26 JANVIER 2022
L’histoire des rapatriés d’Algérie est celle de la France.
Écoutez le discours du Président Emmanuel Macron aux représentants de rapatriés d'Algérie.
Mercredi le Chef de l'Etat Emmanuel Macron a déclaré devant les représentants des rapatriés d’Algérie que « la
Fusillade de la rue d’Isly à Alger « est impardonnable pour la
République ».
Je ne pense pas que la République
fut en cause à l’époque, je pense plutôt que ce sont les responsables français
en place à l’époque sous l’autorité du Général de Gaulle qui sont impardonnables d’avoir tout mis en œuvre et donné des ordres depuis Paris pour ne pas laisser se dérouler …………le 26 mars
1962 à Alger , une semaine après la
signature des « accords d’Evian » et le cessez feu , une
manifestation de protestation et de
soutien aux habitants du quartier de Bab-El-Oued, en effet ce quartier se trouvait cerné et assiégé
depuis plusieurs jours par des CRS et des Gardes Mobiles nouvellement affectés
en Algérie. Un véritable blocus interdisait à ses habitants de circuler dans
les rues, le couvre- feu était institué avec interdiction d’ouvrir les
persiennes, les rues du quartier étaient sillonnées par les forces de l’ordre
armées jusqu’aux dents, toutes circulations, communications et
approvisionnements étaient contrôlés, interdits et réprimés. Les habitants
étaient soumis à des perquisitions de jour et de nuit sans aucun ménagement,
comme s’il se fût agi de sévir contre des malfaiteurs ; les forces répressives
armées et menaçantes entraient dans les appartements, renversaient le contenu
des meubles sur le sol, endommageant le linge, les vêtements, la vaisselle, les
objets et les produits d’alimentation, et même les matelas ouverts au couteau
ne furent pas épargnés.
Vous retrouvez plus
bas après cette note d’information un article relatant les circonstance de cette manifestation de
protestation et de soutien et son tragique dénouement sanglant que j’avais écrit et publié en 2008 sur différents sites de français d’Algérie plusieurs
années après cette tragédie, à partir de mes propres souvenirs puisque je me
trouvais en tant que Française d’Algérie dans cette manifestation à hauteur de
la Grande poste et du Plateau des Glières sur les lieux même de la fusillade
quand elle a éclatée.
Mais pour revenir à ma
note d’information je lis depuis hier dans plusieurs articles relatant plutôt sommairement cette fusillade des
commentaires indiquant « … La
fusillade de la rue d'Isly à Alger en 1962 est "impardonnable pour
la République", a déclaré Emmanuel Macron ce mercredi devant les
représentants des rapatriés d'Algérie réunis à l'Elysée. Le 26 mars 1962, une
semaine après la signature des Accords d'Evian et le cessez le feu, des soldats
français ont tiré sur des "pieds-noirs" qui manifestaient faisant une
cinquantaine de morts selon le bilan officiel et 200 blessés. "Ce
jour-là les soldats français déployés à contre-emploi, mal commandés ont tiré
sur des Français (...) Ce jour-là ce fut un massacre", a déclaré
le chef de l'Etat lors d'un discours ajoutant que "60 ans
après" ce "drame passé sous silence", "la
France reconnaît cette tragédie"
Et nous notons aussi dans notre lecture ; « Le chef de l'État a également annoncé que les archives seront rendues publiques
et que cette "reconnaissance" s'inscrit dans une
série d'actes mémoriels initiés depuis le début du mandat d'Emmanuel Macron et
intervient quelques semaines avant le 60e anniversaire de la fin de la guerre
d'Algérie.
Enfin il est indiqué que … « Emmanuel Macron a
aussi estimé que le "massacre du 5 juillet 1962" à Oran
devait être "reconnu". "Ce massacre", commis
quelques heures avant la proclamation officielle de l'indépendance de
l'Algérie "lui aussi, doit être regardé en face et reconnu. La
vérité doit être de mise et l'histoire transmise", a déclaré le chef
de l'Etat. "Des centaines d'Européens essentiellement des Français
furent massacrés comme le furent ensuite nombre d'autres et des dizaines de
milliers de harkis".
