Images d'archives : à gauche Le Colonel Kadhafi, à droite : Le Président Nicolas Sarkozy
Les bons comptes font les bons amis : à condition de payer l'addition des droits de l'homme
Préambule
Le colonel Kadhafi arrive à Paris pour une visite jugée « très controversée » par les médias et commentateurs. . L'événement fait suite à l'invitation lancée par Nicolas Sarkozy au moment où celui-ci s'était rendu à Tripoli, au lendemain de la libération des infirmières bulgares, le 25 juillet.
Rappel de « l’évènement » critiqué par les uns et approuvé par les autres :
« Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi arrive ce lundi en France pour une visite officielle de cinq jours scellant la réconciliation entre Paris et Tripoli mais dénoncée par l'opposition, qui fustige l'accueil d'un "dictateur" et la "realpolitik" du président Nicolas Sarkozy.
La Libye a annoncé son intention d'acheter pour plus de 3 milliards d'avions Airbus, un réacteur nucléaire et de nombreux équipements militaires lors de cette visite, la première de M. Kadhafi en France depuis 34 ans. »
Le "Guide" libyen arrivera en début d'après-midi à Paris, où il sera immédiatement reçu par M. Sarkozy au Palais présidentiel de l'Elysée. Un dîner sera donné en son honneur dans la soirée. Un second entretien est prévu mercredi. Au sommet UE/Afrique de Lisbonne ce week-end, M. Sarkozy a assuré au dirigeant libyen être "très heureux" de le recevoir.
La libération des infirmières bulgares détenues en Libye en juillet, dans laquelle M. Sarkozy a joué un rôle central, a ouvert la voie à une normalisation des relations entre Paris et Tripoli.
La France considère désormais que M. Kadhafi, longtemps placé au ban des nations occidentales, s'est engagé sur le chemin de la "respectabilité", après avoir notamment renoncé à soutenir le terrorisme et à développer des armes de destruction massive.
M. Sarkozy a espéré que cette visite permette de conclure une série d'accords économiques avec le 3e producteur de pétrole africain, important marché potentiel pour les industriels français. Paris négocie notamment la vente d'une dizaine d'avions de combat Rafale, que Dassault Aviation n'a encore jamais réussi à exporter.
Durant son séjour, M. Kadhafi résidera à l'hôtel Marigny, près de l'Elysée. Fidèle à son image, il plantera « sa tente de bédouin » (sic) dans le jardin de cette résidence officielle pour y recevoir ses hôtes. Il y recevra ses visiteurs, mais dormira à l’Hôtel Marigny, réservé aux hôtes de marque.
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Kadhafi à Paris :
Le chef de l’état Libyen, Monsieur Kadhafi, est donc attendu à Paris du 10 au 15 décembre pour sa première visite officielle depuis 1973, qui marquera une étape importante vers sa réintégration dans la communauté internationale, selon les commentateurs, Il sera reçu deux fois par le président Nicolas Sarkozy.
Des personnalités socialistes et même des personnalités au sein du Gouvernement redoublent leurs critiques contre la visite en France du colonel Kadhafi
Les députés PS boycotteront sa visite à l'Assemblée :
Le chef de file des députés PS, Jean-Marc Ayrault, a même demandé, à la veille de l'arrivée à Paris du "guide" libyen, l'annulation de sa venue qu’il dénonce comme "inacceptable" au Palais-Bourbon, alors que dans le cadre de sa visite officielle en France, il a été annoncé que M. Kadhafi devait s'entretenir mardi avec le président de l'Assemblée, Bernard Accoyer (UMP).
"Si le colonel Kadhafi veut être invité, il doit mettre fin à son système d'exactions. Il doit cesser de promouvoir, en actes et en paroles, le terrorisme international", a poursuivi M. Ayrault, relevant que "la commission d'enquête parlementaire sur la libération des otages bulgares de Libye a révélé les tortures et les sévices dont ils ont été victimes". Elle "a confirmé que ce recours à la torture était systématique et continuait d'être pratiqué dans les prisons libyennes".
