Éditorial de lucienne magalie pons
Hier Jeudi 28 mai, le Premier ministre britannique David Cameron était à Paris dans le cadre du périple qu'il vient d'entreprendre en Europe pour visiter un à un les dirigeants de l'UE en vue notamment de préparer le Conseil Européen qui se tiendra à Bruxelles les 25 et 26 juin 2015.
A Paris hier au cours d'entretiens qu'il a eus avec le Président de la République François Hollande Le Premier Ministre Britannique David Cameron a exprimé le souhait que
l'Union européenne et ses membres soient "flexibles et imaginatifs".
Bien entendu cette déclaration vient étoffer le projet de référendum de son gouvernement sur la
sortie ou non de l'UE prévu outre-Manche, projet qui a été confirmé par la Reine d'Angleterre le Mercredi 26 mai 2015 dans le discours qu'elle a prononcé lors de la cérémonie d'ouverture de la nouvelle session du Parlement Britannique, devant les parlementaires et les membres du Gouvernement
Rappelons que Mercredi, Elisabeth II a confirmé la tenue d'un référendum au
Royaume-Uni en 2017 pour une éventuelle sortie du pays de l'Union
européenne.
Cette question est une des priorités de son mandat, d'abord parce
qu'il s'agit d'une grande promesse électorale, mais aussi parce qu'il
espère obtenir des réformes importantes et structurelles et des gages suffisants comme conditions de l'
éventuel maintien de son pays dans l'Europe, selon ce que décidera le
peuple britannique par référendum.
Il est bien évident que le Premier David Cameron se rendra compte au cours de son périple européen de la position de chacun des dirigeants européens sur cette question, mais que cela ne remettra pas en cause son projet de consulter les sujets de sa Majesté par voie de référendum.
François Hollande a
quant à lui expliqué que "l'intérêt de l'Europe et du Royaume-Uni est
d'être ensemble" tout en rappelant son "respect" pour ce que décidera le
"peuple" britannique.
Parenthèse :
Rappelons qu'à peine réélu dès le Vendredi 8 mai lendemain de la victoire du parti conservateur aux élections législatives, David Cameron affirmait : "Ma priorité est de réformer l'Union européenne pour
la rendre plus compétitive et répondre aux inquiétudes des Britanniques
quant à notre appartenance (à l'UE). Le statu quo n'est pas suffisant,
des changements peuvent être faits et bénéficier pas seulement à la
Grande Bretagne mais aussi au reste de l'Europe"
Ces déclarations avaient fortement inquiété le Président François Hollande qui se trouvait alors en voyage aux Antilles, à tel point que ce dernier en apprenant les résultats des élections
britanniques, s'était jeté sur son
téléphone à peine arrivé à l'aéroport à Grand Case à Saint-Martin (Antilles) , pour féliciter David Cameron et l'inviter à venir à Paris, mais surtout pour le
mettre en garde en lui rappelant " qu’il y a des règles en Europe et parmi ces
règles il y la concertation". "Je lui ai dit que je voulais
travailler avec lui notamment pour que nous puissions regarder la place du
Royaume-Uni dans l'Union européenne", avait expliqué alors François Hollande disant notamment "Le fait qu'il ait une majorité permettra justement
d'avoir une stabilité car ce qu'on pouvait craindre c'était une instabilité qui
aurait rendu difficiles les choix pour les britanniques" .......
"Ils n'ont pas dit qu'ils voulaient partir de l'UE", "Cameron a dit qu'il voulait discuter,
donc discutons", avait-t-il conclu.
C’était tout de même très prématuré pour un Président
français de vouloir se placer pour ainsi dire en tête de file de l'Europe en quelque sorte pour engager des discussions en premier, avant les autres dirigeants européens , comme si David Cameron lui était assujetti en Europe , il est vrai que dans la République Française actuelle il à des prétentions constantes à se prendre pour le phare de l'Europe, et à piétiner parfois les règles du protocole qui préside à l'établissement de relation entre les différents pays, ce qui n'est pas le cas en Angleterre où le protocole est l'une des priorités dont l'observance très stricte s'impose dans le déroulement des procédures politiques internes et externes , alors bien même que parfois il peut s'assouplir dans d'autres circonstances au profit d'un certain respect révérenciel.
(fin de la parenthèse )
___________________________/
Pour reprendre le fil de la visite du Premier Ministres David Cameron à Paris , nous vous proposons ci-dessous
1/ d'abord quelques photos d'ambiance,
2/ ensuite la vidéo de la déclaration conjointe de ces deux dirigeants,
3/ et enfin tout en bas le texte de cette déclaration :
1/ les photos :
oo
2/ la déclaration conjointe
Le président de la République, François Hollande, s'est entretenu avec
M. David Cameron, Premier ministre du Royaume-Uni. Il a notamment
déclaré que "la France souhaite que la Grande-Bretagne reste dans
l'Union européenne".