Enfin les médias rappellent que « Le 20
septembre 2021, le chef de l'Etat avait demandé "pardon" aux
harkis, supplétifs algériens de l'armée française, qui furent "abandonnés" par
la France. Un projet de loi, actant ce "pardon" et
tentant de "réparer" les préjudices subis, est en
cours d'examen au Parlement et devrait être adopté d'ici la fin du mois de
février.
Dans la relation des médias il est écrit « des
soldats français ont tirés sur des pieds noirs » , cette affirmation n’est
pas prouvée, je ne peux pas la prendre pour argent comptant, moi qui me
trouvait sur les lieux j’ai pu voir en effet que les soldats qui se trouvaient
sur le plateau des Glières, ceux qui ont tirés sur les manifestants , étaient
effectivement vêtus de tenues militaires françaises , mais ils étaient tous
algériens ou kabyles et le bruit circulaient depuis quelques jours que le Général
de Gaulle avait fait incorporer des
rebelles FLN de la Willaya 4 dans le
régiment français des tirailleurs Algériens, des journaux publiés à l’époque en
Algérie en parlaient, mais le silence s’est vite abattu sur ce sujet et depuis
plus de 60 les médias Français évitent d’aborder la question. Mais il est facile
de retrouver sur internet les journaux de l’époque publiés en Algérie pour ceux
qui voudrait s’informer.
Dans ma note d’information je n’aborde pas le massacre
d’Oran, mais d’après ce que nous pouvons lire sur internet dans des rapports
officiels c’est que le Général de Gaulle avait répondu au Général Katz qui lui
téléphonait de son quartier général pour lui demander des
ordres, en voyant des hordes d’algériens armés déferler sur la ville et massacrer des harkis et des français lui
avait « Surtout laissez-faire »
Voici ci-dessous l’article que j’avais écrit le 8
février 2006 :
26 mars 1962 : Oui j'y étais... et je me
souviens de nos morts
Écrit le mercredi 8
février 2006 par Lucienne PONS
Réédité ce jour même
26 Mars 2009, pour mémoire.
LE 26 MARS 1962
LE 26 MARS 1962 un
climat lourd d’inquiétude, d’indignation et de colère règne sur l’Algérie. Bab
El Oued cerné par les forces de l’ordre depuis plusieurs jours résiste et dans
l’après-midi le drame éclate frappant la manifestation de soutien.... Vu et vécu
par l’auteur qui se trouvait sur les lieux.
ooOoo
En ce matin du 26 mars
1962, en dépit d’un beau soleil printanier, un climat lourd d’inquiétude,
d’indignation et de colère contenue régnait sur l’Algérie et dans nos cœurs.
Les accords d’Evian
qui faisaient la part belle au FLN sans aucun ménagement pour la sécurité et
les intérêts moraux et matériels des français et des harkis, venaient d’être
signés par le Gouvernement et les tenants de l’Indépendance de l’Algérie, et
pour nous il n’y avait plus d’autre alternative que la valise ou le cercueil.
L’étau de la
répression se resserrait autour de nous. En effet le Gouvernement qui tenait à
faire passer les accords d’Evian, vis à vis de l’opinion française et vis à vis
de l’opinion internationale, comme une entente de bonne envergure souhaitée par
la totalité des habitants de l’Algérie, mettait en place les mesures
coercitives nécessaires pour endiguer toutes manifestations de protestations ou
de désaveu à l’encontre de sa politique d’abandon. Or nous protestions en
actes, en paroles, en écrits, par articles et par tracts et le quartier de Bab
El Oued fût désigné comme cible expiatoire par les forces répressives qui y
commirent leurs pires méfaits.
