Avant-propos
Avant-propos
Pourquoi les fidèles
d'une religion ignorent-ils comment leur Eglise fonctionne
dans le temporel et pourquoi ferment-ils les yeux sur les
rouages politiques de l'évangélisme? Voilà une interrogation
qui ressortit à la psychologie des croyances protectrices.
Que deux siècles après la révolution de 1789, les citoyens
ne veuillent pas examiner à la loupe les ressorts et les rouages
terrestres des républiques de crainte que leur croyance en
la démocratie idéale se trouve ébranlée est moins compréhensible.
Mais ni l'école
des sciences politique, ni l'école nationale d'administration
n'enseignent les mécanismes qui guident l'expansion militaire
et la chute financière des empires. De l'école primaire à
l'université, les professeurs d'histoire évangélisent le récit
des évènements à l'écoute d'une catéchèse de la candeur -
le livre d'heures et le missel d'un "pacte républicain" en
résument les axiomes. La classe politique qui aura passé par
le moule d'une vision doctrinale de ce genre se nourrira d'un
mythe, celui de la Liberté; du coup, l'histoire simiohumaine
ne deviendra intelligible qu'à la lumière d'une anthropologie
critique.
On vient, une fois
de plus, d'observer la sous-information politique d'une classe
dirigeante infantilisée par des séminaristes laïcisés et qui
déverse des phalanges de néophytes sur une scène internationale
pré-idéalisée, donc cléricalisée en sous-main. La mise hors
jeu, à Damas, de la France, et de l'Europe par une Russie
et une Amérique hégémoniques fait jouer à l'Elysée le rôle
d'un petit apôtre de paroisse.
Je consacrerai
prochainement une analyse à la formation, à partir de la fin
du XVIIIe siècle, d'une classe politique issue du creuset
des docteurs de Sorbonne d'aujourd'hui. Comment une histoire
prêchée à l'usage des évangélistes d'une démocratie auto-apologétique
a-t-elle passé du modèle chrétien de la foi au modèle démocratique
de l'esprit de dévotion des modernes, qui messianisent des
abstractions proclamées salvifiques? Quel changement de confessionnal
du salut mais non de l'esprit de rédemption que véhiculent
maintenant des idéalités! La raison idéologique messianise
des concepts. Une orthodoxie du langage a succédé aux méthodes
de pensée de la théologie. Cette mutation mondiale du système
d'éducation de la classe dirigeante et ce remplacement des
mythes révélés par des mots sacralisés sont-ils inscrites
dans le capital psychogénétique des anges au cerveau schizoïde
ou résultent-ils d'une maladie guérissable par une thérapeutique
appropriée à cette pathologie?
Il est trop tôt
pour trancher cette difficulté médicale. En revanche, il est
démontré que l'expérience historique des séraphins de la démocratie
est un remède inefficace: personne, depuis trois quarts de
siècle ne s'étonne de l'incrustation, dans les républiques,
d'un demi millier de garnisons américaines qui n'y ont pas
été appelées par le suffrage universel et dont l'expulsion
n'est pas de la compétence du vote populaire.
Après la première
guerre du Golfe, la conférence de Madrid a débouté l'Europe
de ses prétentions à jouer sur la scène diplomatique de la
planète ; après la seconde guerre du Golfe, Washington s'est
offert le luxe d'aligner les petits chefs d'Etat du Vieux
Continent sur le perron de la Maison Blanche. En 1990, on
a vu M. Bush les rassembler à nouveau tout joyeux, mais dans
son ranch et en gamins amusés de se mettre un chapeau de cow-boy
sur la tête . Enfin en 2012 ils se sont docilement pelotonnés
à Chicago autour d'un Barack Obama en bras de chemise
Caligula
et son cheval à Chicago
, Le messianisme
démocratique, 20 mai 2012.
Qui peut s'imaginer
un seul instant que Washington en viendra à prendre au sérieux
des enfants de chœur convertis à ses prières? Un apostolat
au service des brûle-parfum du mythe de la Liberté a pris
la relève des anciens sacrifices.
Dans la troisième
lettre à M. Poutine qu'on lira ci-dessous, je prends acte
de ce que le malade est frappé d'une dichomie cérébrale incurable
et que si la Russie ne prenait pas la relève de la France
du XVIIIe dans la mission d'éducatrice politique et intellectuelle
de l'Europe, ce continent connaîtra les félicités parfumées
des naufrages cérébraux.
