Le blog de Jean-Marie Le Pen reprend vie, voici un communiqué qu'il a écrit le 4 mai 2015, le jour même du Bureau Politique du FN, mais ce communiqué n'a été publié sur son blog que ce jour 8 mai 2015, ça se comprend puisque depuis le 4 mai depuis Jean-Marie Le Pen n'a pas cessé d'être sollicité en interviewes dans les médias audio-visuels et presse papier.
Dans un premier temps pour reprendre nos bonnes habitudes d'information nous retranscrivons ci-dessous en copié/collé son communiqué du 4 mai 2015, publié le 8 mai 2015 :
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" Déclaration de Jean-Marie LE PEN au Bureau Politique du Front National du lundi 4 mai 2015
8.5.15
Déclaration
de Jean-Marie LE PEN au Bureau Politique du
Front National du lundi 4 mai 2015
Il fallait s’attendre à ce que les succès enregistrés par le Front National, aux élections européennes puis départementales, provoquent de violentes réactions politiques de la part des tenants du Système, et d’abord du PS et de l’UMP.
La diabolisation a redoublé de force, les torrents de calomnies se sont déchainés, et c’est normal, car il s’agit d’ennemis irréductibles.
Hélas, au moment où ils se trouvaient en désarroi et le Front National en pleine ascension, s’est ouverte une crise au sein de notre mouvement.
Mise sur la place publique, elle a constitué une aubaine pour la presse écrite, parlée, télévisée du système.
Réagissant à deux interviews, l’un de RMC (Bourdin) et l’autre de Rivarol, hebdomadaire d’extrême droite à tirage limité, mais ignorant que l’interview à Rivarol avait été fait 15 jours avant celle de Bourdin, la Présidente du mouvement s’est déclarée hostile à ma tête de liste aux régionales en PACA.
Avant même que je puisse répondre, le vice-président Philippot a déclaré que « la rupture était totale et définitive » et son directeur de Cabinet « Il faut qu’il parte ».
Invitée au 20h de TF1, la Présidente annonçait qu’elle me convoquait devant le Bureau Exécutif siégeant en formation disciplinaire : celui-ci d’abord, fixé au 24 avril a été reporté au 4 mai, après la réunion du Bureau Politique.
Je dois vous avouer que bien qu’ayant affronté toutes sortes de difficultés dans ma vie politique d’opposant patriote, je n’avais jamais imaginé qu’un jour, Président fondateur du FN, l’ayant dirigé pendant près de 40 ans, Président d’honneur depuis 2011, je serais un jour traduit devant une juridiction disciplinaire dont, ironie du sort, le secrétaire était Saint-Just.
Cela dit, je n’ai été saisi d’aucun dossier d’accusation. Je ne connais pas les griefs qui ne peuvent être que gravissimes pour justifier cette incroyable procédure.
En revanche, je note qu’un certain nombre de salariés du Carré, comme Monsieur Bollée, chef de cabinet de Monsieur Philippot, se sont permis des attaques injurieuses contre moi sans être le moins du monde mis en cause.
Il est clair qu’il a été procédé à des recrutements massifs de collaborateurs dont l’une des caractéristiques communes, c’est de vouloir faire table rase du passé. (Remplacer les vieux cons par les jeunes trous du cul)
En tous cas, que mes amis se rassurent, même si j’ai du faire face à une série d’ennuis graves :
-Incendie total de notre maison de Rueil
-Blessure sérieuse à l’épaule lors de mon « évasion » du bâtiment en feu
-Opération cardiologique, bénigne selon le Professeur Philippot
-Complications hospitalières
-Relogement dans une autre maison avec ma fidèle Jany, mes chiens et mon chat
-Annonce, via le follicule média policier de Monsieur Plenel de la découverte d’un compte en Suisse, au milieu de 30 000 prétendument livrés par HSBC
J’ai tenu à participer au 28ème défilé de Jeanne d’Arc dont j’ai été le créateur et le fidèle organisateur le 1er mai, fête du Travail et de la Patrie.
Présent à ce Bureau Politique dont je suis statutairement membre, en revanche, je ne répondrai pas à la convocation devant le BE siégeant en formation disciplinaire et ceci, pour 3 raisons :
La première, c’est que je la considère comme indélicate, injustifiée, immorale et au sens littéral comme au sens étendu, comme scandaleuse.
La seconde, c’est qu’elle est composée, à part moi, qui n’ait jamais été salarié du Front National, par des salariés ou d’anciens salariés du FN. Tous les membres du BE l’ont été et certains, très grassement.
La troisième, c’est que la plupart de ses membres se sont exprimés à mon égard de façon hostile, ce qui les disqualifieraient, même dans un jury d’assises.
J’avais été conduit, après condamnation de mes interviews par Marine, à renoncer à la tête de liste FN en PACA où j’avais obtenu 33% aux européennes avec 5 élus et que je me croyais capable d’arracher aux socialistes. Député européen, je suis encore Président du groupe des élus FN à la région jusqu’en décembre 2015.
J’ai retiré ma candidature et proposé celle de Marion.
Bien que Président d’honneur, fondateur et Président pendant 38 ans, j’ai observé la discipline d’un militant. J’ai renoncé à toute communication avec l a presse. J’ai suspendu la publication de mon Blog hebdomadaire, pourtant arrivé au 400ème numéro.
Je ne vois pas ce qui pourrait justifier quelque condamnation disciplinaire ! J’estime n’avoir commis aucune faute. Je ne me suis jamais exprimé au nom du Front National, laissant ce soin aux collaborateurs socialo-gaulliste de la Présidente.