3/ Texte de la Déclaration Conjointe
" Elysée – Jeudi 28 mai 2015
LE PRESIDENT : J’ai été très heureux d’accueillir David
CAMERON. C’était son premier déplacement dans un grand pays européen
après son élection, sa réélection. Je l’ai félicité pour le succès qu’il
a remporté et qui lui permet de disposer d’une majorité large et stable
pour les cinq ans qui viennent. Nous allons donc travailler ensemble,
comme nous avons d’ailleurs travaillé ensemble depuis, en ce qui me
concerne, trois ans.
Nous avons des relations entre la France et le Royaume-Uni intenses
et confiantes. Intenses parce que sur le plan économique, nous avons
beaucoup d’échanges. Intenses parce que de nombreux Anglais vivent en
France et de nombreux Français vivent au Royaume-Uni. Intenses aussi
parce que nous avons, sur des sujets particulièrement cruciaux, je pense
notamment à la défense, des intérêts communs et une coopération
particulièrement avancée, y compris dans le domaine du nucléaire
militaire.
Nous avons des relations confiantes aussi parce que nous sommes deux
grands pays qui avons des responsabilités à l’échelle du monde. D’abord,
parce que nous sommes membres permanents du Conseil de sécurité, la
France et la Grande-Bretagne. Aussi parce que nous avons, compte tenu de
notre histoire, mais compte tenu aussi de notre vision du monde, la
volonté de venir en soutien à des pays qui nous en font la demande ou
qui attendent beaucoup de notre propre intervention, en Afrique et nous
le voyons aussi au Moyen-Orient.
Nous avons également la même volonté de lutter contre le terrorisme
et je remercie encore David CAMERON, car il fut l’un des premiers à
m’appeler après les attentats de Paris et à venir défiler avec nous le
11 janvier. Nous avons d’ailleurs une coopération en matière de
renseignement qui est particulièrement claire et fondée sur la
confiance.
Nous avons aussi une position commune sur la préparation de la
Conférence sur le climat. David CAMERON et son gouvernement ont été
parmi les premiers à nous soutenir dans la préparation de ce grand
rendez-vous et à faire en sorte que nous puissions adopter d’ores et
déjà des positions qui, à travers nos contributions respectives, à
travers nos annonces de financement, nous permettent de préparer le
mieux possible ce rendez-vous.
Il y aura d’ailleurs des réunions importantes, le G7 très bientôt,
l’Assemblée générale des Nations Unies, mais également des réunions
régionales et aussi une réunion du Commonwealth qui pourra favoriser le
rapprochement, la convergence et, à Paris, l’accord général sur le
climat.
Nous avons, dans l’échange qui a été le nôtre, ce soir, évoqué la
place de la Grande-Bretagne dans l’Union européenne. La France souhaite
que la Grande-Bretagne reste dans l’Union européenne. Il y aura un
référendum, il a été annoncé. Ce sera au peuple britannique de choisir,
souverainement, ce qu’il veut pour son avenir.
Nous, nous pensons que c’est l’intérêt de l’Europe et c’est l’intérêt
du Royaume-Uni d’être ensemble. Mais il y a toujours le respect du
peuple.
David CAMERON présentera ses propositions, nous les discuterons et
nous verrons comment nous pouvons avancer pour que le peuple britannique
puisse être consulté sur une base qui lui permette de faire le choix
qui lui correspondra le mieux. Là-dessus, il y aura, pendant les
prochaines semaines, les prochains mois, des discussions qui
intéresseront la Commission européenne et le Conseil européen. Nous
avons commencé à en parler ce soir.
Je remercie David CAMERON d’avoir bien voulu nous en donner
aujourd’hui une certaine information, même s’il donnera ses propositions
le moment venu."
" David CAMERON, Premier ministre Grande-Bretagne : Merci
beaucoup, François. Merci de ton accueil à Paris. Je suis très heureux
d’y être de retour. La France est le premier pays dans lequel je me suis
rendu lorsque je suis devenu Premier ministre, il y a cinq ans. Je suis
très heureux d’y revenir, très peu de temps après avoir remporté cette
victoire électorale.
La France est un partenaire clé auquel nous tenons beaucoup. Nos
économies sont vraiment très liées. Nous sommes deux puissances
militaires. Nous partageons des valeurs. L’une de mes premières
initiatives en tant que Premier ministre a consisté à rédiger le Traité
de Lancaster House pour améliorer encore notre coopération en matière de
défense. Je suis toujours extrêmement engagé dans ce domaine et
j’aimerais que notre défense, notre coopération dans la défense aille
encore plus loin.
Nous partageons des intérêts dans le monde entier, il s’agit de
protéger nos pays et nos peuples. Nous sommes décidés, l’un et l’autre, à
lutter contre le terrorisme et à remporter la victoire. C’est quelque
chose de cher à nos deux pays.
