27 septembre 2018

Billet International de Jacques Myard : " Une Politique de moins en moins étrangère " ( source "le Cercle Nation et République" -26 septembre 2018

Éditorial de lucienne magalie pons

Chers lecteurs


Je viens de recevoir en communication le Billet International de Jacques Myard du 26 septembre 2018, intitulé "Une politique de moins en moins étrangère".

Il est intéressant de prendre connaissance de son  analyse au moment où plusieurs  d'entre nous s'interrogent  sur les  divergences  des grands décideurs et  acteurs internationaux qui font de l'Onu un tremplin pour se faire valoir au plan international, ou encore  une scène où s'affrontent leurs divergences politiques  alors que tout au contraire ces acteurs politiques de premier plan devraient dans ce lieu se rapprocher pour trouver des compromis pour garantir la paix dans le monde. 

On a l'impression que beaucoup d'entre eux se servent de leurs pouvoirs d'expression à l'Onu pour s'assurer une prédominance sur les autres, en exposant des principes, de "belles idées" et de "beaux sentiments", qui tiennent dans des formules de sources archaïques, plutôt fictives,  telle  que les droits de l'homme à géométrie le plus souvent variable, ou encore en se référant à un "humanisme"  qui n'a jamais fait vraiment  ses preuves, formules  que l'on cite encore pour attester de "sa valeur d'âme",   mais à ce jeux virtuel personne au final ne gagne, ils en repartent sans avoir persuadé leurs homologues, et de retour dans leurs pays reviennent  comme par-devant à leurs pratiques   politiques parfois contradictoires et toute opposées à celles qu'ils ont développées à l'Onu pour se faire valoir. 

Voici ci-dessous en copié/collé  le Billet international de Jacques Myard dont l'analyse pondérée pensée par son  esprit supérieur et plein de sagesse    mérite une grande attention : 


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BILLET INTERNATIONAL : UNE POLITIQUE DE MOINS EN MOINS ETRANGÈRE


de Jacques MYARD
Membre Honoraire du Parlement
Maire de Maisons-Laffitte
Président du Cercle Nation et République


Le 26 SEPTEMBRE 2018

A/S :  UNE POLITIQUE DE MOINS EN MOINS ETRANGÈRE

Au moment où s'ouvre l'assemblée générale des Nations Unies à New-York avec deux discours importants, celui de Donald Trump et celui d'Emmanuel Macron, il n'est pas inutile d'analyser notre politique étrangère.

Il fut un temps où les Français ne se passionnaient guère pour les affaires étrangères qui relevaient à leurs yeux des spécialistes et qui constituaient autant d'affaires étranges, peu compréhensibles, ces étrangers baragouinant des sabirs obscurs et ayant pour mauvaises habitudes de dénommer leurs places ou gares de noms de défaites françaises... Quelle insolence !

Certes leur regain d’intérêt se manifestait vite lorsque la guerre s'annonçait aux frontières, mais la méconnaissance des périls suffisamment à l'avance,comme la montée en puissance de l'Allemagne nazie a coûté très cher à la France.

Aujourd'hui, la politique étrangère est de moins en moins étrangère dans la mesure où les frontières sont essentiellement des lignes imaginaires qui laissent pratiquement tout passer : les biens, les pollutions, les idées, les hommes, leurs passions et leurs haines.

Dans ce monde devenu un village planétaire, les acteurs internationaux sont de plus en plus interdépendants, et confrontés à des événements qui les interpellent à chaque instant.

Ce monde sans rivage où les moyens de communication rapprochent les hommes, leurs problèmes et leurs passions en quelques secondes exige des chefs d'Etat et de gouvernement de ne pas coller à l'emballement des événements mais de prendre du recul.

De plus, les chefs d'Etat doivent se garder de s'exposer sur tous les problèmes et crises "en montant en première ligne"; ils succombent trop souvent aux mirages du tapis rouge qu'on leur déploie à l'étranger et pratiquent " la diplomatie en direct " en court-circuitant leurs ambassadeurs et ministres des affaires étrangères.

On se souvient des déboires de Valérie Giscard d'Estaing qualifié de "petit télégraphiste de Varsovie " pour avoir cru, lors d'un entretien préparé dans le plus grand secret par l'Elysée seul en 1979, les promesses de L.Brejnev lui affirmant que les troupes soviétiques allaient se retirer d'Afghanistan dans les quinze jours...

Récemment les actions d'Emmanuel Macron pour convaincre la Pologne et d'autres pays de l'Europe de l'Est de réformer la directive sur les travailleurs détachés a surtout abouti à accroître les tensions au sein de l'Union européenne. La France à travers Emmanuel Macron fut fortement critiquée pour son arrogance !

Lundi dernier à New-York on a assisté à quelques duels entre chefs d'Etat qui traduisent les tensions internationales du début de ce siècle

- prolifération des armes de destruction massive dont le nucléaire
- dérèglement climatique et risques naturels
- flux migratoires et déséquilibres démographiques
- sous développement de nombreux pays en Afrique notamment
- crises démocratiques, non respect des droits humains, statut des femmes
- crises et guerres au Proche et Moyen Orient

Sur toutes ces questions les observateurs ont opposé les méthodes unilatérales des Etats-Unis particulièrement appréciées par D.Trump au multilatéralisme de la France qu'elle a toujours promu depuis des décennies et défendu avec force par Emmanuel Macron.

En réalité ces deux méthodes ne doivent pas être opposées mais elle se conjuguent. Il est d'ailleurs vain de déplorer l'impuissance des Nations Unies en prédisant à l'ONU de terminer comme la SDN.

