Il est intéressant de lire attentivement toutes les interventions qui se sont suivies lors de la « Conférence de presse conjointe » tenue au Palais de l’Elysée le 1er Septembre 2011, après la réunion de la « Conférence internationale de soutien à la Libye nouvelle »
Dans le présent Éditorial nous n’abordons que les plus significatives, mais si vous le souhaitez, vous pourrez les lire ou encore visualiser la vidéo de cette conférence de presse en ligne sur le site Officiel de l’Elysée.
Dans le présent Éditorial, nous avons choisi de reprendre les passages les plus significatifs de l’intervention du Président de la République Française, qui en fait a ouvert la « tonalité » politique de certains discours des personnalités qui ensuite ont pris la parole, à savoir dans l’ordre Monsieur David Cameron, Premier Ministre du Royaume uni, de la Grande Bretagne et d’Irlande du Nord, le Cheik Hamad Bin Khalifa A Al Tani, Émir de l’Etat du Quatar, Monsieur Ban Ki-Moon, Secrétaire Général de l’Onu, et Monsieur Moustafa Abdel Jalil, Président du Conseil National de transition Libyen.(CNT)
Nous ferons aussi nos commentaires sur l’intervention de David Cameron qui d’un ton assez perché a déversé sa vanité triomphaliste habituelle, alors que Nicolas Sarkozy s’est efforcé de faire couler son texte en assurant modérément sa voix et ses expressions, ce qui n’est pas son registre habituel, et nous ferons aussi quelques remarques de Moustafa Abdel Jalil, Président du Conseil National de transition Libyen (CNT).
Avant d’attaquer le morceau, nous remarquerons que le Président du CNT s’est exprimé après Nicolas Sarkozy et David Cameron, cela peut s’expliquer du fait que les personnalités qui l’ont précédé sont officiellement dirigeants de leur État, et que Monsieur Moustafa Abdel Jellil, n’est pas le Chef d’état officiel de la Lybie, le CNT n’a pas encore été reconnu par quelques 19 pays parmi les 63 pays invités qui étaient présents, pourtant en début de semaine passée et les jours suivants d’après les déclarations des certains dirigeants occidentaux le CNT était présenté comme le Gouvernement de la Libye.
S’agit-il d’une reculade ? ……. Je vous laisse le soin d’en décider vous-même.
1/ Nicolas Sarkozy
. Refus déterminé d’un quelconque affrontement entre l’Occident et l’Orient :
En ce qui concerne l’intervention de Monsieur Nicolas Sarkozy , Président de la République Française, nous avons retenu l’entrée en matière de Monsieur Nicolas Sarkozy qui d’emblée, après les salutations d’usage, a tenu à dire après la réunion qu’il avait co présidée avec le Premier Ministre David Cameron que dans leur esprit, elle marquait le refus déterminé d’un quelconque affrontement entre l’Occident et l’Orient.
Le Président de la République a enchaîné « Il y avait autour de la table des pays arabes, des pays africains, des pays européens, des pays occidentaux qui ont parlé le même langage », et il a ajouté « .Il n'y a aucune fatalité à l'opposition entre l'Orient et l'Occident. »
. Les valeurs de la démocratie sont « absolument universelles » :
Ceci posé, le Président de la République a associé les participants semble-t-il en affirmant « Nous avons voulu également manifester l'affirmation que les valeurs de la démocratie sont absolument universelles et que ces valeurs de la démocratie valent pour les peuples arabes comme pour les peuples européens, pour les peuples d'Afrique comme pour les peuples d'Occident. C'est un droit »
. Interventions militaires » …… pour la protection de populations qui risquent d’être martyrisées par leurs propres dirigeants : Début d’une politique autorisée par les Nations Unies
Monsieur Nicolas Sarkozy a ensuite expliqué …… « qu'entre l'intervention en Côte d'Ivoire et l'intervention militaire en Libye, nous souhaitions que ce soit le début d'une politique autorisée par les Nations Unies qui met la force militaire au service de la protection de populations qui risquent d'être martyrisées par leurs propres dirigeants. Il y a eu des milliers, des dizaines de milliers de vies épargnées en Libye grâce à l'intervention. »
Note : nous pouvons noter que les interventions militaires que certains pays occidentaux s’autorisent dans des pays africains se trouvent expliquées par le Président de la République Française par « l’autorisation des Nations Unies …. », comme si le Président avait tenu à souligner que les pays qui interviennent militairement sont couvert par l’autorité du Conseil de Sécurité de l’ONU.
Quand à l’appréciation de la protection de populations « qui risquent » d’être martyrisées par leurs propres dirigeants, cette notion parait dangereusement élastique, doit-on considérer dans tous les cas qu’un dirigeant qui lutte dans son propre pays contre des insurgés armés martyrise la population ?
. Le devoir de l’Europe de se préoccuper elle-même de l’équilibre er de la pais dans les zones qui lui sont proches :
Pour le Président de la République « l'ensemble des pays européens présents a bien voulu considérer que la Méditerranée, c'est une zone frontalière de l'Europe et que c'était le devoir de l'Europe de se préoccuper elle-même de l'équilibre et de la paix dans les zones qui lui sont proches. Et c'est un progrès par rapport à ce qui s'est passé il y a quelques années dans l'ex-Yougoslavie. »
Note : on ne voit pas où est le progrès, soit on reste indifférent comme Ponce Pilate, soit on négocie si l’on peut proposer des solutions de paix ce qui dans certains cas est impossible quand les belligérants ne veulent rien entendre, soit l’Europe s’autorise sous le couvert de l’ONU à intervenir militairement, c’est ce dernier cas qui a été retenu pour la Libye, mais était-ce le bon choix ? il est trop tôt pour le dire … La Libye nouvelle n’est pas officiellement constituée et seul l’avenir le dira.
. La levée du gel des avoirs Libyens :
Après ces considérations sur le devoir de l’Europe le Président de la République a abordé la question de la levée des avoirs libyens en expliquant : « L'ensemble des décisions qui ont été prises concerne d'abord la demande unanime de levée du gel des avoirs libyens. L'argent qui a été détourné par M. KADHAFI et ses proches doit revenir aux Libyens. Et tous, nous nous sommes engagés à débloquer l'argent de la Libye d'hier pour financer le développement de la Libye d'aujourd'hui. »
Note : l’argent … doit revenir aux Libyens …certes ! à ce propos nous relevons dans la presse européenne sous la plume de Gudrun Harrer du quotidien autrichien « Der Standard », un article dans lequel le journaliste met en garde la communauté international sur l’utilisation des fonds qui seront débloqué, dont extrait :
…..