En effet, les
habitants de Bab El Oued qui n’avaient jamais cessé depuis le début de la
guerre d’Algérie de clamer leur attachement à l’Algérie Française dans les
manifestations et en faisant connaître leurs opinions par tous moyens et qui
soutenaient fidèlement l’OAS, se trouvaient dans le collimateur du pouvoir répressif
et leur quartier, un des plus attachant et pittoresque d’Alger, se trouvait
cerné et assiégé depuis plusieurs jours par des CRS et des Gardes Mobiles
nouvellement affectés en Algérie. Un véritable blocus interdisait à ses
habitants de circuler dans les rues, le couvre feu était institué avec
interdiction d’ouvrir les persiennes, les rues du quartier étaient sillonnées
par les forces de l’ordre armées jusqu’aux dents, toutes circulations,
communications et approvisionnements étaient contrôlés, interdits et réprimés.
Les habitants étaient soumis à des perquisitions de jour et de nuit sans aucun
ménagement, comme s’il se fût agi de sévir contre des malfaiteurs ; les forces
répressives armées et menaçantes entraient dans les appartements, renversaient
le contenu des meubles sur le sol, endommageant le linge, les vêtements, la
vaisselle, les objets et les produits d’alimentation, et même les matelas
ouverts au couteau ne furent pas épargnés.
Le Général Ailleret,
de triste mémoire, n’avait pas hésité à faire mitrailler les immeubles et les
terrasses de ce quartier par les forces aériennes, au prétexte que ses
habitants armés, selon lui, se livraient à des fusillades et que le quartier se
trouvait en état d’insurrection permanente !
Or, pour rétablir les
faits, s’il est vrai que quelquefois des fusillades s’entendaient au coin des
rues ou provenaient des terrasses, la majorité des habitants ne possédaient pas
d’armes et le quartier quoique bouillonnant n’était pas en état d’insurrection,
mais dans un état d’insécurité entretenu par les provocations des forces
répressives.
Après les mitraillages
par les forces aériennes qui provoquèrent une profonde indignation, un acte
odieux déclencha une colère générale, ce fût l’exécution, commise par un CRS ou
un Garde Mobile par une rafale de balles, d’une petite fille de dix ans qui
avec l’insouciance de son âge avait ouvert les persiennes de son balcon, ce qui
était formellement interdit aux habitants pendant ce triste siège. Ce drame fût
ressenti comme un assassinat. Une manifestation fût décidée et annoncée pour le
26 mars 1962, en vue de témoigner notre indignation sur ce forfait, de porter
notre soutien aux Habitants de Bab El Oued, d’obtenir la libération du
quartier, et de manifester notre désapprobation unanime sur la politique
pro-algérienne du Gouvernement, les organisateurs de la manifestation
insistaient particulièrement sur le caractère pacifique de la manifestation
prévue.
Dès la veille
après-midi, des annonces faites à la radio et par voitures sillonnant les rues
tentèrent de décourager la population de manifester. Il était annoncé par les
pouvoirs en place, tous des sbires au service du Maître de l’heure ainsi que
l’avait baptisé le FLN (je veux parler du Général de Gaulle) que des mesures
seraient prises pour interdire toutes manifestations, réunions ou regroupements
publics et des barrages furent mis en place pour interdire et refouler toutes
circulations automobile sur toutes routes dans les régions, et dans toutes les
rues des villages et des villes.
Visiblement le pouvoir
ne voulait pas subir de retour de vague face à son action incessante "sur
le vent de l’histoire" qu’il entendait faire souffler pour porter un
projet falsifié et utopique de "grandeur nationale", alimenté par les
discours dithyrambiques du Chef de l’état et de ses ministres, tous vendus à la
cause de l’indépendance, tous traitres envers nous, tous prêts comme un seul
homme à livrer l’Algérie aux rebelles après nous avoir promis de la garder
Française, en s’abritant sous des slogans éventés tel que "le droit des
peuples à disposer d’eux-mêmes",( quel peuple ?...) le tout sans imposer à
"ce peuple" des garanties ne serait-ce que morales pour les français
d’Algérie et les harkis.