Je voudrais rappeler quelques données fondamentales. On m’a reproché de ne pas avoir respecté la « ligne du FN ». Mais laquelle ? Celle de la Présidente ? Celle de tous ceux qui pondent dix à quinze communiqués par semaine ?
La doctrine du FN n’est pas établie par le Président du FN, chef de l’exécutif, mais par le Congrès. Ce sont les Congrès successifs qui en ont élaboré la substance, qui n’est modifiée que par un vote de l’Assemblée Générale (Congrès). La dernière édition écrite date du Congrès de Paris en 2000, après la scission mégrétiste : « Pour un avenir français » (425 pages).
Le programme présidentiel du candidat soutenu par le FN n’est pas constitutif de la doctrine du mouvement, même s’il s’en inspire largement.
Mais la forme même du scrutin présidentiel l’oblige à des amodiations ou des élargissements qui visent à conquérir la majorité de 50%.
Dans l’espace qui sépare deux Congrès, c’est le Conseil d’Administration : le BP et le BE présidés par le Président du FN qui répond à l’évolution des problèmes.
Les Congrès de 2004, 2007, 2011 et 2014 n’en ont pas sensiblement modifié les chapitres.
Ne nous faisons pas d’illusions sur la force réelle du mouvement.
Le fait, réel, d’arriver en 1ère position lors des Européennes et des départementales ne doit pas nous aveugler. Le chiffre des voix obtenues doit être la vraie référence.
Notre organisation, en progrès, reste très imparfaite, ainsi que la formation de nos cadres. Nous dépendons totalement des médias, puisque nous n’avons pas été capables d’avoir un journal.
Aux temps anciens, comme disent les nouveaux parvenus, il y avait un hebdo, National Hebdo et un bi mensuel, Français d’Abord.
Plus grave, c’est l’âme du FN qui a été blessée. La solidarité s’est affaiblie. On craint d’avoir mauvaise réputation républicaine. Sommes-nous devenus le premier parti antifasciste et antiraciste de France ?
Laissons ces tristes hochets à nos ennemis et soyons fiers d’être le parti des patriotes français et des parias du drapeau tricolore.
Ce sont les évènements qui nous rallient l’opinion de nos concitoyens, l’aggravation inéluctable de la situation (à laquelle, il faudra remédier après) peut nous conduire au pouvoir et à ses terribles responsabilités, mais nous n’en sommes pas aux portes, loin de là.
En tous cas, l’unité du mouvement est une des conditions sine qua non, or, elle est gravement menacée par la crise actuelle.
Il y va de la responsabilité de chacun d’entre vous.
Pour ma part, après avoir abandonné ma candidature comme tête de liste en PACA, j’ai gardé un silence complet.
Je reprendrai la parole demain, quoi qu’il en soit.
Ensemble, je l’espère de tout cœur.
(fin du copié/collé)
____________________
* suite de mon édito :
Par ailleurs on avait beaucoup entendu parler de son entretien avec Rivarol en date du 9 avril 2015 dont les médias avaient extrait certaines déclarations de Jean-Marie Le Pen en les déformant et les diabolisant une fois de plus pour le discréditer, celà se passait avant l'accentuation de la crise du Front National, pour ceux qui n'ont pas eu le loisir de le lire intégralement, j'ai le plaisir de le reproduire ci-dessous intégralement, en notant au préalable que cette interviewe a été évoquée en présence d'invités prestigieux et capable de former un jugement sain, pour eux tous ce que Jean-Marie Le Pen a dit n'est pas suscepticles de critiques, l'un d'entre eux a même souligner que tout ce que l'on peut lire ou entendre journellement par ailleurs provenant d'autres personnalités sur les mêmes sujets dans la presse et l'audi-visuel seraient contestable mais que leurs déclarations et propos ne sont pas repris ni sanctionnés, ce qui est vrai.
Voici le texte de cet entretien qui figure sur le site Polémia précédé d'une introduction de Polémia , nous avons reproduit tout l'ensemble intégralement en copié/collé :
" ♦ La cabale qui s’est
déclenchée dès la parution de l’hebdomadaire Rivarol daté du 9 avril 2015
traduit, si l’on y réfléchit bien, une véritable attaque contre la liberté de
la presse et la liberté d’expression. Les médias, la classe politique, les
membres du gouvernement, les hauts dirigeants du Front national, tous,
souscrivant au totalitarisme ambiant, se sont ligués pour dénoncer le «
scandale » : le président d’honneur du FN, Jean-Marie Le Pen, aurait tenu, lors
d’un entretien avec la rédaction de Rivarol, des propos « insupportables ».
Comme toujours dans ce genre de diatribe, ceux qui hurlent le plus n’auront pas
lu la livraison de Rivarol du 9 avril. Aussi, dans un souci de bonne
information, Polémia a décidé de publier in extenso cet entretien pour que le
public puisse, posément, à l’écart de tout esprit partisan, juger par lui-même.
On rappellera néanmoins qu’il y a exactement trois mois, le 11 janvier 2015, le
président de la République, entouré de tout son appareil et de plusieurs chefs
d’Etat étrangers, défilait dans une rue de Paris à la tête d’un immense cortège
pour la LIBERTÉ D’EXPRESSION !
Polemia
____/
Document : Rivarol, n°
3183 du 9 avril 2015
L’interview a été relue
et validée avant publication par le président d’honneur du Front national
RIVAROL : Quel bilan
faites-vous du second tour des élections départementales pour le Front national
?