« La communauté internationale a une responsabilité morale envers le Conseil de transition libyen et ne doit pas lui témoigner une confiance aveugle, "Les réflexions humanitaires doivent être placées au premier plan - ce qui ne veut toutefois pas dire que les avoirs libyens gelés dans de nombreux pays et aujourd'hui de nouveau débloqués doivent être simplement versés au pays sans aucun contrôle. Oui, celui-ci appartient aux Libyens et aux Libyennes. Et oui, la plupart des États ont reconnu le Conseil national de transition comme la représentation officielle. Mais c'est précisément parce que cette légitimation a été accordée de l'extérieur et non de l'intérieur que la communauté internationale ne doit pas se retirer sans rien faire d'autre. Malgré tout le respect que l'on doit à la souveraineté libyenne, la communauté internationale a certainement une responsabilité morale envers ce Conseil de transition. Tout ce que celui-ci fera se répercutera sur elle." (02.09.2011)
Décision : Poursuite des frappes de l’Otan , demandes d’un engagement d’un processus de réconciliation et de pardon et d’un élargissement de la reconnaissance des nouvelles autorités CNT, ouverture de nouvelles ambassades à Tripoli, transformation du « Groupe de contact »en « Groupe des amis de la Libye » ……
Le Président de la République ensuite annoncé la poursuite des frappes de l’Otan ….et il a ajouté « que l'ensemble des participants ont demandé au CNT d'engager un processus de réconciliation et de pardon pour que les erreurs qui ont été faites dans d'autres pays dans le passé servent de lumière pour l'avenir de la Libye. Rien ne peut se faire sans la réconciliation et sans le pardon. ..Tous ont demandé, les participants de la conférence, l'élargissement de la reconnaissance des nouvelles autorités CNT. Et tous, nous nous sommes engagés à ouvrir au plus tôt nos nouvelles ambassades à Tripoli. Et enfin, nous avons décidé la transformation du groupe de contacts en Groupe des Amis de la Libye.
Note : Le passage ci-dessus est assez surprenant, le Président parle du CNT , alors qu’en début de la semaine passé, d’après les communiqués des occidentaux impliqués dans le conflit le Régime de Kadhafi était battu et que le CNT était considéré comme le seul Gouvernement , plus surprenant encore le « Groupe de contacts » se transforme en « Groupe des amis de la Libye », il semblerait qu’une certaine détente politique, une pause pourrions nous dire s’imposerait au CNT qui jouissait jusqu’à présent et jouaient un rôle éminemment politique et décisionnel avec l’assentiment des occidentaux impliqués dans le conflit armé, et qu’au premier des plan des attaques viendrait se placer l’Otan , plus surprenant encore le « Groupe de contact »très agissant diplomatiquement jusqu’alors pour soutenir le CNT parait se replier dans un rôle de soutien « amical » en se voyant transformé en « Groupe des Amis de la Libye »
Il s’agit là d’une tonalité différente qui semble recadrer d’une part le CNT dans un rôle de transitoire de conciliateur et de « pardon » , et d’autre part le » Groupe des Amis de la Libye » dans un rôle de soutien « amical » moins prégnant politiquement.
. Mise en évidence,( à titre personnel), de la présence du Qatar, des Émirats Arabes Unis et de la Jordanie dans la coalition, rappel de la résolution des Nations d Unis … et en conclusion : …….. « … nous avons voulu dire aussi aux Qataris, aux Émiratis et aux Jordaniens, que nous n'oublierons jamais que, dès les premières minutes, ils étaient avec nous dans le ciel de Libye pour protéger la population.
Le Président a terminé son allocution comme suit :
« Enfin, je voudrais dire, à titre personnel, en terminant, combien il était précieux pour David CAMERON, pour moi que, dès le premier jour de l'intervention militaire, il y ait eu parmi l'ensemble des pays de la coalition trois pays arabes qui ont eu le courage d'assumer leurs responsabilités : le Qatar, les Émirats Arabes Unis et la Jordanie. Que les choses soient très claires, nous ne serions pas intervenus sans la résolution des Nations Unies, M. le Secrétaire général, mais l'intervention aurait été beaucoup plus difficile si, dès les premières heures, des amis arabes ne s'étaient pas rassemblés autour de nous pour bien montrer le côté international de la coalition. Et nous l'avons dit, nous nous réjouissons, bien sûr, des soixante-trois pays présents, mais nous avons voulu dire aussi aux Qataris, aux Émiratis et aux Jordaniens, que nous n'oublierons jamais que, dès les premières minutes, ils étaient avec nous dans le ciel de Libye pour protéger la population.
2/ David Cameron :
Comme vaniteux on ne fait pas mieux sur la scène européenne ! Je me bornerai à commenter son intervention que vous pourrez suivre en regardant la vidéo sur le site Officiel de l’Elysée. Un véritable « pépino », - traduction « pépino » voulait dire en Algérie du temps des français un petit prétentieux qui veut se rehausser en faisant le fier à bras !
Commentaires : David Cameron, le Premier Ministre Britannique a pris ensuite la parole, sur un ton haut perché comme le corbeau de la fable. Vous remarquerez les propos excessifs qu’il a déployés pour étendre l’insurrection à l’ensemble du peuple et des citoyens libyens , pour lui Kadhafi avait promis de « chasser et de tuer ses propres citoyens …. Le massacre était imminent » … , alors qu’en fait Kadhafi s’adressait aux forces insurgées, il affirme aussi que cinq mois plus tard « le peuple libyen a repris le contrôle du pays », alors que le CNT s’efforce de prendre le contrôle et que le peuple Libyen ne contrôle rien et subi depuis cinq mois les graves inconvénients collatéraux des combats et des attaques aériennes, dont il est victime,. De nombreuses personnes adultes et enfants ont été tués dans le peuple, d’autres par milliers blessés, et pour ceux du peuple qui sont vivants ils sont affrontés quotidiennement à la désorganisation des services publics et des services privés, commerces etc… .
David Cameron aussi se dit « fier » de ce que les Forces britanniques ont accompli aux « côtés de nos alliés et à juste titre aux côtés du Qatar, des Émirats Arabes Unis et de la Jordanie », comme si cette présence de ces trois états arabes représentait à ses yeux la référence essentielle pour justifier les frappes aériennes …. Ensuite de nouveau il insiste « il faut que les choses soient claires.. C’est le peuple libyen qui a libéré la Libye » … et d’après lui après avoir énoncé quelques exemples pour illustrer son propos il cite : … et enfin « ce sont les habitants de Tripoli eux-mêmes qui ont libéré leur propre ville à la sueur de leur front et au risque de leur vie », alors que tout le monde sait que les forces de l’Otan depuis plusieurs mois n’ont cessé de pilonner la ville de Tripoli en réduisant certains quartiers du commandement du Régime Kadhafi à l’état de décombres.
Pour le reste David Cameron reconnaît « ……Mais comme nous l'avons déjà dit à plusieurs reprises, le combat n'est pas terminé ….. C'est pourquoi, nous nous engageons à trois titres aujourd'hui ici, à Paris.
Et David Cameron reprend l’énoncé des engagements que nous résumons comme suit mais que vous retrouverez dans l’intégrité du discours Cameron que nous faisons paraître à la fin de notre commentaire :
- « l'OTAN et nos alliés continueront les opérations militaires dans la mise en œuvre de la résolution 1970 et 1973 du Conseil de Sécurité tant que c'est encore nécessaire de rester sur le terrain pour protéger les vies des citoyens
- …. « il faut que les coupables soient traduits en justice. Il faut honorer les engagements pris par le Conseil national de transition, les engagements qui seront aidés par la Grande-Bretagne. Et enfin, la Grande-Bretagne s'engage à soutenir le Président ABDEL JALIL, le Premier ministre JIBRIL dans leur tentative de mener à bien une transition démocratique ouverte à tous, et surtout, pleinement appropriée par les Libyens » ….
