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"Guerre en Ukraine : l’échange surréaliste entre Poutine et Macron
Jeudi, France 2
diffuse un documentaire comportant 9 minutes de conversation
téléphonique entre les deux présidents, avant le début de l’invasion
russe.

Source AFP
Publié le 26/06/2022 à 14h21 -
Modifié le 27/06/2022 à 08h04
« Pour ne rien te cacher, je voulais aller jouer au
hockey-sur-glace. Là, je te parle depuis la salle de sport »,
réplique Vladimir Poutine à Emmanuel
Macron qui vient de lui proposer une réunion au sommet
avec Joe Biden. Cette fin d'échange téléphonique
surréaliste a lieu quatre jours avant le début de l'offensive russe en Ukraine. Les neuf minutes
de conversation, aussi inédites que fascinantes, sont au cœur du documentaire Un
président, l'Europe et la guerre, signé Guy Lagache,
qui raconte les coulisses diplomatiques des six derniers mois à l'Élysée et
sera diffusé sur France 2 jeudi 30 juin.
Dimanche matin 20 février, la caméra
s'arrête sur le conseiller diplomatique du président, Emmanuel Bonne, entouré
de trois collaboratrices, dans son bureau du 2, rue de l'Élysée. Le président
français, qui s'est rendu quelques jours plus tôt à Moscou et à Kiev, a entamé
une médiation de la dernière chance pour tenter d'empêcher la guerre. Les
quatre membres de la cellule diplomatique de l'Élysée suivent
à distance l'échange téléphonique de leur « patron » avec le maître
du Kremlin.
« Je ne sais pas où ton juriste a appris le
droit »
Emmanuel Macron apparaît ferme, offensif,
un brin péremptoire, voire cassant. Vladimir Poutine ne lâche rien, s'agace.
« Écoute-moi bien », lui lance-t-il. Derrière quelques formules de
politesse russes, l'ironie, voire le cynisme n'est jamais loin. Le président
français amorce la conversation, sans détour. « Je voudrais que tu me
donnes d'abord ta lecture de la situation et peut-être de manière assez
directe, comme on le fait tous les deux, me dire quelles sont tes intentions. »
« Que pourrais-je dire ? Tu vois toi-même ce qu'il se passe »,
rétorque Vladimir Poutine, en référence aux accords de Minsk censés ramener la
paix dans l'est de l'Ukraine, où des séparatistes prorusses sont à la
manœuvre depuis l'annexion de la Crimée par la Russie en
2014. Il accuse Volodymyr Zelensky d'avoir dit vouloir acquérir l'arme
nucléaire. « Non, n'importe quoi », commente Emmanuel Bonne.
« En fait notre cher collègue, M. Zelensky, ne fait rien [pour les
appliquer]. Il vous ment », attaque Poutine, selon la traduction du
documentaire, en parlant du président ukrainien.
Le maître du Kremlin accuse au passage son
homologue français de vouloir « réviser les accords » et demande que
les propositions de paix des séparatistes soient prises en compte.
Emmanuel Macron s'insurge contre la démonstration de son interlocuteur.
« Je ne sais pas où ton juriste a appris le droit. Moi, je regarde juste
les textes et j'essaie de les appliquer ! » Vladimir Poutine revient
à la charge, déplore que les séparatistes ne soient pas entendus. « On
s'en fout des propositions des séparatistes ! » tranche le président
français, ajoutant qu'elles ne sont pas prévues dans l'accord.
Mais le locataire de l'Élysée se pose aussi en
médiateur. Il propose une réunion de toutes les parties. « Je vais dans la
foulée exiger cela de Zelensky. » « La situation sur la ligne de
contact est très tendue. J'ai vraiment appelé hier Zelensky au calme. Je vais
lui redire, calmer tout le monde, calmer dans les réseaux sociaux, calmer les
forces armées ukrainiennes », promet-il. Emmanuel Macron invite son
homologue à faire de même avec les forces russes prépositionnées à la frontière avec l'Ukraine. « Ne cède pas
aux provocations quelles qu'elles soient dans les heures et les jours qui
viennent », le met-il aussi en garde.
« On ne l'a pas convaincu, il a envahi
l'Ukraine »
Emmanuel Macron en arrive finalement au
but de son appel, convaincre Vladimir Poutine d'accepter une rencontre avec
l'Américain Joe Biden à Genève pour tenter une désescalade au sommet. Vladimir
Poutine se montre peu emballé, encore moins à l'idée de fixer une date.
« Avant toute chose, il faut préparer cette réunion en amont »,
insiste-t-il. Emmanuel Macron finit par lui arracher un « accord de
principe ». Dans la foulée, l'Élysée annoncera un prochain sommet
Biden-Poutine, qui n'aura pas lieu. « On reste en contact en temps réel.
Dès qu'il y a quelque chose, tu m'appelles », lui glisse au final Emmanuel
Macron. « Je vous remercie, monsieur le président », conclut Poutine
en français.
Quatre jours plus tard, le constat sera
amer. « On ne l'a pas convaincu, il a envahi l'Ukraine », lâche
Emmanuel Macron, sans fard, devant la caméra de Guy Lagache. « Je pensais
qu'on pouvait trouver par la confiance, la discussion intellectuelle, un chemin
avec Poutine », raconte-t-il, le 16 juin, dans le train qui le
ramène d'une visite à Volodymyr Zelensky. Avec les
exactions commises par l'armée russe, notamment à Boutcha, une étape
« irréversible » a été franchie sur le plan moral, dit-il. « Je
lui ai ensuite reparlé beaucoup moins… »
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