Éditorial de lucienne magalie pons
Le 2 juillet 2013 a été fertile en évènement, la "solidarité et la cohérence d'expression gouvernementale" du Gouvernement a été secouée comme un prunier dès le matin par
Delphine Batho, la Ministre de l’Ecologie,
du Développement durable er de l’énergie , qui dans une interview sur RTL qualifiait
de « mauvais » le budget 2014 de son ministère et affirmait « «il y
a une déception à l’égard du gouvernement».
Il faut rappeler qu’avec
une baisse de 7% de ses crédits, le ministère de l’Ecologie est l’un des plus
sévèrement touchés par les économies que le gouvernement compte réaliser l’an
prochain.
«C’est un mauvais budget»,
disait Delphine Batho sur RTL,
quelques heures avant le début du débat d’orientation budgétaire à l’Assemblée
nationale. «Il y a un affichage qui n’est pas bon»…. , et d’estimer qu’il fallait se poser la question :
l’écologie est-elle «bien une priorité ?» «Est-ce qu’on a la capacité de passer
du discours aux actes ?»
On peu s’imaginer quel a été la réaction du Premier Ministre
Jean-Marc Ayrault en entendant de tels propos , surtout quand Delphine disait "il y a une déception à l'égard du Gouvernement"
Les médias en citant des « témoins » rapportent que
dès le petit déjeuner de la majorité, le Premier ministre s’est élevé contre cette déclaration, il parait que toute
la matinée il a cherché à obtenir que la
ministre revienne sur ses propos, ce qu’elle a refusé de faire, toujours selon les médias qui citent des sources proches de
Delphine Batho et des sources « élyséennes ».
Matignon en fin de matinée a aussi cherché à atténuer sur le fond les propos de Delphine
Batho, en expliquant aux journalistes
que la ministre avait réagi « à un effet d’affichage ». « Globalement
les moyens alloués à l’action écologique sont en hausse »,
déclarait-on de Matignon , en assurant que « la transition écologique reste une
priorité du gouvernement ».
Toujours d’après les médias, Jean-Marc Ayrault et
François Hollande, lors de leur déjeuner hebdomadaire, sont convenu d’une
convocation de la ministre à Matignon, dans l’après-midi.
C’est à la mi-journée selon un
proche de Delphine Batho, que le Premier
ministre a suggéré une première fois sa démission.
On apprenait aussi mardi de l’entourage du Président d’après les
médias, qu’ en début d’après-midi, François Hollande avait appelé par téléphone la ministre de l’Ecologie et il
était, semble-t-il, toujours à la recherche d’une conciliation, semble-t-il lui a demandé "de retirer ses
propos … trop graves car en rupture avec la solidarité gouvernementale «
.. mais tout au contraire Delphine Batho a souhaité les
maintenir et a refusé de les retirer.
C’est donc après cet
ultime échange téléphonique entre la ministre de l'écologie et François Hollande,
que dans le courant de l’après midi
Delphine Batho a alors été convoquée à
Matignon par le premier ministre, L'entretien a duré deux heures, les médias rapportent e en substance quelques bribes de phrase qui leur aurait été confiée par "un proche" de la ministre : .."Tu ne peux pas t'exprimer ainsi, tu dois dire que le budget est bon " aurait insisté Jean-Marc Ayrault, et losque qu'une démission a été évoquée, Delphine Batho a répondu "Il faudra me virer" ..
En sortant de
Matignon, la ministre n'était pas fixée sur son sort.
La décision de la
congédier a été annoncée peu après par l'Elysée.
L'intéressée a été prévenue par téléphone, alors qu'elle
se trouvait déjà en séance à l'Assemblée
nationale, quand elle a reçu cette « nouvelle », Delphine Batho a
demandé une suspension de séance.