- …… « les pays autour de la table se sont engagés à apporter leur soutien et leur assistance au CNT, et la Grande-Bretagne va jouer son rôle. Nous avons notamment débloqué 1 milliard de livres en dinars pour envoyer à Tripoli. Nous allons envoyer une assistance humanitaire et technique et médicale. Nous allons continuer à jouer le rôle qui doit nous être dévolu car nous ne pouvons pas nous permettre un échec.
Enfin David Cameron termine en mettant en évidence, le Qatar, les Emirats Arabes Unis , , la Jordanie, le Président Abdel Jalil, et le Premier ministre Jibril du Conseil national de transition
- « Les citoyens libyens méritent notre soutien et c'est un honneur pour nous de travailler aux côtés de tous nos partenaires aujourd'hui, surtout nos partenaires du Qatar, des Émirats Arabes Unis et de la Jordanie ainsi que le Président ABDEL JALIL, le Premier ministre JIBRIL du Conseil national de transition, ainsi qu'aux côtés du Président SARKOZY qui a beaucoup œuvré pour rassembler cette coalition qui rassemble des pays du Nord, du Sud, d'Orient, d'Occident, des musulmans, des chrétiens dans cette coalition qui est à l'aube de son succès. »
Note : David Cameron n’a pas trop insisté sur l’autorité de l’ONU …..Nicolas Sarkozy au contraire l’avait bien souligné.
Voici reproduite ci-dessous l’allocution de David Cameron, Premier Ministre Britannique :
« Merci, Nicolas, et merci pour l'organisation et la tenue de cette conférence et merci de « l'avoir co-présidée à mes côtés. La dernière fois que nous nous sommes réunis ici, à Paris, « les chars de KADHAFI étaient aux portes de Benghazi et KADHAFI avait promis de « chasser et de tuer ses propres citoyens, de les chasser comme des rats. Le massacre était « imminent. Cinq mois plus tard, le peuple libyen a repris le contrôle de son pays. Pour la « première fois depuis de nombreuses années, l'Aïd est célébrée cette année dans une Libye « libérée de la dictature.
« Je suis fier de ce que les forces britanniques ont accompli aux côtés de nos alliés et comme « Nicolas l'a souligné, à juste titre, aux côtés du Qatar, des Émirats Arabes Unis et de la « Jordanie, qui ont joué un rôle fondamental ainsi que les États-Unis qui ont joué un rôle « crucial. Je salue également le rôle joué par l'OTAN pour protéger les populations civiles des « attaques brutales et sanguinaires de KADAHFI.
« Mais il faut que les choses soient claires, c'est le peuple libyen lui-même qui a libéré la « Libye. Le peuple de Misrata, le peuple de Zawiya qui a tenu tête aux forces de KADHAFI. « Les citoyens de Djebel Nafoussa qui se sont réfugiés dans les cavernes occupées de leurs « ancêtres et qui ont combattu pour libérer Tripoli. Et enfin, ce sont les habitants de Tripoli « eux-mêmes qui ont libéré leur propre ville à la sueur de leur front et au risque de leur vie.
« Mais comme nous l'avons déjà dit à plusieurs reprises, le combat n'est pas terminé. C'est « pourquoi, nous nous engageons à trois titres aujourd'hui ici, à Paris. Premièrement, l'OTAN « et nos alliés continueront les opérations militaires dans la mise en œuvre de la résolution « 1970 et 1973 du Conseil de Sécurité tant que c'est encore nécessaire de rester sur le terrain « pour protéger les vies des citoyens.
« Deuxièmement, les pays présents aujourd'hui ont réaffirmé leur engagement, ainsi que le « CNT, au principe démocratique de libertés et de droits fondamentaux aujourd'hui à Tripoli. « Il faut que nous réfléchissions à toutes les victimes des souffrances, les victimes des « exactions, les victimes des exécutions sommaires, il faut que les coupables soient traduits en « justice. Il faut honorer les engagements pris par le Conseil national de transition, les « engagements qui seront aidés par la Grande-Bretagne. Et enfin, la Grande-Bretagne « s'engage à soutenir le Président ABDEL JALIL, le Premier ministre JIBRIL dans leur « tentative de mener à bien une transition démocratique ouverte à tous, et surtout, pleinement « appropriée par les Libyens. Il n'y aura pas de chaos sans KADHAFI, alors que certains le « prédisaient, certains prévoyaient le désordre dès la chute du régime. Aujourd'hui il faut « surmonter ces mauvaises langues.
« Bien entendu, tout n'est pas rose dès aujourd'hui, mais les Libyens ont d'ores et déjà fait « preuve de courage, d'esprit de détermination et de résistance. Ils font face aujourd'hui à des « pénuries d'électricité, d'eau, les hôpitaux sont néanmoins en train de rouvrir. Le CNT a « toujours prévenu contre les risques de désordre, de confrontation et surtout de vengeance. « Le CNT l'a répété à plusieurs reprises ce soir, c'est un message qui est porté loin.
« A l'issue de cette réunion, les pays autour de la table se sont engagés à apporter leur soutien « et leur assistance au CNT, et la Grande-Bretagne va jouer son rôle. Nous avons notamment « débloqué 1 milliard de livres en dinars pour envoyer à Tripoli. Nous allons envoyer une « assistance humanitaire et technique et médicale. Nous allons continuer à jouer le rôle qui « doit nous être dévolu car nous ne pouvons pas nous permettre un échec. Les citoyens « libyens méritent notre soutien et c'est un honneur pour nous de travailler aux côtés de tous « nos partenaires aujourd'hui, surtout nos partenaires du Qatar, des Émirats Arabes Unis et de « la Jordanie ainsi que le Président ABDEL JALIL, le Premier ministre JIBRIL du Conseil « national de transition, ainsi qu'aux côtés du Président SARKOZY qui a beaucoup œuvré « pour rassembler cette coalition qui rassemble des pays du Nord, du Sud, d'Orient, « d'Occident, des musulmans, des chrétiens dans cette coalition qui est à l'aube de son succès.
« Je vous remercie.
3/ Monsieur Moustafa Abdel Jalil, Président du Conseil National de transition Libyen.(CNT)
Commentaire : Vous remarquerez que dans sa première phrase Moustafa Adel Jalil affirme que le peuple libyen est un peuple musulman et que tout son discours politique est émaillé de références au peuple libyen et à l’Islam, pour le reste je vous laisse le soin de lire son discours ci-dessous qui, interprété à sa façon, n’apporte rien de nouveau à ce qui a été exposé par les intervenants précédents
Intervention de Moustafa Abdel Jalil
« Bonsoir. Je voudrais tout d'abord dire que le peuple libyen sur lequel vous avez parié et qui « a prouvé à tout le monde qu'il voulait la liberté, la démocratie, est un peuple musulman qui « respecte tous les engagements, qui insiste sur le respect de la dignité, de la liberté et de « l'honneur. Nous avons parié sur ce peuple, disais-je, lorsque nous avons demandé à la « communauté internationale de travailler pour rendre sa liberté à ce peuple afin qu'il puisse « exprimer ses aspirations dans les zones de l'Ouest du pays. Lorsque les zones du Nord et de « l'Est se sont libérées, nous avons demandé à la communauté internationale, lorsque le « régime de KADHAFI a encerclé un certain nombre de villes, de protéger ces citoyens qui « voulaient s'exprimer librement. Nous avons fait ce pari et nous l'avons gagné. Misrata a « résisté, le Djebel Gharbi, les montagnes de l'Ouest ont résisté. Zouara et Misrata ont donné « un exemple de sacrifice. Tripoli s'est enfin soulevé, et vous avez peut être vu combien les « Libyens, tous ensemble, les révolutionnaires, tous ensemble, ont travaillé. Et c'était là le « premier pari.
