Annoncé depuis plusieurs jours par le Pouvoir et les ténors de l’UMP comme un ajustement ou un léger remaniement, le remaniement du Gouvernement qui illustre le mépris de l’échec sanglant qu’ils viennent de subir aux municipales, nous a été annoncé par un communiqué très bref un peu avant 20 heures.
Concernant la nouvelle composition de l'exécutif, je ne pense pas pour ma part qu’il s’agisse d’un léger réajustement mais bien d’un renforcement très significatif à droite, sans aucune ouverture à gauche cette fois.
Tous les ministres sont maintenus (à l’exception de monsieur Estrosi partant pour s’occuper « à plein temps » de la Mairie de Nice), avec quelques mouvements internes et quelques changements dans la dénomination de leur ministère pour certains et 6 nouveaux secrétaires d’Etat sont nommés, pour consolider la « forteresse gouvernementale » en péril, après la défaite de l’UMP aux municipales et cantonales.
En examinant la recomposition du Gouvernement, on peut constater que les mouvements et nominations répondent à différents critères, d’abord distribution de récompenses pour ceux qui ont obtenus de bons résultats aux élections municipales ou encore lots de consolation pour d’autres qui ont été battus ou privé d’un poste important, mais surtout et au-delà de cette reconnaissance et de ces consolations, la nature même des fonctions confiées aux nouveaux venus dénonce bien la volonté du Gouvernement de se renforcer sur différents secteurs qui se trouvent dans le collimateur du Chef de l’Etat et dans lesquels il veut imprimer son influence et détenir le contrôle , tels que l’économie numérique, la jeunesse et la vie associative , la famille, le projet du Grand Paris, l’aménagement du territoire, le commerce extérieur .
Ainsi comme nous pouvons le constater après avoir consolidé la veille son staff élyséen chargé principalement de filtrer la communication de l’Elysée, de surveiller dans les journaux et sur la toile les « attaques » ou critiques à l’encontre du chef de l’Etat, et de « normaliser » ses relations avec le parlement, dans le sens d’une concertation avec les élus de la majorité, Nicolas Sarkozy et François Fillon , qui ont fait mine en surface de considérer les élections municipales comme un simple scrutin local, ont bien en réalité mesuré entre eux et avec leurs ministres et l’appareil UMP, l’impact national de leur échec sanglant.
Ils viennent en effet de recomposer leur gouvernement en famille pour resserrer leurs liens avec l’UMP et apparentés, sans tenir compte du changement politique du territoire national, se protégeant cette fois de toute ouverture à gauche, tout en accentuant leur volonté de suivre le cap des réformes qu’ils se sont fixés, réformes de plus en plus dénoncées comme anti sociales et essentiellement axées au bénéfice des nantis adeptes du libéralisme sauvage.
La recomposition du Gouvernement se présente comme suit :
Les nouveaux Secrétaires d’Etat et nouveaux venus au nombre de six sont Yves Jégo, Hubert Falco, Christian Blanc, Anne-Marie Idrac, Nadine Morano et Alain Joyandet.
Tout d’abord les récompenses :
Le porte-parole de l'UMP Yves Jégo, Député Maire de Montereau (seine et marne) réélu au premier tour, fidèle soutien inconditionnel du Chef de l’Etat en toutes circonstances, devient secrétaire d'Etat à l'Outre-mer en remplacement de Monsieur Christian Estrosi, élu dimanche à la mairie de Nice et qui avait souhaité quitter son poste pour se consacrer à son nouveau mandat.
Hubert Falco, maire UMP de Toulon réélu le 9 mars, prend la responsabilité d'un nouveau secrétariat d'Etat chargé de l'Aménagement du territoire.
Le député des Yvelines Christian Blanc devient secrétaire d'Etat chargé du développement de la région capitale (Projet du Grand Paris)
Alain Joyandet, député UMP de la Haute-Saône, devient secrétaire d'Etat chargé de la coopération et de la francophonie
Enfin les consolations :
La porte-parole de l'UMP, députée de Meurthe et Moselle, Nadine Morano proche et fidèle du Chef de l’Etat, battue aux municipales à Toul en Moselle dimanche dernier, est nommée à la tête d'un nouveau secrétariat d'Etat à la Famille.
L'ancienne présidente de la RATP puis de la SNCF Anne-Marie Idrac (centriste) est nommée secrétaire d'Etat chargée du commerce extérieur. Elle avait été remplacée, le mois dernier dans ses fonctions de PDG de la SNCF par Guillaume Pépy.
Les remaniements internes :
Deux ministres ayant ravi des villes à la gauche au premier tour des municipales voient leurs fonctions étendues :
Luc Chatel, nouveau maire de Chaumont (Haute-Marne), se voit attribuer, en plus de sa fonction de secrétaire d'Etat à la Consommation, celle de porte-parole du gouvernement.
Le porte-parole sortant, Laurent Wauquiez, élu à la mairie du Puy-en-Velay (Haute-Loire), devient secrétaire d'Etat chargé de l'Emploi.
Par ailleurs, Eric Besson, secrétaire d'Etat chargé de la Prospective et de l'évaluation des politiques publiques, sera également responsable de l'économie numérique.
Alain Marleix, un fidèle de Nicolas Sarkozy, change de fonction et de secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants devient secrétaire d'Etat à l'Intérieur et aux Collectivités territoriales.
