Et maintenant ? Face au nouveau paysage politique dessiné dimanche soir, les regards se portent vers l'avenir. Avec, à la clé, beaucoup de questions.

D'abord, que fera Nicolas Sarkozy ? Il sait que 28 % est une très bonne nouvelle pour la majorité présidentielle, mais que l'addition des oppositions reste forte. Le chef de l'Etat a réussi à pulvériser ses adversaires potentiels pour la prochaine présidentielle - PS et Modem - mais il lui reste à construire une majorité de second tour.

Pour cela, les leaders UMP ce soir l'ont joué modeste, laissant entendre que la victoire imposait des devoirs. Nul doute que le président entend ainsi continuer l'ouverture et tenir compte de l'aspiration écologique des électeurs.

Le Parti socialiste a pris une claque d'une ampleur stupéfiante, qui va entraîner des remises en cause de sa ligne et de son mode de management. Si Martine Aubry survit à ce désastre, elle sera encadrée et priée d'écouter les dirigeants du parti qui proposent de tout changer. La Bérézina est telle que la responsabilité ne peut être que collective. Les Français ont fait payer aux candidats roses le congrès de Reims et ses suites. Le message est clair, même si la question du leadership est moins que jamais réglée. On peut être certain que Ségolène Royal et François Hollande vont sortir leurs armes anti-Aubry. Mais comment remonter une telle pente sans un consensus qui semble introuvable ? La suite, rue de Solférino, s'annonce noire, pour de longs mois au moins.

Côté Modem, c'est encore pire. François Bayrou a beau renaître de ses cendres après chaque échec, cette fois-ci, cela va être très dur. Sa seule porte de sortie sera d'engager un accord avec le PS et les écologistes en vue des régionales. Ses derniers partisans risquent en outre de s'égailler dans la nature, comme ils viennent de le faire lors de ce scrutin. On ne sait si c'est totalement l'intérêt de Nicolas Sarkozy d'avoir soulagé le PS d'un concurrent. Mais le fait est là : François Bayrou est blessé. Il va devoir remiser, pour un temps en tout cas, ses ambitions au vestiaire.

Enfin, que fera Daniel Cohn-Bendit de sa victoire ? Il a redit ce soir son désintérêt pour la présidentielle française. Mais il a dessiné l'alliance qui devrait, selon lui, prévaloir à Strasbourg : PS-Verts-centre. C'est sans doute la formule qu'il va pousser dans l'Hexagone, d'autant plus facilement qu'il n'est candidat à rien. Son score spectaculaire va, quoi qu'il arrive, peser sur les programmes des uns et des autres : l'environnement sera sûrement au coeur des prochaines batailles.

Sources: Sylvie Pierre-Brossolette (Le Point) et Journal du Dimanche