1
- Les premiers pas de l'ironie sur la scène internationale
-
M. Président ,
Il
semble que mon récit ait pris un léger retard sur la cabriole
tumultueuse des évènements qui se sont déroulés depuis quelques
mois sur notre astéroïde et dont le cours a quelque peu modifié
le poids, la dimension et la nature même des pièces à déplacer
sur le pesant échiquier de la politique mondiale. Auriez-vous
secrètement changé les règles du jeu? Le règne du monarque américain
qui survole notre poussière est devenu soucieux. Le Vatican
et Moscou auraient-ils quitté d'un commun accord et d'un même
pas les coulisses du théâtre où le concept messianique de "démocratie"
est devenu le pain de messe des Etats? Nous laisserons-nous
longtemps hisser dans les airs par des abstractions ? Mais comment
distribuer à tout le monde le pain bénit des idéologies? Seriez-vous
montés ensemble sur la scène du comique sotériologique de notre
siècle auriez-vous décidé de combattre côte à côte et à l'école
de l'ironiste les rêveries qui enténèbrent l'encéphale simiohumain?
Car il est venu jusqu'aux oreilles de l'intelligentsia européenne
que Rome et la Russie auraient commencé de renverser en cachette
les rôles des acteurs les plus séraphiques qui volètent sur
notre goutte de boue et que vous progresseriez sur le boulevard
de l'humour politique mondial.
Le
12 septembre, votre jeu a fait un grand tapage sur toute la
planisphère du rire: vous avez pris au mot et laissé tout ahuri
de sa gaffe diplomatique un humoriste maladroit, M. Kerry, ministre
des affaires étrangères des Etats-Unis, qui avait cru faire
de l'esprit sur la Syrie: on feindrait de renoncer à détruire
purement et simplement cet Etat et à bombarder des populations
sans défense si Damas laissait inspecter ses magasin de produits
chimiques. Laisseriez-vous massacrer des innocents ou lâcheriez-vous
du lest?
Vous
avez saisi la balle au bond, comme on dit; mais savez-vous,
M. le Président, que, depuis lors, tout le Vieux Continent s'interroge
avec fébrilité sur les secrets de votre maîtrise du comique
international? Auriez-vous fait débarquer l'humour sur la scène
du monde? On remarquera que vous procédez par petites touches
et que toute votre ironie revient à cacher votre talent de coloriste
de la politique verbifique du monde. Savez-vous que les étudiants
en science politique du monde entier admirent l'habileté du
discours piégé qui vous permet de faire voleter dans les airs
une poussière qui demeurait confinée dans les chancelleries?
Qu'avez-vous
fait du marché que M. Kerry vous mettait entre les mains? En
échange de son grain de sel, vous avez contraint les Etats européens
en sabots et piteusement vassalisés par leur propre catéchèse
à théâtraliser le ridicule de leur vocabulaire . Comment êtes-vous
parvenu à leur faire battre des ailerons sur la scène? Ces angelots
se trouvaient jusqu'alors bien masqués. Et maintenant, leurs
casaques ont paru trouées et crasseuses. Comment les avez-vous
conduits par la main, dirait-on, à étaler le plumage de leur
servitude sous le soleil? Pourquoi ont-ils tremblé comme des
feuilles d'automne sous le vent rafraichi de leur histoire?
Un
citoyen des Etats-Unis - et membre, de surcroît, des services
secrets du monstre informatique - a transité par un aérodrome
exterritorialisé de Moscou. Ils
n'avaient pas prévu que vous conseilleriez au pauvre hère de
demander asile à une ribambelle de domestiques apeurés; et vous
les avez fait défiler un par un sous les feux de la rampe. Quel
inventaire! Vous saviez que ces valets rejetteraient chacun
à son tour et dans l'effarement la supplique du malheureux,
tellement l'œil de leur maître se faisait menaçant. Tout le
monde a constaté l'ahurissement des Etats-Unis de se trouver
mis en demeure de tenir leur rôle de Grand Confesseur de la
démocratie mondiale ou de se révéler relaps et renégats. Il
est aussi humiliant pour le propriétaire que pour son bétail
d'assister à la capitulation publique de sa valetaille . Et
vous vous êtes donné le luxe de renouveler votre démonstration
doctrinale vingt-sept fois sous les yeux de la déesse Liberté
!