Les députés socialistes "refusent d'accueillir le chef d'Etat libyen" et "ils demandent solennellement au président de l'Assemblée nationale d'annuler cette réception", a souligné le député-maire de Nantes dans un communiqué.
"Si le colonel Kadhafi veut être invité, il doit mettre fin à son système d'exactions. Il doit cesser de promouvoir, en actes et en paroles, le terrorisme international", poursuit le député-maire de Nantes.
M. Ayrault estime que "quels que soient les motifs de cette visite en France", il est "inconcevable que l'Assemblée nationale cautionne de telles violations aux droits de l'homme". "Ce serait bafouer les victimes et tous les principes démocratiques qu'incarne notre Assemblée", conclut-il.
Les députés du groupe présidé par M. Ayrault ne seront donc pas présents lors de la réception du Colonel Kadhafi.
Mr. Bernard Accoyer (UMP) , Président de l’Assemblée Nationale a répondu que "Cette réception s'inscrit dans le cadre de la visite officielle du chef d'un état qui, depuis 2003, a montré sa volonté de normaliser ses relations avec la communauté internationale" et que "comme il est d'usage" pour une visite officielle, le chef de l'Etat libyen serait reçu à la présidence de l'Assemblée."Cette réception s'inscrit dans le cadre de la visite officielle du chef d'un état qui, depuis 2003, a montré sa volonté de normaliser ses relations avec la communauté internationale"
Les personnalités socialistes ont déclaré :
Tout au contraire, avec une juste indignation et sans mâcher ses mots sur radio RCJ, Monsieur François Hollande s'est insurgé contre des propos de Nicolas Sarkozy se disant à Lisbonne "très heureux" d'accueillir son homologue libyen : Il "sera donc très heureux de recevoir un dictateur", un "dictateur qui s'est compromis dans des actes terroristes", a déploré François Hollande, un "dictateur qui justifie encore aujourd'hui le terrorisme", "qui vient ici avec ses pétrodollars acheter des armes".
De son côté, Ségolène Royal a jugé "scandaleux" de recevoir Moammar Kadhafi dans un entretien qui sera diffusé Lundi 10 décembre par la chaîne de télévision Public Sénat.
Les infirmières bulgares "ont été torturées sous un régime qui cautionne la torture, avec l'accord de Kadhafi » …. « Dans ces conditions, donner au leader libyen "une crédibilité politique, démocratique, alors que le système continue, je trouve ça scandaleux" a-t-elle expliqué.
De plus, Madame Ségolène Royal avait jugé "tout simplement odieux, très choquant, même inadmissible que la France aille cautionner un système de tortures en prison". "Faut-il se "Est-ce qu'il faut se mettre à genoux devant les intérêts financiers?", a questionné Mme Royal, dénonçant "la négociation qui consiste à dire: « on piétine la tradition de défense des droits de l'Homme, soit disant pour certains contrats".
"Il ne faudrait pas non plus que le chef de l'Etat, en faisant le tour de la planète, fasse croire aux Français que son seul déplacement conduit à obtenir des milliards de contrats", a-t-elle protesté, alors que M. Sarkozy a mis en avant la perspective de contrats de milliards d'euros notamment dans les domaines aéronautique, nucléaire et de la défense pour justifier l'accueil réservé au leader libyen mettre à genoux devant les intérêts financiers?" a-t-elle questionné sur Canal « + »
Par ailleurs, Ségolène Royal a félicité Rama Yade pour "ses propos extrêmement courageux et clairs" ….. "Elle est la seule au sein du gouvernement a parler clair, à parler juste, à parler fort et à avoir le courage de dire les choses", a dit sur France Info la dirigeante socialiste.
