Chers lectrices et lecteurs,
J'ai pour projet de relire plusieurs fois cette quatrième lettre ouverte à Monsieur Vladimir Poutine écrite par Manuel de Diéguez , elle recèle en effet plusieurs sources de réflexions et je ne saurais pour le moment n'en tirer que des inspirations réduites à la limite d'une lecture superficielle, alors que les enseignements contenus dans cette lettre, demande d'y revenir plusieurs fois pour s'imprégner de leur dimension philosophique et spirituelle et de les laisser ensuite maturer dans notre esprit avant de pouvoir en retenir toute la richesse et les valeurs essentielles d'enseignement qu'elles contiennent, et quand je parle de richesse et de valeurs essentielles, il ne s'agit bien entendu pas de richesse ou de valeur matérielles, mais de celles qui s'adresse à la raison et à l'intelligence pour aider l'humanité à évoluer dans un esprit de paix en abandonnant la peau de la bête tissée de superstitions à paillettes factices, pour revêtir son habit de lumière.
A lire et à relire :
de Source :
1 - La Russie, la raison et le Vatican
1 - La Russie, la raison et le Vatican
2 - L'expédition des Argonautes de la raison
3 - Rome et le narcissisme inversé de la théologie
4 - Les nations dans leur miroir
5 - Le narcissisme atomique
6 - Israël et le chantage atomique inverse
7 - Les barbares de la Liberté et la théologie de François
8 - Les barbares de la démocratie
9 - Le génie politique de la Russie de demain et le Quai d'Orsay
10 - Les négociations de Genève du 13 septembre
11 - La spéléologie du genre humain
- M. Président ,Sans doute vous étonnez-vous de ce qu'un philosophe français - et souvent tenu, de surcroît, pour incroyant - vous entretienne non seulement d'une science un peu nouvelle, la théopolitique, mais d'une ascension spirituelle de la politique internationale, donc d'un autre battement du cœur vivant qu'il est convenu d'appeler la "raison occidentale"; et sans doute vous étonnez-vous encore davantage de ce que je ne m'adresse à vous et au Vatican qu'indirectement, parce que le véritable destinataire de mes lettres imaginaires n'est autre que le public de votre postérité politique, qui se demandera dans quelle mesure vous vous serez montré un civilisateur de la démocratie mondiale de votre temps. Vous êtes responsable de votre vocation et de votre apostolat. C'est à ces deux acteurs cérébraux de la planète de demain que je m'adresse à travers votre effigie de passage sur la terre.Vous savez que le rationalisme français du XVIIIe siècle a échoué dans ses tentatives de mettre la logique d'Aristote à l'écoute des secrets psychiques des religions et de confier les clés du sacré à la trousse des syllogismes. Du coup la civilisation mondiale ne saurait progresser sur le chemin de la connaissance de l'homme et de ses croyances si elle renonçait à changer de boîte à outils et de décrypter des mythes cosmologiques tour à tour iréniques et sanglants. Au contraire, le règne de plus en plus exclusif des idéalités mythiques dont la démocratie pseudo séraphique a fait ses hosties et la dégradation accélérée du pain bénit de la politique de la Liberté contraignent les philosophes et les anthropologues du XXIe siècle à dépasser le rationalisme superficiel de Voltaire et à marcher vers une compréhension réellement scientifique de l'animal angélisé. Car toute l'histoire de cette bête l'a domiciliée à mi-chemin du réel et des mondes fantastiques qui la grisent. Qu'est-ce que le rêve démocratique et en quoi ce séraphisme politique est-il parallèle à celui de la religion chrétienne à Moscou et à Rome?Je suis, hélas, demeuré le seul intellectuel français qui ait passé une trentaine d'années à tenter de peser en philosophe, donc en anthropologue l'histoire cérébrale des théologies et d'interpréter l'évolution de leur contenu doctrinal, parce que la démocratie planétaire se