Éditorial de lucienne magalie pons
A moins de trois mois de l'élection présidentielle, Le Président Nicolas Sarkozy s’exprimant en tant que Chef de l’Etat a présenté dimanche soir les mesures qu’il a décidées pour lutter contre la crise et le chômage, qui finalement vous l’aurez compris seront aussi et surtout celles que le candidat présumé non déclaré défendra après s’être déclaré officiellement candidat.
Tout avait été visiblement minutieusement préparé pour faire passer cette émission dans un genre de communication de proximité , presque convivial, destiné à montrer l’image d’ un Président , responsable, consciencieux, déterminé a remplir ses devoirs en plaçant la France au centre de ses préoccupations essentielles jusqu’à la fin de son mandat, en se plaçant lui-même au-dessus des contingences d’une éventuelle candidature qu’il feint de relativiser comme un avatar politique indépendant de sa propre volonté qui s’imposerait sur son agenda en raison d’une échéance quinquennale de routine.
Avant l’émission les journalistes, selon ce que l’un d’entre eux a dévoilé sur une chaîne après l’émission, ont été reçu aimablement dans un salon privé par Madame Carla Bruni Sarkozy et son époux le Président, et même le bébé Giulia était présente, signe de considération s’il en est, et d’après ce journaliste ils ont tous conversé civilement dans une atmosphère détendue.
Pour en revenir à l’entretien télévisé en direct de la grande salle des fêtes de l’Elysée, le président a été interrogé pendant une heure par quatre journalistes Claire Chazal, Laurent Delahousse en première partie puis ensuite par Laurent Lenglet et Jean-Marc Sylvestre. L'interview était retransmise sur huit chaînes de télévision: TF1, France 2, I-Télé, BFM TV, LCI, LCP, sur France 24 et TV5 Monde en léger différé.
Le chef de l'Etat a notamment annoncé et expliqué les décisions prioritaires qu’il entend mettre en œuvre successivement à plus ou moins brève échéance, avant et après l’élection présidentielle.
Bien entendu les journalistes qui ne sont pas des adversaires politiques , ont joué le jeu en posant des questions qui attendaient réponses et d’autres qui n’avaient rien d’original et qui n’étaient que l’écho de celles que sont prétendus se poser les français, mais qui en fait sont entretenues dans tous les azimuts de la classe politique et des médias sur fond de polémiques pour créer le suspens et tourner la moulinette pour exciter la galerie., comme par exemple la question de la candidature de Nicolas Sarkozy à sa propre succession.
Le Président qui ne risquait pas d’être contredit, seulement interrogé, a donc répondu à tout, en expliquant tout, il a notamment annoncé et expliqué les décisions prioritaires qu’il entend mettre en œuvre successivement à plus ou moins brève échéance, avant et après l’élection présidentielle
Le Président a écarté (au début de l’émission) la question de sa candidature et s’est présenté en tant que « Chef de l’Etat pour rendre compte aux Français », et s’est immédiatement lancé dans un rappel des actions de ces derniers mois pour "essayer d'arrêter une crise financière qui aurait pu entraîner l'euro d'abord et le monde ensuite »
Ceci posé le Président a décliné ses priorités, le Logement, la TVA , la Taxe Financière, la compétitivité, le financement des entreprises, etc …en faisant, au fil des questions qui lui étaient posées, des parenthèses sur des questions d’actualités, par exemple au sujet de Lejaby, le chef de l'Etat a promis qu'il ne laissera "pas tomber les gens de Lejaby" et a dit espérer qu'une solution soit trouvée "dans quelques jours" pour sauver l'usine d'Yssingeaux, en Haute-Loire, menacée de fermeture. "Bah si on est président de la République et Premier ministre, c'est qu'on y peut quelque chose", a- t-il ajouté en assurant avoir "travaillé avec le Premier ministre (François Fillon) aujourd'hui même sur la situation".