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D’autres personnalités ont fait part de leur approbation (on s’y attendait !) :
Pour Dominique de Villepin, Sarkozy a raison. L’ancien premier ministre Dominique de Villepin a jugé qu’il était «tout à fait juste» de recevoir le dirigeant libyen, tout en notant qu’il faut être «vigilants» et «responsables»
L’UMP a de son côté dénoncé des «réactions rapides et excessives». Le parti majoritaire, par la voix de Thierry Mariani, secrétaire national chargé des relations internationales, estime «qu’il s’agit de la meilleure manière d’accompagner le peuple libyen dans sa quête d’une démocratie accomplie», et dans la foulée des membres de l’UMP ont fustigé les déclarations des « intellectuels » et des politiques et personnalités qui ont fait part de leur « réserves » sur la visite du Colonel Khadhafi.
Axel Poniatowski, le président de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, membre du parti au pouvoir UMP, a défendu samedi la «realpolitik» à l’égard de M. Kadhafi, estimant qu’il «valait mieux …. arrêter de « marginaliser» la Libye.
Pour Jean-Pierre Raffarin de l’UMP (Ndlr : l’UMP : l’organe de toutes les courbatures médiatiques extérieures et organe de toutes les censures intérieures : voir l’affaire JP GRAND) il considère que "recevoir, ce n'est pas se soumettre"."Les infirmières bulgares, cela vaut bien une visite", a ajouté le sénateur sur Radio J.
Ndlr : je ne vois pas le rapport entre la libération des infirmières bulgares assortie de rançons financières importantes et la visite de Monsieur Kadhafi, et je ne suis pas aveugle.
Monsieur Raffarin estime aussi que le "grand projet de Nicolas Sarkozy d'Union méditerranéenne" est une raison pour parler avec le "guide".
Ndlr : Là encore Monsieur Raffarin plonge comme bien d’autres, dans l’utopie d’un projet fleuve qui déborde à volonté dans toutes les roucoulades politiciennes pour alimenter des sommet médiatisés à souhait destinés à animer périodiquement la scène des présidences en représentation avec pour acteur principaux Monsieur Sarkozy et Monsieur Barozzo, projet fleuve qui dans la réalité se dessèchera au fil du temps faute de pouvoir imposer à des pays du pourtour de la Méditerranée une entente politique qu’ils n’ont jamais su trouver depuis la nuit des temps, sans trop insister sur l’écueil fondamental de la guerre entre Israël et les Palestiniens et de ses prolongements idéologiques et partis pris politiques dans les pays musulmans
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Au sein même du Gouvernement des désaccords se manifestent
Madame Rama Yade, Secrétaire des droits de l’homme, s'est déclarée "dérangée" que le leader libyen, le colonel Mouammar Kadhafi, arrive en France un jour de célébration des droits de l'homme pour une visite officielle "Le colonel Kadhafi doit comprendre que notre pays n'est pas un paillasson, sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s'essuyer les pieds du sang de ses forfaits. La France ne doit pas recevoir ce baiser de la mort", a dit Mme Yade dans entretien publié lundi dans le quotidien "Le Parisien".
"Ce qui me dérange, c'est qu'il arrive un jour de célébration des droits de l'homme", a expliqué la secrétaire d'Etat. "Je serais encore plus gênée si la diplomatie française se contente de signer des contrats commerciaux, sans exiger de lui des garanties en matière de droits de l'homme. C'est un devoir: la France n'est pas qu'une balance commerciale" …. "Il serait indécent en tout cas que cette visite se résume à la signature de contrats ou d'un chèque en blanc", a ajouté Mme Yade.