trouve désormais menacée, me semble-t-il de se rendre plus inapte encore que les théologies à dégripper le "Connais-toi". C'est dans cet esprit que je tente de décoder la signification géopolitique et psychobiologique de la dernière audace théologique du pape François, qui entend, dit-il, lutter sur deux fronts, celui de l'esprit de cour dont se nourrit la courtisanerie vaticane et celui du narcissisme - aussi masqué par l'angélisme que retors - dont témoigne le haut clergé romain.Par bonheur, la réforme de l'Eglise que François a entreprise se caractérise par une maîtrise des symboles et des signes à laquelle le génie prophétique de la Russie ne saurait demeurer indifférent. Refuser d'occuper les somptueux appartements pontificaux, tourner le dos aux dignitaires chamarrés de la Curie, choisir dans le monde huit cardinaux de type apostolique et luthérien, diriger l'Eglise avec ce conseil restreint d'évangélisateurs de la politique du monde, se transporter avec ces guides à Assise afin de signifier au monde entier que le cœur messianique de l'Eglise et le cœur du Christ des pauvres ne font qu'un, nettoyer les écuries d'Augias des finances pontificales, accorder une interview à un athée de gauche, l'ex- directeur de La Reppublica, ce sont des signaux qui tracent les contours d'une foi et d'une intelligence nouvelles de la géopolitique du XXIe siècle. Mais, dans le même temps, quel aigle à deux têtes qu'une Russie qui prendrait le commandement de l'expédition des Argonautes de la raison de demain, tandis que Rome piloterait la résurrection des âmes mises à l'écoute de votre école d'Antioche plutôt que du Concile de Trente!M. le Président , ce pape vous tend le sceptre du monde de demain. Paris, Berlin, Londres, Madrid, Washington sont devenus des nains cérébraux. A vous de tracer le sillage des alliances nouvelles entre les espérances de l'âme et celles de la pensée.Pouvons-nous tenter de préciser les clauses du pacte que la Russie pensante signera avec une Eglise en devenir ? Celle-ci est à la recherche de son alliance d'autrefois avec l'élan intellectuel et spirituel des premiers siècles. Puisqu'il n'est pas de semaine où la Curie ne pose un jalon sur la route de ses retrouvailles avec les origines de la religion de la croix et puisque la théologie orthodoxe de la Russie se réclame précisément de la primauté du Saint Esprit sur le Père et le Fils au sein du Dieu trinitaire, demandons-nous quelle flammèche de la connaissance de l'humanité François a rallumée quand il a introduit les termes de courtisanerie et de narcissisme dans le débat sur la vaticano-centrisme et mesurons, à la lumière de ces deux vocables inusités dans tous les catéchismes, les conséquences qui découleraient de l'échec philosophique de la Russie si, à Dieu ne plaise, elle échouait à redonner son sens cérébral à la vocation de "l'animal rationale"; car cette bête mystérieuse voudrait escalader le Mont Carmel d'une raison plus éclairante et plus inspirée que celle du XVIIIe siècle.Vous remarquerez que le terme de narcissisme est un concept dont use la psychanalyse freudienne et qu'on n'avait jamais entendu, comme il est dit plus haut, ni le Vatican, ni aucune obédience de quelque religion que ce fût reprendre à son compte et tenter de féconder le vocabulaire du grand incroyant Viennois. Quel est le levain psychogénétique de la foi? Si l'on interprète les propos inhabituels du pape François dans un sens philosophique, donc anthropologique, on découvrira que la courtisanerie et le narcissisme sont ancrés dans la conscience spéculaire de tous les christianismes officiels - du reste, cet adjectif renvoie à speculum, miroir. Il s'agit donc de placer le narcissisme dont souffre non seulement l'Eglise romaine, mais "Dieu" lui-même sous la lentille d'une anthropologie prospective, afin d'ouvrir les yeux sur l'évidence que le