2 - Le pacte d'alliance de l'ironie avec
l'épouvante
Mieux
que cela : la patrie d'Abraham Lincoln a découvert à cette occasion
que, depuis des années, la planète auréolée des étoiles de la
démocratie était soumise à une surveillance policière angélisée
et que le despotisme rédempteur des modernes se revêt d'une
machinerie d'apologètes de la Liberté. Malheureusement, l'intelligentsia
européenne s'est tellement raréfiée et sa culture s'est à ce
point amenuisée qu'elle s'est montrée tout ahurie par les exploits
internationaux des logiciels de la Stasi américaine.
M.
le Président, figurez-vous qu'autrefois une Europe de connaisseurs
ne jugeait pas les livres à l'aune de leur tirage, mais à leur
place dans la République des Lettres. Aujourd'hui, l'Amérique
contraint ce malheureux continent à vérifier l'élasticité des
ressorts et la solidité des rouages des œuvres avec des yeux
de vendeurs. Comment voulez-vous qu'une civilisation soumise
aux verdicts des marchands, qui jaugent les œuvres au montant
des recettes qui entrent dans leurs caisses, comment, dis-je,
voulez-vous qu'une civilisation placée sous le joug et la herse
des livres de compte porte sur les barbares un regard informé?
Avez-vous lu Le Meilleur des mondes paru en 1932
d'Aldous Huxley, la Psychanalyse de l'Amérique,
paru en 1930, du Comte de Keyserling ou les Scènes de
la vie future parues en 1930 de Georges Duhamel? En
Occident, ces classiques ont été mis en liquidation par les
lois du marché; et le verdict de ce tribunal les a fait disparaître
depuis belle lurette des devantures de nos librairies.
Et
pourtant, relevez l'heure exacte où l'ironie fait sonner le
gong de l'histoire. Il faut attendre que l'épidémie ait fait
tomber l'écorce de l'arbre et que le tronc ait commencé de pourrir
de l'intérieur pour que l'humour rende visible au grand jour
l'étendue d'un désastre irréparable. Alors seulement, le rire
vient secouer les cadavres, alors seulement, la Métamorphose
de Kafka fait débarquer le rire jusque dans les ossatures. Et
maintenant, quelle sera la politique mondiale de l'alliance
de l'ironie avec la mort et de la raison avec l'épouvante ?
3
- L'avenir de "Dieu" est entre nos mains
Le
premier rire qui ait secoué des squelettes vous fait jouer sur
le velours: voyez l'ex-Président Carter, prix Nobel de la paix,
qui propose gravement à la conscience morale universelle de
destituer un autre prix Nobel de la paix, M. Barack Obama, l'homme
des drones et de Guantanamo. Quel est le chef d'accusation ?
La tyrannie: le coupable a livré l'Amérique des adorateurs de
la Liberté à une police secrète aussi omniprésente qu'omnipotente.
Mais,
dans le même temps, le pape François demande instamment à l'Eglise
catholique de cesser de jouer à la poupée et d'entretenir les
fidèles des affaires capitales du monde, et maintenant, le Poverello
demande aux Jésuites de mettre un terme au ressassement des
péchés véniels. Mais si la piété abandonne les balivernes et
les babioles, si la dévotion tourne le dos aux cierges et aux
chapelets, Rome ébranlera rien de moins que le pilier central
de la théologie chrétienne, parce que, depuis deux millénaires,
celle-ci se fonde sur le principe angélique selon lequel toute
autorité terrestre repose sur la volonté secrète d'une divinité
aux desseins impénétrables, ce qui permet à ce retors du cosmos
de cautionner le hasard et de cacher son jeu sur les ailes de
ses séraphins.