Selon Mme Rama Yade, "il serait indécent en tout cas que cette visite se résume à la signature de contrats ou d'un chèque en blanc". "Peut-on accorder une confiance absolue à celui qui demande d'être traité comme n'importe quel chef d'Etat et qui, avant même d'être arrivé sur le sol français, affirme que le terrorisme est légitime pour les faibles ?", se demande-t-elle en ajoutant qu'elle "ne partage pas l'indignation automatique de ceux qui excluent tout dialogue avec la Libye". "Il est normal que la France parle à tout le monde. Elle a même le devoir de parler d'abord aux pays qui ne respectent pas les droits de l'homme afin qu'ils changent", explique-t-elle. "La France est une puissance, elle n'a pas à s'excuser de signer des contrats. C'est la secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères qui vous le dit. Mais la secrétaire des Droits de l'homme est obligée de vous dire que cela doit se faire dans la décence"
Par ailleurs sur RTL lundi matin, Rama Yade a précisé qu'il n'est pas prévu qu'elle rencontre le chef d'Etat libyen. "On ne m'a pas invitée. Moi ma journée sera consacrée à la célébration de la Journée des droits de l'homme. Je vais remettre des prix pour des avocats, notamment chinois" a-t-elle précisé. Elle a souhaité que Paris tienne au colonel Kadhafi "un discours rigoureux sur la question des droits de l'homme", qui "ne sont pas encore respectés" en Libye. "Je parle de la peine de mort, des disparus, des prisonniers politiques, toutes ces questions doivent être soulevées le jour de la visite de Kadhafi en France, c'est absolument indispensable" ….."Je ne pense pas qu'on puisse se contenter d'une déclaration de virginité du colonel Kadhafi pour lui signer un chèque en blanc. Il faut lui demander des garanties. C'est comme l'amour, ce sont les preuves qui comptent, donc qu'il apporte les preuves et que les provocations cessent". "Je n'ai pas encore été conviée à rencontrer M. Kadhafi mais si je l'étais par hasard, je peux vous assurer que j'irai pour pouvoir lui dire ce que je viens de vous dire", a conclu la secrétaire d'Etat.
Lors d'un dialogue informel avec des journalistes français, M. Fillon, qui se trouvait à Buenos Aires, a souri à l'évocation de cette réaction, et affirmé qu'il n'en était pas au courant.
Toutefois, François Fillon s’est empressé de critiquer très vivement, dimanche soir à Buenos Aires personnalités, les personnalités qui s'insurgent contre la visite en France de Mouammar Kadhafi ….."Que les donneurs de leçon tournent sept fois leur langue dans leur bouche ! Laisser les infirmières bulgares croupir dans les geôles libyennes, c'aurait été un crime", a dit le Premier ministre dans une allocution à l'ambassade de France.
"La France reçoit le colonel Kadhafi parce que le colonel Kadhafi a libéré les infirmières bulgares et parce que le colonel Kadhafi s'est engagé dans un processus de réintégration dans la communauté internationale", a-t-il expliqué.
Ndlr : il les a libéré en exigeant d’importantes « garanties » financières et non par un acte de bonne conduite humanitaire !
Le dirigeant libyen est aussi reçu, a ajouté François Fillon, "parce que nous avons besoin que la Libye, dans le cadre des relations inter méditerranéennes, redevienne un pays avec lequel on puisse discuter et redevienne progressivement un pays où les droits de l'Homme soient respectés."
Ndlr : les relations inter méditerranéennes : un vœux pieux alors que le colonel Kadhafi la semaine dernière à Lisbonne à soutenu publiquement le terrorisme !
Par ailleurs sur RTL lundi matin, Rama Yade a précisé qu'il n'est pas prévu qu'elle rencontre le chef d'Etat libyen. "On ne m'a pas invitée. Moi ma journée sera consacrée à la célébration de la Journée des droits de l'homme. Je vais remettre des prix pour des avocats, notamment chinois" a-t-elle précisé. Elle a souhaité que Paris tienne au colonel Kadhafi "un discours rigoureux sur la question des droits de l'homme", qui "ne sont pas encore respectés" en Libye.