Créateur se contemple dans la créature qu'il a façonnée à son "image et ressemblance".C'est pourquoi toute l'humanité s'attache avec un zèle inégal, mais sous une impulsion viscérale, à rendre la pareille à son démiurge imaginaire, tellement elle tente de se regarder avec fierté, complaisance ou humilité dans le personnage universel qu'elle a chargé de lui renvoyer sa propre image, mais dûment gigantifiée, béatifiée ou sanctifiée. Or, l'auto-idéalisation vaniteuse du croyant dans le miroir de son Narcisse céleste se place tout autant au fondement des démocraties messianisées qu'hier au fondement du spéculaire religieux; et si vous apprenez à regarder le simianthrope tantôt tel qu'il se réfléchit dans le miroir de sa raison idéalisée, tantôt dans celui de sa foi mimétique , vous disposerez d'un premier télescope de nature à armer le regard dédoublé de Rome et de Moscou sur le monde , donc de poser le premier fondement d'un humanisme mondial qui aurait appris à peser l'encéphale en devenir de l'humanité.Car l'étude du narcissisme ecclésial est né en France en 1830 avec les quarante pages extraordinaires que Stendhal a consacrées au passage de Julien Sorel par le séminaire de Dijon. Mais le génial auteur de Le Rouge et le Noir ne voit encore ni l'esprit de cour que manifeste le clergé à l'égard de la divinité en personne ni le narcissisme politique du créateur en tant que tel. François, lui, feint de démontrer seulement le narcissisme de la Curie, mais il se rit des cierges et des chapelets et son regard se porte déjà sur le narcissisme d'envergure cosmologique que nourrit le monothéisme.L'auto consolidation constante de ces deux spécularités mentales - la rationnelle et la religieuse - se stratifient et se fossilisent réciproquement à force d'échanger des clins d'œil complices; et ce double enfermement dans un seul et même miroir de la condition simiohumaine se présente comme une clé universelle celle d'une intelligence jumelée du sacré dont l'anthropologie critique entend s'éclairer. A ce titre, la connaissance anthropologique du narcissisme ecclésial et du narcissisme cosmologique s'inscrit dans la fécondité de l'avortement du siècle des Lumières que j'évoquais plus haut. Le pape François se serait-il initié à une intelligence méta-théologique de la théologie schizoïde, donc à une compréhension du redoublement du narcissisme vaticanesque par les soins du mythe dichotomique lui-même? Il n'en est évidemment rien: mais si Moscou devenait la tête pensante de l'aigle à deux têtes qu'on appelle la civilisation mondiale, vous observeriez de haut et de loin l'enclume de la raison narcissique unifiée sur laquelle la raison courtisane s'est donné son assise dans le cosmos.Comment l'homme d'Etat moderne demeurerait-il à la traîne d'une pesée tout ensemble iconoclaste et ascensionnelle du cerveau simiohumain, comment ignorerait-il les rouages et les ressorts de cette balance de la politique et de l'histoire, alors que, non content de détourner l'Eglise romaine des babioles et des colifichets dont se nourrissent les confessionnaux, ce pape manifeste si clairement et si fermement son intention de s'entretenir avec vous des questions qui se posent de manière suraiguë à la géopolitique de notre temps?Il est donc décisif que vous receviez le message caché - non seulement intellectuel, mais spirituel - que le monothéisme transcosmologique de François adresse en secret à la Russie de demain. Car, sans une spectrographie du narcissisme originel dont souffre une espèce née schizoïde, comment comprendrions-nous qu'Adam le bipolaire se regarde maintenant dans un second miroir à deux faces - et non moins magiquement dédoublé que le précédent - celui de la démocratie bifide d'une Amérique hégémonique? Faute d'un regard méta-cosmologique sur l'inconscient spéculaire de la théologie, donc sur le narcissisme qui