24 juin 2008

Nojoud la victorieuse où la force du désespoir !







Nojoud, 1O ans. A gauche, Nojoud et son avocate



A droite, l'audience







les deux monstres:
l'époux de 30 ans sado-pédophile et le père proxénète indigne, selon nos critères occidentaux ne sont pas hélas des cas isolés dans certains pays plongés dans l'obscurantisme des traditions ou des coutumes tribales, sous prétexte de Religion, (elles ont bon dos les religions), sans pour autant représenter l'ensemble des familles qui jusqu'à présent n'osaient intervenir pour défendre les victimes par peur des représailles.


Nojoud, 10 ans, demande et gagne son divorce !

Auteur : lucienne magalie pons- Juin 2008 -

Ca se passe à l’époque actuelle dans une ville du Yémen.

Une ruelle modeste, un logis de deux pièces, un agencement vétuste, un homme, ses deux épouses et leurs seize enfants y végètent dans une misère relative et selon une pratique hélas courante chez certains de ses compatriotes, le Chef de famille trouve une solution provisoire « pour nourrir ses deux épouses et ses enfants » en acceptant de donner sa petite fille Nojoud âgée de 10 ans en mariage à un homme de 30 ans, contre un petit pécule !

Et cet homme à qui je dénie le nom de père misérable, esclave de ses traditions obscures, sans aucune personnalité morale et sans aucune qualités paternelles, pour se justifier maintenant, se dit au chômage et en autres arguments douteux, il ose prétendre qu’il a accepté tout de suite la demande en mariage et donné la petite Nojoud âgée de 10 ans « pour la protéger » au prétexte qu’une de ses filles aurait été kidnappée et qu’il ne voulait pas que cela arrive aussi à Nojoud.

Cette petite fille mariée de force à un homme de trente ans à qui je dénie le nom de mari, quelles que soient sa religion et ses traditions, a vécu un véritable calvaire dès le soir des noces.

Avant de retracer ce drame tel qu’il s’est déroulé, rappelons les lois en vigueur au Yémen : l’âge du mariage est fixé à 15 ans pour les jeunes filles , mais il est admis que des parents dérogent à cette règle en établissant un contrat de mariage stipulant que les relations sexuelles sont interdites jusqu’à ce que la jeune « femme » soit « prête », mais cette interdiction n’est pas souvent respectée et les jeunes mariées se taisent par peur des représailles.

Dans le cas présent, les parents se sont satisfaits avant le mariage d’une promesse dont je ne peux affirmer si elle était verbale ou écrite et la mère de Nojoud a beau jeu de dire aujourd’hui par soumission et pour justifier son mari, en parlant de l’homme à qui la petite fille était promise : « il nous avait promis d’être respectueux ». Elle ferait mieux de ramener son voile sur sa figure pour cacher sa duplicité à défaut de la honte qui devrait l’envahir. Mais ne jetons pas la première pierre, dans tous les pays du monde il existe des parents indignes, des monstres, dénués de tout sentiments humains.

Ainsi une petite fille qui ignore tout du mariage, qui ne sait pas vraiment ce que mot implique, est arrachée à ses rêves d’enfant et devient une petite victime innocente, livrée par sa famille à un adulte immonde qui ne l’a pas respectée et la mère de Nojoud a beau jeu de dire aujourd’hui, « il nous avait promis d’être respectueux » …. Il n’en demeure pas moins qu’ils ont troqué la petite fille, comme une marchandise, contre un petit pécule. Et il est tout à fait inconvenant de prétendre que c’est affaire de religion, il s’agit d’une pratique familiale, coutumière ancestrale, qui dénonce le défaut d’amour paternel et maternel et de tout sentiment humain de ces parents envers leurs petites filles.
La misère, le chômage, les pratiques coutumières, les traditions etc. …. n’excusent en aucun cas leur crime. La religion et les traditions trop souvent ont bon dos pour justifier un mode de vie archaïque (deux épouses et seize enfants) et pour excuser un chef de famille qui livre sa petite fille à un homme adulte contre un petit pécule. Quelle honte !

Et pourtant pour la petite Nojoud qui ne sait pas ce qui l’attend et qui à 10 ans ne sait pas ce que le mariage veut dire, c’est comme une fête qui commence au domicile de ses parents le soir de ses noces. Elle se souvient qu’elle avait reçu avec contentement trois robes et quelques cadeaux et ce n’est qu’une fois arrivée dans sa nouvelle demeure conjugale dans un village assez éloignée qu’elle comprend, si l’on peut dire, ce qu’il lui arrive et que son calvaire commence ! L’homme lui désigne immédiatement la chambre à coucher et entend qu’ils couchent ensemble. Elle refuse et tente de s’échapper en courant, l’homme la poursuit, la rattrape et l’oblige. Et le même drame, malgré les pleurs et les supplications de l’enfant, se reproduit tous les soirs lorsque le monstre rentre au logis et si elle tente de résister il la frappe avec un bâton. Elle se débat, essaye de se défendre, elle crie en pleurant, mais personne ne peut l’entendre et ne veut l’entendre.