Eric Besson, secrétaire d'Etat chargé de la Prospective et de l'évaluation des politiques publiques, sera en plus chargé de l'économie numérique.
Le portefeuille du secrétaire d'Etat aux Sports Bernard Laporte, proche de Nicolas Sarkozy, entraîneur au Quinze de France, sera complété de la Jeunesse et de la Vie associative.
Laurent Wauquiez, jusqu'ici porte-parole, quitte cette fonction pour devenir secrétaire d'Etat chargé de l'Emploi.
Luc Chatel, jusqu'ici chargé du Tourisme et de la Consommation, sera chargé d un secrétariat stratégique, il assumera la responsabilité de l'Industrie et de la Consommation, sous la responsabilité de Christine Lagarde. Il devient aussi la nouvelle voix officielle du gouvernement.
Par ailleurs selon le JDD.fr : « Quelques ajustements interviennent dans les intitulés des fonctions ministérielles Jean-Louis Borloo devient ministre de l'Ecologie, de l'Energie - un thème à la mode avec l'explosion du pétrole - et de l'Aménagement du territoire. Brice Hortefeux ne parlera plus de codéveloppement mais de Développement solidaire. Bernard Laporte devient secrétaire d'Etat à la jeunesse et à la vie associative, en plus des Sports. Reste une curiosité: Christine Lagarde est en charge de l'économie, de l'industrie et de l'emploi... mais les Finances ont disparu de ses fonctions. »
Conclusion : Nous voyons bien que le seul objectif de Chef de l’Etat, de Monsieur Fillon, et du Gouvernement est de se protéger et de renforcer sa couleur UMP et qu’une fois de plus ils ont agit et agiront en égocentriques sans se préoccuper des aspirations sociales de la population ou en les détournant au profit des nantis, comme ils n’ont cessé de le faire depuis leur accession au pouvoir.
D’ailleurs ce n’est pas une surprise puisque le Mardi matin avant que ne soient mis au point le remaniement Ministériel dans la journée, François Fillon lors d’une réunion post-électorale du Groupe UMP à l’Assemblée Nationale, à laquelle assistait un grand nombre de ministres qui à toute occasion se comporte en partisan au lieu de s’occuper de leur fonction, avait exhorté les députés UMP à "tenir le cap" de la réforme et à ne pas "alimenter le lynchage médiatique" contre le président Nicolas Sarkozy, au surlendemain de la victoire de la gauche aux municipales et aux cantonales.
"Il faut être plus combatif et répondre aux attaques de la gauche, surtout lorsqu'elles sont démagogiques", a-t-il lancé ……"Il faut tenir le cap" de la réforme "si vous voulez que les résultats soient au rendez-vous en 2012" lors de la présidentielle et des législatives.
Monsieur Fillon, a évoqué le plan de travail pour les mois à venir, textes sur la modernisation de l'économie et la transposition de l'accord des partenaires sociaux sur le marché du travail, réforme de l'intéressement et de la participation, retraites , il a aussi évoqué la santé, la prise en charge de la dépendance, la réforme de l'Etat, avec l'application du principe du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux, la conditionnalité des allègements de charges aux entreprises, ainsi que l'avant-projet de réforme des institutions, qui fera l'objet d'une communication du chef du gouvernement en Conseil des ministres mercredi et sera transmis vendredi pour avis au Conseil d'Etat.
Le premier Ministre a aussi plaidé pour "l'approfondissement de la relation avec la majorité" au Parlement, la coproduction législative étant "l'anticipation de la réforme institutionnelle".
En conclusion il a déclaré : "Nous n'avons jamais intérêt à alimenter le lynchage médiatique", a-t-il par ailleurs mis en garde. "Notre devoir est de défendre le président de la République, de le protéger. Si Nicolas Sarkozy n'avait pas réussi la rupture et gagné la présidentielle, nous ne serions pas là en train de parler", a-t-il ajouté, selon certains participants.
Nous pouvons observer que Monsieur Fillon et les membres de son gouvernement agissent sous l’autorité du Chef de l’Etat de concert et la main dans la main avec les élus UMP et les cadres de l’UMP, qu’ils obéissent aux mêmes consignes partisane de gouvernance des uns aux profits des autres en ignorant totalement les aspirations de l’ensemble de la population et qu’il instaure de plus en plus un gouvernement et une dictature de parti , ce qui est inacceptable dans notre démocratie.
Enfin nous pouvons noter qu’après Monsieur Raffarin qui avait il y a quelques semaines appelé l’UMP à protéger le Chef de l’Etat , Monsieur FILLON vient de faire de même, cela dénote une faiblesse personnelle du Chef de l’Etat en défense, et s’il n’avait pas dévié de son rôle il n’aurait pas besoin d’être protégé comme une petite « chose fragile » par les prétendus gros costauds de l’UMP, qui eux même au fil du temps finiront par se rendre compte qu’ils ne sont que des statues aux pieds d’argiles.
Si Monsieur FILLON continue sur sa lancée actuelle il est à parier qu’il perdra son avantage dans les sondages, avantage d’ailleurs factice puisqu’il était établi en comparaison avec celui en baisse du Chef de l’Etat, et qu’ils se retrouveront tous les deux au raz des pâquerettes.
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