Etude réalisée par Lucienne Magalie PONS
Louis XVI, Roi de France et de Navarre (1774-1789) puis Roi des Français (1789-1792) né le 23 Août à Versailles et guillotiné par les autorités Révolutionnaires le 21 Janvier 1793 sur la place de la Révolution, ancienne place Louis XV, aujourd’hui place de la Concorde à Paris.
Le dernier jour de Louis XVI Roi de France
21 Janvier 1793
Cinq heures du matin, Cléry réveille le Roi comme il en avait reçu l’ordre. Louis XVI aussitôt se dispose aussitôt à entendre la messe.
La veille l’abbé Edgeworth de Firmont avait obtenu, à grandes peines des commissaires de la Commune, l’autorisation de donner au prisonnier cette dernière consolation.
Les ornements avaient été empruntés à une Eglise voisine, une commode disposée au milieu de la chambre sert d’autel, le roi profondément recueilli assiste au Saint Sacrifice, prie avec ferveur et communie.
La Messe terminée, Louis XVI fait ses adieux à Cléry et lui remet différents souvenir pour ses proches, un cachet pour son fils, un anneau pour la Reine Marie-Antoinette, un sachet renfermant les cheveux de toute sa famille et charge Cléry de leur faire ses adieux : « Cléry, dites à la Reine, à mes chers enfants, à ma sœur, que je leur avais promis de les voir ce matin, mais que j’ai voulu leur épargner la douleur d’une séparation si cruelle. Combien il m’en coûte de partir sans recevoir leurs derniers embrassements. »
Le Roi essuie quelques larmes et ajoute douloureusement « Je vous charge de leur faire mes adieux »
Il avait été décidé que Cléry accompagne le Roi jusqu’au lieu de l’exécution pour le déshabiller sur l’échafaud, mais cette disposition fût annulée et l’un des conseillers municipaux en avait prévenu Cléry avec une expression féroce en ajoutant : le bourreau est assez bon pour lui.
Depuis cinq heures du matin Paris est sous les armes, de l’intérieur de la Tour on entend battre la générale, les cliquetis des armes, le trépignements des chevaux, , le bruit des canons tirés sur les pavés .
A neuf heures les portes de la Tour s’ouvrent avec fracas ; Santerre accompagné de municipaux entre à la tête de 10 gendarmes et les range sur deux lignes. Le Roi, qui se trouve avec son confesseur l’abbé Edgeworth de Firmont, sort de son cabinet.
- Vous venez me cherchez ? dit-il s’adressant à Santerre
- Oui, répond Santerre sans aucune marque de considération
- Je vous demande une minute reprends le Roi.
Il rentre dans son cabinet dont il ferme la porte. Il se dirige vers son confesseur, se met à genoux : « Tout est consommé, Monsieur, donnez votre dernière bénédiction et priez Dieu qu’il me soutienne jusqu’à la fin ».
Après avoir été béni le Roi se relève, et rentre accompagné de l’abbé dans la pièce ou Sancerre l’attend. Dans sa main il tient une lettre pliée, et s’adressant à l’un des municipaux le plus proche de lui, un ancien prêtre assermenté Jacques Roux, il lui demande :
- Je vous prie de remettre ce papier à la Reine, …. à mon épouse, se reprend-
il aussitôt
il aussitôt
- Cela ne me regarde point, répond Jacques Roux en faisant de la main un signe de refus
- C’est juste, réplique le Roi
Puis il se tourne vers un autre municipal et reprend :
- Remettez ce papier, je vous prie, à ma femme ; c’est mon testament, vous pouvez en prendre lecture, il y a des dispositions que je désire que la Commune connaisse.
Cléry présente une redingote au Roi, « Je n’en ai pas besoin, donnez moi seulement mon chapeau »
Couvert, il s’adresse alors aux municipaux :
- Messieurs, je désire que Cléry restât près de mon fils qui est accoutumé à ses soins ; j’espère que la Commune accueillera cette demande.