Tout en début de
l’après-midi du 26 mars 1962, déterminées à rejoindre la manifestation, nous
partîmes d’Hydra à pieds avec quelques amies pour rejoindre Alger en passant
par le quartier du Golf pour ensuite rejoindre le Centre d’Alger. Plusieurs
fois arrêtées et contrôlées en cours de routes, nous atteignîmes enfin par des
circuits détournés le centre d’Alger et bloquées sur le Plateau des Glières, en
dessous de la statue de Jeanne d’Arc, par un détachement militaire des forces
du maintien de l’ordre qui était positionné sur tous les pourtours de la place
et des rues, en alignement sur les trottoirs, leurs armes en position de
combat.
Je fus assez surprise
de constater que tout ce détachement important était composé de militaires
arabes et j’ai pu observer qu’il n’y avait pas un seul militaire français parmi
eux, du moins parmi ceux qui se trouvaient à ma proximité sur une ligne
de 10 mètres environ derrière moi.
Nous fûmes
maintenues sur place avec d’autres manifestants, empêchés de circuler par les
militaires qui se montraient de plus en plus nerveux nous menaçant d’un air
féroce, sans pouvoir rejoindre par la rue d’Isly le gros de la manifestation (
150 000 personnes environ), qui devait avoir rejoint les abords du quartier de
Bab El Oued, alors que des annonces par micros provenant de voitures de police
qui parcouraient la ville, se succédaient invitant les participants à rentrer
chez eux avant telle heure (j’ai oublié l’heure) qui était toute proche,
sous peine de répression ; en quelque sorte un ultimatum ...
Ce qui pourrait
porter à réflexion et analyse au vu du drame qui a suivi.
Dans la foule les
visages étaient graves et sévères nous manifestions dans le silence et la
dignité sans provocations, mais fermement décidés à passer coûte que coûte,
quand soudain nous entendîmes des coups de feu et nous vîmes immédiatement des
personnes qui couraient vers nous en criant "ils ont tiré, ils on ouvert
le feu ... il y des morts et des blessés, protégez-vous, protégez-vous..."
Il n’en était plus temps, j’ai entendu des coups de feu, des rafales de fusils
mitrailleurs ou de mitraillettes et j’ai vu des gens tomber devant moi aux abor
du plateau des Glières, près de la Grande Poste d’Alger, la foule se
dispersait en tout sens, je n’ai pas vu qui tirait, certaines personnes se
jetaient au sol, un homme m’a projeté à terre, un militaire tirait ou faisait
mine de tirer dans notre direction, mes amies emportées par le mouvement de
foule n’étaient plus là, des ambulances commençaient à circuler pour porter du
secours dans une stupeur et un affolement général et les cris douloureux des blessés
et les cris d’indignation des manifestants présents sur les lieux. Je me suis
relevée et faisant quelques pas j’ai vu, de mes yeux vu, un jeune homme en
blouse blanche qui portait secours à une victime étendue sur le trottoir
de la Grande Poste, abattu lui même par derrière, tué sur le coup et
achevé de plus sur la victime. Je l’ai appris par la suite, il s’agissait d’un
jeune médecin. Les militaires tiraient même sur les ambulances, sur les
infirmiers et les médecins.
J’avais l’impression
de me trouver subitement dans un autre univers et là, dans ma mémoire j’ai
comme un grand trou noir, un passage à zéro. Aujourd’hui encore je ne me
souviens pas comment la foule s’est dispersée autour de moi, comment je me suis
retrouvée seule dans une rue au bout d’un moment, dont je ne peut évaluer la
durée, me dirigeant vers l’Hôpital d’Hussein-Dey. Avant d’arriver à l’Hôpital
j’ai vu un homme qui marchait devant moi dans la rue tomber sur le trottoir,
abattu d’un coup de révolver par un individu surgit d’une sortie d’immeuble.