L'ONU est à l'image de la société internationale et des Etats qui ne partagent ni une vision commune sur le plan politique, ni les mêmes méthodes de développement économique. Il est vain d'en accuser la faillite de l'ONU et de s'en lamenter.

En revanche l'ONU a un atout majeur : elle rassemble tous les Etats de la planète même ceux qui sont en opposition farouche ou en guerre, c'est déjà un grand succès par rapport à la SDN. La Charte des Nations Unies demeure le cadre de référence du droit international.

Ce n'est pas un paradoxe que de constater que c'est à l'ONU que Donald Trump vient proclamer son unilatéralisme; son discours est un hommage à cette organisation internationale qu'il décrie à satiété !

Rien n'est perdu, les Etats-Unis ne quitteront pas l'ONU.

Au demeurant aussi puissants soient-ils, les Etats-Unis ne peuvent plus imposer leur volonté à la planète, même si on ne peut être que révolté par leurs décisions de sanctions extra-territoriales face auxquelles la France et les Etats européens se sont couchés par lâcheté !

Ce dernier exemple nous amène à analyser le discours du Président de République Emmanuel Macron qui confond en premier lieu longueur d'intervention et propos percutants; son lyrisme et ses nombreuses répétitions affaiblissent le message, sans oublier ses transes en fin d'intervention où il a martelé le pupitre, ce qui traduit une perte de contrôle de lui même inquiétante.

Sur le fond on ne peut qu'être d'accord avec lui sur la nécessité de respecter le droit international.

Mais on ne peut pas reprocher à Wahington de ne pas respecter le droit international lorsque D.Trump dénonce l'accord de Paris sur le climat ou remet en cause l'accord nucléaire avec l'Iran. Il n'existe pas d'accord perpétuel sauf les accords de paix et d'amitié car la guerre est hors la loi, sous réserve du droit de légitime défense individuel ou collectif ( article 51 de la Charte de l'ONU ) et des décisions du Conseil de sécurité en application du chapitre VII de la Charte.

Si D.Trump ne viole pas le droit international en dénonçant l'accord de Paris ou l'accord avec l'Iran, il commet en revanche une faute politique en créant de multiples tensions internationales. Son slogan " L'Amérique d'abord " qui relève de l'Hubris à des fins de politique intérieure ne va provoquer qu'hostilités et contre-mesures sur la scène internationale, le temps de la vassalité à l'oncle Sam est révolu !

Mais le respect du droit international n'est pas à géométrie variable. E. Macron en se joignant aux frappes américaines et anglaises sur la Syrie sans décision préalable du Conseil de sécurité a violé la Charte et le droit international !

François Hollande a failli le faire, mais trahi par Obama il s'est épargné cette faute.

Il est aussi piquant d'entendre Emmanuel Macron vanter la souveraineté des peuples, lui qui accuse sans relâche les "souverainistes" d'être des populistes; son discours gagnerait en crédibilité s' il reprenait à Paris ses termes de New-York.

Tout cela doit nous conduire à regarder les réalités internationales en face :

- la politique étrangère multilatérale est indispensable mais elle demande de la patience et n'est pas parfaite car elle nécessite des compromis indispensables et parfois frustrants.

A ce titre les Etats-Unis comme la France devraient savoir qu'ils ne sont plus les faiseurs de Rois et que ce n'est pas eux qui choisiront le gouvernement des Syriens, mais les Syriens. Poser des préalables en termes de label démocratique n'est pas de nature à mettre un terme à la guerre.

Ces observations valent aussi pour l'OTAN qui doit rester une alliance défensive, la volonté américaine d'en faire le " gendarme du monde " est de nature à créer de multiples tensions. De plus permettre à certains Etats comme à l'Ukraine ou la Georgie d'adhérer à l'OTAN est une faute géostratégique vis à vis de la Russie.

- la diplomatie ou politique étrangère bilatérale est le meilleur moyen d'atteindre les objectifs nationaux, au demeurant au Proche et au Moyen-Orient la France doit se démarquer des Etats-Unis et agir en toute indépendance. Aujourd'hui elle apparaît comme vassale des Etats-Unis.

Elle doit agir en menant des actions " multi-bilatérales " avec tous les pays. A ce titre il importe qu'elle redonne des moyens financiers importants à ses coopérations d'aide au développement, en n'hésitant pas à lier ses aides à des objectifs commerciaux, de maîtrise démographiques et de flux migratoires. N'en déplaise aux tenants du politiquement correct !

En Europe, elle doit sortir de l'impasse des sanctions à l'égard de la Russie qui est un partenaire incontournable pour l'équilibre du continent.

Cela nécessite des moyens pour notre outil diplomatique et c'est sur ce point majeur que le discours lyrique d'Emmanuel Macron à l'ONU est fort décalé par rapport aux moyens accordés au budget du ministère des affaires étrangère toujours en baisse !

La diminution des moyens de notre diplomatie est une faute d'autant plus alarmante que la situation internationale a de plus en plus de conséquences sur notre politique intérieure et surtout notre sécurité.

Nous risquons de le payer très cher, les discours enflammés ne pourront jamais pallier le manque de moyens.

Il ne suffit pas de dénoncer " la loi du plus fort " qui constitue l'un des fondements de la réalité internationale depuis le fameux " Vae Victis " de Brennus aux Romains, la meilleure façon de défendre le droit international c'est de le soutenir par des moyens militaires et diplomatiques crédibles et en toute indépendance car le monde restera encore longtemps fort imparfait.

Nous devons garder à l'esprit comme Macbeth que l' Histoire sera toujours racontée par un idiot et pleine de bruit et de fureur...


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