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08 février 2008

Médecins ou apprentis sorciers ? Le procès de l'hormone de croissance

« L’'affaire » de l'hormone de croissance contaminée a fait 109 morts en France depuis le début des années 1990.

Des enfants de petite taille s'étaient vu prescrire une hormone de croissance extraite d'hypophyses humaines. Selon l'accusation, ces risques étaient suffisamment connus du monde médical pour justifier les accusations portées contre les sept prévenus.

Après 16 ans d'instruction, sept personnes sont jugées à Paris à partir du 6 février 2008 après une longue procédure qui a débuté le 24 décembre 1991 par une information judiciaire ouverte à Paris après la plainte des parents d'un enfant atteint de la maladie de Creutzfeldt-Jakob à la suite d'un traitement à base d'hormone de croissance.

La maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ) a été transmise entre 1983 et 1986 par des injections d’hormones de croissance pour faire grandir les patients, souvent très jeunes, atteints de problèmes de croissance.

Ce bilan est provisoire puisque 800 personnes environ, maintenant adultes, ont été traitées entre 1983 et 1985. Les patients vivent donc avec la crainte que cette maladie se déclare un jour.

Ce vendredi matin en écoutant la radio, alors que mon article a déjà été lu et publié hier, j'ajoute ce complément :j'apprends que l'un des accusés pour sa défense plaide qu'il est innocent, qu'il n'a voulu qu'aider à faire grandir des enfants qui rêvaient de devenir plus tard mannequins, hôtesse de l'air, etc. ...

Quelle dérision, quel argument ! Rappelons que certains des médecins à l'époque parlaient de traiter des d'enfants atteints d’un « handicap majeur » en aucun cas de satisfaire des rêves d'enfants.

Historique :

En 1973 les professeurs Royer et Job, médecins pédiatres, créent l’association para-administrative France-Hypophyse, avec pour objectif d’organiser l’offre d’hormone de croissance, produit considéré à l’époque comme « miracle » pour des enfants menacés d’être de très petite taille.

Un des seuls moyens à l’époque était de prélever des extraits d’hypophyse (glande située à la base du cerveau) sur des cadavres, et d’en extraire des hormones de croissance.

L’association se charge de la collecte des hypophyses auprès des hôpitaux. L’extraction de l’hormone de croissance est confiée au laboratoire Uria de l’Institut Pasteur, dirigé par le biochimiste Fernand Dray. Enfin, la pharmacie centrale des hôpitaux de Paris conditionne et distribue le produit final. Les médecins sont rassurants. En principe un produit labellisé Pasteur ne présente aucun risque, les médecins sont rassurants et les familles sont confiantes

Le scandale a éclaté en 1991, avec la plainte des parents du petit Yliassyl Benziane un enfant décédé de la MCJ, connue en France sous le nom de la "maladie de la vache folle".

Le 24 décembre 1991 : une information judiciaire est ouverte à Paris après la plainte des parents petits Yliassyl, décédé en 1991, atteint de la maladie de Creutzfeldt-Jakob depuis 1989 à la suite d'un traitement à base d'hormone de croissance ;

A la suite de cette plainte, l’enquête judiciaire découvre de graves dysfonctionnements dans le contrôle médical des collectes par France Hypophyse.

Le 24 décembre 1992: l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) pointe un "grave dysfonctionnement du dispositif" de fabrication et de diffusion de l'hormone, ainsi que des "précautions manifestement insuffisantes" dans la collecte des hypophyses dont est extraite l'hormone.

Le 4 janvier 1993 : Jacques Dangoumau, ancien directeur de la pharmacie et du médicament du ministère de la Santé, est mis en examen.