Certains députés se sont montré choqués par cette façon d’opérer, mais Barbara Pompili , co-présidente du
groupe écologiste déclarait alors dans
les couloirs de l’assemblée « ce
qui importe ce n’est pas le casting, mais l’orientation écologiste du
gouvernement». …., «On disait à Delphine Batho qu’il fallait qu’elle s’engage
plus, qu’elle "l’ouvre plus", malheureusement elle l’a ouvert un peu
trop tard. La vie politique est injuste mais nous, ce qui nous importe ce n’est
pas le casting mais l’orientation écologiste de ce gouvernement»
Un communiqué très
court et sobre qui figure sur le site
officiel Présidence de la République, a été diffisé vers 18 heures, aux termes de ce communiqué il
est indiqué que le Président de la République met fin aux fonctions de ministre de Madame Delphine Batho et nomme Monsieur Philippe Martin ministre de l’Ecologie, du Développement
durable et de l’Energie.
(Philippe Martin est
député socialiste du Gers, membre de la commission du Développement durable et
de l’Aménagement du territoire de l’Assemblée.)
Les médias alors reprenaient à grande échelle le départ de
Delphine Batho en commentant largement son
« éviction », son « limogeage », et en se demandant si les ministres
écologiques resteraient ou non dans le gouvernement, tout en rediffusant les réactions des
responsables politiques les unes après les autres au fur et à mesure qu’elles
se faisaient entendre.
La réaction des écologistes a été pratiquement instantanée, non par tant pour défendre Delphine Batho la
ministre socialiste qui venait d’être démise de ses fonctions, mais pour analyser la situation de leur parti EELV , par
rapport à la politique écologique du Gouvernement .
Noel Mamère , le
député-maire écologiste de Bègles, a
proposé sur RTL une «réunion de crise»
d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) : «Il faut que notre parti , avec les ministres,
organise au plus vite une réunion de
crise pour savoir si nous devons rester dans ce gouvernement», a-t-il dit.
De son côté au même moment sur Europe 1 Pascal Canfin, l’un des deux ministres
écologistes du gouvernement avec Cécile Duflot,
qu’ils feraient mardi soir avec Pascal Durand, numéro un d’EELV,
«l’analyse politique de la situation».
Cette réunion de crise
des dirigeants EELV , dirigée par la Ministre Cécile Duflot , a
effectivement été tenue mardi soir au
ministère du Logement , elle a été très
longue, mais assez vite on apprenait de Barbara Pompili, co-présidente du
groupe des députés Europe Ecologie-Les Verts (EELV), que les ministres verts ne quitteraient pas le
Gouvernement, : ….«La question de la sortie du gouvernement a
été évacuée assez vite», a précisé
Madame Pompili, en quittant la réunion qui se prolongeait, «On attend notamment de rencontrer Jean-Marc
Ayrault. J’espère qu’on va le rencontrer assez vite. On a besoin d’avoir des
éléments qui nous rassurent sur ce que veut faire ce gouvernement par rapport à
l’écologie», a-t-elle notamment affirmé.
Nous attendons du Président et du Premier Ministre des engagements clairs et des actes pour que l'écologie soit définitivement prise en en compte dès le budget 2014, a déclaré de son côté le secrétaire national d'EELV Pascal Durand à l'issue de la réunion.
ooOoo
Au nombre des réactions
qui ont été très nombreuses nous
en citons ci-dessous les plus marquantes que vous retrouverez en Vidéo ou en articles en revue de presse :
Réactions des verts :
-
A
l’issue d’une réunion des responsables d’Europe Ecologie-Les Verts, EELV ,
Pascal Durand, secrétaire national de ce parti, sur BFM Business, a estimé
au sujet de la révocation de Delphine Batho : «A partir du moment
où elle exprime un désaccord, je regrette que l’on mette fin à ses fonctions
immédiatement, et qu’on ne laisse pas l’espace à un débat» …….«Je vois que
l’écologie sert encore de variable d’ajustement. On va arriver au troisième
ministre de l’écologie en une année. C’est le seul ministère qui a tourné de
cette manière, le seul ministère qui manifestement sert de variable
d’ajustement»………… «Nous attendons du président et du Premier ministre des
engagements clairs et des actes pour que l’écologie soit définitivement prise
en compte dès le budget 2014» a-t-il ajouté.