« Le deuxième pari : la communauté internationale dans toutes ses composantes, à « commencer par le Conseil de coopération du Golfe, en passant par la Ligue des Etats arabes « puis l'Union européenne, la Conférence pour la Coopération islamique, les Nations Unies, « ont tous parié sur les Libyens et ont adopté les résolutions 1970 -- sur le gel des avoirs -- et « 1973 -- imposant le blocus aérien par tous les moyens nécessaires -- et ont confié le soin de « mettre en œuvre cette résolution à l'OTAN pour instaurer une protection militaire qui a « protégé le peuple libyen contre une catastrophe que l'Histoire n'aurait jamais oubliée. Voilà « donc le deuxième pari.
« Le monde a parié sur les Libyens et les Libyens ont fait preuve de courage de détermination « et ont réalisé leurs aspirations jusqu'à maintenant. Je voudrais m'adresser au peuple libyen « pour dire, comme nous avons parié sur vous, comme la communauté internationale a parié « sur vous, les choses sont aujourd'hui entre vos mains pour prouver diverses raisons.
« Premièrement, pour respecter nos engagements. Deuxièmement, pour instaurer la stabilité et « la paix en Libye même. Troisièmement, le pardon, la tolérance et laisser le droit régner, dire « son mot. Vous avez vu comment Mouammar KADHAFI mettait les pneus de voitures « autour des révolutionnaires et y mettait le feu. Vous avez vu les viols, vous avez vu les « souffrances des enfants. Nous allons laisser l'Histoire s'en faire juge. Ensuite l'islam « encourage le pardon, encourage à la réconciliation, et il y a le droit qu'il faudra faire valoir « et respecter.
« Je voudrais remercier la communauté internationale pour tous ses encouragements. Nous « pensons que ces mesures sont absolument essentielles. La réunion de tous ces pays de l'Est « et de l'Ouest, du Nord et du Sud pour être aux côtés du droit, de la justice sont extrêmement « importants. La Libye fait partie de cette communauté internationale qui veut la paix, la « stabilité et la justice partout dans le monde. Je voudrais saluer tous ceux qui ont travaillé « pour cela. Je voudrais saluer le Président de la République française Nicolas SARKOZY, je « voudrais saluer David CAMERON, Cheikh Hamad Bin Khalifa Al-Thani, nos alliés de « Jordanie, des Émirats Arabes Unis, des Etats-Unis, les Italiens, qui ont toujours participé à « l'action de l'OTAN pour permettre au peuple libyen de faire ce qu'il a pu faire.
« Je vous remercie. »
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Pour les interventions, autres que celles que nous avons commentées ci-dessus, si vous le souhaitez vous pouvez les lire en intégral sur le site Officiel de l’Elysée.
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Nos commentaires :
De l’impression générale, la communauté internationale a évité d'annoncer la victoire militaire lors de la conférence sur la Libye, pas de déclarations hâtive de la part des alliés et des représentants des rebelles, pas de trace du triomphalisme victorieux qui avait prévalu ces dernières semaines, une certaine prudence rendue nécessaire par l’annonce de la décision de poursuivre les combats par l’Otan, et les forces militaires aussi longtemps que nécessaire, … un appel à la conciliation et au pardon, … … un regard tourné sur l’avenir de la « Libye Nouvelle ", des engagements financiers, des promesses politiques de part et d’autre, la communauté internationale s’est efforcé de donner l’impression qu’elle prenait ses distances et qu’elle s’accordait le temps nécessaire pour soutenir la transition politique vers une Libye libre et démocratique en évaluant les enjeux.
Par ailleurs les médias rapportent qu’en en échange du soutien des États Unis, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a demandé aux dirigeants de la "Libye nouvelle" de "combattre l'extrémisme", des doutes étant apparus concernant certains membres du nouveau pouvoir, jugés proches des islamistes ou d'Al-Qaïda.
Deux facteurs principaux menacent la reconstruction de la Libye, écrit le quotidien libéral Corriere del Ticino : "Le premier facteur est la faiblesse politique d'un Conseil de transition divisé. Si les conditions ne sont pas réunies pour imaginer que se développe à Tripoli un conflit similaire à celui (entre chiites et sunnites) qui a accompagné l'après Saddam en Irak, une lutte acharnée pourrait toutefois éclater entre les différentes fractions qui revendiquent la succession de Kadhafi : l'est du pays contre Tripoli, l'armée contre la population civile, les forces séculières contre les fondamentalistes musulmans. C'est là que réside le deuxième risque. Le fondamentalisme islamique a été le perdant des révoltes arabes de Tunisie et d'Egypte, mais il pourrait prendre le dessus en Libye de par la présence de tous ces mouvements capables de faire du prosélytisme dans les moments de chaos et d'incertitude." (02.09.20
Alors que la transition s’avère compliqué, comment se dessinera la Libye Nouvelle post-Kadhafi, que le CNT s’apprête à se reconstruire sur les décombres du Régime kadhafiste ? Certes nous ne mettons en doute les compétences des responsables actuels du CNT dont certains sont issus de l’ancien sérail, le CNT démuni pour le moment d’un Conseil exécutif s’articule autour de responsables dont les plus connus sont :
* Moustafa Abdel Jalil : Président du CNT : il a été, trois ans durant, ministre de la Justice de Kadhafi, connu pour être l’homme qui par deux fois a soutenu la condamnation à mort des infirmières bulgares, il s’est surtout illustré par quelques prises de position en matière de droits de l’homme, idéologiquement, on le dit plutôt proche du courant traditionaliste et il bénéficierait à ce titre du soutien des islamistes.
Mahmoud Jibril, considéré comme la figure de proue et l’éminence grise du CNT : ce Politologue de formation économiste, a fait une partie de son cursus universitaire aux États-Unis, il a élaboré avec un groupe de ses compatriotes le projet «Vision libyenne». Il a été le chef du premier «comité de crise» qui avait été mis sur pied aux premiers jours de l’insurrection libyenne avant d’être élu président du bureau exécutif du CNT, politiquement, on le présente comme un libéral.
* Abdelhafiz Ghoga, vice-président du CNT. Avocat de son état, il a la réputation d’être le «Monsieur droits de l’homme» du Conseil national de transition.