"Je parle de la peine de mort, des disparus, des prisonniers politiques, toutes ces questions doivent être soulevées le jour de la visite de Kadhafi en France, c'est absolument indispensable" ….."Je ne pense pas qu'on puisse se contenter d'une déclaration de virginité du colonel Kadhafi pour lui signer un chèque en blanc. Il faut lui demander des garanties. C'est comme l'amour, ce sont les preuves qui comptent, donc qu'il apporte les preuves et que les provocations cessent". "Je n'ai pas encore été conviée à rencontrer M. Kadhafi mais si je l'étais par hasard, je peux vous assurer que j'irai pour pouvoir lui dire ce que je viens de vous dire", a conclu la secrétaire d'Etat.
Monsieur Bernard Kouchner lui-même prend, pour la première fois ouvertement ses distances avec le président Sarkozy: «Il n'est pas question d'oublier au nom de la «realpolitik», les victimes du régime libyen.» et a fait savoir qu’il ne serait pas présent au dîner officiel organisé lundi soir à l'Élysée et heureux de se trouver en déplacement à Bruxelles ce jour là.
Par la suite, nous avons appris que le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner a estimé que la secrétaire d'Etat aux Droits de l'homme Rama Yade était dans son rôle en critiquant la visite du leader libyen Mouammar Kadhafi, mais a plaidé pour sa part pour le pragmatisme.
S'exprimant sur France Inter, il a expliqué qu'il se trouverait lundi soir à Bruxelles pour une réunion "par un heureux hasard" et ne pourrait donc pas assister au dîner prévu à Paris avec le dirigeant libyen. Rama Yade, qui a dit être "dérangée" par la venue de M. Kadhafi, "a raison de parler ainsi, c'est ce que je lui demande", a assuré M. Kouchner. "Elle est en charge des droits de l'homme, elle le fait", a-t-il ajouté. "Vous n'interrogez pas Rama Yade, mais moi qui ai d'autres responsabilités", a aussi répondu M. Kouchner à qui l'on demandait si Rama Yade ne parlait pas le langage qu'il tenait lui-même il y a quelques années.
Ndlr : le hasard fait bien les choses pour Monsieur Kouchner !
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Avant ces déclarations, la visite du colonel Kadhafi avait suscité de nombreuses critiques et polémiques :
Des intellectuels, des personnalités politiques et des ONG avaient fait part de leur désapprobation :
- «On n’invite pas en visite d’Etat un grand terroriste», s’est offusqué vendredi le philosophe Bernard-Henri Lévy.
«C’est indigne», a jugé le chef du MoDem François Bayrou.Il s'est indigné que la France déroule "le tapis rouge" sous les pieds d'un homme "qui a commis des actes terroristes parmi les plus horribles de ces dernières décennies … un dictateur sanguinaire responsable de prises d'otages".
Monsieur Louis Michel, a réagi plus précisément aux propos de Kadhafi selon lesquels «les forces coloniales doivent dédommager les peuples qu’elles ont colonisés et dont elles ont spolié les richesses». Pour le commissaire européen au Développement, «les colonisateurs ont déjà payé». En outre, a-t-il estimé, «ces sommes n’ont pas toujours été utilisées au mieux. Et on continue, donc on n’a pas de leçon à recevoir de ce point de vue».
Alain Bocquet, porte-parole des députés communistes, a jugé que cette visite constituait une "insulte à la démocratie française".
La Ligue des droits de l'homme estime que la France "méprise" son héritage de "pays des droits de l'homme" en recevant Kadhafi et en félicitant le président russe Vladimir Poutine pour les récentes élections législatives en Russie.
La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) a dit quant à elle attendre "du gouvernement français un discours énergique, courageux et sans compromission".
Le Conseil représentatif des institutions juives de France a relevé de son côté que le dirigeant libyen a "régulièrement utilisé la torture" et qu'il "n'accepte pas de façon permanente l'existence de l'Etat d'Israël
- Le réseau écologiste «Sortir du Nucléaire» a demandé «l’annulation de l’accord nucléaire» Paris - Tripoli, dénonçant la visite du «dictateur libyen» et le «troc nucléaire contre otages bulgares».
