Note de Lucienne Magalie Pons : dans les temps actuels où nous sommes tous soumis sur la toile à des mesures de contrôles et de censure nous pouvons craindre que la vidéo que nous avons téléchargée ci-dessus disparaissent de la toile, où se trouve bloquée , c'est pourquoi nous prenons la précaution de transcrire ci-dessous en texte la chronique -interview
de Jacques Sapir, éditorialiste économique sur RT France , d'après les notes que nous avons prise en l'écoutant , ce qui est un travail très difficile:
Transcription 🔻
RT France : Jacques Sapir éditorialiste économique sur RT France nous a rejoints, bonsoir Jacques ...
Jacque Sapir: Bonsoir …
RT France : …peut-être une première réaction à ces nouvelles sanctions annoncées par Joe Biden ce soir ?
Jacques Sapir : oui elles étaient inévitables maintenant compte tenu de l'ampleur de l'évènement, elles restent quand même très mesurées, alors on a vu que l'expulsion de la Russie du système swift, qui serait d'ailleurs très compliqué à faire et pas nécessairement efficace et reste une option, les mesures qui pèsent contre les banques , malgré tout ce n'est pas la totalité du système bancaire, et par ailleurs il n'est pas clair, si une banque russe travaille avec une banque chinoise, et que cette banque chinoise elle peut aller sur le marché, est-ce que ça aura réellement un impact ? Donc là ce n'est pas vraiment clair, les exportations de technologies vis-à-vis de la Russie dont il faut savoir que le commerce entre les Etats- Unis et la Russie est déjà très faible et que d'une certaine manière la Russie n'est pas l'union soviétique , dans la fin des années 70 au début des années 80 quand il y a eu la guerre d'Afghanistan, effectivement là on pouvait parler d'une forme d'embargo sur les hautes technologies, aujourd'hui la Chine qui est un allié de fait de la Russie, elle est déjà elle-même productrice de beaucoup de choses en hautes technologies, et par ailleurs tant que cette mesure ne s'appuiera pas sur des mesures analogues qui seraient prises par la Corée du sud, par Taïwan et par le Japon, ça risque d'avoir un effet très limité, donc on reste dans des mesures qui sont certes du haut symbolique, des choses qui prouvent que franchement les Etats-Unis-unis sont très mécontents, bien , mais qui ne sont pas de nature à déstabiliser l'économie russe ni à court terme, ni à long terme
RT France : justement comment est-ce que la Russie va supporter ces sanctions ?
Jacques Sapir : si vous voulez la Russie vit sous sanctions en fait depuis 2014 et d'une certaine manière soit elle a trouvé des moyens pour tourner ces sanctions, soit en fait ces sanctions lui ont profité, c'est le cas par exemple dans le mécanisme de sanction et contre sanctions que la Russie a prise sur l'agriculture mais si vous voulez le développement assez extraordinaire de l'agriculture russe depuis quelques années , puisque l'agriculture russe est redevenue il y a de ça 2, 3 ans le principal exportateur de céréales au monde, ce qu'elle avait cessé d'être il y a 70 ans ou plus, bon, en fait ça montre que pour l'instant la Russie s'est adaptée et continue de s'adapter aux problèmes des sanctions alors est-ce qu'on irait de sanctions à des embargos? ça c'est une véritable question, mais qui dit embargo dit aussi des mesures de guerre, car un embargo si vous voulez du point de vue du droit international c'est une mesure de guerre, ET visiblement les Etats-Unis ne sont pas prêts à aller jusque là ...
RT France : Jacques …qu'en est-il de l'économie russe aujourd'hui, après les sanctions, la Russie visée par les sanctions, on entend souvent parler du Pib russe comme dentique à celui de l'Espagne , est-ce que c'est le cas qu'est ce que vous pouvez nous dire là-dessus ?
Jacques Sapir : non, alors il faut d'ailleurs dire et c'est un point important, que l'économie russe bien sûr elle a été frappée par des sanctions à partir de 2014, 2015 , mais elle a surtout été frappée, et ça a été beaucoup plus important que le choc des sanctions, par la chute des prix du pétrole qui a commencé en septembre, octobre 2014 et qui s'est poursuivie à peu près jusqu'à la fin mai, début juin 2015, c'est là où il y a eu effectivement un véritable choc, après ben l'économie russe s'est redressée et a progressée fortement, et il faut savoir que quand on compare les économies en parité de pouvoir d'achat, c'est alors...c'est un peu compliqué, mais c'est une manière de dire, voilà, si on considère ce qu’achète un Russe en produits russes comme en produits importés, compte tenu de ses habitudes de consommation qu'est-ce que ça donne? , on voit que là l'économie russe est à peu près au niveau de l'économie allemande.
Alors bien sûr ce n'est plus une des plus importantes économies du monde ? comme pouvait l'être l'Union Soviétique et encore, la Chine, les Etats- Unis, l'Inde sont largement devant la Russie, mais au niveau européen la Russie est en fait une grande puissance économique, ça ne veut pas dire que le Pib par habitant soit aussi élevé qu'en Allemagne, pour une raison très simple, l'Allemagne fait 80 millions d'habitants, la Russie fait 146 millions d'habitants, mais, en volume global et bien effectivement la Russie est à peu près au niveau de l'Allemagne.