Il se tourne ver Santerre, le regarde et dit d’une voix ferme :
- « Partons »
Arrivé dans la première cour, Louis se retourne dignement deux fois vers la Tour, comme pour envoyer un dernier regard de regret, d’amour et d’adieu aux êtres si chers qu’il laisse derrière lui.
Un carrosse l’attend à la porte extérieure, il y prend place au fond avec son confesseur. Deux officiers de gendarmerie qui ont reçu l’ordre de frapper le Roi au moindre mouvement de désordre qui pourrait se manifester sur le chemin, occupent le devant du carrosse.
Rappelons que des mesures exceptionnelles de sécurité renforcées sont en places à la suite du meurtre, survenu la veille au soir, de Lepelletier de Saint Fargeau, membre de la Montagne qui avait voté la mort du Roi. (Lepelletier de Saint Fargeau avait dîné chez un restaurateur du Palais, son repas fini il se dirigeait vers le comptoir, lorsqu’un homme s’approche : « Est-ce vous qui êtes Lepelletier ? », sur la réponse affirmative l’homme reprend : « Vous avez voté la mort du Roi ? » .. « J’ai voté selon ma conscience » répond Lepelletier. L’homme, qu’on sût être par la suite un ancien garde du corps nommé Pâris, en un éclair de temps tire son sabre, le plonge dans le flanc du régicide Montagnard qui tombe frappé d’un coup mortel, pendant que son agresseur se sauve à la faveur du tumulte.)
Les autorités révolutionnaires, la Commune, craignent après des révélations de sources sures, qu’un certain nombre de royalistes déterminés qui avaient juré de se dévouer à leur Roi, dont on dit qu’ils seraient de 400 à 500 fondent sur le trajet et enlèvent le Roi, ces craintes ne sont pas sans fondement quelques royalistes s’en étaient ouverts à Monsieur de Malesherbes et à Monsieur de Firmont. Les autorités révolutionnaires redoutent aussi des mouvements de foule pendant le trajet et surtout au moment de l’exécution une immense explosion de cris de grâce.
Pour se prémunir à tout prix de ces manifestations dès cinq heures du matin, comme dit plus haut, le tambour avait appelé aux armes, la garde nationale toute entière et la Commune a réuni sur les lieux de l’exécution une masse de « citoyens » sur lesquels elle peut compter pour neutraliser les citoyens qui auraient l’intention de soutenir le Roi.
Dans toute les rues que doit traverser le cortège funèbre et très au-delà la circulation est rigoureusement interdite, les habitants doivent rester dans les maisons et immeubles et ne pas se montrer aux fenêtres. Les comités et les sections tiennent des permanence prêts à donner des ordres à tout moment, de nombreux détachements armés occupent toutes les barrières pour empêcher tout rassemblement armé ou non armé, entre dans Paris où n’en sorte, tous les quartiers sont surveillés par des hommes en armes, quelques rares boutiques sont entrouvertes, les autres sont fermées.
Toutes ces mesures empêchèrent les royalistes de se rassembler et sur les 4 à 500, 25 seulement peuvent se retrouver, les autres ne peuvent même pas sortir de leurs maisons.
La voiture est entourée d’une force imposante, elle avance entre deux haies épaisses d’hommes armés de fusils ou de piques, sans autres « spectateurs » que la population armée.
Le Roi très calme muni du bréviaire de son confesseur lit la prière des agonisants. D’après ce qu’en rapporte les écrits du temps, les deux gendarmes le regardent silencieusement, étonnés de voir une pieuse sérénité illuminer son visage.
