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26 janvier 2020

25 janvier 2020 - Florian Philippot invité du "Grand entretien" du Point revient sur la "réforme des retraites" ( source Le Point.fr site internet )

Éditorial de lucienne magalie pons


Florian Philippot, le patron des Patriotes,  est candidat à Forbach, , invité du « Grand entretien »  du Point,  dans un interview publié sur le site internet Le Point.fr, rubrique le Point politique, il revient sur la mobilisation contre la réforme des retraites.
Ce document  sur le site éditeur porte  la mention « partagez » nous le  reproduisons  donc ci-dessous intégralement  en copié/collé  ( à l'exception de la vidéo et des photos qui illustrent ce texte sur le site éditeur )
Copié/collé 🔻

Philippot : « La CFDT et Laurent Berger ont eu une attitude très fourbe »

 Le patron des Patriotes, candidat à Forbach, revient sur la  mobilisation contre la réforme des retraites. Il est l'invité du grand entretien du « Point ».



 Propos recueillis par Florent Barraco
Publié le 25/01/2020 à 08:16 | Le Point.fr
Le Point : Lors de la loi travail en octobre 2017, Jean-Luc Mélenchon avait estimé qu'Emmanuel Macron avait « gagné le point ». N'en a-t-il pas gagné un deuxième avec la réforme des retraites ?
Florian Philippot : Totalement. Jusqu'ici, il fait passer la réforme qu'il souhaitait sans aucune concession. Il y a un acteur qui aura joué dans ce débat un rôle délétère, c'est la CFDT. Je les accuse d'avoir démoralisé la mobilisation. La CFDT et Laurent Berger ont eu une attitude très fourbe : l'âge pivot n'était pas le centre de la réforme. Et ils n'ont même pas obtenu son retrait contrairement à ce qu'ils ont osé dire.
La CFDT a une tradition réformatrice, donc, quand sa ligne rouge n'est pas franche, elle travaille avec le gouvernement. N'est-ce pas le rôle d'un syndicat ?
Je me demande finalement si la tradition réformatrice, ça ne veut pas dire la tradition de la trahison. Cela fait bien de se dire réformateur, comparé aux autres syndicats dits « archaïques », sauf qu'au final il y a ceux qui se battent et ceux qui ne se battent pas. Ceux qui trahissent les intérêts des travailleurs et ceux qui luttent pour les défendre.
Qui l'eût cru, vous êtes dans le camp de la CGT !
Dans ce cas-là, oui.
Même avec les coupures de courant, des intrusions illégales…
Les coupures de courant, non, elles ne sont pas nécessaires. Elles ne feront pas céder le pouvoir et peuvent même être dangereuses. Je reproche une chose essentielle à la CGT : c'est de ne jamais expliquer que cette réforme est voulue par l'Union européenne. Avec l'UE, 1995 n'est plus possible. En 1995, sur la réforme de la Sécurité sociale, nous avions un gouvernement décisionnaire. Aujourd'hui, nous avons un gouvernement exécutant qui mène une réforme dans la continuité d'autres réformes exigées par Bruxelles : la loi travail ou la libéralisation de la SNCF. À chaque fois, il y a eu de grandes mobilisations. Et à chaque fois, ce fut un échec – et là, on se dirige vers une nouvelle défaite. Je l'ai analysé dans mon livre Frexit : l'exécutant n'a pas de marge de négociation. Donc, quel que soit le nombre de manifestants, il s'exécute. J'imagine que, tous les matins, Emmanuel Macron reçoit un appel d'Angela Merkel pour savoir où on en est…
C'est très caricatural…
Non, je ne pense pas. Regardez la réforme des retraites : le premier communiqué de presse, c'était l'Union européenne qui disait au président de la République : « Tiens bon ». En 2013, votre journal expliquait que François Hollande avait obtenu un délai de Bruxelles pour revenir aux 3 % de déficit en échange de réformes sur le travail, le rail et les retraites avec un système universel et une baisse des pensions. On y est ! Donc, on a une mobilisation de grande ampleur, la plupart des partis politiques sont contre la réforme et le grand public nous soutient, mais ça ne suffit pas. Notre appartenance à l'UE tue la démocratie, mais aussi la démocratie sociale. Tant qu'on n'analyse pas ça, les mobilisations tournent en rond. Les Gilets jaunes ont été confrontés au même problème.
Comment expliquez-vous le décalage entre les mobilisations sociales, la crise des Gilets jaunes et le résultat aux européennes de LREM et les bons sondages du président de la République – il se stabilise dans notre baromètre ?
Nous sommes dans une phase de recomposition et Emmanuel Macron mène la danse en choisissant son opposition : le Rassemblement national. J'étais candidat pour les Patriotes aux européennes. Début mai, nous montons à 3 % dans les sondages – ce n'est pas énorme, vous allez me dire, mais c'était déjà très bien pour un tout jeune mouvement. Puis le président de la République décide d'entrer en campagne en disant : « L'enjeu, c'est qui sera en tête. Si vous ne m'aimez pas, votez pour la liste RN, sinon, votez pour moi. » À partir de cet instant, on n'a plus parlé d'Europe et le RN a été boosté par Macron lui-même, au détriment du débat sur l'Europe. Emmanuel Macron est le scénariste : il choisit son opposition et fait la scénographie. Il n'y a plus de parti de droite. En surjouant le parti de l'ordre contre la chienlit – en allant même dans des dérives, comme on le voit avec des violences policières –, il a lancé des signaux plaisants à une partie de l'électorat conservatrice, âgée, bourgeoise. C'est désormais son socle.
Vous vous définissez comme gaulliste. Le parti de l'ordre et l'anti-chienlit, cela devrait vous plaire…
Je ne veux pas paraphraser Ségolène Royal, mais encore faut-il que l'ordre soit juste. Pas un ordre brutal. Aujourd'hui, on n'a au final ni ordre ni justice. Et le gaullisme, c'était aussi un combat social. De Gaulle était infiniment plus social que Macron.
L'une des avancées de la réforme des retraites, c'est tout de même l'augmentation du minimum vieillesse à 1 000 euros.
1 000 euros à condition qu'on ait les 43 années de cotisation. C'est indigent.
Ce projet de réforme des retraites était dans le programme présidentiel d'Emmanuel Macron. La France est-elle un pays réformable ?
J'ai vécu la campagne de l'intérieur. Très peu de Français ont perçu ce qu'il y avait dans le programme. Emmanuel Macron a fait une campagne filandreuse, remplie de mots creux et de grandes envolées lyriques. La campagne 2017 a été une non-campagne avec l'affaire Fillon, puis le débat raté de Marine Le Pen. Et si Macron est si sûr de lui, il n'a qu'à faire un référendum. On conclut une décennie, pour la première fois, sans référendum national.
Pourquoi rejetez-vous la réforme en bloc ?
Le système actuel n'était pas si mauvais. On pourrait même se permettre de partir à la retraite après 40 annuités, car le problème financier sera bientôt derrière nous. Il nous reste encore une dizaine d'années où nous allons avoir les départs en retraite des baby-boomers. Nous allons entrer ensuite dans les générations creuses. Et à partir de 2024, nous aurons remboursé la dette sociale et nous bénéficierons d'une partie des produits de la CSG et la CRDS. Cela fera 20 milliards de plus par an. On pourrait même revenir à la retraite à 60 ans.
Revenons sur les violences. La haine n'a-t-elle pas envahi le débat public ?
À qui la faute ? Les torts sont au moins partagés. Quand vous avez un ministre de l'Intérieur qui invente l'attaque d'un hôpital, qui explique qu'il n'y a pas de violence de la part de forces de l'ordre… La population française voit un pouvoir figé, qui ment, intransigeant, qui prend les gens pour des abrutis. Prenez le grand débat. On nous fait croire que voir le président de la République parler pendant sept heures à la télévision, c'est la démocratie. C'est incroyable ! Vous avez une ministre Marlène Schiappa qui passe chez Hanouna et elle prend sept engagements. Un an plus tard, aucun de ces sept engagements n'a été tenu… Hanouna pourra refaire une émission, un droit de suite. Les gens ne l'ont pas oublié. Une violence ne se justifie jamais – je suis contre toute forme de violence –, mais il ne faut pas oublier de comprendre d'où ça vient.