Nous avons relevé aussi parmi ses explications et les exemples qu’ils citaient de nombreuses références à l’Allemagne sur différentes questions notamment fiscales, sociales, économiques …… ( ce qui par la suite n’a pas échappé en autres aux critiques de l’opposition ….. voir en revue de presse)
Il n’a pas échappé non plus aux questions pressantes relatives à sa candidature, sur ce dernier point, très déterminé il a indiqué "J'ai un rendez-vous avec les Français, je ne me déroberai pas, et franchement, ça approche", en faisant référence au 16 mars, date limite de dépôt des candidatures pour l'élection présidentielle.
Une occasion pour lui de faire remarquer au passage sans nommer personne : … "Si un jour je dois entrer en campagne, à ce moment-là je serai candidat, et parfois je peux en avoir l'impatience tant je constate d'arrogance déplacée" …..
(Arrogance … le nouveau let motive lancé à toute occasion par les ministres et les cadres UMP contre François Hollande, le candidat socialiste à l'Elysée.)
Le Président Sarkozy n’a pas manqué aussi d’enfoncer le clou contre son adversaire, toujours sans le nommer, en jugeant que le retour de l'âge légal de la retraite à 60 ans serait "une folie, pas un Français n'y croit", a-t-il dit, alors que François Hollande propose d'appliquer cette mesure pour les personnes ayant cotisé toutes leurs annuités. "C'est un mensonge car ça ne se fera pas. Et si ça se fait, cela conduira la France à la ruine", a dénoncé le président.
Le chef de l'Etat a aussi critiqué les propositions du candidat du PS sur le thème du logement: "si on fait l'encadrement des loyers, c'est très simple, plus personne ne louera et plus personne ne construira", a-t-il raillé.
Par ailleurs vers la fin, l’émission a pris le tempo d’une causerie entrecoupée de confidences de salon, le Président s’est montré conciliant, ouvert aux critiques : - "J'ai le sens du ridicule. Ce n'est pas à moi de juger mon propre bilan. C'est aux Français de le juger", a assuré le chef de l'Etat. "J'accepte les critiques sur le sujet et que l'on me dise aujourd'hui que je n'ai pas fait assez", assure-t-il en ajoutant: "J'avais cru comprendre que pendant cinq ans, le thème c'était : on en fait trop".
Enfin pour marquer sa personnalité, Nicolas Sarkozy s’est posé en défenseur de la "sincérité", de l'"authenticité", du "respect", en ennemi de l'"arrogance" et ne s’est pas épargné une forme de contrition : "Est-ce que j'ai des regrets ? Oui."
En fin d’émission, le Président est revenu sur sa candidature sur laquelle focalisaient les journalistes en précisant : "J'ai un rendez-vous avec les Français, je ne m'y déroberai pas", "ça approche", …. - "Je suis président de la République. Je me fais une idée de mon devoir",. A déclaré Nicolas Sarkozy en refusant à nouveau de se déclarer candidat. "Je ne suis pas là pour parler de moi. Je suis là pour parler aux Français", a-t-il affirmé.
L’émission se terminait, aussitôt les chaines réunissaient sur leurs plateaux des intervenants politiques, certains ministres et cadres de l’UMP et de droite pour célébrer un Président courageux, etc… d’autres de l’opposition pour soulever des critiques … ( vous lirez la revue de presse après les vidéos si vous n’avez pu les suivre en direct)
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En fait si l’on analyse les décisions annoncées par le Président Sarkozy, sur la question du logement, de l’allègement des charges sociales, de la compétitivité, de l’apprentissage, de la création d’une banque de l’industrie, de la Taxe financière etc… on réalise que les résultats n’en seront connus qu’à long terme, quelles que soient ses décisions, ,alors que d’après ce qui avait été annoncé lors du sommet social, des mesures devaient intervenir et mise en œuvre d’urgence pour endiguer le chômage, alléger les charges des entreprises, réduite les déficits … etc…relancer la croissance etc.