L'organisation Amnesty International a demandé à Nicolas Sarkozy de veiller au respect des droits fondamentaux en Libye et de condamner les propos de Mouammar Kadhafi sur le terrorisme, à deux jours la visite officielle du dirigeant libyen à Paris.
"Amnesty International France rappelle dans un communiqué, que les relations que le président de la République française compte consolider avec la Libye ne doivent pas occulter les violations graves des droits humains qui persistent dans ce pays".» dans ce pays, jugeant notamment que Nicolas Sarkozy devait «dénoncer vigoureusement» les propos «inacceptables» tenus par Kadhafi à Lisbonne, «révélateurs de l’état d’esprit du dictateur».
L'organisation rappelle aussi les nombreux dossiers faisant état de violations des droits de l'homme en Libye et critique aussi les propos du Colonel Kadhafi à Lisbonne vendredi, où souligne-t-elle, le colonel Kadhafi a estimé qu'il était "normal que les faibles aient recours au terrorisme".
"Ces propos inacceptables, révélateurs de l'état d'esprit du dictateur, doivent être dénoncés vigoureusement par le président Sarkozy", demande Amnesty.
Amnesty International a enfin souligné que la normalisation des relations avec la Libye ne devait «pas occulter les violations graves des droits humains» dans ce pays..
Elle rappelle plusieurs cas où a été, selon elle, démontrée la violation de la liberté fondamentale d'expression et d'association, notamment concernant Fatih el-Jammi, opposant "arrêté une première fois en 2002 et réincarcéré depuis mars 2004 pour avoir critiqué le président Kadhafi et appelé à des réformes politiques
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Rappelons ici les déclarations du Colonel Kadhafi qui ont alimenté ensuite toutes les polémiques ci-dessus relatées , alors qu’il s’exprimait à la veille du 2me sommet Europe Afrique, devant un parterre de 400 professeurs et étudiants, réunis à l'Université de Lisbonne :
Il est "normal que les faibles aient recours au terrorisme", puisque les "superpuissances" ont "violé la légitimité internationale, le droit international et les Nations unies, et ont exécuté leurs décisions en dehors de ce cadre" ……. "Pourquoi réclamer la démocratie pour les Etats alors que la dictature règne aux Nations unies et qu'on ne peut l'instaurer au Parlement mondial ?" ….. M. Kadhafi a également porté le fer contre "les forces coloniales". Celles-ci doivent "dédommager les peuples qu'elles ont colonisés et dont elles ont spolié les richesses". "Ce sera l'un des points principaux du sommet : les compensations pour la période coloniale"
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Les commentaires de la presse régionale du samedi 8 décembre, sur la visite d'Etat du Colonel Mouammar Kadhafi (repris sur Internet)
LA PROVENCE
Gilles Dauxerre
"Lundi, la France va offrir une belle absolution diplomatique à Mouammar Kadhafi. Hier voué aux gémonies par toute la communauté internationale, chef d'un État terroriste, accusé de vouloir se doter d'armes de destruction massive, le dirigeant libyen serait redevenu fréquentable. (...) Sans doute ne peut-on pas laisser éternellement sur le banc d'infamie des dirigeants politiques qui manifestent le désir de sortir leur pays de l'isolement. (...) Mais peut-on faire autant confiance à Mouammar Kadhafi et doit-on lui dérouler ainsi le tapis rouge jusqu'à sa tente de réception, plantée dans le jardin de l'hôtel Marigny? Car, hier encore, le "guide" libyen a réclamé, à Lisbonne, des "compensations pour la période coloniale", et justifié le "recours au terrorisme des faibles". "Intéressé" par le projet d'Union méditerranéenne lancée par Nicolas Sarkozy, Mouammar Kadhafi y met un petit bémol: qu'elle n'inclut pas Israël! Ces déclarations inacceptables prouvent que le dirigeant libyen n'est toujours pas fréquentable."