Le 20 juillet 1993: Jean-Claude Job, président de France-Hypophyse (l'association qui collecte les hypophyses) et Fernand Dray, ancien responsable de l'extraction de l'hormone à l'Institut Pasteur, sont mis en examen pour "homicide involontaire" de même le 11 octobre Henri Cerceau, ancien directeur de la pharmacie centrale des hôpitaux (PCH)

Le 15 jan 1997 : Henri Cerceau et Marc Mollet, autre cadre de la PCH, sont mis en examen pour empoisonnement. Ils n'auraient pas respecté la décision de désactivation systématique du virus prise en juin 1985 par France-Hypophyse, mais le 2 juillet 1998 la Cour de cassation jugeant que l'empoisonnement suppose la volonté de tuer, cette qualification est abandonnée.

En novembre 1999: nouvelle ouverture d'une information judiciaire pour "corruption". M. Dray aurait touché des commissions d'une société belge liée à l'achat de poudre d'hormone.

Le 17 novembre 2000, : Olivier Duplessis président de l'association française des Transfusés, Jeanne Goerrian (présidente de l'association des Victimes de l'Hormone de croissance (AVHC), Dominique et Eric Eboli , parents d'Arnaud, en phase terminale de la maladie de Creutzfeldt-Jacob (MJC), Jean Duhamel frère de Laurence, décédée en février 2000 de la même maladie, déposent une plainte le 17 novembre 2000 pour "empoisonnement, homicides involontaires et mise en danger de la vie d'autrui" .

Le 8 août 2001: le Dr Micheline Gourmelen est mise en examen pour "homicide involontaire" dans le choix du traitement par l'hormone de croissance.

Le 23 sept 2003: la justice juge l'Institut Pasteur, extracteur de l'hormone dans l'hypophyse, civilement responsable de la maladie d'une patiente.

Le 7 juin 2004: Mise en examen de MM. Job, Dray, Cerceau, Mollet et Dangoumau pour tromperie et de cinq médecins collecteurs pour complicité.

Le 22 février 2007: Un an et demi après la fin de l'instruction, le parquet requiert le renvoi en correctionnelle de six des douze mis en examen, responsables de la collecte des hypophyses, de l'extraction, du conditionnement et de la diffusion du produit et requiert un non-lieu pour des médecins collecteurs de l'hypophyse et les auteurs présumés de délits financiers.

Le 6 avril 2007: la juge d'instruction, Marie-Odile Bertella-Geffroy, rend une ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel pour les six personnes visées par le parquet, ainsi que pour le Dr Gourmelen.

Le 6 février 2008 : après 16 ans d'instruction, sept personnes sont jugées à Paris à partir du 6 février 2008.

La maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ) a été transmise entre 1983 et 1986 par des injections d’hormones de croissance pour faire grandir les patients, souvent très jeunes, atteints de problèmes de croissance.

Ce bilan est provisoire puisque 800 personnes environ, maintenant adultes, ont été traitées entre 1983 et 1985. Les patients vivent donc avec la crainte que cette maladie se déclare un jour.

En 1980, l'association France Hypophyse demande son avis au professeur Luc Montagnier, chef de l'unité d'oncologie virale à l'Institut Pasteur, qui conclut à l'existence d'un réel danger de contamination et propose d'éliminer les donneurs à risque.

Les avertissements du virologue Luc Montagnier, célèbre pour ses recherches sur le Sida, n’ont pas été suivis scrupuleusement. Il avait demandé dès 1980, dans une note, qu' "une attention particulière soit portée au danger de transmission de la MCJ" et préconisait aussi d'écarter certains donneurs d'hypophyse "à risque".

Son conseil a été délibérément contourné, avec la décision de trier les hypophyses en "saines, douteuses et contre-indiquées", mais avec ou par négligence les flacons sont souvent mélangés et les instructions ignorées.

(Le Professeur Luc Montagnier sera témoin au procès)

La maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ) a été transmise entre 1983 et 1986 par des injections d’hormones de croissance pour faire grandir les patients, souvent très jeunes, atteints de problèmes de croissance.

En 1984 et 1985 deux jeunes Américain atteint de la MCJ meurent, tous deux ont reçu, alors qu’ils étaient enfants, un traitement à base d’hormones de croissance et en 1985, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada, l'Australie notamment, arrêtent l'hormone de croissance extractive, au profit de celle de synthèse.