- De
son côté le co-président des députés écologistes, François de Rugy, a estimé notamment que «sanctionner les bons élèves
quand certains cancres n’ont jamais de sanction», comme Arnaud Montebourg , …, «c’est
quand même assez fort de café». «Cela donne l’impression qu’il y a deux poids
deux mesures, quand on parle d’écologie et d’autre chose», a-t-il déclaré à
l’AFP., Interrogé sur le successeur de Mme Batho, Philippe Martin, François de Rugy a déclaré : «On le connaît bien, mais la
question c’est : quelle sera sa marge de manœuvre». «Il faut qu’il ait une
parole forte» a-t-il souligné.
- Le
député EELV Sergio Coronado a fustigé «la violence de la décision» et «un
fonctionnement de caserne». «Je ne crois qu’on ait besoin de cela en ce
moment», a-t-il dit. "On n'est pas loin de la sortie" a prédit le sénateur EELV Jean-Vincent Placé, en rappelant que Delphine Batho est la seconde ministre à être sanctionnée après Nicole Bricq (en juin 2012 )
Réactions de l’opposition
Jean-Louis Borloo, président de l’UNI, ancien ministre de l’Ecologie
, député du Nord, a estimé que : La méthode qui consiste à
amputer aussi violemment cette politique avec plus de 7% de baisse de son
budget faisant porter la responsabilité au ministre en charge qui défend sa
mission relève plus de la faiblesse et de l’inélégance que de la fermeté» …. « Depuis
la composition de ce gouvernement, j’ai dénoncé le démantèlement du grand
ministère de l’Écologie, ministère d’État, avec l’amputation des transports, du
logement et de l’urbanisme, c’est-à-dire les trois quarts des sujets
environnementaux notamment en matière d’émission de CO2» a aussi rappellé
Jean-Louis Borloo en concluant «
En conséquence, ce ministère affaibli n’a pas pu défendre les économies
d’énergie dans les bâtiments, les transports doux comme le Canal Seine-Nord,
les autoroutes ferroviaires et a constaté impuissant la mise en berne des
énergies renouvelables comme si la présence d’écologistes au gouvernement était
une caution qui autorisait l’abandon de ces politiques».
François Fillon, député de Paris UMP, ancien mipremier Ministre, qui se trouvait en meeting à Saint-Cloud
(Hauts-de-Seine) a déclaré notamment.. :
« Le renvoi de Madame Batho du
gouvernement est «un épisode désolant » . …, Manifestement, François Hollande et
Jean-Marc Ayrault sont plus prompts à sanctionner leur ministre de
l’environnement que Monsieur Montebourg
ou Duflot» ….., «il y a au fond deux poids deux mesures, il y a les membres de
la majorité que le président et le Premier ministre craignent et qu’ils
laissent divaguer sur la place publique en permanence. «Celui qui divague le
plus, c’est Montebourg qui a réussi l’exploit de nous fâcher avec tout le
monde: les industriels, les investisseurs étrangers, les chefs d’entreprises
français, la Commission européenne, l’Allemagne de Madame Merkel. Lui, il peut
continuer, il restera à son poste car il doit peser sans doute dans la
majorité». «La pauvre Mme Batho a sûrement eu tort de dire que son budget était
mauvais mais je remarque ce deux poids deux mesures», a-t-il répété.
ooOoo
On peut dire que François Fillon a développé très explicitement le terme « les deux poids et mesures » qui figurent aussi dans d‘autres réactions d’autres responsables.