Dans une semaine, le Royaume-Uni quitte l'Union européenne. Malgré les quatre années de galère, êtes-vous toujours favorable au Frexit ?
Un rapport du FMI explique que l'apocalypse annoncée n'aura pas lieu. Je suis plus que jamais favorable à une sortie de l'Union européenne. Tout se décide à Bruxelles. La démocratie est morte avec l'UE et l'euro. Le Royaume-Uni a perdu du temps à cause de parlementaires qui ne voulaient pas respecter le référendum. Boris Johnson s'en est, lui, très bien tiré et a fait le Brexit en trois semaines. Alors, oui, ça prend un peu de temps. Quand votre œil a été habitué à l'obscurité et que vous retrouvez la lumière au début, cela fait un peu mal. C'est exactement ça avec la souveraineté nationale, la liberté. Le Royaume-Uni va négocier avec l'UE et faire un très bon accord. Et ils s'en sortiront mieux que nous.
Ils s'en sortiront mieux que nous, mais peut-être à nos dépens… Le risque est d'avoir, comme l'a écrit Luc de Barochez, « un Singapour-sur-Tamise », une vaste zone de dumping fiscal et social…
Les petits pays riches peuvent se le permettre, les Anglais, non. Ils ont un système social à financer avec des rentrées fiscales à prévoir. Après, oui, nous allons en pâtir sur le plan économique ou sur l'immigration, car nous avons refusé de voir la réalité. Soyons donc moins bêtes et faisons comme eux, sortons de l'UE !
Je rappelle que c'est un des derniers pays avec qui nous sommes en excédent commercial. Je me souviens qu'au moment du Brexit, Valérie Pécresse avait dit : «  Mes bras sont ouverts pour accueillir en Île-de-France les financiers qui vont fuir la City. » Ses bras sont toujours ouverts et personne n'est venu…
Le RN ne se porte-t-il pas mieux depuis que vous êtes parti ?
Objectivement, non ! Il a fait moins aux européennes par rapport à 2014 alors qu'Emmanuel Macron a clairement fait la publicité du RN. En interne, il n'y a apparemment plus que 20 000 adhérents, là où il y en avait 70 000. Ils ont perdu beaucoup d'élus. Quant aux sondages… Je rappelle qu'en 2014 nous avions des sondages présidentiels de premier tour à 33 %. J'ai quitté sur deux idées, qui sont vérifiées aujourd'hui. D'abord, un problème de fond majeur : ils ont renoncé à la fin de l'euro et à la sortie de l'UE. Ils ne veulent même plus le demander aux Français par référendum ! Deuxièmement, j'avais dit qu'on ne pouvait pas être dans l'ouverture et la modernisation en faisant revenir des personnes qui dirigeaient le parti il y a vingt-cinq ans. Aujourd'hui, il y a une personne qui dirige tout, c'est Philippe Olivier. C'est objectivement du « vieux Front ». Je vous dis ça avec beaucoup de recul, je ne suis plus dans la passion du départ. Ils font les choix qu'ils veulent, et je n'accable donc personne.