Jean-Marie LE PEN : Il
fallait s’attendre à ce que les résultats ne correspondissent pas tout à fait à
notre très grand succès du premier tour. Le FN, conformément aux textes
officiels du ministère de l’Intérieur, est bien le premier parti de France
ayant réuni au premier tour plus de 25% des voix et plus de 5 millions de
suffrages. Il est devant l’UMP et le PS. Je ne parle même pas des petites formations
quasiment inexistantes comme les Verts ou Debout la France de Dupont-Aignan. Le
FN a réalisé un très beau parcours au premier tour mais, s’agissant d’un
scrutin majoritaire à deux tours, nous avons été apparemment battus le 29 mars
au soir car nous avons obtenu 62 élus sur 2054.
On fait des gorges
chaudes là-dessus mais c’est ignorer que les conseils généraux sont composés de
personnalités politiques connues, implantées, le plus souvent maires d’une
commune dans laquelle elles font tout naturellement 60 ou 70% des voix, comme
l’ont fait d’ailleurs les maires du FN dont la gestion était critiquée
médiatiquement et qui, en moyenne, ont rassemblé 75% des électeurs.
Il faut savoir par
ailleurs que ces conseils généraux sont composés d’hommes et de femmes se
connaissant depuis des années et qu’il existe entre eux des relations d’amitié,
de sympathie, des connivences établies. Nous avions un sortant contre 2053 et
nous avons eu quand même une soixantaine d’élus, ce qui n’est pas rien. Le
résultat a été excellent, supérieur même à ce que l’on pouvait espérer, ce type
d’élections locales au scrutin majoritaire à deux tours étant certainement le
plus difficile qui soit pour un mouvement comme le nôtre qui ne dispose encore
que de peu de notables.
« Je ne suis pas homme
à ramper »
R. : Une nouvelle
polémique politico-médiatique s’est déclenchée le 2 avril à la suite des propos
que vous avez tenus sur BFM-TV en réponse à Jean-Jacques Bourdin, et qui
reprenaient ceux que vous aviez déjà exprimés sur les chambres à gaz le 13
septembre 1987 sur RTL, le 5 décembre 1997 en Allemagne, en avril 2008 au
mensuel Bretons et en mars 2009 au Parlement européen. Le parquet a ouvert une
enquête préliminaire pour contestation de crimes contre l’humanité. Le ministre
de l’Intérieur et celui de l’Education nationale vous ont condamné, tout comme
la classe politique tout entière. Des associations se constituent parties
civiles contre vous (SOS-Racisme, UEJF, LICRA…) et même au Front national les
principaux responsables ont solennellement condamné vos déclarations, à
commencer par la présidente du mouvement et ses lieutenants. Qu’est-ce que cela
vous inspire ?
J.M.L.P. Je ne suis pas
homme à changer d’avis ni à ramper. J’ai sur cette question une opinion que je
crois justifiée. Ceux qui s’appuient sur ce genre d’opérations pour porter
jugement ont le plus grand tort. J’ai cessé de marcher à quatre pattes depuis
l’âge de 18 mois. Je ne suis pas l’homo a plat ventrus.
La politique, comme la
vie, c’est un combat. Si l’on ne veut pas prendre de coups, on ne choisit pas
d’être boxeur. Parce que si on choisit d’être boxeur, on sait qu’on peut gagner
mais qu’on prendra beaucoup de coups. Le champion du monde, quand il descend du
ring, avec sa ceinture de champion à la main, a le visage bosselé. Parce qu’il
vient de combattre contre le meilleur du monde après lui, son challenger. Il ne
sort pas intact. Il a gagné comme un combattant, en acceptant d’être blessé,
parfois d’être défiguré. Si l’on ne veut pas prendre de coups, mieux vaut
rester ou rentrer chez soi, c’est plus sage.
« Je reste candidat à
la présidence de la région PACA »
R. : Plusieurs responsables du Front national
(le secrétaire général Nicolas Bay, le vice-président et numéro 2 du mouvement
Florian Philippot, le cofondateur de Gay-Lib et président du collectif Culture
Sébastien Chenu) ont expliqué dans les media audiovisuels, jeudi 2 et vendredi
3 avril, que votre candidature comme tête de liste du Front national pour la
région PACA pourrait être remise en question par la commission nationale d’investiture
à la suite de vos dernières déclarations et que d’autres candidatures que la
vôtre pourraient se faire jour car vous vous seriez mis en marge du mouvement
et de son actuelle ligne politique. Quelle est votre réaction ?
J.M.L.P. Je suis
candidat tête de liste pour mettre à la porte les socialo-communistes. Je
rappelle que j’ai fait aux dernières élections européennes, il y a moins d’un
an, plus de 33% des voix dans la région PACA. Je suis donc légitime pour
conduire la liste du Front national dans cette région où, de surcroît, je suis
conseiller régional et président du groupe FN depuis 1992.
R. : Et êtes-vous
également candidat à la présidence de la région PACA pour succéder au
socialiste Michel Vauzelle ?
J.M.L.P. Je suis
candidat à la présidence de la région PACA par la logique des choses.
R. : Cette condamnation
appuyée et solennelle par les dirigeants du Front national du Fondateur et
Président d’honneur du mouvement a eu lieu le Jeudi Saint (jeudi 2 avril), le
jour où Jésus a été trahi par Judas qui lui a donné un baiser fielleux au
jardin des Oliviers pour le livrer au Sanhédrin. N’est-ce pas là un hasard
assez étrange ?
J.M.L.P. L’on n’est
jamais trahi que par les siens.