Crime ?, vengeance ?, règlement de compte ? Je ne le saurai jamais. Je les
ai regardés comme une somnambule, l’agresseur m’a fixé l’espace d’une demie
seconde de son regard dur et s’est effacé rapidement en courant. J’ai vu des
gens qui venaient très vite vers la victime en criant...partez ! partez !
Madame, partez vite, ne restez pas dans la rue... ne restez pas ici... partez
! Je continuais à marcher dans un état d’absence totale de conscience.
Puis je suis arrivée à
l’Hôpital d’Hussein-Dey où un spectacle de désolation régnait dans tous les
espaces ; les malades habituels se trouvaient dans les jardins, en pyjamas ou
chemises de nuit, ayant laissé leurs lits pour les blessés ; des ambulances
arrivaient les unes après les autres, les infirmiers étendaient immédiatement
les blessés sur des brancards alignés aux pieds des bâtiments ; en attendant
d’être pris en charge certains blessés couverts de sang gémissaient, certains
agonisaient, d’autres victimes étaient déjà mortes, jeunes filles et jeunes
hommes pour la plupart, car comme je l’ai appris par la suite c’est le début du
cortège où se trouvaient des étudiants et des jeunes qui avait été visé en
premier lieu. J’ai vu aussi un homme arabe d’une quarantaine d’années qui se
vidait de son sang et de sa vie sur un brancard, le visage livide, mais les
yeux encore pleins de vie qui me regardait tristement et avec regret. Ami,
ennemi ... je ne savais pas, mais j’étais née sur la même terre que lui et
c’est humainement, tout naturellement, que j’ai soutenu avec douceur la main
qu’il tendait vers moi.
Je ne sais pas combien
de temps je suis restée errante dans l’hôpital où les parents des victimes
pleuraient, certains en silence la tête dans leurs mains, d’autres en
sanglotant ou en poussant des cris déchirants et se tordant les mains de
désespoir. J’étais dans un cauchemar ... j’allais me réveiller... J’avançais
consternée, comme une ombre, d’un brancard à l’autre, n’entendant pas ce que
les gens me disaient, redoutant de trouver des parents, une amie, un ami, morts
ou blessés. Je ne souviens pas non plus comment j’ai quittée l’hôpital et à
quelle heure ; je me suis retrouvée sur la route me dirigeant vers Hydra et je
n’ai aucun autre souvenir personnel de cette dramatique journée, même pas de la
façon dont je suis entrée dans ma maison et me suis endormie ce soir là.
Dans les jours qui ont
suivi, j’ai pu lire les circonstances du drame dans les journaux, différentes
hypothèses sur "qui avait ouvert le feu en premier ?" ... les
militaires ?... un civil ? ...un barbouze ? ... un provocateur ....
Différentes hypothèses étaient avancées. On relatait aussi le cri de ce jeune
officier, fraîchement arrivé de France, chef d’un détachement et qui avait
ordonné à plusieurs reprises d’une voix forte "Halte au feu... Halte au
feu ... Halte au feu ..." sans être obéit par les militaires qui se
trouvaient sous son commandement. Existe-t-il encore ?... Je me souviens avoir
entendu il y a quelques années ici en France, diffusé par une radio privée, le
contenu d’une cassette enregistrée lors de la fusillade où l’on entend les
coups de feu, les protestations des manifestants et très clairement la voix
déchirante du jeune officier ordonnant à plusieurs reprises "Halte au
feu" !