En 1985, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada, l'Australie notamment, arrêtent l'hormone de croissance extractive, au profit de celle de synthèse, après l'apparition du premier cas : la mort en novembre 1984 d'un jeune Américain atteint de la MCJ, après traitement à l'hormone de croissance.

France Hypophyse décide de poursuivre l'hormone extractive en inactivant l'agent infectieux par un traitement à l'urée. Pour autant, l'association ne s'assure pas de la destruction des anciens lots.

Et en France ce n’est qu’en avril 1988 seulement qu'est arrêté ce traitement par hormone d'extraction

Pourtant, au fil des années les familles s'inquiètent. Mais chaque fois on les rassure.

Sur cette lancée le directeur de la Pharmacie adresse, le 7 mai 1985, une note sans équivoque: "La qualité du système mis au point en France, la nature des produits utilisés, les garanties offertes par leur contrôle, la gravité du handicap traité justifiaient de ne pas interrompre le très remarquable travail réalisé par l'association France-Hypophyse."

Pourtant trois ans plus tôt, en 1982, un rapport de l'IGAS avait révélé que la collecte d'hypophyses dans les morgues ou les hôpitaux se faisait parfois dans des conditions stupéfiantes. Mais le pire c’est qu’une mère, Mme Goerrian, qui s’est battue pendant des années, nomme le « négationnisme » des médecins : "A la mort de mon fils Eric, je me suis retrouvée devant le déni des causes de sa mort, on me le tuait une deuxième fois".

Il y a eu jusqu’ici 109 morts.

Pourtant, au fil des années les familles s’étaient inquiétées.

Mais chaque fois on les rassure formellement : le directeur de la Pharmacie adresse le 7 mai 1985, une note dans laquelle il affirme "La qualité du système mis au point en France, la nature des produits utilisés, les garanties offertes par leur contrôle, la gravité du handicap traité justifiaient de ne pas interrompre le très remarquable travail réalisé par l'association France-Hypophyse."

Trois ans plus tôt, en 1982, un rapport de l'IGAS avait cependant révélé que la collecte d'hypophyses dans les morgues ou les hôpitaux se faisait parfois « dans des conditions stupéfiantes »

France Hypophyse décide de poursuivre l'hormone extractive mais en inactivant l'agent infectieux par un traitement à l'urée. Pour autant, l'association ne s'assure pas de la destruction des anciens lots.

Nouvelle alerte, En 1985 deux jeunes Américains meurent des suites de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, tous deux ont reçu, alors qu’ils étaient enfants, un traitement à base d’hormones de croissance et en 1985, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada, l'Australie notamment, arrêtent l'hormone de croissance extractive, au profit de celle de synthèse

Mais France Hypophyse qui ne peut ignorer ce qui se passe à l’étranger, décide de poursuivre l'hormone extractive en inactivant l'agent infectieux par un traitement à l'urée. Pour autant, l'association ne s'assure pas de la destruction des anciens lots.

(Rappelons que ce n’est qu’en avril 1988 seulement qu'est arrêté ce traitement par hormone d'extraction.)

Selon l'accusation, ces risques étaient suffisamment connus du monde médical pour justifier les accusations portées contre les sept prévenus.

Parmi les sept accusés, se trouvent des médecins et des personnalités considérés à l’époque comme des sommités du monde médical, dont le Pr Jean-Claude Job, ex-président de France-Hypophyse, Jacques Dangoumau, directeur de la Pharmacie et du médicament ou Henri Cerceau, directeur de la pharmacie centrale de l'Assistance publique .

Ces sept médecins aujourd’hui sur le banc des accusés pour homicides involontaires et "tromperie aggravée" risquent cinq ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende et devront s’expliquer.

Mme Goerrian, dénonce le « négationnisme » des médecins : "A la mort de mon fils Eric, je me suis retrouvée devant le déni des causes de sa mort, on me le tuait une deuxième fois".