Patrick Buisson nous a expliqué que le plafond de verre se brisait et qu'une victoire de Marine Le Pen n'était plus à exclure.
Je vous l'ai dit, ce n'est pas nouveau. J'entendais ça dès 2012. Faire un sondage de deuxième tour avant le premier tour, c'est un peu hasardeux. Deux exemples : aux régionales de 2015, une semaine avant le premier tour, Marine Le Pen est donnée gagnante (51-49) contre Xavier Bertrand au deuxième tour. Le résultat final ? 59-41 pour Bertrand ! Pareil pour moi dans le Grand Est. Si le scénario écrit par Macron se réalise, il gagnera. Sans aucun doute possible. Marine Le Pen sera minoritaire. Et assez largement. Il reste un problème d'acceptation, un doute sur la crédibilité, et s'il n'est pas corrigé, le reniement sur l'UE se paiera, car il rendra toutes les autres promesses irréalisables. En affadissant le programme social, en restant dans l'UE, en ne se concentrant de nouveau que sur l'immigration, elle réduit sa base au lieu de l'élargir. Il faut que toute la sphère souverainiste, de droite et de gauche, se parle pour changer la donne.
Justement, que pensez-vous de l'initiative de Nicolas Dupont-Aignan d'organiser une primaire souverainiste ?
C'est une bonne idée, que j'avais eue aussi il y a quelques mois sans même qu'on se concerte. Il faut que toutes les sphères souverainistes, malgré nos différences – et elles sont importantes –, se voient, échangent. Si nous sommes enfermés dans de vieilles logiques politiques, nous n'y arriverons jamais. Il s'agit de créer la surprise face à Macron qui ne s'attend pas à ça.
Vous êtes de nouveau candidat à Forbach, en Moselle. Est-ce la dernière chance pour vous d'acquérir enfin un exécutif local et enfin acquérir une légitimité électorale ?
Je fais à Forbach la campagne que je n'ai pas pu faire en 2014 à une époque où je passais mon temps à aller soutenir d'autres candidats partout en France. Aujourd'hui, je ne fais qu'une campagne locale. Je veux montrer ce qu'on est capable de faire dans une ville que j'aime et où il y a tant à faire. Pour la légitimité, le combat pour la France, je l'ai toujours eu au fond de moi-même, élu ou pas. J'ai toujours été sincère dans mes engagements. Sinon, je serais aujourd'hui eurodéputé RN et je serais en train de faire croire que je défends le concept de « réforme de la BCE »… Ce n'est pas moi. Depuis que j'ai fondé Les Patriotes, j'ai pu rencontrer beaucoup de monde, des gens de tous horizons.
On a tout de même l'impression que l'étiquette Front national vous colle à la peau comme le sparadrap du capitaine Haddock…
Un peu, oui. C'est une question de temps. Il n'a rien d'inéluctable. C'est un sparadrap, mais biodégradable. Je ne renie rien. J'ai été dans ce parti, je l'ai changé de l'intérieur, j'ai quitté ce parti quand j'ai vu que ce n'était pas possible. À moi de prouver que je peux réussir un autre combat.


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