LA VOIX DU NORD
Olivier Berger
"Offrir une respectabilité à l'État auteur des attentats d'UTA en 1989 et de la Pan Am à Lockerbie en 1988 (440 morts si l'on additionne) est d'un bien froid réalisme en échange d'infirmières bulgares et de contrats économiques. (...) À l'inverse, M. Sarkozy se tait dans un contexte plus rémunérateur. On parle à peine de droits de l'homme en Chine (...) On félicite Poutine pour sa victoire aux élections alors que la communauté internationale, unanime, condamne les conditions du scrutin et le traitement de l'opposition. (...) Sur ces sujets, la chancelière allemande, Angela Merkel, montre plus de caractère. (...) Au bout du compte, la politique étrangère française offre peu de lisibilité, s'affaiblit. En Algérie, M. Sarkozy reformule son projet d'Union de la Méditerranée. Mais jeudi, après une entrevue avec la chancelière, il recule. (...) A se demander si dans le couple franco-allemand, ce ne serait pas Angela Merkel, déjà victorieuse sur le dossier EADS, qui porterait la culotte."
LES DERNIERES NOUVELLES D'ALSACE
Jean-Claude Kiefer
"Alors on reçoit Kadhafi, terroriste repenti ou non. Pourquoi pas ? La Libye regorge de pétrole et elle est bonne cliente, capable de payer rubis sur l'ongle armes et centrales nucléaires. Nicolas Sarkozy est-il le seul dirigeant occidental à avoir "chaleureusement" félicité Vladimir Poutine pour sa "brillante" élection dimanche dernier? La logique est la même: la Russie a le monopole du gaz et possède des champs pétrolifères à foison, encore souvent inexploités. Et puis, la France a bien vendu des centrales nucléaires à la Chine, comme tout le monde sait, un paradis des droits de l'Homme (...) "De temps en temps, il faut avaler son chapeau", dit Bernard Kouchner. Mais tous ne le font pas. Angela Merkel, elle, dénonce les atteintes aux droits de l'Homme, de Guantanamo à Pékin en passant par Moscou. C'est louable."
LA CHARENTE LIBRE
Dominique Garraud
"La confirmation par l'Elysée de l'arrivée lundi à Paris du colonel Mouammar Kadhafi pour une "visite officielle" de cinq jours prometteuse d'un pesant de gros contrats est plutôt du genre de la grosse couleuvre difficile à digérer. (...) En déroulant le tapis rouge pour l'ancien pestiféré de la communauté internationale, Nicolas Sarkozy confirme que cette première visite en France de Kadhafi depuis quatre décennies faisait bien partie du "deal" intervenu en juillet dernier; un marchandage que l'Elysée persiste à nier contre toute évidence. L'importance des contrats envisagés dans le nucléaire civil et la fourniture d'armements lourds (Rafale, hélicoptères de combat, etc.) précise les termes du donnant-donnant alors intervenu: la libération des infirmières et de juteux contrats pour les entreprises françaises contre une invitation (...) Nicolas Sarkozy démontre que sa prétendue nouvelle morale diplomatique n'est qu'une coquille vide face aux impératifs de la realpolitik."
L'EST REPUBLICAIN
Pierre Taribo
"On ne peut pas dire qu'en recevant le colonel Kadhafi qui hier encore à Lisbonne justifiait le terrorisme, Nicolas Sarkozy entre dans l'histoire diplomatique en costume d'apparat. Il emprunte au contraire la tenue de la Realpolitik, peu souvent parfumée à la grandeur. (...) Certes, on comprend que la diplomatie doit s'accommoder parfois de quelques petitesses. Faut-il pour cela cultiver une amitié franco-libyenne aussi intime ? Dans l'espoir de retombées commerciales ? Sans doute. Pour renvoyer l'ascenseur au colonel Kadhafi qui a contribué à la libération des infirmières bulgares ? Probablement. Mais soyons lucides. Au moment de dénoncer le cynisme qui consiste à faire passer ses intérêts avant les grands principes, il faut se souvenir que les Etats-Unis et d'autres pays en Europe, dopent les chiffres de leur commerce extérieur en signant de gros contrats avec les libyens. Alors... (...) Pas dupe, Nicolas Sarkozy va exécuter cet exercice d'équilibriste. En évitant d'en faire trop, car le réalisme n'efface pas la morale."