sous-tend la notion même de raison depuis les Grecs, vous ne percerez pas les secrets de la surréalité "en miroir" dont Israël le conquérant impose l'image messianisée à tout le globe terrestre.Je m'explique: vous savez que, depuis le lancement d'une bombe atomique sur Hiroshima il y a soixante huit ans, aucun Etat armé de la foudre de sa démence ne s'est attaqué à un Etat privé de l'arme du fantastique mécanisé, parce que la réprobation politique de la planète tout entière face à une pulvérisation barbare de cet acabit serait tellement mortifère pour l'agresseur qu'elle équivaudrait à son suicide moral sur la scène internationale. Mais Israël sait fort bien que deux Etats atteints de cette folie neutralisent nécessairement leur sauvagerie native, tout simplement parce que la guerre ne saurait caricaturer son propre théâtre au point de se réduire à l'exploit ridicule de deux matamores de leur propre dérangement cérébral et qui se brûleraient la cervelle de conserve pour le seul ébahissement de la galerie.Mais pourquoi voit-on soudainement, et sur les cinq continents, la quasi unanimité des Juifs sionistes se mobiliser avec un si bel ensemble contre l'Iran, sinon afin de conjurer, dans un affolement évidemment simulé, le péril imminent que représenterait une bombe nucléaire dont tout le monde sait, depuis plus d'un demi siècle, qu'elle est inutilisable par nature et par définition entre deux cyclopes aussi monoculaires l'un que l'autre - puisque tel est précisément le sens stratégique du terme de dissuasion? Pourquoi M. Netanyahou s'est-il néanmoins précipité une fois de plus et dans la plus grande hâte à la Maison Blanche? Pourquoi a-t-il pointé devant les caméras du monde entier un index plus accusateur que jamais sur M. Barak Obama à la suite du coup de téléphone sacrilège de son interlocuteur à M. Rohani?Vous connaissez mieux que personne, M. le Président, des évidences que nul n'ignore au sommet de tous les Etats du monde, à savoir que ce n'est en rien sur le pré carré de la science de la guerre qu'Israël feint de s'épouvanter de la fausse menace que représenterait une bombe atomique iranienne, puisque, de son côté Israël dispose non seulement de cent quatre vingt cinq foudres de l'apocalypse, mais d'armes chimiques plus massives que celles de la Syrie. Cette terreur jouée se ramène seulement à l'inconfort politique de voir surgir à ses côtés un Etat de soixante quinze millions d'habitants dont le prestige sur la scène internationale serait nécessairement proportionnelle à la gloire, certes illusoire, mais "théologiquement" efficace, qu'exerce encore sur l'encéphale embrumé et confus du simianthrope le brandissement du mythe de l'excommunication majeure dont disposaient les prédécesseurs de François - le type de dissuasion auquel recourait le Créateur du monde avait conduit Henry IV d'Allemagne à Canossa, parce que son armée avait été précipitée dans les marmites infernales d'un claquement de doigts du saint Père. La bombe atomique de l'époque - celle du pape Grégoire VII - répondait à un modèle de vicariat de l'absolu aussi irréel et néanmoins aussi redoutable que celle d'aujourd'hui. Vous savez, M. le Président, que la bête semi cérébralisée ne saute pas dans le néant de sa propre initiative mais seulement pour s'y trouver précipitée par un ogre du cosmos dont la foudre atomique a définitivement relégué les méthodes de chantage et d'intimidation au musée des encéphales successifs dont l'humanité s'est dotée.C'est pourquoi tout Etat simiohumain qui renoncerait à l'arme imaginaire quitterait prématurément et à ses dépens la cour du spéculaire de type nucléaire, dont se nourrit le narcissisme stratégique des grands de ce monde. De même, le catholicisme perdrait encore de nos jours la moitié de son pouvoir menaçant sur un milliard de cerveaux terrorisés s'il déclarait publiquement et