* Ali Abdelaziz El Issaoui : ancien ministre de l’Economie de Khadi et ancien ambassadeur de Libye en Inde, il a rejoint très tôt la rébellion. Sa connaissance du terrain diplomatique a fait de lui le «ministre des Affaires étrangères»du CNT
* Abdelhakim Belhadj : placé à la tête du Conseil militaire de Tripoli en récompense aux combats qu’il a dirigés pour libérer la capitale libyenne, il est présenté comme étant de souche «djihadiste», connu aussi sous le nom de guerre de Abou Abdallah Al Sadek, il est membre fondateur du «Groupe islamique combattant en Libye» (GICL) qui a été créé en 1995. Arrêté en 2004 par la CIA et extradé vers la Libye, il il a été gracié par Kadhafi le 23 mars 2011, et il a rejoint aussitôt les rangs de la guérilla libyenne. Mais les Occidentaux ne voient pas en lui un chef de guerre dangereux, un adoubement motivé par le refus par l’intéressé de cautionner AQMI.
On peut s’interroger sur les forces politiques qui vont surgir et animer la nouvelle ère qui s’annonce en soulignant que la Libye de Kadhafi n’a jamais connu de véritable opposition démocratique, sous son autorité on ne connaissait pas de leader populaire ni de parti clandestin. En 42 ans de règne Kadhafi s’était arrangé pour vider la société libyenne de toute de toute velléité contestataire. Jusqu’au soulèvement de Benghazi, l’opposition dans ce pays se résumait au néant. . On peut dire que la rébellion libyenne s’articule actuellement de différentes forces politiques organisées et contrôlées par le CNT , mais on peut aussi envisager que des figures dissidentes peuvent surgir dans ce pays en voie de recomposition politique et civile, ce qui risque perturber dans une premier temps la feuille de route qui va structurer la transition démocratique en Libye qui sera assez longue, puisque le CNT a annoncé qu’une élection d’une Assemblée constituante va être organisée dans environ 8 mois, et que celle-ci sera suivie, 12 mois plus tard, de la tenue d’élections présidentielle et législatives, qui seront les premières dans l’histoire du pays. En clair pendant le 8 mois le CNT devra diriger le pays avant qu’une Assemblée élue par le peuple rédige une Constitution qui sera soumise à référendum, ensuite 12 mois après des élections législative et présidentielle, ce qui revient à dire que dans 20 mois le peuple libyen aura élu ses dirigeants légitimes.
20 mois une longue période que le CNT devra franchir comme un challenge avec tous les aléas politiques qui peuvent se déclencher, sans compter l’activité des poches de résistance qui subsistent et qui peuvent encore se manifester.
.Bien sûr l’Otan et les alliés du CNT ont déclaré la poursuite des combats et s’y emploient, mais il reste aussi pour le CNT de gagner la confiance de tous les libyens, pas seulement de ceux qui lui sont acquis et en même temps de remettre en état de fonctionnement les services publics, beaucoup de travail et de persévérance en perspective, dont il devra répondre et s’acquitter pour mener à bien la construction politique et civile de la Libye Nouvelle, dont les contours ne seront finalement connus que dans 20 mois, si tout se passe comme prévu.
En conclusion, près cinq mois de conflit en Libye, l’issue parait encore incertaine, malgré les efforts du Conseil national de transition (CNT) et les bombardements intensifs des forces de l’Otan. Que dire enfin du rôle joué finalement par le CNT, sans direction exécutive, depuis près de trois semaines, dans la libération en cours mais non effective du pays?
Que dire enfin du chèque en blanc confié par la communauté internationale au CNT pour mener à bien la reconstruction de la « Libye nouvelle » ?
D’après le quotidien libéral suisse « Corriere del Ticino » deux facteurs menacent la reconstruction de la Libye : d’une part la faiblesse politique d’un CNT divisé, d’autre part la menace Islamiste, bien entendu nous citons cet article qui tranche sur les concerts optimistes dont nous sommes alimentés par nos médias nationaux en vue d’ajouter encore une autre dimension notre champ d’investigations prospectives sur le Lybie Nouvelle : :
Ci-dessous extrait de leur article :
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L'islamisme menace la Libye
Deux facteurs principaux menacent la reconstruction de la Libye, écrit le quotidien libéral Corriere del Ticino : "Le premier facteur est la faiblesse politique d'un Conseil de transition divisé. Si les conditions ne sont pas réunies pour imaginer que se développe à Tripoli un conflit similaire à celui (entre chiites et sunnites) qui a accompagné l'après Saddam en Irak, une lutte acharnée pourrait toutefois éclater entre les différentes fractions qui revendiquent la succession de Kadhafi : l'est du pays contre Tripoli, l'armée contre la population civile, les forces séculières contre les fondamentalistes musulmans. C'est là que réside le deuxième risque. Le fondamentalisme islamique a été le perdant des révoltes arabes de Tunisie et d'Egypte, mais il pourrait prendre le dessus en Libye de par la présence de tous ces mouvements capables de faire du prosélytisme dans les moments de chaos et d'incertitude."
(fin de l'extrait)
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Les Questions :
Toutefois il aussi tout intéressant de lire les questions que les médias ont posées aux personnalités qui sont intervenues dans cette conférence de presse du 1er Septembre 2011, et cette fois, sans aucun commentaire de notre part, nous les reproduisons ci-dessous :
QUESTION -- Je vais poser trois questions. Vous avez parlé de ce qui s'est passé dans le passé, c'est-à-dire l'intervention à Benghazi, à Tripoli et ensuite, mais vous n'avez pas parlé de ce qui s'est passé aujourd'hui. Votre conférence, c'est le soutien pour le peuple libyen, peut être les Nations Unies ont parlé de cela un peu, mais on n'a pas entendu assez de ce qui s'est passé dans cette conférence, par rapport à la reconstruction de la Libye, le soutien surtout matériel au niveau du pétrole et ensuite de l'argent etc.
Et je pose ma question en arabe. Une question en arabe, si vous le permettez, concernant les envoyés libyens.
LE PRESIDENT -- Si, nous avons parlé très en détail de la situation d'aujourd'hui sur deux plans. D'abord, nous en avons parlé sur un plan militaire, puisque le Secrétaire général de l'OTAN était là, et nos amis libyens nous ont indiqué qu'ils avaient besoin que les opérations militaires ciblées de l'OTAN continuent tant que M. KADHAFI, ses mercenaires et ses séides étaient une menace. C'est une première demande, mais ils le diront mieux que moi qui concerne aujourd'hui et naturellement demain.
Pour aujourd'hui aussi, les représentants de la Libye nous ont demandé -- aux 63 pays présents -- de dégeler les avoirs. Et à la suite des différentes interventions autour de la table, c'est une quinzaine de milliards de dollars d'avoirs libyens dans nos pays qui sont immédiatement dégelés. La France, si mon souvenir est exact -- merci, Monsieur le Ministre des Affaires étrangères -- a dégelé aujourd’hui même 1,5 milliard d'euros. Nous voulons rendre aux Libyens l'argent qui a été gelé et qui leur avait été volé. Ça, c'est d'aujourd'hui. Et puis, des choses très précises : des centaines de mobiles homes vont partir de France pour être livrés. Le Premier ministre JIBRIL nous l'avait demandé pour permettre la rentrée scolaire. Des médecins, des équipes de rééducation vont partir de l'ensemble de nos pays. Certains pays européens -- je pense à la Grèce -- ont proposé d'augmenter de 50% la capacité en eau de la ville de Tripoli. Donc, on est rentrés extrêmement dans le détail. Il est impossible d'additionner tout ce qui a été demandé, mais c'est un plan qui est engagé. Il y a eu les demandes de nos amis représentant la Libye et puis, il y a eu les demandes de tous les amis de la Libye pour la réconciliation, pour le pardon, pour l'Etat de droit, pour la liberté. Voilà, c'est la rencontre entre ces deux demandes qui a fait les quelque quatre ou cinq heures de réunion que nous avons eues ensemble.