Perméabilité des
nouvelles générations à la vulgate
R. : A la suite de vos
déclarations controversées, Florian Philippot a expliqué que le FN devait
s’occuper des préoccupations quotidiennes des Français, du chômage, du pouvoir
d’achat, de l’insécurité, de l’islamisme et qu’il ne fallait pas parasiter le
message du mouvement par des déclarations intempestives et provocatrices sur la
Seconde Guerre mondiale. Mais c’est oublier que les problèmes de la France sont
en grande partie liés à la chape de plomb sur son passé et sur celui de
l’Europe. Car au nom de la Shoah on ne peut pas maîtriser l’immigration et
inverser les flux migratoires car, nous dit-on, ce serait déporter les immigrés
comme furent naguère déportés les juifs ; on ne peut pas défendre la famille et
les valeurs traditionnelles car c’est faire du pétainisme ; on ne peut pas
critiquer l’influence de la franc-maçonnerie et d’autres lobbies « puissants et
nocifs » dans la vie politique car ce serait faire du vichysme ; on ne peut pas
contester la condamnation de la France par Chirac au Vél’ d’Hiv’ en 1995 car ce
serait manquer de respect aux « victimes de la Shoah » ; on ne peut pas
dénoncer les incessantes réparations financières réclamées à la SNCF ni
dénoncer le rôle de la finance internationale anonyme et vagabonde car ce
serait être suspect d’antisémitisme.
N’est-ce donc pas une
vision erronée de croire que l’on peut totalement éviter de parler du passé
d’autant que les media et l’Education nationale le ressassent sans cesse et que
les journalistes posent régulièrement des questions sur ces sujets ? N’est-ce
pas une faiblesse, un manque de formation intellectuelle et doctrinale et aussi
sans doute un déficit de courage de la plupart des formations de droite
nationale et populiste en Europe de céder à la pression médiatique, certes très
forte, sur ces questions-là, comme l’a fait lamentablement en son temps un
Gianfranco Fini en Italie ?
J.M.L.P. Les nouvelles
générations qui n’ont pas connu la guerre sont plus perméables que les
anciennes au discours médiatiquement dominant et à une vision manichéenne de
l’histoire, comme le faisait déjà remarquer François Mitterrand à Georges-Marc
Benamou : « Jeune homme, vous ne savez pas de quoi vous parlez. »
Par ailleurs, en
France, nous sommes en campagne électorale permanente car il y a une ou
plusieurs élections quasiment chaque année. Le Front national est donc
naturellement très impliqué dans des problèmes électoraux. C’est à la fois sa
force et sa faiblesse :
Sa force parce que
c’est ce qui lui permet d’apparaître, d’être présent dans la vie publique, de
faire connaître ses propositions et sa vive contestation des politiques
conduites. Le fait de trouver des candidats, de les former aux techniques
électorales absorbe une grande partie de l’activité du Front national, non
seulement de son activité physique, civique mais aussi intellectuelle,
conceptuelle ;
Sa faiblesse parce que
le temps pris pour préparer des élections, trouver des candidats (près de 8.000
aux dernières départementales, excusez du peu !), ce qui est une nécessité, se
fait forcément un peu au détriment de la formation doctrinale.
Les pétainistes sont
des Français comme les autres
R. : Les dirigeants du
FN ont vivement contesté votre affirmation selon laquelle il y avait aussi au
Front national d’« ardents pétainistes » ?
J.M.L.P. J’ai toujours
œuvré à la réconciliation des Français. Comme le disait avec une grande dignité
le président Georges Pompidou, interrogé en conférence de presse sur la grâce
partielle qu’il avait accordée à Paul Touvier : « Allons-nous éternellement
entretenir saignantes les plaies de nos désaccords nationaux, le moment
n’est-il pas venu de jeter le voile, d’oublier ces temps où les Français ne
s’aimaient pas, s’entredéchiraient et même s’entretuaient ? »
Pour ma part, comme je
l’ai déjà dit, je n’ai jamais considéré le maréchal Pétain comme un traître.
L’on a été très sévère avec lui à la Libération. Et je n’ai jamais considéré
comme de mauvais Français ou des gens infréquentables ceux qui ont conservé de
l’estime pour le Maréchal. Ils ont selon moi leur place au Front national comme
l’ont les défenseurs de l’Algérie française, mais aussi les gaullistes, les
anciens communistes et tous les patriotes qui ont la France au cœur.
R. : Etes-vous
favorable comme l’actuelle direction du FN à la retraite à soixante ans ?
J.M.L.P. J’ai essayé
d’expliquer à Marine Le Pen et à ses conseillers que c’était une erreur. C’est
ridicule de demander la retraite à 60 ans alors que moi, à la tête du FN,
pendant des décennies, je l’ai demandée à 65 ! J’étais en avance, encore que
les Allemands sont aujourd’hui à 67 ans ! L’équilibre démographique désastreux
de l’Europe boréale, c’est-à-dire celle qui va de Brest à Vladivostok, est
suicidaire et implique de reculer l’âge légal de la retraite. En politique on
ne doit jamais sombrer dans la facilité ni faire de la démagogie. Il ne faut
pas tomber dans le ridicule de paraître défendre le système de retraite à 60
ans parce que même si l’on y apporte des amodiations (comme les 40 ans
d’annuités), elles ne sont pas audibles politiquement. Pourquoi s’accrocher là-dessus
? Je leur ai dit : « Rectifiez le tir. » En vain pour le moment.
R. : Que vous répondent
Marine Le Pen et Florian Philippot sur ce sujet ?
J.M.L.P. On a
extrêmement peu de rencontres politiques parce que le bureau politique et le
bureau exécutif sont souvent consacrés à des comptes rendus de missions du
secrétaire général ou d’autres responsables nationaux et malheureusement l’on
ne traite pas beaucoup les problèmes politiques proprement dits.