solennellement la mise hors d'usage de la pavane théologique chevronnée des tortures de l'Erèbe, tellement, d'un millénaire à l'autre, la croyance en la réalité effrayante du spéculaire et du narcissique mentaux d'une époque demeure la clé de la géopolitique de la bête livrée à des fantasmes transmissibles d'une génération à l'autre. M. le Président, si Moscou devenait la tête de pont de la lucidité politique du monde et Rome le cœur battant d'un Dieu intelligent, vous tiendriez ensemble les rênes de la planète entre vos mains. Soumettrez-vous la raison de l'animal bicéphale à une mutation anthropologique de sa cervelle?Voyons cependant ce qui ce se passerait si vous refusiez tout net de vous saisir du sceptre qu'un pape héroïque vous tend avec insistance et dont il vous demande de partager les feux. En seriez-vous réduit à collaborer avec la boîte crânienne de l'affameur de l'Iran, vous résigneriez-vous à retourner au paléolithique afin d' humilier, aux côtés des barbares, un peuple de soixante quinze millions d'âme? Comment approuveriez-vous le principe selon lequel cette nation serait soumise à la honte des ventres creux et à l'humiliation qui marque du sceau de l'animalité le joug sauvage de la famine?Certes, la purification de la démocratie mondiale passe par le travail de Titan de civiliser les principes devenus fous de 1789, ce qui demande une collaboration si étroite avec le Saint Siège de François que vous apprendrez à l'école de ce pape à poser le cerveau de la bête sur les plateaux de la balance des simianthropologues.Premièrement, le saint Père ne serait en rien un philosophe s'il ignorait que la vraie philosophie n'est pas le galimatias d'une cosmologie mythifiée dont se moquait Socrate et qu'on appelle la métaphysique depuis Aristote. Mais, dans le même temps, je le soupçonne d'avoir caché son jeu face au gesticulateur verbifique de la Reppublica auquel il a accordé un entretien: il sait bien que le maître de Platon était un mystique et un homme politique de haut vol, précisément parce que cette abeille a emporté son miel, qui n'est autre que le nectar et l'ambroisie d'un défi spirituel de tous les temps. Ne demandez pas au Pontifex maximus de se convertir au christianisme des Anaxagore du cosmos et de vous entretenir de la naissance surréelle du prophète des chrétiens ou de la virginité perpétuelle de sa mère, ne lui demandez pas à quel âge, selon saint Thomas d'Aquin, les ressuscités se remettent en mouvement au paradis, ni s'ils conservent fièrement le blason de leurs cicatrices de guerre, ni quel est le combustible inépuisable dont le diable alimente les feux de l'enfer, ni si la chair de la victime palpite sur l'autel et si son sang est un vin à boire à pleines gorgées - de tout cela, il vous donnerait une interprétation toute symbolique et fort proche de celle de la religion orthodoxe de la Russie.Mais François est à la fois un buveur de la ciguë socratique au sein de l'Eglise et un homme politique de premier ordre. Comment voulez-vous qu'il défende une démocratie ensauvagée et une mythologie langagière vertueusement en guerre contre des peuples innocents, comment voulez-vous que sa Sainteté, comme on dit, châtie les méfaits de tel ou tel dirigeant de passage sur la terre par le bombardement des victimes! Jamais, vous n'aurez, M. le Président , un pape aussi civilisateur que celui-là à vos côtés; jamais vous ne vous passerez d'un humaniste du sacré qui fait de son Dieu le levier de son propre regard, celui que les évadés de la zoologie porteront demain sur la politique et l'histoire de leurs divinités.Mais puisque vous connaissez les secrets psychobiologiques de la spécularité et du narcissisme qui caractérisent l'encéphale d'une espèce demeurée schizoïde - on l'appelle l'humanité, mais seulement à titre préjudiciel - puisque vous savez, à l'instar d'une maigre poignée