La lumière n’a jamais
été faite officiellement sur la fusillade du 26 Mars 1962. Je me souviens qu’une
rumeur circulait à Alger quelques jours après le drame : certains manifestants
étaient persuadés que les militaires arabes qui se trouvaient dans les forces
de maintien de l’ordre ce jour là du 26 mars 1962 étaient en fait des rebelles
de la Willaya 4, habillés de tenues militaires françaises, qui à la
suite de la signature des accords d’Evian du 19 mars 1962 auraient été intégrés
dans les rangs de l’Armée Française pour assurer le maintien de l’ordre et
prendre la relève peu à peu en attendant l’Indépendance qui devenaient
imminente. Nous n’avons pas de preuve, nous ne saurons jamais la vérité. Seuls
les assassins et leurs complices qui ont ouvert le feu la connaisse.
Et aujourd’hui encore
je me questionne : Où est la vérité... ? Un silence de chape s’est établie
pendant des décennies sur ce drame gênant pour le pouvoir de l’époque qui a son
prolongement jusqu’à nos jours. Un journaliste du journal télévisé de 13 heures
le 26 mars 2002, soit quarante ans après, a rappelé cette fusillade en
indiquant que "des tirailleurs algériens de l’Armée Française avaient
ouvert le feu sur les manifestants". Je me suis permis de lui écrire en
lui faisant rapport de la rumeur concernant le possible
"rattachement" des FLN de la Willaya 4.
Je n’ai reçu aucune
réponse.
CONCLUSION
Je n’en attendais pas
plus. Plus de quarante ans après nous sommes toujours censurés sur nos
souffrances, on ne nous entend pas, on ne nous lit, on ne veut pas nous voir,
même si l’on nous écorche au besoin, dans les sphères de l’intelligentzia
politico-journalistique et son prolongement de faux intellectuels vaseux, la
vérité pour eux n’est pas bonne à entendre, même si pour nous elle est bonne à
dire. Les chiffres officiels font état de 46 morts et environ 150 blessés, les
avis sont partagés, mais les informateurs évitent d’en parler ; les
informations locales de l’époque faisaient état de plus de 100 morts et plus de
150 blessés. Comment pourrions-nous le vérifier après tout la désinformation,
la dénaturation et le brouillage des faits ?
Quand à certains de
ceux qui ont commandé et servi en Algérie, généraux et militaires, qui croient
de bon ton de venir périodiquement à la télévision, s’inféodant à l’air du
temps, faire la larme à l’œil et la voix tremblante leur mea culpa, pour avoir
torturé des criminels FLN et leurs complices, je les méprise ouvertement, ils
feraient mieux de passer leur temps à dire la vérité sur les crimes odieux
commis par les rebelles FLN sur les civils français, hommes égorgés, femmes et
enfants violés et tués et mis en croix, et nos militaires, surpris en
embuscades, cruellement, sauvagement mutilés et émasculés avant d’être achevés
égorgés à l’arme blanche par ces barbares infâmes qui ne respectent aucune loi
de guerre et n’ont aucun honneur.
Pour moi je n’ai aucune
haine, seulement un profond écœurement, du mépris et encore du mépris, pour
tous ces assassins et leurs complices et pour ceux qui leur offrent des excuses
en faisant leur mea culpa politicien, je sais qu’ils ont déjà rejoint tous
ensembles, même s’ils sont encore vivants, les ténèbres et l’enfer de leurs
consciences où ils demeurent liés à leurs crimes et mensonges pour toute
éternité.
Les hommes d’honneur
font tout pour prévenir la guerre mais quand elle devient inévitable il faut la
faire avec honneur et courage et, vaincus ou vainqueurs, ne rien regretter ce
qui n’empêche pas de pleurer nos morts et de les honorer. Honneur et paix à
leur mémoire, c’est le prix du sang.
oooOOOooo
Pour en revenir à mon
évocation du 26 mars 1962, j’ai écrit cet article sans me référer à aucun texte
ni aucun écrit, mon récit est certainement incomplet, sommaire et partial, mais
c’est le vécu qui subsiste en moi : je l’ai restitué fidèlement avec ses
clartés et ses ombres.
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