Relais d'information politique
Ci-dessous en provenance du Blog de Nicolas Dupont-Aignan une "Lettre aux petits marquis qui nous gouvernent" par Dominique Jamet
Vendredi 24 Juin 2016
Dominique Jamet -
Lettre aux petits marquis qui
nous gouvernent
Personne
ne pourra dire qu’ils n’avaient pas été mis en garde. Depuis
des jours et des semaines, conseils, avertissements, menaces,
anathèmes et malédictions pleuvaient comme des hallebardes sur les
électeurs britanniques. Plus ou moins discrètement, plus ou moins
grossièrement, plus ou moins finement, il n’était grand de ce
monde, je veux dire du monde occidental, du monde mondialisé, du
monde économiquement orthodoxe et politiquement correct, qui ne se
crût permis de s’inviter dans chaque foyer d’outre-Manche et de
s’ingérer dans les affaires intérieures du Royaume-Uni. Obama,
Merkel, Hollande, Renzi, Tusk, Christine Lagarde, Schaüble, le FMI,
la Banque centrale et bien entendu Juncker, tous jouaient la même
partition, tous chantaient sur le même ton, tous sont intervenus
dans le même sens et le même registre. Bien entendu, Eton, Oxford,
Cambridge, la Bourse, la Banque, les multinationales, la City,
l’Establishment faisaient chorus. De ce côté du Channel, les gens
qui ont le droit à la parole, les gens qui savent, les princes
autoproclamés et les petits marquis qui nous gouvernent, tous ceux
qui se sont tant trompés et nous ont tant trompés, les grands
partis, les grands journaux, les grands médias, l’ENA, le Siècle
et Alain Minc n’étaient pas en reste pour agiter tous les vieux
épouvantails, pour évoquer les spectres de la peur, et semer la
panique dans l’espoir de récolter le « oui » tant attendu par
David Cameron, apprenti-sorcier dépassé par sa propre manœuvre.
Le Brexit, ce n’était
rien de moins que la fin de la Grande-Bretagne et la fin de l’Europe,
puisque c’est le nom mensonger dont vous persistez à affubler
l’Union européenne, cette étrange construction à laquelle vous
prétendez donner un toit quand ses fondations menacent déjà ruine.
Le peuple britannique s’est
prononcé, massivement, clairement, librement. Jaloux de son
indépendance, légitimement fier de son passé, attaché à sa
souveraineté, il avait déjà réussi, seul dans l’Union
européenne, et à contre-courant de l’idéologie dominante, à
conserver sa propre monnaie, la maîtrise de son budget, le contrôle
de ses frontières. Depuis quelque temps, il s’inquiétait pourtant
des conséquences sur son niveau de vie, de protection sociale et de
salaire mais davantage encore sur son équilibre, sur son
homogénéité, sur son identité, des évolutions en cours. Il
craignait d’être contaminé par cette redoutable maladie de
langueur et de renoncement qu’est la bruxellose. Il ne voyait pas
en vertu de quelle légitimité 32.000 fonctionnaires surpayés et
autant de lobbyistes, sept cent cinquante députés élus sur une
base nationale pour constituer de bric et de broc un simili-Parlement
international, vingt-huit commissaires non élus et le président
d’une Commission au fonctionnement opaque décideraient de son mode
de vie, de son alimentation, de ses coutumes, de ses droits et
substitueraient progressivement leur autorité à celle de son
Parlement et de sa justice. Consulté sur ce qu’il entendait faire
de son avenir, il a voté, et il a voté contre vous.
Oui,
contre vous, contre vos ancêtres, contre vos pareils, contre tous
les installés, contre tous les doctrinaires, contre tous les
libéraux qui n’ont donné, qui n’ont accordé, qui n’ont
concédé leur droit de vote ou pour mieux dire qui ne s’en sont
laissés arracher l’exclusivité que sous la pression de
l’histoire. C’était, disaient-ils, une grave imprudence et une
erreur qui se paierait cher que d’étendre au peuple tout entier,
ignorant, impulsif et crédule, un privilège qu’il était si sage,
si judicieux et surtout si commode de réserver à l’élite. Oui, à
cette élite qui, par force, a dû s’accommoder de la démocratie
et du suffrage universel mais qui dans le fond de son cœur
n’a pas cessé
de lui préférer l’entre-soi comme elle préfère les arrangements
de sa petite cuisine au souffle des vents du grand large.
En refusant de s’engager plus
avant sur le chemin d’une union plus étroite avec la technocratie
européenne, le peuple anglais a choisi la liberté. En refusant de
se laisser ficeler par les réglements obscurs et obliques des
Lilliputiens du Berlaymont, le Gulliver britannique a sauvegardé son
ouverture sur le monde. Les accords commerciaux qu’il passera tôt
ou tard avec la Chine, l’Inde, l’Amérique latine, l’Afrique et
naturellement avec la Russie puis les Etats-Unis l’affranchiront de
la tutelle des gnomes de Francfort ou de Bruxelles. Une fois encore,
la mère des démocraties montre la voie et donne l’exemple. Elle
ne se laissera pas confisquer sa victoire comme d’habiles et
cyniques manipulateurs ont escamoté le résultat du referendum
français de 2005.
Il y a quelques jours en Italie,
hier en Grande-Bretagne, l’heure est venue du réveil des peuples.
Dimanche prochain en Espagne devrait sonner le glas des vieux partis
qui ont failli. Bientôt ce sera au tour de la France de voter, et de
mal voter, mais cette fois vous ne parviendrez pas comme dans un
passé récent à ignorer et vous n’oserez pas dissoudre le peuple.