LE MIDI LIBRE
Roger Antech
"Il y aurait ainsi un Sarkozy de l'intérieur (...) et un Sarkozy de l'étranger, celui d'une diplomatie glauque et sans état d'âme, arrangeant avec le respect des droits de l'Homme, intéressé par les coups d'éclat parfois même tordus, mesurant la réussite de ses voyages à l'épaisseur des affaires conclues. Ce même Sarkozy, donc, qui s'apprête à recevoir le colonel Kadhafi, après avoir félicité Poutine pour son coup d'état permanent et si peu démocratique, serré la main du Chinois Hu Jintao, olympique champion de la répression au Tibet, et tellement espéré de l'inconstant Chavez pour le sauvetage d'Ingrid Betancourt. (...) On entend aujourd'hui monter ce procès chez les mêmes qui, vrais cyniques, applaudissent des deux mains à la libération des infirmières bulgares, et au retour au pays des journalistes embarqués par l'Arche de Zoé. Et qui, ingénus, angéliques, pensent toujours que la libération des otages se négocie avec d'authentiques Prix Nobel de la Paix."
L'ALSACE
André Schlecht
"Les marchés de Noël sont ouverts à tous. A l'occasion de sa venue en France, lundi, après le sommet euro-africain qui s'ouvre aujourd'hui à Lisbonne, le dictateur libyen Mouammar Kadhafi viendra donc faire ses emplettes chez nous, dans une belle ambiance de réconciliation et de fraternité. (...) La Libye n'est donc plus pestiférée et il ne faut pas le regretter : aucun pays n'a vocation à être mis au ban des nations ad vitam aeternam. Mais on peut doser un rapprochement, lier les projets économiques et stratégiques à des progrès du droit, éviter de décerner à la va-vite des certificats d'honorabilité par envie de prendre de vitesse des partenaires, alliés et amis que l'on a déjà. Alors que Mouammar Kadhafi peut se pavaner à Paris, la coopération franco-allemande, vitale pour notre continent et notre avenir, a de fréquents hoquets. Ce paradoxe, s'il se développait, aboutirait à une confusion délétère des priorités. "
L'ECLAIR DES PYRENEES
Michel Bassi
"On nous dit qu'aujourd'hui, il se "respectabilise". (...) Ne vient-il pas d'aider paradoxalement à la libération des infirmières bulgares, emprisonnées et torturées dans le pays dont il est le maître ? Ce qui appelle de notre part une certaine reconnaissance. Ces arguments ont du poids. Dans la mesure naturellement où l'on peut faire confiance au personnage. On peut en avancer un autre : si l'on va en Chine, qui n'est pas particulièrement une démocratie, si l'on parle avec la Corée du Nord ou avec l'Iran, on ne voit pas pourquoi on boycotterait la Libye. A quoi s'ajoutent des considérations bien concrètes : Kadhafi est riche, et nos entreprises ont besoin de commandes. L'Elysée assure qu'un certain nombre de contrats seront passée au cours de sa visite. L'économie a souvent des raisons que la morale ne connaît pas. Enfin la Libye peut jouer un rôle dans le grand projet sarkozien d'union euro-africaine. "Real Politik" que tout cela. Certes. Mais les choses sont ainsi. "
Pour la petite histoire :
Le séjour du dirigeant libyen avec lequel Paris espère pouvoir conclure des contrats, notamment dans l'armement et le nucléaire civil semble relever d'un certain casse-tête pour l'Elysée, en raison des nombreuses incertitudes entourant les intentions de M. Kadhafi, amateur de sorties et de gestuelle théâtrale.