QUESTION -- Une question qui s'adresse en priorité aux deux présidents SARKOZY et ABDEL JALIL. Vous nous avez parlé tout à l'heure qu'il fallait continuer les opérations militaires de l'OTAN jusqu'à ce que M. KADHAFI ne constitue plus une menace. Est-ce que cela signifie, est-ce que la condition est que M. KADHAFI soit arrêté ou mis hors d'état de nuire avant un éventuel arrêt de ces opérations ? Et deuxième question concernant l'aide, vous avez promis le dégel des avoirs, etc. Est-ce que vous avez fixé des conditions précises au CNT en matière de feuille de route démocratique comme condition à cette aide ?
LE PRESIDENT -- Nous n'avons pas fixé des règles au CNT. La révolution libyenne, c'est la Libye dirigée par les Libyens. Mais le Premier ministre libyen lui-même a proposé qu'il y ait une commission d'experts internationaux pour les aider à réfléchir à la façon dont ces fonds dégelés, qui représenteront une somme importante, pourront être utilisés au mieux. Mais c'est les Libyens qui conduiront cela.
Deuxièmement, l'engagement, la charte du CNT est très claire sur les délais, sur la constitution, sur les élections. Chacun de ceux qui ont rencontré les représentants du CNT sont à chaque fois plus convaincus de leur bonne foi. Sur M. KADHAFI, il est sûr qu'il représente une menace. Nous, nous considérons qu'on ne combat pas les terroristes avec les méthodes des terroristes et les dictateurs avec les méthodes de dictateurs. La Libye, nous souhaitons qu'elle s'oriente vers un Etat de droit. M. KADHAFI et ses mercenaires présentent une menace aujourd'hui. Vous dites « éliminer », je ne sais pas ce que veut dire le mot « éliminer ». M. KADHAFI doit être arrêté et les Libyens décideront librement s'il convient qu'il soit jugé en Libye ou devant les juridictions internationales. Ce n'est pas notre décision, c'est celle des Libyens. Mais nous sommes bien dans le cadre d'un Etat de droit.
De la même façon que M. GBAGBO en Côte d'Ivoire a été arrêté et sera déféré à des autorités. Il peut y avoir un fait de guerre. Il peut y avoir des éléments de cette nature, mais c'est cela que nous souhaitons et c'est bien dans ce cadre-là que nous inscrivons notre action. David CAMERON a sans doute son avis à donner sur le sujet.
M. DAVID CAMERON -- Je vous suis tout à fait. C'est vrai que cela dépend des Libyens et c'est à eux de choisir ce qu'ils feront avec M. KADHAFI quand ils l'auront retrouvé. Pour ce qui est des opérations de l'OTAN, elles doivent se poursuivre tant que des vies civiles sont en danger et c'est d'ailleurs une demande qui nous a été faite par les Libyens.
QUESTION -- Monsieur le Président, nous sommes tous convaincus sur les armes du CNT, mais la situation sur le terrain est qu'aujourd'hui le pouvoir militaire de Tripoli est exercé par l'ancien Émir du GICL (Groupe Islamique de Combat en Libye), ancien combattant en Tchétchénie et en Afghanistan. Est-ce qu'on pouvait s'attendre à ce que ce soit plutôt le général YOUNES à qui on confie cette tâche ? Mais malheureusement le général YOUNES a été assassiné au mois de juillet à Benghazi. Peut-être que le Président ABDEL JALIL et le Premier ministre JIBRIL pourront nous dire quelle idée ils se font de cet assassinat et est-ce que vous êtes tous les six inquiets ou pas vraiment inquiets par le fait que ce soit cet homme qui, aujourd'hui, exerce le pouvoir militaire à Tripoli ?
M. MOUSTAFA ABDEL JALIL -- Je vais laisser le Premier ministre Mahmoud JIBRIL répondre à cette question. C'est lui qui parle à ce sujet mais il exprime l'opinion de tous les Libyens. Je vous remercie.
M. MAHMOUD JIBRIL -- Cette question est en fait en deux volets. Le premier volet concernant l'assassinat du Martyr Abdel Fatah YOUNES et le second volet concerne ce qui se passe à Tripoli et les chefs de la révolution sur le terrain.
Concernant l'assassinat du Martyr Abdel Fatah YOUNES, le CNT a entamé une enquête dans deux directions. Une enquête administrative dont les résultats ont paru et il est nécessaire de prendre un certain nombre de décisions. A l'issue de cette enquête administrative, il nous est apparu qu'il y a eu certains agissements administratifs inadéquats. Nous avons ainsi reconfiguré le bureau exécutif. L'enquête criminelle est en cours. Nous avons arrêté un certain nombre des participants à ce crime. Certains ont reconnu leur participation mais d'autres participants sont encore en fuite. L'enquête est encore en cours parce qu'il ne s'agit pas uniquement d'arrêter les auteurs de ce crime mais il s'agit essentiellement de savoir s'il existe un groupe, une association terroriste, un groupe terroriste organisé derrière cet assassinat. Et c'est là, la chose la plus importante pour nous. Ce que nous voulons affirmer au sein du CNT et du bureau exécutif, c'est que cette enquête sera menée en toute transparence, les résultats seront proclamés de façon publique et quels que soient ceux qui étaient derrière cet assassinat, eh bien, ils seront nommés et la justice prendra son cours.
Concernant la situation à Tripoli. Tripoli s'est soulevée de l'intérieur avec l'aide de révolutionnaires de l'extérieur, de Djebel Gharbi, de Misrata, de Zaouïa, de Tarhouna. Un grand nombre de révolutionnaires sont venus de l'extérieur pour aider Tripoli et cette aide était demandée et nécessaire pour compléter le rôle héroïque des révolutionnaires de Tripoli. Et aujourd'hui, ce qui est demandé -- et on a eu un accord à ce sujet -- c'est que ces révolutionnaires remettront leurs armes une fois que leur mission sera terminée. Soit ils rejoindront l'armée nationale que nous allons former, soit ils rejoindront la nouvelle force de police qui sera constituée. Un Haut Conseil de Sécurité a été constitué à Tripoli et qui inclut des dirigeants de la police, de l'armée et des unités de révolutionnaires. Nous espérons que ce Conseil accueillera un nombre grandissant de membres pour qu'il puisse instaurer la paix et qu'il constitue un exemple pour d'autres régions qui sont encore sous le contrôle de M. KADHAFI pour leur montrer que la sécurité est là, que la paix est là et que tous nos efforts vont dans le sens du processus de développement.
QUESTION -- Je pose une question à David CAMERON. Les Nations Unies et le Président SARKOZY ont réussi à rassembler l'opinion de la communauté internationale derrière le Conseil national de transition, mais est-ce que le CNT peut faire le même travail sur son propre terrain, sur le sol libyen et éviter les dissensions internes, comme c'est le cas en Irak depuis 2003 ?
