13 décembre 2024

Passation de pouvoir entre Michel Barnier et François Bayrou _ REVUE DE PRESSE _

Éditorial de lucienne magalie pons

François Bayrou et Michel Barnier ont échangé pendant près de 30 minutes avant la passation de pouvoir. 
LP/Arnaud Journois



Discours de Monsieur Michel Barnier:

Monsieur le Premier ministre, Cher François, Bienvenue, mes premiers mots seront évidemment pour vous dire  mes voeux personnels de  et amicaux pour l'action que vous menez, nous nous connaissons depuis longtemps, je sais en effet votre tenacité  et votre engagement pour notre pays et pour  l'Europe.

 Mesdames et messieurs,  notre pays est dans une situation inédite et grave,  je savais depuis le premier jour,  le 5 septembre,  que le temps de mon gouvernement était compté sous la menace d'une alliance improbable entre des forces politiques que tout oppose,  mais réuni dans des circonstances dans une volonté de blocage et de confusion.

Ce  temps très bref nous avons essayé de l'utiliser au mieux avec le gouvernement,  nous avons remis l'État en marche,  après les 3 mois de turbulenceces qui ont suivi la dissolution de l'Assemblée nationale, 

 Nous l'avons fait méhodiquement et sérieusement dans tous les domaines avec des ministres engagés,  des fonctionnaires motivés et en cherchant toujours le dialogue en particulier avec le Parlement.

 Nous avons lancé des chantiers et commencé  à mettre en œuvre les engagements pris pour les agriculteurs,  pour la sécurité,  pour l'hôpital et la santé mentale dont j'avais proposé,  dont j'ai proposé,  qu'elle soit une grande cause nationale en 2025,  pour la simplification administrative qui est tant attendue par tant d'entrepreneurs  pour l'environnement et la prévention des risques qui se multiplie,  pour la maîtrise de l'immigration et pour tant d'autres chantiers encore,  des engagements qui pourront je l'espère Monsieur le Premier Ministre être confirmés,  poursuivis,  consolidés.   

Nous avons proposé un budget,  un budget difficile où tout était difficile,  pour réduire notre déficit et avec une majorité de parlementaires, en particulier au Sénat,  nous étions proches d'un accord équilibré,  ce déficit n'a pas disparu comme par enchantement d'une motion de censur...,  on aurait tort d'oublier ce déficit et la dette qui l'accompagne faute de quoi ils se rappelleront brutalement à nous tous, une  telle dette un tel déficit ce sont des impôts pour nos enfants, 

 Nous avons enfin tenté de faire de la politique autrement avec peu d'effets d'annonce?  en parlant moins,  en agissant plus avec de l'écoute,  du dialogue,  du respect notamment envers les organisations syndicales et professionnelles que je je veux remercier,  avec les élus locaux et tout simplement avec les Français je continue à croire que notre pays a aussi besoin de vérité, d'apaisement , de reconciliation, 

Notre pays a aussi besoin de justice, trop de Français ont aujourd'hui le sentiment que leurs préoccupations quotidiennes ne sont pas prises en compte par les gouvernants:  ils ont le sentiment de ne pas être considérés, parfois même d'être oubliés,  oui je redis ici ma conviction qui est ancienne que chaque homme chaque femme est nécessaire et que chaque citoyen a une valeur ajoutée pour notre République ,  je crois profondément et depuis toujours que la politique doit servir à construire un progrès collectif,  souvent de petits progrès, parfois de grands progrès,  pour nos compatriotes cette politique elle ne doit  pas se réduire,  ne peut pas se réduire à  un champ de manœuvre dans une sorte d'entre soi d'où les citoyens sont exclus et pour cela je le dis aux Français,  qu'ils vivent dans l'Hexagone,  qu'ils vivent dans nos outre- mers,   qu'ils vivent à l'étranger,  je dis en particulier aux plus jeunes de nos compatriotes il faut vous engager,  il faut vous engager au service , de l'intérêt général en politique mais aussi dans une association dans un syndicat à travers le bénévolat qui est le ciment essentiel de notre Républiqueq;

 Voilà Monsieur le Premier Ministre,  cher François,  au moment de quitter Matignon je remercie naturellement le président de la République Emmanuel Macron, les présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale Gérard Larché et Yaël Braun-Pivet ,   les membres du gouvernement et leurs équipes,  toutes leurs équipes évidemment de mon cabinet  qui ont été formidables,   et tous les services de Matignon que je salue collectivement tous et chacun vous pouvez être fiers  de votre travail,  j'ajoute peut-être enfin un mot plus personnel de remerciement à mon épouse Isabelle à mes enfants,  et à toute ma famille qui était solidaire

En ce qui me concerne,  je reste citoyen engagé pour la République,  pour notre Patrie,  pour l'unité de l'Europe,   je reste et je resterai au service des Français et du côté des Français.

 

[Applaudissements]

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 Discours de Monsieur François Bayrou :

Monsieur le Premier Ministre,  Cher Michel , 

Vous avez dit que nous nous connaissions depuis longtemps c'est absolument vrai,  notre premier engagement ensemble c'était dans un mouvement qu'on appelait Les Rénovateurs  et en effet c'est une tâche qui est encore devant nous aujourd'hui,  je veux commencer en vous exprimant un sentiment de gratitude,  gratitude de Citoyens  pour le risque que vous avez pris de vous engager dans cette fonction pour avoir affronté la difficulté des temps et Dieu sait que cette difficulté des temps est importante, pour  le désintéressement que vous avez manifesté qui donne de l'engagement politique une image que vous et moi et beaucoup de millions de français nous aimons et donc je voulais vous dire merci pour cet engagement et pour ce risque,  alors je ne serai pas très long pour ne pas m'exposer  à des incidents que je redouterais, ...

 Je veux dire des choses très simples la première de ces choses c'est que nul plus que moi ne connaît la difficulté de la situation, j'ai pris des risques inconsidérés dans ma vie politique pour exposer dans les élections les plus importantes, dans les échéances électorales essentielles,  la question de la dette et des déficits,  j'ai même conduit des campagnes présidentiellrs  sur ce thème et tout le monde, nous en disions un mot avec le sourire tout à l'heure,  tout le monde disait "il est complètement fou on fait pas une campagne sur la dette",  et bien je crois que cette question là , déficit et dette c'est une question qui pose un problème moral ,pas un problème financier seulement,  un problème moral parce que se débarrasser de ses charges sur ses enfants dans les pays comme les nôtres,  dans les pays de montagne d'enracinement,  c'est très mal vu à juste titre . 

 Donc votre message sur la gravité de la situation, je le reçois et je le partage,  c'est le premier point et c'est pourquoi devant une situation d'une telle  gravité ma ligne de conduite sera de ne rien cacher,  de ne rien négliger,  et de ne rien laisser de côté. