Force est de le constater, le plan d’aide de 750 Milliards n’a pas convaincu les investisseurs. La semaine passée après l’Euphorie d’un Lundi 8 mai qui a permis aux investisseurs qui connaissent la musique de rafler ce qu’il pouvaient sur les places financières en raison des baisses des jours précédents, ensuite de Mardi à Jeudi de decrescendo en decrescendo l’euphorie s’est éteinte en matière de confiance pour laisser place à l’inquiétude et se terminer le 14 Mai sur un vendredi noir e : à la clôture les Bourses plongeaient et l’euro dégringolait à 1,23 dollar , son plus triste record en baisse depuis dix -neuf mois.
Les investisseurs, qui avaient Lundi dernier joué le jeu de l’euphorie ont donc très vite rectifié leur tir en analysant que la contrepartie de rigueur et d’austérité exigée en termes de réduction des déficits risquait d’essouffler une croissance déjà très peu dynamique
Force est de constater que les politiques disposent mais qu’au final les investisseurs disposent et qu’ils jouent leurs partitions en préservant leurs intérêts et ceux de leurs clients en fonction de la confiance qu’ils peuvent accorder ou refuser, face aux politiques engagées par les États et leur discipline budgétaire.
Les dirigeants politiques européens ont beau jeu de se durcir contre les marchés en les accusant de tous les maux, mais il faut reconnaître que pour les investisseurs les raisons de leur méfiance trouvent leur justification face aux plans de rigueur annoncés dans les pays du d’'Europe, ils craignent aussi que l’action de la BCE qui consiste à acheter des obligations d’État n’entraîne le fonctionnement de « la planche à billet » ce qui affaiblirait encore l’Euro.
Monsieur Baroso, Président de la Commission Européenne, outrepassant la mission de cette commission, a commencé Mercredi passé à jeter de l’huile sur le feu en suggérant que les pays de l’UE lui soumettent leur budget en amont pour s’assurer que les déficits resteront sous contrôle ce qui a provoqué un tollé général de la part des parlements nationaux attachés à leurs prérogatives
Mais Monsieur Jean-Claude Trichet a renchéri les intentions de Monsieur Barroso en déclarant «Nous avons besoin d'une application réelle du contrôle mutuel, nous avons besoin de sanctions réelles pour les accrocs au pacte de stabilité et de croissance», a-t-il affirmé dans une interview au Spiegel.
Angela Merkel a reconnu dimanche que la zone euro n'avait fait que «gagner du temps » avec ses plans de sauvetage, mais que les problèmes demeurent en termes d'écarts de compétitivité et de déficits, et le ministre allemand de l'Économie, Wolfgang Schäuble, plaiderait «dans les prochains jours » auprès de ses collègues de l'Eurogroupe pour un «programme concerté » de réduction des déficits budgétaires
En conséquence, face à la « cata » boursière de Vendredi 14 Mai, et aux différentes déclarations , une fois de plus les Ministre des Finances de la zone se réuniront ce soir en urgence à Bruxelles avec au menu la ferme intention de consolider le pacte de solidité et de croissance en se menaçant réciproquement de « sanctions réelles », par ailleurs les Ministres des Finances tenteront de trouver les moyens d’enrayer la chute de l’euro avec la ferme intention de convaincre les marchés financiers qu’ils sauront éviter la récession en dépit des mesures d’autorité et de rigueur qui sont annoncées.
Conscient de la méfiance des marchés, le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, avait estimé que les pays ayant une marge de manœuvre fiscale ne doivent «pas accélérer leur consolidation pour éviter une contraction en Europe » et pour lui selon ce qu’il a déclaré pendant le week-end : « Il est important que les marchés comprennent que nous sommes sérieux, que… nous ferons ce qu'il faut pour défendre l'euro »
Les investisseurs quelles soit les démonstrations « de sérieux » des dirigeants de l’Europe, ne comprennent que ce qui est analysable, les sentiments ne sont pas analysables,( sérieux ou pas) n’entre pas dans le vocabulaire des financiers, ils analyseront selon leur propre méthode la crédibilité des « sanctions réelles » annoncées ou adoptées selon les propositions qui ressortiront de cette nouvelle réunion des Ministres des Finances ce soir à Bruxelles.