En effet plusieurs
responsables politiques, notamment parlementaires, aussi bien de la majorité
que de l’opposition ont soulevé cet
argument « deux poids et deux mesures » , mais sans aller à trop le
développer, certains ont cité Alain Montebourg qui a été plus loin dans
ses critiques sur d’autres sujets que
Delphine Batho, en dénonçant qu’il est »
toujours au gouvernement » sans
plus, mais les commentateurs cependant ont souligné que Delphine Batho n’a pas
le même poids dans l’opinion et au PS que le ministre du Redressement
productif.
ooOoo
Le communiqué de l'Elysée était très court et sobre , mais la révocation de Delphine Batho a donné lieu à une interprétation de la part de Laurent Fabius qui mettait en avant qu'il y avait eu un problème de "cohérence d'expression gouvernementale" - Voici ce qu'il a dit mardi : Je pense que la question qui a été posée c'est, , comment dire, la question de la cohérence gouvernementale , c'est ça .., à partir du moment où Delphine Batho, quelqu'un avec qui j'ai travaillé" une femme de qualité, avait porté un jugement très négatif sur le budget, il y avait un problème de cohérence d'expression gouvernementale, et donc la décision est tombée, Laurent Fabius a dit aussi "Ce qui vaut pour Delphine Batho vaut aussi par ailleurs"
ndlr : d'après notre entendement nous notons qu'une ou un ministre de qualité n'a pas le droit de porter un jugement qu'il estime fondé et qu'il doit se taire pour respecter la cohérence d'expression gouvernementale ... quitte à mettre son ministère en sommeil faute de pouvoir mettre en œuvre ses projets faute de moyens financiers.
Pour conclure nous estimons que le Gouvernement a voulu réduire ce changement ministériel à sanction pour atteinte à la cohérence gouvernementale , comme à une mesure disciplinaire inter-gouvernementale pourrions nous dire, mais il a échoué dans cette tentative, il se trouve maintenant en butte aux fortes réactions des EELV qui ont portés cet évènement sur la scène politique nationale en soulignant les insuffisances des décisions gouvernementales en matière de transition écologiques et en dénonçant que le Gouvernement n'a pas tenu les promesses de campagne de François Hollande sur ce dossier, , en conséquence ils ont l'intention de revoir leur position de soutien de la majorité socialiste et leur présence au gouvernement à la rentrée, si d'ici là des actes n'étaient pas rapidement posés pour faire "la transition écologique"
Pour le moment ils n'en sont pas à la rupture ... Noel Mamère a parlé de "fracture" et de " maltraitance" à l'égard des EELV de la part du Gouvernement;
Le Gouvernement placé au pied du mur par les EELV devra réagir très vite, en a-t- il les moyens ? En tout cas moyens ou pas, ce qui est sur c'est qu'il est en mauvaise position, sans le soutien des EELV il lui manquera des voix à l'Assemblée, et sans la présence des deux ministres écologistes au Gouvernement il serait comme désavoué par un parti qui lui a porté son soutien pendant la campagne présidentielle.
Situation au matin
du Mercredi 3 juillet
D’après les toutes
récentes informations qui nous parviennent ce jour Mercredi 3 juillet, il
semblerait que même si les ministres ministres EELV Cécile Duflot et Pascal
Canfin restent pour le moment en poste au Gouvernement, la question de leur
départ sera abordée lors de l'université d'été des écologistes au mois d'août.
Nous apprenons aussi que le ministre délégué au Développement, Pascal
Canfin a menacé mercredi 3 juillet d'un départ des ministres verts du gouvernement,
si des "actes" n'étaient pas
rapidement posés pour faire "la transition écologique" .."Nous considérons qu'il faut maintenant davantage d'actes posés par ce gouvernement pour faire que la transition écologique soit réellement une priorité de la France et du gouvernement. Il y a devant nous des rendez-vous qui sont déterminants et si ces rendez-vous étaient ratés, à ce moment là .., bien évidemment nous en tirerons toutes les conséquences a expliqué ce ministre EELV sur France Info.
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Cécile Duflot, ministre EELV du Logement, insiste
sur la nécessité d'une fiscalité écologique au moment où Delphine Batho
déplore les coupes dans le budget de son ministère de l'Écologie.
La ministre de l'Environnement a qualifié de «mauvais» le budget de son ministère pour 2014 ce mardi matin.