Finalement les mesures phares sur lesquelles le Président était surtout attendu, la TVA sociale et la Taxe sur les Transactions financières, qui devaient se traiter en urgence ne seront finalement mise en application qu’après un long délai de plusieurs mois après l’élection Présidentielle..
En matière de logement, même à supposer que tous les promoteurs et les entreprises de constructions se précipitent pour acheter des terrains à bâtir, ou des immeubles à agrandir, et pour construire avec un COS augmenté de 30 points, il faut compter sur les délais techniques administratifs de mise au point d’un programme de construction et obtention des autorisations,, au bas mot 3 ans ….
Voici ce que nous avons relevé au sujet des mesures annoncées par le Président :
Incitation à la Construction de Logements :
« Toute maison », « tout terrain » et « tout immeuble » aura la possibilité de construire 30% de plus que sa propre superficie, pour tenter de faire face à la crise du logement. Exemple cité pat le Président Sarkozy : un terrain qui possède 1.000 m2 de droit à construire pourra finalement construire sur un espace de 1.300 m2. L'application se fera dès que le Parlement aura voté le texte, en février, a promis le chef de l'Etat. « Cela va donner du travail à toute l’industrie du bâtiment et augmenter considérablement le nombre de logements ».
En fait, en admettant que les collectivités locales adoptent cette mesure ce qui n’est pas acquis, c’est un « cadeau » aux propriétaires fonciers et aux gros promoteurs immobiliers qui favorisera la spéculation immobilière, le droit de construire de plus de 30 % par rapport au droit actuel permettra aux propriétaires de aux terrains à bâtir d’afficher un prix de vente de plus de 30 % , (selon un expert immobilier interrogé sur une chaîne)……. les propriétaires fonciers se frottent certainement déjà les paluches, …….entendu aussi ce matin sur une radio un petit promoteur immobilier qui déplorait cette prévisible hausse du prix des acquisitions en soulignant que seuls les grands promoteurs immobiliers pourront faire face à cette nouvelle donne.
Autre exemple, on suppose que les ménages propriétaires de leur maison déjà construite pourront l’agrandir de 30 % par rapport à 100 m2 déjà construit, de 60 m2 par rapport à 200 m2 déjà construits etc…..… mais ce n’est qu’une supposition, encore faut-il qu’ils en aient la nécessité et à condition qu’ils en aient surtout les moyens financiers… ce qui évidemment reste à démontrer.
Quand aux ménages qui espéraient acheter un terrain à bâtir pour construire leur maison familiale ….les terrains à bâtir dans bien des cas deviendront hors de leur portée
Quand au logement social proprement dit : silence radio.
Création d'une banque de l'industrie
Une « banque de l'industrie », filiale de la banque d'aide aux PME Oséo, sera créé dès février, avec une dotation d'un milliard d'euros de fonds propres, car « les banques ne prêtent pas assez a fait remarquer le Président… ». Cette banque prêtera de l'argent « pour l'économie réelle et non pas pour l'économie financière », a précisé le chef de l'Etat, en assurant qu'il proposerait aux syndicats d'être associés aux choix de cette future banque de l'industrie.
Entendu sur une radio un cadre syndical réfute cette implication des syndicats en argumentant que ce n’est pas le rôle des syndicats de s’associer aux choix de cette future banque, sous entendu de prendre le risque d’en assumer éventuellement les échecs ….
Relance de l’apprentissage, relèvement du nombre d’apprentis :
Le Président semble avoir abandonné l’idée d’une loi pour favoriser le travail à temps partiel … en tout cas il mise maintenant sur la relance de l’apprentissage et relèvement du nombre d'apprentis dans les entreprises de plus de 250 salariés.
Les entreprises devront obligatoirement compter 5% de jeunes apprentis dans leurs effectifs entre 2012 et 2015, contre 4% actuellement, en vertu d'un texte qui sera présenté à l'Assemblée le mois prochain.