Le chevénementisme est
malfaisant
R. : Beaucoup s’inquiètent
du nombre et de l’influence des homosexuels militants au Front national. Notre
confrère Minute a évoqué à plusieurs reprises un « lobby gay » au sein du parti
et Roger Holeindre affirme qu’il a quitté le Front en 2011 en grande partie à
cause du nombre de pédérastes autour de Marine Le Pen. Certains attribuent les
positions quelque peu ambiguës de la direction du mouvement sur le « mariage »
gay et le refus de la présidente de participer en 2013 aux manifestations de
masse contre la loi Taubira à l’influence jugée nocive de ce lobby arc-en-ciel.
Quelle est votre position sur la question ?
J.M.L.P. Il ne faut pas
exagérer et trouver là l’explication générale. Ce n’est pas cette particularité
de la vie privée qui explique tout. Il se trouve qu’il y a en effet un assez
grand nombre d’homosexuels au Front national, comme il y en a d’ailleurs dans
les autres partis, et ceci pour une raison somme toute assez simple : c’est que
ce sont des gens qui sont beaucoup plus libres de leur temps que d’autres. En général
ils n’ont pas de responsabilités familiales. Et donc ils sont beaucoup plus
disponibles. Comme de surcroît ils ont le sentiment d’être un peu en marge de
la société, ils ont tendance à se regrouper, même s’ils se détestent les uns
les autres. Ils forment une communauté. A mon avis ce n’est pas aussi important
qu’on le dit au Front national mais ce n’est pas non plus totalement
indifférent, c’est vrai. Il faudrait par ailleurs démontrer que cette
particularité de la vie personnelle a une conséquence politique directe sur la
ligne ou la doctrine du Front.
Je crois que l’origine
politique de certains actuels dirigeants du Front a plus d’importance que leur
comportement personnel. Je pense à l’influence nocive d’un homme que je trouve
pour ma part tout à fait détestable : Jean-Pierre Chevènement. Il a les
apparences d’un patriote alors qu’il est au fond un marxiste. L’influence
chevènementiste, si elle continue de s’exercer, est nuisible. Cette tournure
d’esprit m’est totalement étrangère.
« Valls est français
depuis trente ans, moi depuis mille ans »
R. : Que pensez-vous de
Manuel Valls ?
J.M.L.P. En soixante
ans de vie politique je n’ai jamais vu un Premier ministre se comporter de
cette façon haineuse et hystérique, mettant en accusation une jeune femme,
députée (NDLR : Marion Maréchal-Le Pen), représentant le double de ce que
représente Valls dans le pays et la traiter de manière aussi odieuse, lui
assenant avec morgue : « Vous n’êtes pas la République, vous n’êtes pas la
France. » Et vous, Monsieur Valls, qui êtes-vous ?
Nous sommes gouvernés
par des immigrés et des enfants d’immigrés à tous les niveaux. Estrosi et
Ciotti à Nice, Mariani, ce sont des gens dont les parents étaient italiens. Je
n’ai rien contre les Italiens ni contre les Espagnols. Je n’ai rien non plus
contre le fait que Valls ait les mêmes droits civiques que moi mais cela ne lui
donne pas l’autorisation de me donner des conseils ou de me faire des
remontrances sur le plan de la morale civique.
Valls est français
depuis trente ans, moi je suis français depuis mille ans. Quel est
l’attachement réel de Valls à la France ? Cet immigré a-t-il changé du tout au
tout ? Qu’a-t-il apporté à notre pays ? J’admire beaucoup l’Espagne, c’est un
grand pays. Malheureusement Manuel Valls ne nous transmet pas de la
civilisation espagnole ce qu’elle a de plus remarquable, qui est justement son
esprit chevaleresque. Valls n’est pas un caballero, c’est un très petit
monsieur.
La France,
contrairement à ce que pense M. Valls, ce n’est pas seulement un espace
administratif qui distribue des cartes d’identité et des passeports. La France
a existé au cours des siècles. Cela a coûté cher à ceux qui nous ont précédés.
Ils en ont bavé, que ce soit dans les champs pour gratter la terre ou en
maniant la baïonnette pour défendre le pays.
Et puis cette référence
incessante de Valls à la République ! Ils commencent à me gonfler tous avec la
République ! Je ne suis pas royaliste mais cette référence n’est faite
d’évidence que pour gommer la référence à la nation.
Il faut sauver le monde
blanc
R. : Quelle sont les
chances de la France et de l’Europe de résister à la décadence et à la
submersion ?
J.M.L.P. Les chiffres
sont terrifiants. D’un côté 735 millions d’Européens. Age moyen : 45 ans. Taux
de reproduction : 1,4 enfant par femme. En face 6 milliards d’individus. Age
moyen 20 ans. Taux de reproduction : 4 à 5 enfants par femme. Le problème est
géopolitique. Si l’on ne coupe pas les tuyaux entre les deux, si l’on ne
supprime pas les pompes aspirantes, si l’on n’inverse pas le torrent de
l’immigration, nous sommes battus sans même qu’il y ait besoin de révolution ou
de guerre. Nous serons battus par les urnes. C’est une réalité mathématique
incontournable. Nous aurons alors le gouvernement prévu par Houellebecq, la
charia.