Comme les familles, nous attentons les réponses des médecins à des accusations "d’homicide volontaire" et de « tromperie aggravée », dont tous, se disent innocents.

Presque tous faisaient partie de l’association France Hypophyse créée en 1973.

La France compte plus de la moitié des victimes recensées dans le monde.

Me François Honnorat, avocat de nombreuses parties civiles … a déclaré «Tout le système était gouverné par des médecins et chercheurs n’ayant absolument pas la culture du risque propre aux grands laboratoires industriels», affirme Me Honnorat.

Face aux risques bien trop souvent, des médecins et des responsables trop confiants en leur savoir, sûrs de leur compétence, se lancent et poursuivent leurs pratiques hasardeuses dans des avancées scientifiques non éprouvées en jouant les apprentis sorciers, en contournant délibérément les conseils avisés du Professeur Montagnier.

Ils ne pourront pas soutenir et prétendre qu’ils n’avaient pas été tenus au courant des risques encourus par cette pratique, puisque dès 1980, le remarquable Professeur Montagnier les avait prévenus et que par la suite ils n’ont pas tenu compte que dès 1985 les Etats-Unis, La Grande Bretagne, Le Canada et l’Australie( suite à la mort de deux jeunes américains contaminé par la MJC) ont arrêté le traitement par hormone extractive au profit de celle de synthèse.

3 commentaires:

christophe a dit…

Bonjour,

Je suis partie civile dans le procès de l'hormone de croissance. Je vous remercie pour votre article et me suis permise de l'insérer dans mon blog creutzfeldtjakobmoncombat.unblog.fr. Je vous remercie de bien vouloir le dire si cela vous dérange. Dans ce cas je le retirerai.
Merci encore pour votre article.
Estelle

Lucienne Magalie Pons a dit…

réponse à christophe :merci de votre intérêt - je suis tout à fait heureuse de voir que mon aticle Hormone de croissance et l'Asssociation France-hypophyse figure sur votre blog -

j'espère que ce procès ne sera pas une épreuve de plus pour les familles - il faut exiger plus qu'une demande de pardon - Toute ma symphatie va vers vous et les familles éprouvées et pour toutes les personnes qui ont subis ces traitements que peuvent se déclarer encore dangereux

ooOoo


j'ai quelques craintes pour une nouveau projet du pouvoir : le plan Alzheimer : un montage juridique qui risque d'inciter des fondations et des associations para étatiques ou mêmes d'autres privées, à récolter des subventions publiques et des dons privés ,au motif de financer des recherches ou de soutenir des familles, avec à l'appui des médecins "missionnés" qui risquent pour faire du zèle au nom de la compassion, de diriger les personnes âgées au moindre petit trou de mémoire vers des "espaces" prévus dans des hôpitaux publics ou on leur administrera en masquant les risques encourus, des médicaments "miracles" issus de recherches récentes non encore éprouvées, et où on risquera d'aggraver leur cas -

Les franchises médicales à hauteur de un milliards 400 millions sont déjà prévus pour le Plan Alzheimer et le budget de recherche bénéficiera de la plus grosse part.

Il existe déjà une Fondation MEDERIC Alzheimer dépendant du GROUPE MEDERIC présidé par M. Guillaume SARKOZY frère de Nicolas SARKOZY. Le groupe MEDERIC a entre autres activités les Mutuelles de retraites complémentaires et diverses Assurances privées, dont l'Assurance dépendance vieillesse.

Existe aussi un important fabricant de produits pharmaceutique BIOALLIANCE PHARMA qui s'interresse à plusieurs catégories de maladie dont la maladie d'Alzheimer ,dont l'un des hauts responsables est François SARKOZY, frère de Nicolas SARKOZY

Seront-ils partie actives du plan Alzheimer ?

That is the question ?



je n'ai pas votre mail et voici ma réponse en espèrant que vous la lirez en revenant sur mon blog :

Lucienne Magalie Pons a dit…

mille excuses pour les fautes de frappes et d'orthographe de mon précédent message -