M. DAVID CAMERON -- Alors je pense qu'il ne faut pas nous reposer sur nos lauriers. Il faut aller de l'avant. Il reste encore beaucoup à faire, notamment en matière de résistance qui reste vive et de poches qui restent loyales à M. KADHAFI. Mais à chaque fois que le CNT a été remis en question, eh bien, il a assumé ses responsabilités. Bien sûr, certaines personnes vous diront : « Tripoli n'a rien à voir avec Benghazi, Tripoli va céder au chaos si le CNT prend le contrôle ». Nous n'avons pas vu cela, il n'y a pas eu pour l'instant de factions séparées à l'intérieur du CNT. Il y a une cohésion qui règne. Ce que nous avons pu voir, c'est que le peuple libyen est prêt à s'emparer de son avenir. Alors, bien entendu, tout ne sera pas facile, il faut être honnête et conscient des difficultés. Mais ce qu'on peut voir aujourd'hui, c'est que dans les villes libyennes, les ordures sont ramassées, les hôpitaux rouvrent, les commerces et les banques sont également ouverts et on voit le peuple libyen se rassembler car ils sont prêts à reconstruire leur propre pays. Et, je le répète, il s'agit d'un processus que se sont appropriés les Libyens. Nous sommes là à leurs côtés. Les Français, les Britanniques et les autres partenaires de la communauté internationale sont là pour répondre à leur appel. Mais nous sommes pleinement conscients que le CNT a déjà beaucoup avancé et qu'il va assister le peuple libyen pour bâtir un nouvel avenir.
QUESTION -- Merci, Monsieur le Président. Si vous le permettez, j'ai deux questions : une à Son Altesse l'Émir du Qatar et une question à Monsieur le Président ABDEL JALIL. Altesse, quelle est votre vision concernant la Libye de demain et quel genre d'aide vous pouvez accorder pour aider le peuple libyen ?
Je m'adresse à M. ABDEL JALIL. Je sais qu'il y a une tension entre vous et votre voisin, l'Algérie ; est-ce que l'Algérie est prête à reconnaître votre Conseil national et si cette reconnaissance pourrait donc faciliter les relations entre vous ?
M. MOUSTAFA ABDEL JALIL - Il est évident que la prochaine étape pour la Libye est extrêmement importante, aussi bien pour les pays du monde que le monde arabe. Est-ce que cette révolution qui a demandé l'aide de la communauté internationale est capable d'exercer la démocratie avec beaucoup de sagesse ? Il y a des questions qui sont posées concernant certains révolutionnaires, certains insurgés et sur la situation sécuritaire. Nous devons reconnaître que, sans l'action des révolutionnaires et des insurgés, nous n'aurions pas remporté cette victoire. M. CAMERON a raison lorsqu'il a dit que les villes libérées l'étaient grâce à l'action des révolutionnaires.
Comme l'a dit le chef du CNT, il y a deux volets. Il y a ceux qui ont fait le travail sur le terrain, qui ont libéré ces villes des mercenaires et ils doivent assumer la sécurité. Vous, en France, vous avez eu la police, les forces de la police, les gendarmes, les gendarmeries etc. En Libye, il n'y avait rien. Je pense que c'est là un volet extrêmement important, mais parallèlement, il faut également accorder une importance aux volets du développement : le développement, les écoles, la santé, etc. Nous, nous avons concentré nos efforts sur l'idée de débloquer les avoirs et maintenant nous posons la question suivante : pourquoi est-ce que les Libyens n'agissent pas de sorte à exporter où faire exporter leur pétrole dès maintenant ? Il y a également les forces de la police qui a besoin de formation, les Libyens ont besoin d'aide de la communauté internationale pour assurer cette formation.
En ce qui concerne la deuxième partie de la question. Je voudrais dire que l'Algérie est un pays membre de la Ligue arabe, la Ligue arabe qui adoptait la résolution concernant l'appel lancé à la communauté internationale pour assumer la responsabilité vis-à-vis de la Libye. L'Algérie faisait partie des pays qui ont donc voté cette résolution qui a mené au travail, à l'action en vue des blocus et d'établir la zone d'exclusion aérienne. Il y a une présence de la Libye, de l'Algérie dans cette conférence, de nos amis de l'Egypte, etc. Tous ces pays ont assisté à la conférence qui a pris la décision d'établir une zone d'exclusion aérienne. Nous apprécions la position prise par tous les pays et tous les peuples arabes. Nous ne prenons pas toujours au sérieux certains points. Nos frères algériens ont peut-être fait quelques commentaires mais qui ont été exagérés par les médias. Nous apprécions nos amis, nos frères algériens, donc le peuple algérien et le peuple libyen sont des peuples frères.
QUESTION -- Question pour le Président ABDEL JALIL et le Premier ministre JIBRIL, et ensuite deux autres questions pour les autres participants. Est-ce que vous pouvez nous dire clairement si vous souhaitez que les opérations de l'OTAN continuent jusqu'à la capture du colonel KADHAFI, parce que les pays de la coalition disent que c'est à vous de décider combien de temps l'opération doit se poursuivre ?
Ma deuxième question : est-ce qu'à l'issue de cette conférence aujourd'hui, elle s'adresse en particulier au Premier ministre CAMERON et au Président SARKOZY, est-ce qu'à l'issue de cette conférence, vous considérez qu'à l'ONU vous allez parvenir à obtenir une décision de dégel de l'ensemble des fonds libyens gelés, c'est-à-dire avec l'accord de la Russie et de la Chine et des autres pays du Conseil de Sécurité, une levée des sanctions ? Et enfin, si je peux me permettre, est-ce que vous pouvez nous dire comment vous compter surmonter la division profonde qui existe au sein du Conseil de Sécurité à l'issue de cette opération en Libye ? Un certain nombre de pays au Conseil de Sécurité se sont opposés et ont vivement critiqué cette opération. Et le Conseil, l'ONU, sont bloqués sur le dossier de la Syrie. Est-ce qu'à l'issue de cette réunion aujourd'hui, vous pensez avoir réussi à rassembler un peu plus de consensus disons, pour aller de l'avant au Conseil de Sécurité à propos de la Syrie ? Merci.
M. MOUSTAFA ABDEL JALIL -- En ce qui concerne la première partie de la question, la communauté internationale apprécie notre situation et la communauté internationale a demandé la poursuite des opérations des alliés. Vous avez entendu les menaces du fils de KADHAFI hier, les nouvelles intentions continuent à être présentes et donc, nous apprécions l'aide de la communauté internationale dans ce sens.
LE PRESIDENT -- La première, c'est que sur le terrain, les Libyens se sont libérés eux-mêmes. Ils ont combattu les armes à la main courageusement. Nous les avons aidés, mais ils se sont libérés eux-mêmes. C'est quelque chose qui est extrêmement important à comprendre dans le processus de la révolution libyenne.