D’après le Président, les entreprises qui ne respecteront pas ces quotas verront leurs sanctions doublées. « Les grandes entreprises ne s'ouvrent pas assez aux jeunes », a constaté le chef de l'Etat …, « la moitié des entreprises de plus de 250 salariés ont moins de 1% de jeunes en alternance » a-t-il fait observer
(Le gouvernement vise les 800.000 alternants d'ici 2015, contre quelque 400.000 jeunes en apprentissage actuellement et 200.000 autres en contrat de professionnalisation.)
Négociations sur le temps de travail
Des « accords de compétitivité-emploi » seront négociés avec les partenaires sociaux dans les deux mois. Il s'agit de permettre aux entreprises de négocier le temps de travail des salariés en fonction de l'activité, avec une réduction souvent proportionnelle du salaire, en échange d'une garantie de maintien des emplois. Ces accords s'appliqueront dans toutes les entreprises où une majorité de salariés aura trouvé un terrain d'entente pour décider «de privilégier l'emploi sur le salaire ou le salaire sur l'emploi ».Le Président a confirmé qu'il s'agissait d'une remise en cause des 35 heures et qu'il proposerait au Parlement « une disposition pour gérer la période transitoire en attendant l'accord ».
Faute de consensus avec les partenaires sociaux, le gouvernement « prendra ses responsabilités » en proposant lui-même une loi.
L’opposition critique cette mesure qui place la question des salaires et de la durée du travail sous la dépendance de négociations en entreprises, et la détourne de la protection et des garanties du droit du travail légal.
Taxe sur les transactions financières, décision immédiate … mais applicable au mois d’Août ….
Une taxe sur les transactions financières de « 0,1% » applicable « au mois d'août » va être créée d’après le Président, elle devrait rapporter un milliard d'euros à l'Etat chaque année. « Il n'y a aucune raison que la finance dérégulée qui nous a conduit dans la situation que nous connaissons ne participe pas au redressement des comptes qu'elle a singulièrement contribué à dégrader », a expliqué Nicolas Sarkozy, qui affirme vouloir « montrer l'exemple » ( à l’Europe)
Hausse de la TVA de 1,6 point , et augmentation de 2 points la CSG sur les revenus financiers, décision immédiate …, mais applicable au 1er Octobre
Le taux normal de TVA augmentera de 1,6 point au 1er octobre, passant de 19,6% à 21,2%, et la CSG sur les revenus financiers sera également relevée de deux points avec pour objectif de compenser les quelques 13 milliards d'euros de réduction des charges patronales finançant la branche famille.
Les entreprises bénéficieront d'une exonération totale des charges familiales sur les salaires compris entre 1,6 et 2,1 fois le Smic. Ces allègements de charges seront ensuite dégressifs, et s'arrêteront au-delà de 2,4 fois le salaire minimum.
Les taux réduits de TVA à 5,5% et 7% n'augmenteront pas.
L’opposition critique l’augmentation du Taux de la TVA qui fera peser essentiellement en grande partie sur les salariés (environ 7 milliards d’euros) le financement de la branche famille, et en plus leur fera en principe perdre du pouvoir d’achat.
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L’impression finale est que les mesures phares sur lesquelles le Président était surtout attendu, la TVA sociale et la Taxe sur les Transactions financières qui semblaient devoir se traiter en urgence ne seront finalement mise en application qu’après un long délai de plusieurs mois après l’élection Présidentielle….. si elle sont maintenues …. On ne sait jamais …
La seule mesure qui pourrait entrer en vigueur sera celle visant l’augmentation du droit de construire qui aura pour effet négatif de favoriser la spéculation immobilière …et le désavantage de ne produire de résultat qu’à long terme , et qui ne règle pas la question du logement social.
REVUE DE PRESSE /
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