Certes le menu de travail proposé aux Ministres des Finances est intéressant, mais il est à regretter que l’on parle de sanctions au lieu de parler de recherche d’entente et d’accord communs, comme le voudrait le sérieux et la sagesse , au passage faisons remarquer qu’ils ont perdu beaucoup de temps ces dernières années en bonnes intentions, en discours vains et en vœux pieux, c’est bien beau de discourir pour se faire valoir personnellement sur la scène européenne et même internationale, pour exposer une image essentiellement politique de battant ou de précurseur de la régulation financière internationale ou du Nouvel ordre Mondial du XXI° siècle, et se présenter actuellement comme les sauveurs de l’UE et de la Zone Euro en soufflant du vent dans les micros devant les caméras, mais ainsi ils ont perdu des années sans prendre de décisions, et ils se trouvent maintenant au pied du mur, talonnés par l’urgence et prêts à se flinguer entre eux par sanctions réelles interposées dont nous attendons avec impatience le spectacle affligeant qu’elles nous présenterons en invectives, crêpages de chignons et frappe de talonnettes, lorsqu’elles devront s’appliquer dans la réalité en cas de besoin.
Leur méthode de discussion antagoniste à mon avis n’est pas la bonne, au lieu de se menacer réciproquement de sanctions pour tenter de convaincre les marchés qu’ils sauront éviter la récession dans le but de regagner leur confiance, ils devraient chercher les points d’entente et d’accord en s’obligeant à effacer entre eux toute velléité de prédominance et de sanction.
Ensuite toujours à mon sens une question primordiale devrait les mobiliser en urgence, prendre une directive commune pour réguler les marchés financier en Europe, mais s’ils en parlent souvent dans leurs discours il semblerait que cette question apparaît ou disparaît en Europe au gré des circonstances médiatiques comme le monstre du Loch Ness.
Monsieur Obama n’a pas perdu de temps en matière de régulation financière, il a engagé samedi le Sénat à adopter sans tarder le projet de réforme de la régulation financière pour "assurer l'avenir économique de l'Amérique", Obama a insisté sur sa volonté en recommandant l'approbation d'un renforcement des règles applicables à Wall Street pour éviter que la crise financière de 2008-2009 ne se reproduise. Les démocrates et l'opposition républicaine continuent de discuter autour d'une série d'amendements, mais le projet de loi pourrait faire l'objet d'un vote du Sénat d'ici à la fin de la semaine prochaine et beaucoup s'attendent à son adoption. "Le projet de réforme en débat au Sénat ne réglera pas tous les problèmes de notre système financier - aucun projet de loi ne le pourrait", a reconnu le Président Obama dans son allocution hebdomadaire à la radio et sur internet. "Mais ce que permettra de réaliser ce projet solide est important et j'exhorte le Sénat à l'adopter au plus tôt, pour que nous puissions assurer l'avenir économique de l'Amérique au XXIe siècle." A Washington, le climat politique a tourné à l'avantage du projet de législation - qui constituerait le plus important remaniement du système financier américain depuis les années 1930 - et au détriment des groupes de pression qui cherchent à en limiter la portée. La Chambre des représentants avait approuvé un projet de réforme financière en décembre.
Les dirigeants européens qui se divertissent en déclarations pour s’attribuer le mérite du prétendu sauvetage de la Zone Euro, feraient bien d’en prendre de la graine pour eux aussi s’entendre sur une directive en matière de régulation financière Européenne, mais sont-ils vraiment capables de s’entendre sur cette question ?
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