27 août 2008

M. Dupont Aigan s'exprime sur la politique étrangère de la France

Nicolas Dupont-Aignan, député de l'Essonne, président de « Debout la République »vient d’adresser au Président de la République une lettre reprise intégralement dans l'édition du Monde du 27.08.08.

Monsieur Nicolas Dupont-Aignan a le mérite, dans cette lettre, d’exposer clairement et sans ambiguïtés, ses opinions sur la politique étrangère de la France et sur la nouvelle orientation politique désastreuse de la France en Afghanistan depuis Avril 2008.

Je rejoins l’analyse de Monsieur Dupont Aignan et prend la liberté de reproduire ci-dessous intégralement l’article du Monde pour soutenir sont point de vue qui est celui de plus de 55 % des citoyens français.

Reproduction :

« Lettre au président de la République, par Nicolas Dupont-Aignan

LE MONDE | 26.08.08 | 14h28

« Le 18 août, dix de nos courageux soldats trouvaient la mort en Afghanistan. Au moment de leur rendre hommage, vous avez affirmé devant les troupes françaises : " Quand il vous arrive quelque chose, je me sens responsable." Vous avez eu raison.

Passé le temps du deuil et du recueillement, j'ai voulu vous écrire car vous seul pouvez encore changer de politique en Afghanistan.

En avril, déjà, je vous avais fait part des trois raisons qui m'avaient conduit à voter la motion de censure déposée contre la politique étrangère de votre gouvernement. Tout d'abord, la situation dans le bourbier afghan me semblait si compromise que des soldats supplémentaires ne pouvaient l'infléchir ; ensuite, l'alignement sans précédent de la France sur les Etats-Unis constituait pour moi le premier pas vers l'inacceptable réintégration complète de la France dans le commandement militaire intégré l'OTAN ; enfin, l'extinction de la voix originale de la France accélérait la logique de "choc des civilisations", pour le plus grand bénéfice des intégristes musulmans.

Hélas, ce qui devait arriver est arrivé, tragiquement : pour la première fois depuis bien longtemps, des soldats français engagés comme supplétifs dans une guerre qui n'est pas la leur et qui est de surcroît conduite en dépit du bon sens, sont morts sans que la nation ne sache vraiment pourquoi.

Suite à ce drame, lors de votre discours de Kaboul, vous avez préféré la fuite en avant, transformant la présence française en croisade contre le terrorisme et pour la liberté, au lieu de prendre votre temps et de procéder à l'examen prudent et attentif de la situation en Afghanistan.

Mais comment, quand on connaît cette situation, demander à nos soldats en nombre si limité, mal équipés pour la guérilla et mal coordonnés, de sauver le monde dit libre ? Comment ne pas ouvrir les yeux sur le fait que cette fuite en avant militaire, diplomatique et politique dont vous voulez vous faire le héros est suicidaire ? Et où est la cohérence avec vos propos, tenus à la veille du second tour de l'élection présidentielle, où vous considériez que la présence de notre armée à cet endroit du monde n'était "pas décisive" ?

OSER LE SURSAUT

Experts, états-majors et observateurs militaires savent que le conflit actuel n'a rien à voir avec celui de 2001. Preuve en est que loin de lutter contre le terrorisme, la stratégie actuelle de l'OTAN renforce chaque jour un peu plus les talibans, en faisant basculer la population de leur côté.

Il est urgent de reconsidérer votre position. Car seul un changement radical dans la conduite des opérations peut éviter la catastrophe. Seule une perspective politique négociée entre les alliés et les forces afghanes les plus modérées peut sauver ce pays des griffes des plus extrémistes. En avril, la France pouvait être le levier de ce changement en conditionnant l'envoi de ses soldats à la révision de la stratégie américaine. Vous avez manqué l'occasion, préférant plaire à Georges Bush.

Une réaction est encore possible. Notre pays peut peser, d'une part en refusant le redéploiement de ses hommes sur les zones à risques, d'autre part en menaçant de retirer ses troupes si rien ne change. Oserez-vous ce sursaut ?

En son temps, le général de Gaulle avait sagement décidé de retirer la France du commandement intégré de l'OTAN car il ne voulait pas voir notre pays entraîné dans une guerre qui ne serait pas la sienne, sous un commandement étranger. Votre triste politique de ces derniers mois lui donne raison puisque pour symboliser le retour complet de la France dans l'OTAN, vous avez placé nos armées dans un guêpier sans issue, avec les conséquences que nous connaissons...

Il savait aussi par-dessus tout que lorsque le sort de ses soldats est en jeu, le président de la République ne doit obéir qu'à l'intérêt supérieur de son pays, intérêt qui ne coïncide pas toujours avec celui de ses alliés. Aujourd'hui Monsieur le Président, il vous faut choisir : allez-vous être fidèle à la France ou à l'Amérique ? Nos compatriotes ne vous pardonneraient pas de préférer trop longtemps la seconde à la première ! »

Nicolas Dupont-Aignan, député de l'Essonne, président de Debout la République

Article paru dans l'édition du Monde du 27.08.08.

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