d'hommes d'Etat informés et réfléchis de ce temps, que, depuis des millénaires, l'habillage et le babillage culturels ou théologiques de la bête servent de masques et de vêtures à sa politique du sang, vous observerez ce qui arriverait non seulement à la Russie, mais à la Chine et au monde émergent si vous ne faisiez pas alliance avec un Vatican désormais en croisade contre la barbarie de type démocratique.Car le monde émergent a commencé de déplacer le centre de gravité de la planète des songes et des forces. C'est dire que, dans le cas où vous cèderiez aux foudres de Washington et de ses vassaux et que vous refuseriez à l'Iran l'exercice du droit fondamental des Etats souverains de se procurer l'arme irréelle et stupide, mais, hélas, demeurée prestigieuse - elle répond exactement au degré de développement actuel de la minuscule boîte osseuse dont se vante notre pauvre espèce - la pacification momentanée de la planète pseudo démocratique qui en résulterait ne durerait qu'un mois ou deux, tout simplement parce que le sceptre de la politique mondiale appartient à celui qui tient entre ses mains les emblèmes et les symboles de la dignité et du droit, donc les blasons de l'identité respirante et transanimale des peuples et des nations. Quel feu sous une cendre brûlante que celui de la révolte de la planète tout entière contre l'immoralité démocratique si vous livriez la Perse au blocus pseudo irénique et à la torture et si vous abandonniez Téhéran prosterné aux pieds du roi de sa propre infamie, la famine du monde! Ne passez pas au large de l'élan spirituel du XXIe siècle, celui de la guerre contre une démocratie tombée dans la barbarie et qui en appelle à une levée des guerriers de l'éthique d'une ampleur égale à la révolution morale qui a conduit la Rome des Claude et des Tibère à une éthique supérieure à celle des païens. Combattez les légions d'une Liberté tombée dans la démence et combattez-les avec les vraies armes de la sainteté, celles de l'intelligence de feu des prophètes!Puissent la pensée et l'âme du monde marcher du même pas à Moscou et à Rome, puissiez-vous présider le tribunal de l'éthique du globe terrestre aux côtés de Pékin, de New-Delhi, de Brasilia et demain de l'Afrique ! Vous vous trouvez à la croisée des chemins de la politique mondiale, parce que si Moscou reléguait le peuple iranien parmi les " humiliés et les offensés " de Dostoïevski, vous renonceriez à donner à votre pays le destin qui l'attend sur notre planisphère. Mais, pour mettre un terme à l'assaut des Mongols de la démocratie, vous avez besoin d'un approfondissement de la connaissance du narcissisme des fils actuels d'Adam, ce qui exige que vous posiez l'encéphale spéculaire de l'humanité sur les plateaux de la même balance à peser la boîte crânienne endormie et féroce de notre espèce que le pape inspiré que Rome s'est donné.Par bonheur, vous n'êtes plus seul à mener le combat de la civilisation russe contre les tueurs et les mercenaires du mythe de la Liberté, vous n'êtes plus seul dans la guerre spirituelle de la civilisation de la raison et de la pensée socratiques. En juillet, la Chambre des Communes a refusé son soutien au chef du gouvernement britannique pour le motif qu'elle avait compris à quels massacres le narcissisme conquérant d'Israël entendait porter le miroir cérébral dans lequel cet Etat se réfléchit si triomphalement. Souvenez-vous de ce que de nombreux députés de la droite britannique s'étaient joints aux députés travaillistes et que les deux partis ont abandonné M. Cameron au milieu du gué - et précisément pour la même raison, si inavouée qu'elle fût demeurée. Cette motivation cachée a également guidé le Congrès américain, qui était allé jusqu'à sommer rudement M. Barack Obama de le consulter, faute de quoi, disait-il, il engagerait à son encontre rien moins qu' une procédure en destitution.Le