Autres chiffres
auxquels il faut réfléchir : la Chine compte 1 milliard 400 millions
d’habitants, l’Inde 1 milliard 500 millions. Si la Chine abandonne, comme c’est
probable, sa loi inique de l’enfant unique, il est à craindre que sur le plan
démographique le retour de balancier ne se traduise par des familles nombreuses
puisqu’elle en était privée jusque-là. De sorte qu’on peut avoir une Chine à
trois ou quatre milliards d’habitants ! Cela semble vu de Sirius mais c’est à
cet échelon-là que l’on doit regarder l’avenir du monde. Il y a un million de
Chinois en France. Ce sont des gens intelligents, actifs, discrets mais
néanmoins puissants et redoutables. Comme nous voulons vendre nos dépouilles,
les perles de la couronne à ceux qui ont les moyens de l’acheter, il y a du
souci à se faire !
C’est pourquoi nous
devons impérativement nous entendre avec la Russie pour sauver l’Europe boréale
et le monde blanc. L’Europe boréale intègre les Slaves mais aussi la Sibérie
dont je crains que les Russes ne puissent la garder eux seuls.
Kiev-Moscou : une
affaire de famille
R. : Précisément que
pensez-vous des tensions actuelles entre l’Ukraine et la Russie ?
J.M.L.P. Je suis de
ceux qui pensent que la situation s’est aggravée par l’intervention des
puissances occidentales, et notamment celle des Etats-Unis. Disons les choses
clairement : l’Ukraine est ruinée, que ce soit celle de Porochenko ou celle du
Donbass. Je crois que c’est une affaire de famille qui doit se régler entre les
Ukrainiens et les Russes. Il ne faut pas oublier que la Russie est née à Kiev.
Par conséquent il y a beaucoup plus que des intérêts géographiques ou
politiques dans cette affaire. Il faut que l’on trouve dans ces pays des hommes
ayant une large compréhension des problèmes politiques et humains qui
deviendraient inextricables si l’affaire tournait mal.
J’ai de l’admiration
pour le président Poutine car c’est un homme responsable, ayant beaucoup de
sang-froid ; j’espère que les tensions suscitées ou aggravées en Ukraine
s’atténueront entre cousins germains, pour ne pas dire entre frères.
Syrie : la
diabolisation artificielle d’Assad
R. : Et quelle votre
évaluation du conflit déchirant la Syrie ?
J.M.L.P. La
diabolisation d’Assad est tout à fait artificielle. Bachar el-Assad n’était
d’ailleurs pas désigné pour être le chef de la Syrie, cela devait être son
frère. Je crois que ces pays composites, qui ne connaissent pas le système
démocratique, qui n’ont l’expérience que des systèmes autoritaires, trouvent
leur équilibre lorsque le pouvoir est issu d’une minorité. Car s’il est issu
d’une majorité, il fait régner le totalitarisme. En revanche, s’il est issu
d’une minorité comme c’était le cas en Irak où Saddam Hussein était un sunnite
dans un pays majoritairement chiite, et comme c’est le cas en Syrie où les
partisans de Bachar el-Assad sont alaouites, et donc minoritaires par rapport
aux sunnites, on atteint à un certain équilibre. Et avoir voulu le perturber au
nom de la démocratie formelle est un véritable crime contre l’esprit. Quel a
été le but, quel est encore le but de la diplomatie américaine dans
l’aggravation du désordre qui s’est institué au Moyen-Orient ? Je me perds en
conjectures.
Quand on dresse en
Syrie le bilan de la guerre civile, il ne faut pas oublier qui sont les
attaquants et qui sont les attaqués. Le devoir d’un Etat, quel qu’il soit, est
évidemment de se défendre. Le passif est inscrit totalement au compte de M.
Bachar el-Assad et du gouvernement légal syrien. Ce qui est une position
scandaleuse de la part d’observateurs et laisse à penser que le conflit a été
suscité de l’extérieur. Le raccrochage misérable de M. Hollande à la résistance
démocratique syrienne est un leurre. Il se moque du monde ou alors il n’a rien
compris. Ces gens-là ne sont pas une force. Même les Américains commencent à
s’en rendre compte. Il y a clairement deux forces en présence : ce sera soit la
victoire de la Syrie sur le djihadisme, soit l’inverse.
Juppé et Sarkozy sont
responsables du djihadisme en Libye
R. : Et quid de la
Libye ?
J.M.L.P. Nous avons été
les instruments des Etats-Unis, en particulier Sarko l’Américain, dans
l’installation du désordre. Certes l’ordre de Monsieur Kadhafi, aux yeux de la
City ou même de Saint-Germain-des-Prés, pouvait être discutable. Mais alors il
ne fallait pas le recevoir avec un tapis rouge comme on l’a fait. C’était un
tyran qui était plutôt bienveillant car sur le plan social il procédait à un
certain nombre de redistributions de la manne pétrolière qui ne se font plus
désormais. Je rappelle que ce sont les bombardiers français qui ont cloué sur
place l’offensive des blindés de Kadhafi sur Benghazi considéré pourtant comme
le nid central du djihadisme. Ce sont donc les Français, c’est Sarkozy, c’est
Juppé évoquant, avec des sanglots dans la voix, des torrents de sang, alors que
le maire de Bordeaux n’en a jamais vu que dans des livres d’histoire, qui sont
responsables de cette situation. Dans ce pays régnait naguère un ordre
autoritaire et probablement assez éloigné de celui dont nous pouvons rêver,
nous, en Occident, mais c’était un ordre. Or l’ordre, aussi injuste soit-il,
est toujours supérieur au désordre.
Une politique
américaine contraire aux intérêts de l’Europe
R. : Comment jugez-vous
la politique américaine en Europe et au Proche-Orient ?
