiques et humains considérables ». Il a assuré « comprendre » le « désarroi et la colère » des commerçants qui sont « pénalisés » alors que « ce n’est pas dans les commerces que se fait la contamination mais dans la sphère privée ».
- Jean-Michel Ribes, directeur du théâtre du Rond Point à Paris : « Entre sauver des vie et sauver le théâtre, bien entendu il faut sauver des vies. Mais ce serait encore mieux de sauver des vies et de sauver le théâtre aussi. Le théâtre va crever. Il faut le savoir aussi »« Il ne faut pas faire de la chimiothérapie légère. On a perdu assez de temps. Je suis pour un arrêt complet pour quelques semaines à condition que ce soit efficace. Je préfère qu’on me coupe un bras, plutôt que la tête »...
- Malika Seguineau, du Prodiss (première
organisation patronale du spectacle musical dans le privé)« C’est un
nouveau coup dur, un nouveau coup d’arrêt pour les billetteries - or, on sait
qu’à Noël, d’ordinaire, l’achat d’un billet de spectacle comme cadeau est
courant -. Et surtout, notre reprise d’activité est encore repoussée à une date
inconnue ».
- Aurélie Hannedouche, du Syndicat des musiques
actuelles (Sma)« Plus que de l’argent, il va nous falloir des psys :
nos équipes, nos salles adhérentes, comme les artistes d’ailleurs, sont à
ramasser à la petite cuillère, nous n’en pouvons plus de ces deux pas en
avant/trois pas en arrière, de reporter des reports (…) Le circuit des petites
et moyennes salles de musiques actuelles avait rouvert récemment, avec jauges
limitées et spectateurs assis. Aucune enceinte culturelle n’a été identifiée
comme foyer d’infection de la covid-19. Mais le sommet de l’État « n’a pas
voulu faire d’exception »
- Marc-Olivier Sebbag, directeur général de la
Fédération nationale des exploitants de cinémas« C’est un moment de
tristesse … La décision s’impose. Le plus dur sera encore de faire revenir les
spectateurs en salles à la fin de ce reconfinement. On s’était reconstruit dans
le respect des règles sanitaires, et on doit refermer… Il faut reconfigurer les
aides. »
- François Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME)« Ce que nous a dit Emmanuel Macron, ça existe déjà. Le fonds de solidarité qui monte à 10 000 euros, ça existe déjà. Pour le moment, rien de nouveau malheureusement pour les entreprises qui vont être fortement impactées. J'attends vraiment qu’on règle le problème des loyers, qu’on fasse en sorte que leurs pertes d’activité puissent être compensées, parce qu’il n’y aura pas d’autre alternative que d’aller au tribunal de commerce. Économiquement, c’est une mise à mort quelque part, s’il n’y a pas un plan de soutien à la hauteur des efforts qu’on leur demande (…). Nous attendons maintenant des éléments précis pour être rassurés. »
- Laurent Munerot, président de l’Union des entreprises de
proximité U2P (artisans, professions libérales et petits commerçants) : Les
mesures présentées mercredi sont « peu compréhensibles et dangereuses pour
tout un pan de l’économie ».« Comment justifier la décision
unilatérale de fermer de très nombreuses entreprises alors que (…) l’essentiel
de l’amplification de la pandémie provient de la sphère privée ? ».
« Nous sommes en train de perdre les trois principaux moteurs nécessaires
à la vie des entreprises : confiance, activité et visibilité ».
- Roland Héguy, président de l’Umih (Union des
métiers des industries de l’hôtellerie« L’épidémie et l’économie sont hors
de contrôle. Les bars et restaurants sont montrés du doigt, on a l’impression
que ce sont nous qui propageons l’épidémie. À partir de ce week-end, des
milliers de commerçants n’auront plus un euro de recette mais toujours des
charges fixes. 30 % de nos entreprises risquent de ne pas survivre. »
- Didier Chenet, président du Groupement
national des indépendants (GNI)« Le choc est très dur. Il faut changer de
méthode. Dans un brouillard tel que celui-là, il nous faut plus que jamais des
mesures concrètes (…) qui s’inscrivent dans le temps et qui soient appliquées
immédiatement. Le problème des loyers doit être réglé dès la semaine prochaine.
Je pense que les ministres (Bruno Le Maire et Alain Griset, NDLR) mouillent la
chemise, mais, derrière, l’administration (de Bercy) ne suit pas et nous met
même des bâtons dans les roues. Il faut que la politique reprenne le pouvoir
face à la technocratie. »
- Jacques Creyssel, patron de la Fédération du
commerce et de la distribution (FCD) : « Il s’agit de mesures très
difficiles pour le commerce, et beaucoup vont malheureusement être obligés de
fermer à un moment essentiel de l’année, en pleine préparation de Noël et après
deux années où cette période avait été extrêmement compliquée. On espère que la
petite lueur d’espoir que le Président a apportée en fin de discours pourra se
concrétiser… »
- Ludivine Rosset, secrétaire académique du Snes
(Syndicat national des enseignements de second degré) Lyon : « Nous,
on attend des précisions. Le virus ne s’arrête pas au portail d’un lycée. Les
questions pédagogiques doivent être mises sur le tapis. Par exemple, comment
diviser les effectifs ? Car on a encore des classes à plus de 30 élèves.
Et il va faire trop froid pour laisser les fenêtres ouvertes dans les classes.
Si on veut réduire le risque de transmission du virus, il faut réduire le
nombre d’élèves par classe et, peut-être, envisager un turn-over des
élèves ».
- Stéphane Crochet, du syndicat SE-Unsa : « Dans
les lycées, avec des classes le plus souvent surchargées, le durcissement du
protocole sanitaire ne pourra guère aller plus loin qu’un renforcement du
nettoyage ».
- Commission exécutive de la CFDT : « La gravité de la situation nécessite la responsabilité de chacun et le respect des mesures annoncées. Tout doit être mis en œuvre pour freiner l’épidémie et permettre aux équipes soignantes d’accomplir leurs missions. Depuis huit mois, nous traversons une période totalement inédite. Les travailleurs n’en sont nullement responsables. Ils ne doivent pas en être les premières victimes. Les dispositifs destinés à protéger les emplois et les revenus et à sauver les compétences d’une crise économique dont l’échéance est incertaine, doivent être tous reconduits sans exception. Le télétravail doit être généralisé partout où c’est possible. Les personnes les plus précaires, celles qui ont basculé ou sont sur le point de basculer dans la pauvreté, doivent être davantage aidées et accompagnées. Le versement de primes ponctuelles, aussi important soit-il, n’est pas suffisant. La CFDT réitère sa demande d’augmentation des minima sociaux et d’ouverture du RSA aux moins de 25 ans. »
Les réactions ci-dessus ne sont
qu’un premier aperçu , Vous en trouverez d’autres dans la REVUE DE PRESSE
ci-dessous, mais il faut s’attendre à d’autres nombreuses interventions
réactives et nous les noterons dans un
prochain éditorial .
REVUE DE PRESSE :
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