Congrès était bien décidé à désapprouver une folle équipée militaire au seul profit du narcissisme politique d'Israël. Pourquoi M. Barack Obama est-il allé jusqu'à mobiliser l'AIPAC (American Israel Public Affairs Committee) au profit de la guerre alors qu'il savait fort bien que, cette fois-ci, ce groupe de pression échouerait à faire obéir les représentants du peuple américain?Le Quai d'Orsay le savait, lui aussi, puisque la seule décision de M. Barack Obama d'attendre le vote du Congrès pour bombarder la Syrie a été ressentie à Paris comme une trahison à l'égard d'Israël, ce qui a provoqué une telle panique à l'Elysée que Bernard Guetta a déclaré, sur France Inter, que M. Barack Obama n'était qu'un petit professeur d'Université, mais nullement un homme d'Etat.Mais le 8 octobre, M. John Kerry saluait un Bachar al Assad dont M. Fabius avait déclaré, des larmes dans la voix, qu'il ne méritait pas de vivre. Laissons la France s'endormir dans les bras d'Israël et portons plus loin le regard.Si nous prenons un nouveau recul, M. le Président, nous verrons bien que vous avez sauvé à Genève une Amérique tombée dans la folie, parce que vous lui avez fourni une issue honorable - mais seulement en apparence: vous avez sagement sécurisé la retraite en bon ordre des troupes américaines d'Afghanistan, dont l'arrière-garde, d'un effectif de deux mille hommes pour le moins, aurait été massacrée par les Talibans si vous n'aviez offert au repli militaire du Nouveau Monde un transit à l'abri de l'ennemi. Et que dire de la menace la plus dévastatrice de toutes, celle, de M. Lavrov, d'informer, le moment venu, le peuple d'Abraham Lincoln de ce que la Maison Blanche aurait délibérément conduit plusieurs centaines de soldats à l'extermination au seul profit du surmoi spéculaire d'Israël! Quel élargissement de l'horizon à l'échelle de la planète!En vérité, le monde en marche est entré en guerre contre le narcissisme messianisé des démocraties. C'est cela le lever de rideau sur les véritables acteurs de la sotériologie moderne .que je jugeais imminent dès le 6 juillet 2013 sur ce site. (- La honte ! Le prix du sang et la vassalisation de l'Europe , 13 juillet 2013) Permettez-moi d'achever ma dernière épistole à votre Excellence par un retour au point d'attache de l'anthropologie critique d'où je suis parti le 21 septembre (- Lettre ouverte à M. Vladimir Poutine, Président de la Fédération de Russie, 21 septembre 2013)Si vous faites le point du retard de l'évolution du cerveau des Etats civilisés sur les planches du théâtre de l'histoire depuis Darwin, vous remarquerez que le verbe comprendre a cessé de marcher sur la route pourtant grande ouverte d'une géopolitique explicative. Mais pourquoi, depuis Machiavel ou Talleyrand, les gouvernements ont-ils si peu progressé dans la pesée vaillante de l'encéphale du monde ? Parce qu'ils ne connaissaient encore ni les secrets oniriques de la bête en cours de cérébralisation, ni l'origine et la généalogie de la spécularité mentale de cet animal, ni comment il courtise sa propre image dans un cosmos désert. Aidez-nous à placer des chefs d'Etat instruits et prospectifs à la tête des Etats de l'Europe. Alors seulement la cervelle de la civilisation de demain naîtra de la Russie de la pensée, celle qui, la première, a scellé le pacte de la raison prophétique de ses grands écrivains avec le génie d'une anthropologie visionnaire.
Un
dernier mot, M. le Président: vous savez que le pape François
a demandé au général des Jésuites, le Père Adolfo Nicolás, de
publier dans les revues que la Compagne de Jésus possède dans
le monde entier un article dans lequel le Vatican appelle la
France à se souvenir de son rôle de guide de l'intelligence
et de l'éthique du monde. Appelez, aux côtés de Rome, la France
à retrouver le chemin des spéléologues du genre humain.
Le 12 octobre 2013