J.M.L.P. Le problème de
l’immigration est compliqué par le fait qu’une grande partie de cette
immigration est musulmane et que le monde musulman est largement influencé par
des conceptions extrémistes, des interprétations belliqueuses du Coran. Or
force est de constater que lorsqu’il s’est agi de l’Europe, les Américains ont
pris le camp des musulmans, des Bosniaques et des Kossovars contre les Serbes,
chrétiens orthodoxes. Ils poussent par ailleurs à l’entrée dans l’Union
européenne de la Turquie, musulmane à 95%. Il y a une arrière-pensée politique
dont je suis bien obligé de constater que les résultats sont hostiles à la
survie de l’Europe.
Est-ce que c’est
délibéré de la part de certains milieux américains qui se débarrassent ainsi
d’un concurrent redoutable ou est-ce de l’aveuglement ? Je ne sais, ne sondant
pas les reins et les cœurs. Mais je m’aperçois que même le président Obama
commence à hésiter sur les choix qui ont été faits.
Les opérations menées
au Proche-Orient ont été désastreuses, en Irak, en Afghanistan, en Syrie.
L’intérêt supérieur d’Israël auquel les Etats-Unis sont très liés a
certainement joué un rôle important dans les décisions prises. Qu’Israël lutte
pour sa survie et sa puissance, c’est somme toute logique. Il a donc tout
intérêt à la division des pays arabes. Pour Tel-Aviv mieux vaut trois Irak
qu’un seul ! Ou trois Syrie qu’une seule ! Reste que le patouillage américain
dans cette région a été catastrophique.
L’instinct vital du
peuple français !
R. : Y a-t-il des
raisons d’espérer ?
J.M.L.P. Malgré la
modestie de ses moyens (il n’a même pas un journal, et il n’a ni radio ni
télévision), le Front national est arrivé en tête aux élections européennes et
départementales. Il est un courant qui remonte la pente. C’est la première fois
en géographie qu’on voit ça : une rivière qui remonte la pente !
Nous représentons une
force qui s’est constituée contre tout et contre tous au cours des années et
qui correspond à une traduction de l’instinct vital des Français. Les Français
qui ne veulent pas mourir se battent à nos côtés. La vie est un combat, à moins
d’accepter d’être un voyeur de l’histoire qui regarde passer les événements sur
des voies tracées par d’autres comme les vaches regardent passer les trains. Si
on a le sentiment de jouer sa vie, celle des siens, car chacun a des
responsabilités à l’égard de ceux qui l’entourent, ses enfants, ses camarades
de travail, ses voisins, ses concitoyens, alors on veut résister de toutes ses
forces à une entreprise de destruction, de désintégration qui vise sans le
savoir au néant. Car si on néantise l’ensemble des problèmes, il n’y a plus de
problèmes, il n’y a plus rien et Dieu même perd ses droits !
L’un des principaux
mérites du Front national, comme d’ailleurs de Rivarol, c’est d’avoir duré,
malgré les épreuves, les traversées du désert, l’adversité générale et de ne
pas avoir été emporté, comme tant d’autres, par la débâcle financière, la
lassitude, le découragement. Je crois beaucoup à cette devise des parachutistes
: « Être et durer. » Sans durée, il n’y a pas d’impact. Il faut du temps pour
se faire connaître, respecter et emporter l’adhésion du public.
Indulgence pour nos
camarades
R. : Plusieurs dizaines
de candidats du Front national ont été sanctionnés pour avoir tenu des propos
jugés politiquement incorrects par la direction du mouvement. N’est-on pas trop
sévère avec eux et ne donne-t-on pas le sentiment fâcheux de céder à la
pression médiatique, SOS-Racisme et l’UEJF ayant annoncé des dépôts de plainte
contre ces candidats frontistes ?
J.M.L.P. On conçoit
très bien que le FN soit contraint dans sa démarche générale de défendre son
image lorsqu’elle est quelque peu atteinte par les faiblesses ou les
imprudences de quelques-uns de ses adhérents ou de ses candidats. C’est la
supériorité de l’ordre public. Toutefois j’insiste beaucoup pour que cela soit
fait dans le strict respect de nos statuts, ce qui n’a pas toujours été le cas.
Lorsque quelqu’un contrevient
à une disposition générale de notre mouvement, il doit être suspendu et traduit
devant la commission des conflits qui va instruire son affaire, s’informer,
savoir de quoi il s’agit, donner la parole à la défense, instruire à charge et
à décharge et prendre une décision. Dans ce genre d’affaires la direction du
mouvement craint, à mon sens de manière excessive, la malveillance de nos
adversaires. Parce que je suis de ceux qui pensent que cette malveillance est
aussi un de nos éléments de force. Ceux qui détestent et méprisent les gens qui
nous attaquent les détestent et les méprisent d’autant plus qu’ils nous
attaquent injustement.
Les journalistes ont
essayé à plusieurs reprises de me « coincer » sur ces affaires ; beaucoup de
ces camarades ont certes été imprudents. Ils n’ont pas encore le sens de la
responsabilité du net, croient à tort que l’on peut dire ce que l’on veut sur
la Toile, que c’est un espace de liberté. On peut certes écrire ce que l’on
veut à ses risques et périls lorsque l’on n’a pas de responsabilités
politiques. Mais lorsque l’on est dans un mouvement, que l’on a l’honneur de
porter un drapeau électoral, on doit faire attention à ce que l’on dit, essayer
de ne pas nuire à la cause que l’on sert. Quelquefois les sanctions peuvent être
sévères mais elles doivent être en tout état de cause corrigées par la
sauvegarde de l’esprit de camaraderie. Par exemple je n’ai pas trouvé que
l’image de Madame Taubira et du singe était d’une grande finesse ni du meilleur
goût mais je n’ai pas retiré pour autant mon estime à Madame Leclère
scandaleusement condamnée à neuf mois de prison ferme. Quand Charlie-Hebdo
procède à des caricatures, là, cela ne choque personne, lorsque nous sommes
représentés sous des formes bestiales voire sous des formes d’étrons, tout cela
est jugé très drôle. En revanche, lorsque l’on fait le quart du centième de
cela, nous sommes cloués au pilori.