Vous avez tout de suite compris la portée politique immense
de ce cataclysme théologique, puisque, dans votre lettre du
14 septembre au pape François (- Lettre
imaginaire de Vladimir Poutine au chef de l'Eglise catholique
+ Lettre réelle à Aurélie Filippetti, Ministre de la culture),
vous avez souligné que Rome vient changer rien moins que le
décor d'une longue duperie. Mais alors, comment l'abîme qui
sépare la raison des écrivains et des penseurs de génie de la
Russie, d'un côté, de l'entendement mort-né des petits historiens
du temporel de l'autre, comment cet abîme va-t-il commencer
de se combler? Car une divinité qui n'aura peiné qu'un demi
siècle à labourer le sacré dans l'arène du monde - elle avait
quitté le timon des affaires quelques années seulement après
la tragédie du Golgotha - devra tout subitement cesser de se
laver les mains des forfaits de la bête.
Depuis Dioclétien, le Créateur et son Eglise jouaient les Ponce
Pilate sur les planches de l'histoire des nations; et maintenant,
le Vatican demande au démiurge de la Genèse de mettre à nouveau
le nez dans les affaires les plus malodorantes de sa créature.
Elle vient de qualifier l'argent de "veau d'or" et le mot idole
est tombé de ses lèvres après quinze siècles de silence sur
ce vocable. M. le Président, je salue votre compagnon de route,
je souhaite que sa science des odeurs qui montent de l'histoire
vous aide à détecter les parfums et à flairer les pestilences
du monde. Mais parviendrez-vous à détourner les yeux de la barbarie
propre aux démocraties et à elles seules, celle des saints de
la Liberté, qui, sous l'égide d'un empire à la bannière étoilée,
affament des peuples entiers pour leur plus grand bien, disent-ils,
et vous concoctent la rédemption de type démocratique dans les
nouvelles marmites du diable, celles des droits de l'homme?
4
- Dieu et la politique de la Russie
Cinq
siècles après la parution de L'Eloge de la Folie d'Erasme
en 1509 et de L'Ile d'utopie de Thomas More en
1516, trois siècles après la parution de Les Voyages de
Gulliver en 1721, un siècle et demi après la parution
de L'Evolution des espèces en 1859 , un siècle
après parution de La Colonie pénitentiaire de Kafka en
1919 et de La Métamorphose du même auteur en 1915
, l'Eglise courra-t-elle au secours de ces visionnaires de la
condition humaine ou bien les Etats se mettront-ils à nouveau
un bandeau sur les yeux et se livreront-ils, comme devant, au
ridicule d'une Eglise qui aura renoncé à se mettre à l'écoute
du génie des prophètes? M.
le Président, sachez que "Dieu" et la Russie sauteront derechef
et à pieds joints dans le cirque de l'histoire vivante. Quelle
sera votre politique à l'égard d'un Créateur que vous aurez
aidé à retrouver un rôle à sa taille?
Vous savez que la cosmologie mythique des visionnaires des premiers
temps est tombée en ruines, mais que cet effondrement même redonnera
toute sa vigueur à son sceptre cérébral et que les hommes d'Etat
de demain ne pourront se passer du secours de ce gigantesque
acteur, tellement sa carrure politique et morale se trouvera
repeinte à neuf par la chute d'une démocratie de sauvages dans
l'enfer de la famine. Observez la fausse sainteté qu'affiche
la déesse Liberté.
De
leur côté les astronomes se sont donné pour unité de mesure
la distance de la terre au soleil, qui s'élève à cent cinquante
millions de kilomètres. Ces arpenteurs impénitents multiplient
ce jalon un million de milliards de fois pour courir seulement
d'un bout à l'autre de leur microscopique univers matériel.
Mais ensuite, des milliards de milliards d'années de la course
de la lumière dans le vide viennent les tirer par la manche
avec insistance et leur faire rencontrer de force une seconde
galaxie, puis une troisième et ainsi de suite. L'infini n'a
pas de frontière, si les mots ont un sens. Mais qu'est-ce que
l'empire carcéral d'un Dieu cadenassé dans le néant si l'histoire
et la politique ouvrent une étendue nouvelle à la réflexion
sur la morale du genre humain?
Vous vous trouvez donc, M. le Président, dans un siècle où le
Dieu des morts n'est déjà plus celui de demain. Le modèle ancien
avait mis sept jours entiers, le pauvre, à se fabriquer un globe
terrestre infinitésimal. A ce rythme, sa tâche n'est pas près
de s'achever. Vous savez que Bossuet n'avait mis, ce malheureux
petit démiurge à l'ouvrage que depuis quatre mille ans. Mais,
précisément, l'évanouissement du Dieu des singes le fera resurgir
un peu plus respirant dans les tempêtes du monde.