Des semaines passent, le calvaire continue, après quelques semaines Nojoud conduite en visite chez ses parents fait preuve d’un courage au-dessus de son âge et bravant le tabou du silence et la peur des représailles conjugales et familiales, leur raconte son calvaire : ils font la sourde oreille ! Et son indigne père ose dire maintenant « mes cousins m’auraient tués si je déshonorais ma famille en demandant le divorce pour ma fille » !

Quelle couardise ! Il choisit de protéger sa propre vie et laisser sa petite vivre un calvaire conjugal !

Eh bien ce divorce qu’il se refuse à demander, Nojoud va finalement l’obtenir toute seule du haut de ses dix ans, grâce à sa détermination courageuse qui va forcer son destin et la libérer en dépit des mœurs coupables de sa famille et d’un environnement hostile dans une société où l’homme tout puissant réduit depuis des siècles la femme au silence par des traitements brutaux en prétextant d’Allah.

Elle ne désarme pas ! Quelques temps plus tard elle se confie à sa tante qui sans intervenir directement, par peur des représailles sans doute, se dédouane en lui conseillant d’aller au tribunal « C’est la seule solution » lui dit-elle et lui donne quelques pièces pour payer le bus.

Nojoud arrive au Tribunal, elle se sent petite et seule, mais revêtue de son voile noir elle attend patiemment assise sur un banc jusqu’à la fin des audiences, sans doute a-t-elle décidée en elle-même de ne plus retourner dans le domicile conjugal ; elle est là depuis des heures en priant et en souhaitant qu’une personne vienne et l’écoute, mais dans le va et vient des justiciables et du personnel, personne ne la voit et ne s’inquiète d’elle.

Vers midi peu à peu le tribunal se vide, elle est toujours là, un juge la remarque et l’interroge. Qu’est-ce que tu attends petite fille ? …….s’enquiert le magistrat …… « Mon divorce » …. …… Ému par la gravité de ce qu’elle lui apprend, le Juge, un parfait honnête homme qui a du cœur, la conduit chez lui dans sa famille et place le père indigne et le mari tortionnaire en détention provisoire.

Rien n’est gagné pourtant dans ce pays ou les mœurs tribales subsistent et « priment » encore trop souvent sur la loi, et où ce genre d’affaire est trop souvent étouffé.
Mais Nojoud est aidée par le juge et une avocate spécialiste des droits de l’homme se porte volontaire pour la défendre. Le premier jour du procès arrive, l’avocate convoque les associations féministes et les médias, des journalistes écrivent des articles et l’un des quotidiens le plus important du Yémen fait sa « une » de ce drame. Sous la pression des associations féministes et des associations de défense des droits de l’homme, et d’une opinion publique pourtant trop souvent silencieuse, le divorce est prononcé , Nojoud la victorieuse vient de faire tomber le tabou du silence et de la compromission des adultes, et par son courage déverrouille une porte fermée pour ouvrir une voie à d’autres petites victimes de drames semblables, qui désormais pourront demander le divorce. Une lueur d’espoir se lève au Yémen au moins pour les petites victimes ….

A l'issue de l'audience prononçant le divorce, l'ex mari tortionnaire l'a réclamée et avait la prétention de la reprendre chez lui !Ce qui montre l'abrutissement de ces hommes persuadés de leur droit sur la "chose" même en présence de la justice !

Nojoud a été rendue à sa famille, sous le contrôle des associations et son avocate, qui ne l’abandonne pas, devient comme une mère pour elle, l’accompagne, l’assiste dans toutes ses démarches et prépare son retour à l’école. La petite fille intelligente, ferme, courageuse voudrait devenir avocate comme sa protectrice : « Quand je serais grande je défendrais les gens opprimés » ….

Cette petite fille projetée trop tôt dans le monde des adultes fait preuve à son âge d’une maturité inhabituelle pour envisager son avenir, mais pour le moment bien sûr après avoir vécue ce drame elle n’en mesure pas toute la dimension criminelle, inhumaine discriminatoire, et la duplicité des familles dont elle et d’autres petites sont trop souvent victimes. Arrivée à l’âge adulte elle pourra alors mesurer les souffrances physiques et morales qu’elle a subies et en saisir toute l’horreur.

Dernière minute : au moment où je termine mon article j'apprends que Nojoud n'est plus sous l'autorité de son père, elle ne vit plus dans cette famille et a été confiée à l'un de ses oncles, sous le contrôle des associations. Son avocate continue à l'aider en toute choses et Nojoud la considère comme sa mère.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Coucou ! Je t'ai trouvée ! Bravo pour cet article ! Je t'embrasse, Eva

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