R. : Comprenez-vous que
l’on puisse être anti-démocrate ?
J.M.L.P. Je comprends
tout à fait qu’on mette en cause la démocratie, qu’on la combatte, ce n’est pas
le problème. Mais souvent ce que ne comprennent pas les antidémocrates et les
monarchistes, c’est que l’on est de fait dans un système démocratique avec des
règles qui s’appliquent. Nous nous battons sur un terrain donné, que nous ne
choisissons pas, c’est ainsi. Quand les marins combattent à terre, ils
deviennent des fusiliers marins et ce sont des soldats. Quand les soldats
embarquent sur un bateau, ils deviennent des fantassins de marine. C’est le
terrain qui définit la mission et le comportement. Si l’on ne comprend pas
cela, on ne comprend rien à la politique.
Peu importe que l’on
parle de nous en bien ou en mal. L’essentiel, c’est qu’on en parle ! Il faut
exister politiquement. Ceux qui ne se rendent pas compte de cela n’ont rien
compris. Auraient-ils les meilleures idées du monde, s’ils les partagent avec
leur cousine ou avec leur frère, cela fait trois voix. Dans un système
démocratique c’est inexistant.
Œuvrer à des Pâques
françaises !
R. : En conclusion que
voulez-vous dire aux lecteurs de Rivarol?
J.M.L.P. Le rôle du
Front national, c’est d’aller aux élections mais ce n’est pas nous qui
régentons la philosophie, l’histoire. Chacun doit sur son terrain se battre
avec un objectif qui est élémentaire : vivre, et si l’on est menacé, survivre.
Or nous sommes menacés. Et il n’y a rien de plus grave pour un organisme, un
homme, un Etat que d’être menacé sans s’en rendre compte.
Je m’honore d’avoir été
un sonneur d’alerte, d’avoir depuis des décennies procédé à une analyse de
l’évolution géopolitique de notre temps et d’avoir décrit les problèmes que
nous allions rencontrer. C’est si vrai que la première affiche du FN il y a 43
ans disait : « Avec nous, avant qu’il ne soit trop tard. » C’est donc que nous
avions déjà le sentiment de l’urgence des réformes à faire et des remèdes à
apporter à une décadence qui s’esquissait à la fin des Trente Glorieuses.
Décadence qui touchait au profond de la société française, à sa morale, à sa
psychologie, à sa conception du monde, déjà entraînée dans un torrent mondial,
ne s’étant pas physiquement relevée des deux conflits mondiaux, le premier où
elle avait perdu beaucoup de jeunes hommes, beaucoup de sang français et le
second qui avait été très ambigu, très complexe, très contradictoire, très
démoralisateur.
Je m’honore aussi
d’avoir rétabli l’honneur d’être de droite. Pendant un long moment les
gaullistes ne voulaient pas être de droite. Ils méprisaient le terme. L’un des
premiers livres du FN qui n’est pas assez connu et que je vais faire rééditer,
c’est Droite et démocratie économique. Un livre qui est l’exaltation de la
libre entreprise comme moyen économique et politique d’équilibre de la nation.
Nous revendiquions cette étiquette de droite qui ne nous était pas accordée.
Alors qu’il n’y avait pas de droite, nous étions déjà qualifiés d’extrême
droite. Or ce choix sémantique n’est pas innocent. Car extrême gauche, cela
donne gauchiste, mais extrême droite, cela ne donne pas droitiste mais
extrémiste de droite. C’est très subtil mais très vicieux en même temps. La
sémantique est aussi un terrain de bataille qu’il ne faut pas négliger.
Plus que jamais
aujourd’hui nous devons avoir conscience que se joue l’avenir de notre pays, de
notre peuple, de la vie individuelle de chacun d’entre nous et de nos
descendants. La France et même l’Europe ont-elles encore la capacité et la
volonté d’exister dans le monde alors qu’elles en ont tracé le cadre
civilisationnel depuis 2.000 ans ? Le torrent démographique mondial conjugué à
la volonté délibérée de nos élites de ne pas assurer la reproduction de nos
familles au nom d’un individualisme et d’un hédonisme qui seraient les
parangons de la vertu moderne vont-ils conduire au suicide de notre nation, de
notre continent, de notre civilisation ? Nous voulons croire que l’instinct de
vie sera plus fort que les forces mortifères. Sur le papier c’est un défi
certes aussi invraisemblable que celui de David contre Goliath. Et pourtant au
final c’est David qui a gagné. C’est là qu’il nous faut être habiles dans le
choix de l’arme et de son maniement.
Quand nous faisons la
comparaison des forces en présence et que nous constatons leur disproportion,
il y a de quoi être terrifié. Mais nous devons croire en notre capacité à
gagner et à survivre car dans la longue histoire de notre pays il y eut des moments
comparables à celui-ci, où il apparaissait qu’il n’y avait plus de chances pour
la France. Et grâce à l’action de la Providence et à celle d’une poignée
d’hommes résolus et courageux, la France est repartie.
En ces fêtes pascales
où la vie triomphe sur la mort, l’espérance sur le désespoir, nous devons plus
que jamais croire aux Pâques françaises tant il est vrai que c’est la nuit
qu’il est beau de croire en la lumière.
Propos recueillis
par Robert Spieler
et mis en forme par
Jérôme Bourbon
9/04/2015
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