A dix heures un quart la voiture s’arrête place de la Révolution (place de la Concorde de nos jours) devant l’échafaud dressé , tout autour de l’instrument de supplice un espace vide entouré de canons mèche allumée et au-delà à perte de vue une forêt de pique et baïonnettes. Un des bourreaux s’avance et ouvre la portière, Le Roi avant de descendre recommande son confesseur, qui a répandu sur ses dernières heures le réconfort de la religion, aux deux officiers qui occupent l’arrière de la voiture, et posant sa main sur le genoux de Monsieur Edgeworth de Firmont « Messieurs, dit-il, je vous recommande Monsieur que voilà ; ayez soin qu’après ma mort il ne lui soit fait aucune insulte. Je vous charge d’y veiller »
Louis descend de voiture, tout aussitôt trois bourreaux veulent lui ôter son habit, il les repousse avec fierté et l’ôte lui même, défait son col et sa cravate.
Les bourreaux s’approchent de nouveau et lui saisissent les bras.
- Que prétendez vous ? , leur demande Louis avec vivacité
- Vous lier
- Me lier ! répond le Roi indigné. Non je n’y consentirai jamais. Faites ce qui vous est commandé, mais vous ne me lierez pas.
Les bourreaux semblent disposés à employer la force.
Louis XVI se tourne en chrétien vers son confesseur et l’interroge du regard.
- « Sire, lui dit en pleurant Monsieur de Firmont, ce nouvel outrage est un dernier trait de ressemblance entre sa Majesté et le Dieu qui va être sa récompense. »
Louis lève un regard douloureux vers le Ciel et prononce :
- « Assurément, il faut rien moins qu’un tel exemple pour me soumettre à une pareille humiliation, » puis regardant les bourreaux il ajoute « faites ce que vous voudrez, je boirai le calice jusqu’à la lie ».
Louis alors gravit les marches de l’échafaud appuyé sur son confesseur, le bourreau lui coupe les cheveux, louis tressaille légèrement. Puis il s’avance jusqu’au bord de l’estrade et imposant silence d’un seul regard royal aux tambours rangés au pied de l’échafaud, il prononce d’une voix retentissante : « Français, je meurs innocent ; c’est au bord de la tombe et prêt à paraître devant Dieu que j’atteste de mon innocence. Je pardonne aux auteurs de ma mort, et je prie Dieu que mon sang ne retombe jamais sur la France … »
L’infâme Santerre alors, avant qu’il continue, fait un signe et la voix du Roi de France est couverte par les roulements des tambours.
Les bourreaux attachent Louis sur la bascule et en quelques secondes très vite le tranchant de la guillotine met fin à son supplice.
L’ignoble exécuteur prend la tête, la lève en l’air, fait deux fois le tour de l’échafaud pour la montrer à la foule sordide des sans-culottes, seuls à qui l’approche de la place a été permise, qui répond en hurlant « Vive la nation ! Vive la République ! » et ces forcenés, femmes et hommes, se ruent pour voir de plus près le cadavre de Louis, les uns trempent dans le sang leur baïonnettes et sabres, d’autres en imprègnent des mouchoirs comme pour en faire des talismans pour assurer la victoire contre tous les Rois d’Europe. Qu’ils promèneront ensuite dans Paris avec une joie féroce en criant « Voilà le sang du tyran ! … »
Un homme monte sur l’échafaud et plonge tout entier son bras dans le sang coagulé pour en prendre d’épais caillots et en asperge par trois fois la foule profane, indigne, haineuse, qui se presse au pied de l’échafaud pour recevoir cette horrible consécration, comme les républicains l’avaient reçue par le sang répandu en septembre.
Cette sinistre foule longue à se disperser, ira ensuite dans les rues de la ville en élevant les mouchoirs trempés du sang du roi avec une joie féroce en criant « Voilà le sang du tyran !
Ainsi périt Louis XVI à 39 ans, dans la 17me année de son règne, Louis XVI qui eut été le plus parfait des Rois, si les vertus et les qualités du croyant et de l’homme de bien qu’il était, eussent pu suffire sur le trône dans la crise du temps où le sort l’avait jeté.