Ce soir, j’aimerais évoquer brièvement trois questions sur lesquelles
la France et le Royaume-Uni doivent travailler ensemble dans leur
intérêt.
Tout d’abord, l’Union européenne. Ma priorité est de réformer l’Union
européenne pour la rendre plus compétitive et pour répondre également
aux préoccupations du peuple britannique sur notre participation à
l’Europe. Le statu quo n’est pas suffisant, je pense qu’il y a des
changements que nous pouvons faire qui bénéficieront non seulement au
Royaume-Uni, mais à toute l’Europe. Bien sûr, la priorité pour François
est de renforcer la zone Euro, afin de garantir le succès de la monnaie
unique. Le Royaume-Uni soutient cette approche. Nous voulons que la zone
Euro fonctionne mieux encore et nous ne voulons pas faire obstacle à
une intégration plus grande.
Mais si nous avons des priorités différentes, nous avons un objectif
commun de trouver des solutions à ces problèmes. Ce qui compte, c’est
que l’Union européenne et ses vingt-huit membres soient suffisamment
flexibles et fassent suffisamment preuve d’imagination pour répondre à
ces questions. Nous travaillerons ensemble pour trouver les réponses qui
feront de l’Union européenne une organisation qui remportera un plus
grand succès encore. C’est le défi d’aujourd’hui.
Ensuite vient un autre grand défi, le changement climatique et je
partage tout à fait l’ambition du Président HOLLANDE de parvenir à un
accord mondial en France en décembre. L’objectif est de réduire de deux
degrés maximum d’ici à 2050.
Le Royaume-Uni jouera son rôle, nous avons à impliquer le secteur
privé à stimuler la recherche, l’innovation, les technologies pour une
énergie propre, en soutenant l’emploi et la croissance. Nous
contribuerons à hauteur de 50 millions de livres et prendront de
nombreuses initiatives sur les nouvelles technologies.
Ensuite, je veux évoquer les menaces pour notre sécurité nationale.
Lorsque j’étais à Paris, j’ai été très ému de participer à la marche qui
s’est tenue après l’attaque contre Charlie Hebdo, qui a choqué le monde
entier. Le monde était aux côtés de la France ce dimanche-là et nous
restons aux côtés de la France aujourd’hui.
Nous allons ensemble lutter contre l’extrémisme islamiste qui
perdure. Nous allons aider nos jeunes à s’éloigner de cette idéologie.
Nous soutiendrons à cette fin les forces de sécurité en Irak,
l’opposition syrienne modérée. Sur le processus politique en Libye, la
France et le Royaume-Uni seront des partenaires dans ce domaine, que ce
soit en Méditerranée ou en Afrique. Le Président HOLLANDE et moi avons
besoin d’une approche globale. Il faut également travailler sur les
causes, ce qui mène les gens à quitter leur pays, leur maison, à
traverser la Méditerranée. Il ne faut pas se concentrer uniquement sur
la gestion de ceux qui arrivent.
Je vous remercie et je suis très heureux de poursuivre cette discussion avec le Président HOLLANDE lors du dîner."
( fin de la "déclaration conjointe )
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Suite de notre Editorial :
En écoutant et lisant les déclarations de François Hollande et de David Cameron, nous avons le sentiment qu'au delà des protestations d'amitié et de confiance, et des compliments qui embellissent les interventions, et qui ne manquent pas de part et d'autre, chacun de ces dirigeants en ce qui concerne la question européenne reste sur ses positions avec cependant le souci de se concerter, nous notons aussi que ces deux pays ont des intérêts commun à poursuivre ou développer en matière de coopération et de défense y compris sur le nucléaire militaire , mais qu'ils se rapprochent sur d'autres questions prioritaires qui intéressent l'Europe et le Monde..
Nous avons noté que le Premier Ministre David Cameron a été plus précis et plus large que le Président Hollande notamment sur la recherche de solutions économiques en citant la recherche , l’innovation, les technologies pour une
énergie propre, en soutenant l’emploi et la croissance.
Enfin sur les questions de sécurité les deux pays par la voix de leurs dirigeants ont exprimé leur volonté de lutter contre l’extrémisme islamiste qui
perdure et aider les jeunes à s’éloigner de cette idéologie, de soutenir cette fin les forces de sécurité en Irak,et
l’opposition syrienne modérée.
Quant au processus politique de la Libye David Cameron a indiqué : " , la
France et le Royaume-Uni seront des partenaires dans ce domaine, que ce
soit en Méditerranée ou en Afrique. Le Président HOLLANDE et moi avons
besoin d’une approche globale."
Enfin nous notons aussi que chacun d'entre eux a l'intention de poursuivre les discussions sur toutes les questions qu'ils ont abordées dans leur déclaration conjointe.
Aujourd'hui Vendredi, David Cameron est à Berlin pour rencontrer la Chancelière Angela Merkel.