RT France : Pour ce qui est des revenus de la population russe qu'est- ce que ça donne, Jacques ?
Jacques Sapir : Alors c'est un problème important, effectivement, les revenus de la population ont fortement baissé en 2015 et là vraiment c'est l'effet d'effondrement des prix du pétrole qui s'était produit un petit peu plus tôt … mais puisque cet effondrement des prix du pétrole n'a vraiment été concentré sur fin 2014 et le premier semestre 2015, et puis après avoir stagné en 2016, ils sont repartis fortement à la hausse au point qu'aujourd'hui ils sont, à peu de choses, près au même niveau qu'ils auraient été en 2021 sans le choc de 2015 et de 2016, car ils ont progressé plus vite à partir de 2017, 2018, 2019, qu'ils progressaient avant , et il faut savoir que les revenus réels, le salaire réel, a continué à progresser durant la crise sanitaire
RT France : Est-ce que les sanctions financières, on y revient, en particulier celles qui sont prises par les Etats-Unis pour empêcher la Russie de se financer sur les marchés occidentaux, est-ce qu’elles peuvent lui poser problème ?
Jacques Sapir :alors un premier point c'est qu'il il faut savoir qu'aujourd'hui la Russie est très solide financièrement, elle a des réserves dans sa banque centrale qui se monte à plus de 600 milliards de dollars, elle possède par ailleurs un espèce de fonds de réserve, vous savez ce fameux fonds pour les générations futures, qui dépend non pas de la banque centrale mais qui dépend lui du ministère des finances, à peu près 180 milliards, bon, donc ça lui donne une réelle solidité, après et bien les mesures qui ont été prises qu'est-ce qu'elles font ? , elles visent à interdire à la Russie de refinancer sa dette sur les marchés internationaux, mais il faut savoir que la dette de la Russie est très faible, c'est 17,8 pour % grosso modo du Pib … soit très en dessous de ce que c'est en France et même par exemple de ce que c'est en Allemagne, l'Allemagne est plutôt autour de 70, 65, 70, du Pib, ... par ailleurs qui détient de la dette Russe va essentiellement vers des banques Russes et des banques Chinoises donc en réalité la dette russe n'est pas vendue sur les marchés occidentaux, et puis après il y a effectivement ce phénomène est ce que si on touche des banques on va couper le système ? alors on peut effectivement couper provisoirement des circuits de financement , mais à ce moment-là les entreprises russes feront appel à d'autres banques, par exemple à des banques Chinoises, où les banques Russes vont se mettre en association avec des banques chinoises, et donc là encore on voit que les effets seront très limités, je pense que l'ensemble des dirigeants occidentaux le savent, mais je pense qu'ils ne peuvent pas dire à leurs populations, nous ne pouvons rien faire face à Vladimir Poutine, et c'est pour ça qu'ils prennent des mesures qui restent malgré tout assez largement symboliques.
RT France : donc pour conclure en substance vous nous dites que ces sanctions sont inefficaces ?
Jacques Sapir : alors oui pour l'instant ces sanctions sont inefficaces, dans tous les cas elles ont été inefficaces, les sanctions qui ont été annoncées aujourd'hui restent inefficaces, on voit bien que sanctionner le secteur des hydrocarbures, ça pose un véritable problème par rapport à l'Union européenne, parce que l'Union Européenne reste très dépendante des hydrocarbures russes, essentiellement du gaz, elle ne peut pas substituer ce gaz Russe qui arrive sous forme gazeuse, par du gaz qui viendrait des États-Unis, du Nigeria, voire de... , tout simplement parce que ça c'est du gaz liquéfié et que pour retransformer du gaz liquéfié en gaz gazeux il faut des installations, oui on en a quatre en France, il y en a vingt au total dans l'Union Européenne mais toutes ces installations fonctionnent déjà à plein régime donc là il y a un véritable problème, donc il faut bien dire, aujourd'hui on ne voit pas comment par des sanctions économiques on peut réellement avoir un levier sur l'économie russe, après tout dépend jusqu'où peuvent aller les dirigeants occidentaux, ça dépend aussi de leur degré d'unité, parce que pour l'instant on parle beaucoup des occidentaux, mais alors là vraiment au sens géographique du terme c'est à dire les Etats- unis et les pays de l'Otan, qu'est-ce qu’il en sera par rapport aux dirigeants Japonais, aux dirigeants Coréens, au dirigeant Taïwanais, Taïwan qui est d'ores et déjà un petit peu dans le viseur de la Chine, qui sait que la Chine soutient la position de la Russie, comme l'a déclaré il y a quelques heures un des représentants du ministère chinois des affaires étrangères, donc là il y a un véritable problème nous ne sommes plus du temps de la guerre froide, il ne pouvait y avoir un espèce de front commun qui possédait la technologie, les finances, si vous voulez c'était très centralisé, en réalité aujourd'hui que ce soit la finance, ou la technologie, c'est beaucoup plus ouvert sur l'ensemble des pays, et là évidemment la capacité des États-Unis et de l'Otan à tout contrôler est bien plus faible
RT France : Merci beaucoup Jacques pour votre éclairage ce soir
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