Deuxièmement, nous avons demandé, tous, au CNT d'avoir le souci de s'élargir au fur et à mesure que la Libye se libérait, ce qu'ils font. Mais comment dire au CNT : élargissez-vous, et ne pas nous-mêmes en tirer des conséquences sur la coalition. Lorsque nous avons fait la Conférence de Paris au mois de mars, nous étions si mon souvenir est exact vingt et un pays ; aujourd'hui nous étions soixante-trois. Vous avez parlé de l'Algérie. Le ministre des Affaires étrangères algérien était là. C'est un geste que nous avons apprécié, il était porteur d'un message chaleureux qu'il m'a transmis de la part du Président BOUTEFLIKA. Mais la Chine était représentée, l'Inde était représentée, la Russie était représentée, le Brésil était représenté. Est-ce à dire que nous n'avons pas eu des désaccords au début ? Bien sûr que si, et si cela n'avait pas été le cas, M. JUPPE n'aurait pas eu tant de mal à obtenir brillamment la résolution au Conseil de sécurité. Mais ils sont venus, les choses progressent. Est-ce à dire que nous sommes d'accord sur la prochaine résolution, parce que prochaine résolution, il y aura ? Cela progresse.
Je dirais même à l'endroit de l'Afrique du Sud qui n'était pas présente, que je prendrai l'attache du Président ZUMA pour le convaincre de nous aider. Nous avons besoin de tout le monde. La Libye a besoin de tout le monde. Tournons-nous vers l'avenir et n'engageons pas, me semble-t-il, des débats sur le passé.
Vous parlez de la Syrie. On en a longuement parlé, le Premier ministre, le ministre d'Etat, M. CAMERON et moi, c'est incontestablement quelque chose qui devrait avancer plus vite, parce qu'il y a des gens qui meurent en Syrie, que le pouvoir syrien a franchi l'inacceptable. Mais que la Libye démocratique, c'est une chance pour la Tunisie et c'est, me semble-t-il également, une opportunité pour l'opposition syrienne qui, elle aussi, a le droit à la liberté et à la démocratie.
De toute façon, en ce qui concerne la France, nous nous sommes rangés aux côtés des peuples arabes dans leur aspiration à la démocratie. Nous ne changerons pas de politique. Tout notre travail maintenant va être de rassembler le consensus pour essayer de renforcer encore les sanctions et être encore plus efficaces sur la sienne.
M. DAVID CAMERON - Vous avez posé deux questions spécifiques, notamment sur le déblocage des fonds par le biais de la levée des sanctions au Conseil de Sécurité. Pour l'instant, nous avons procédé, étape par étape, de manière ad hoc. Ainsi, comme je vous l'ai dit, la Grande-Bretagne a débloqué 1 milliard de dinars libyens qui ont, d'ores et déjà, été renvoyés au CNT. Nous sommes d'ores et déjà, nous, en train de débloquer les avoirs, mais il faut une résolution plus large. Nous essayons de la rédiger de la manière la plus large possible.
Vous avez parlé de division au sein du Conseil de Sécurité. Au sujet de la Libye, il y a eu une résolution, une résolution de 1973 qui a été adoptée par le Conseil de Sécurité des Nations Unies avec le soutien de la Ligue arabe. Nous avions cette volonté d'agir, nous avons ce sentiment d'obligation morale d'éviter le massacre à Benghazi et nous avons pu agir. Bien entendu, c'est frustrant de voir qu'aujourd'hui nous n'arrivons pas à obtenir une résolution plus forte sur la Syrie. Je trouve que ce qui se passe en Syrie, c'est terrifiant. Le monde doit se lever et prendre la parole. Nous avons besoin davantage de sanctions, d'interdictions de voyage, de gels des avoirs. Ce que le régime continue à faire est inacceptable. La Grande-Bretagne et la France continueront à pousser pour avoir une résolution.
QUESTION -- Monsieur le Président, est-ce que vous comptez vous rendre prochainement à Tripoli ? Est-ce que vous envisagez de le faire avec le Premier ministre CAMERON ou le Cheikh du Qatar ou est-ce que vous attendrez que M. KADHAFI ait été capturé pour engager ce voyage ?
LE PRESIDENT -- D'abord, ce n'est un secret pour personne que M. CAMERON et moi, nous avons été invités par nos amis du CNT, que ce soit le Président ou le Premier ministre. Cela fait bien longtemps que nous y avons été invités.
Deuxièmement, nous pensons qu'il est très important que le Président et le Premier ministre soient installés à Tripoli si nous acceptions cette invitation pour nous y recevoir.
Troisièmement, il y a des conditions de sécurité qui sont en voie d'être remplies. Et donc, s'il y a un jour l'opportunité de rendre une visite à ce pays ami, à ce pays frère, maintenant, c'est avec plaisir que nous y répondrons. Alors si en plus, c'est pour y aller en compagnie de David CAMERON, je vous confirme qu'il n'y a pas de problème de principe, et si Son Altesse l'Emir du Qatar souhaitait être là également. Ecoutez, rencontrer la population libyenne serait pour nous un honneur et une joie. Et dans le fond, qu'est-ce que nous avons fait ? Nous avons essayé d'être aux côtés de la rue arabe. Qu'est-ce qu'elle a dit la rue arabe ? Elle n'a pas dit : « à bas l'Occident ». Elle n'a pas dit : « à bas les Américains ». Elle n'a pas dit : « à bas Israël ». Elle n'a pas dit : « à bas l'Europe ». Elle a dit : « nous voulons la démocratie, nous voulons l'Etat de droit, nous voulons de bonnes écoles pour nos enfants et nous voulons le progrès économique ». Alors, est-ce qu'un jour, si nous avons l'opportunité de rencontrer ces peuples arabes dont on explique depuis tant de temps que quand elle descend, quand le peuple arabe descend dans la rue, c'est pour soutenir les plus extrémistes. Et on voit qu'en Tunisie, ce n'est pas le cas. On voit qu'en Égypte, ce n'est pas le cas. On voit qu'en Libye, ce n'est pas le cas. Oui, ce serait un grand honneur et un grand plaisir. Mais pour tout un tas de raisons, il n'y a pas de date fixée.
CHEIKH HAMAD BIN KHALIFA AL-THANI -- Je remercie Monsieur le Président qui m'a invité avec M. CAMERON à nous rendre en Libye. Je peux vous inviter moi-même, je suis chez moi en Libye. Le Président fait partie de la famille, donc je vous souhaite la bienvenue en Libye. J'ai l'intention de rendre visite à mes amis et mes frères en Libye, mais lorsqu'ils l'auront voulu eux-mêmes.
Permettez-moi de dire qu'il y avait un projet de vous inviter à Benghazi, mais lorsque nous avons été sur le chemin de conquérir Tripoli, nous avons remis ce plan et ce projet afin de vous inviter vraiment, vous, les pays qui ont appuyé notre révolution.
LE PRESIDENT -- Nous, nous avons toujours, David CAMERON et moi-même, milité contre toute partition de la Libye. Le travail qui a été fait, c'est pour une Libye démocratique. Et la visite que nous aurions faite à Benghazi, il y aurait eu des opportunités, il nous a semblé que c'eût été un mauvais signal, un signal de partition, en vérité, qui aurait laissé à supposer qu'entre l'Est et l'Ouest, qu'entre le Nord et le Sud de la Libye, il y avait une impossibilité à vivre ensemble.
Or, nous voulons exactement transmettre un message différent : le soutien au CNT à Tripoli, ce qui n'empêche pas d'autres visites. Mais c'est même assez réfléchi, Monsieur HERVOUET, tout cela.
Merci, merci à tous.
(Fin de la séance des Questions )