Certes,
l'humanité actuelle éprouve encore le besoin impérieux de croire
que le cosmos se trouverait entre les mains de quelqu'un, à
la manière d'une diligence dont un cocher tiendrait les rênes
entre ses mains. Les
héros de leur solitude ne sont pas encore nés, il leur faut
se décharger de ce fardeau sur les épaules d'un tiers. Mais,
M. le Président, comment voulez-vous qu'une divinité et efflanquée
et qui n'aura perdu que l'édifice d'une maigre cosmologie mythique
ne s'attelle pas à une tâche de plus forte taille et plus digne
de l'infini qui la défie, celle de se saisir du moins à bras
le corps des affaires pestilentielles de sa créature, et comment
un chef d'Etat à la mesure du tragique des barbares de la Liberté
ne s'entretiendrait-il pas du sort de la planète avec un pape
de génie, qui a compris, lui aussi, que l'alliance de saint
Ignace de Loyola avec saint François scellera un pacte nouveau
entre l'éthique et la pensée, le cœur et la politique, la lucidité
des Etats et la faim dans le monde. Certes, la civilisation
de l'intelligence et la barbarie des démocraties? Tel est le
champ de l'action grand ouvert devant vous.
Mais
pour que la Russie retire, aux côtés du Saint Siège, le bandeau
que les Etats démocratiques se mettent sur les yeux, il faudra
une géopolitique dont le regard de l'extérieur sur l'animal
parlant encouragera l'Iran à repousser l'assaut de ses affameurs,
encouragera la Syrie à résister aux fanatiques de la guerre
sainte, encouragera la nation américaine à résister à la mise
sur écoutes de tous les habitants du globe terrestre. Porterez-vous
à pas de géant l'histoire du monde à la hauteur de la scène
politique de notre temps - celle qu'Aristophane, Molière, Voltaire
cachaient sous le voile du rire?
5
- Les démocraties infernales
Décidément, la patrie de Jefferson et d'Abraham Lincoln fait
douter de la solidité de sa boîte osseuse quand elle vous donne,
sans rire, l'assurance qu'à titre exceptionnel et en raison
seulement de votre insistance, le fugitif que Rome et la Russie
protègent d'un commun accord ne serait pas torturé par les sauvages
de la Liberté et qu'il ne périrait pas sur la chaise électrique
à cent mille volts de La Colonie pénitentiaire du grand
Pragois? Mais le Dieu de Rome et le vôtre ne sont pas
des naïfs en politique. Le ciel de la Russie et le ciel du Quirinal
se méfient de la clause qu'il vous est demandé de signer, celle
de livrer le plus benoîtement du monde le suppliant à la vengeance
du Père Ubu qu'on appelle encore la Démocratie. La France, Dieu
merci, a retiré la torture de son code pénal le 24 août 1780
- et cela sur les seules instances de ses philosophes du XVIIIe
siècle, donc bien avant l'abolition de l'Inquisition, qui remonte
à la Révolution de 1789, mais que Louis XVIII a légitimée à
nouveau en 1814.
M. le Président, redresserez-vous une Eglise devenue indifférente
au progrès moral des civilisations? Car Rome vous aide maintenant
à combattre le faux clergé des droits de "Dieu", à combattre
le sacerdoce de la "justice universelle" et des hosties verbales
dont seul le concept nourrit le creux, à combattre l'apôtre
américain de la démocratie des mots abstraits, à combattre le
messie d'outre-Atlantique censé vous accorder la grâce la plus
insigne, celle de renoncer, dit-il - mais du bout des lèvres
- à torturer et à assassiner l'otage d'une Stasi dont le règne
s'étend à tout le globe terrestre et que le peuple américain
a dûment légalisée. Croyez-moi; vous aurez grand besoin du Dieu
de l’Église de demain, celui que la Russie et Rome auront dépossédé
de la cosmologie ridicule des ancêtres. Aidez
ce Dieu-là à descendre dans les esprits et les cœurs.
Le
12 octobre, je vous entretiendrai à nouveau de vos relations
intellectuelles avec Rome et de vos réflexions communes
d'anthropologues et de psychanalystes de l'arme nucléaire
iranienne.
Le 5 octobre 2013