TGV Paris - Aix-en-Provence : une femme longiligne au teint hâlé est assise à califourchon entre deux fauteuils de première. Marie-Laure de Villepin s’est installée entre un artiste bijoutier et son assistant pour leur montrer des photos. Pour la première fois, l’épouse de Dominique de Villepin va dévoiler son travail. Ses sculptures seront exposées mi-juin aux Flâneries d’art, le rendez-vous annuel institué par l’actrice Andréa Ferréol dans sa ville d’Aix-en-Provence dans les Bouches-du-Rhône.

Avec ses deux compagnons de voyage, rencontrés quelques minutes plus tôt sur le quai de la gare de Lyon, Marie-Laure de Villepin parle avec gourmandise de ce travail entamé il y a trois ans, des graines de coco de mer qu’elle a découvertes aux Seychelles et qu’elle reproduit en bronze ou en verre de Murano. "Je sors de l’ombre pour la première fois, explique-t-elle calmement. Ce sont les méchants qui trouveront à dire. Et puis ça ne va pas intéresser grand monde", s’imagine-t-elle.

"On a été broyés"

Pour tout le monde, l’artiste s’appellera Marie-Laure Viébel. Vie est belle ? "Certains m’ont dit que c’était grotesque de ne pas le faire sous mon propre nom, reconnaît-elle. Mais Viébel, c’est un clin d’oeil. Il faut renaître dans une nouvelle peau." Ce sera à Aix, "loin de la faune parisienne et avec d’autres artistes". Andréa Ferréol, qui a convoqué ses vingt artistes pour leur montrer les jardins où ils exposeront, est ravie. "J’ai été éblouie par ses graines de vie, s’enflamme la comédienne. Les gens vont aimer son travail, elle va exister par elle-même." La rencontre entre les deux femmes est venue d’une amitié commune pour le couturier Franck Sorbier, le créateur de la veste que Marie-Laure de Villepin portait en quittant Matignon, et qui disait "au revoir" dans toutes les langues.

L’affaire Clearstream ? "Marie-Laure est très sensible, confie Andréa Ferréol. Je la crois encore tourmentée par cette histoire." L’intéressée l’évoque dans une boutade : "Je garde mon billet de train, je garde des preuves de tout, maintenant, lance-t-elle à un artiste. Comme ça, si on me demande un jour où j’étais…" Il lui faut du temps pour que tombe le masque de l’humour. "On a été broyés, confie-t-elle alors, sérieuse. On a vécu des années terribles." En première instance, l’ancien Premier ministre a été relaxé. Le parquet a fait appel. Comment voit-elle la suite du feuilleton judiciaire, qui pourrait conditionner l’avenir politique de son mari ? "C’est au bon vouloir du roi. C’est comme ça, maintenant, en France… "

Source: Julie Cloris (Le Parisien)