Lire ou relire le "Billet CAUSTIQUE D'UN EURO-RÉALISTE" par Jacques Myard
* copié/collé de Source 🔻
BILLET CAUSTIQUE
D'UN EURO-REALISTE
de Jacques MYARD
Membre Honoraire du Parlement
Maire de Maisons-Laffitte
Président du Cercle Nation et République
Le 31 Mai 2018
A l'évidence, l'Europe est aujourd'hui en débandade, aveugle, fidèle à elle-même et en définitive sans surprise !
Les prochaines élections européennes en 2019 auront certainement lieu sous un signe noir pour l'Union européenne (UE).
Les nuages s'amoncellent à l'horizon et rien ne semble épargner l'UE.
L'ineffable Donald Trump gronde et menace de sanctionner les entreprises européennes qui oseraient braver les sanctions américaines, les Etats européens, la corde au cou, vont à Canossa et quémandent piteusement des dérogations aux sanctions à leur maître de Washington, au lieu d'adopter des contre-mesures contre les sociétés américaines comme Goldman Sachs qui a manipulé les comptes de la Grèce, ce qui a coûté des centaines de milliards d'euros aux Etats européens.
Macron est tombé de son piédestal du capitole où trônait Jupiter et gagne la roche Tarpéienne ... Ça fait mal !
Mais il y a mieux encore pour désespérer encore un peu plus les euro-béats s'il en existe encore.
La crise italienne est un summum d'hypocrisie et la négation de la démocratie la plus élémentaire de la part des ténors eurocrates.
Comment le peuple italien ose-t-il voter et choisir des députés euro-sceptiques alors que "moi, Jean-Claude Junker", président de la Commission de Bruxelles, temple de l'Olympe de l'Europe, " je vous dis que la démocratie s'exerce dans le cadre des Traités de l'Union et aucun vote ne peut remettre en cause les traités, vous n'avez pas le droit de choisir ces affreux populistes" ?
Quant aux propos du ministre Le Maire admonestant l'Italie, bel exemple de courtoisie version Trump, parfaite inintelligence diplomatique et mépris hautain, ils constituent une faute sans appel, une honte pour la France ! S'il y a une règle à respecter pour la France à l'égard de l'Italie, pour des raisons historiques, c'est de s'abstenir de donner des leçons, ce que Le Maire, paraît- il ancien diplomate, ignore; c'est de l'amateurisme !
On croit rêver face à ces dénis de démocratie mais c'est la réalité, et cette réalité est explosive, elle est mortifère pour notre continent.
Cette réalité n'est cependant en rien une surprise, elle est la conséquence du règne sans partage des eurocrates qui, fort de leur vérité, quasi religieuse, ont voulu imposer par la force une Europe intégriste - véritable usine à gaz - , un moloch qui veut tout contrôler, tout gérer en se substituant aux Nations et leur souveraineté, au mépris de la liberté des peuples.
Si d'ailleurs camarade, tu as l'outrecuidance de remettre en cause le modèle intégrateur de l'Europe, tu n'es qu'un réactionnaire, mûr pour tomber dans les poubelles de l'Histoire, tu n'es pas dans le sens de l'Histoire...
Le sens de l'Histoire, vaste programme en l'occurrence!
Mais au fait, de quoi l'Italie serait-elle coupable ? N'a-t-elle pas le droit de s'interroger sur la zone euro dont elle ne perçoit pas les effets promis des lendemains qui chantent ? Ces braves eurocrates ont-ils oublié que l'Italie n'a pas encore retrouvé son niveau de PIB d'avant la crise de 2008 et que la surévaluation de l'euro y est pour quelque chose, même si d'autres facteurs internes jouent aussi ?
Depuis la création de l'euro, le PIB par habitant a même baissé . De nombreux Italiens comme d'autres en Europe estiment que la monnaie unique est inadaptée dès lors que les économies nationales divergent de plus en plus.
Nombre d'économistes et politiques allemands partagent ce jugement : on se souvient de la position du ministre Schäuble qui souhaitait le départ de la Grèce. Certains Allemands considère que c'est l'Allemagne qui devrait sortir de la zone euro.
Certes, aucun gouvernement ne prendra l'initiative de sortir de l'euro, le risque systémique est trop grand, mais il existe un autre risque, bien réel et bien plus probable :
C'est l'euro qui peut nous quitter car il est devenu pour certains pays du sud de l'Europe un carcan économique intenable qui brime la croissance et multiplie les problèmes sociaux; dans ces conditions, lors d'une crise politique et économique majeure, la sortie peut devenir inéluctable, en dépit du Mécanisme européen de stabilité ( MES ).
De plus, les Italiens se sentent bien seuls face à la crise migratoire, abandonnés par les autre Etats de l'UE.
Refuser de prendre en compte ces réalités et se lancer en permanence dans le procès en sorcellerie du populisme constitue un aveuglement politique historique qui nous conduit vers une crise dont l'Europe a toutes les chances de ne pas se relever facilement.
Les solutions, tous les économistes sensés le savent, ne passe par la purge budgétaire chère au Roi de Prusse, elle nécessite l'abolition de dettes ou leur rééchelonnement à taux zéro accompagnés d'investissements massifs des pays riches vers les pauvres; mais Berlin ne l'entend pas de cette oreille et refuse de payer; l'union de transfert qui seule pourrait sauver la zone euro n'est pas pour demain, elle s'inscrit dans les calendes grecques et encore...
Dans ces conditions, comme le disait la très grande Geneviève Tabouis dans les dernières nouvelles de demain, " Attendez-vous à savoir " que la crise de la zone euro arrive, n'en déplaise aux doux rêveurs qui tirent des plans sur la comète, ils vont avaler leur chapeau comme l'actuel locataire de l'Elysée, même s'il n'en a pas...
Puis lorsque la comète des illusions sera passée, il faudra reconstruire L'EUROPE des RÉALITÉS, celle des coopérations ! Dommage que l'on n'ait pas commencé par elles !
L'Histoire ne finira donc jamais de bégayer, elle est sans fin ...
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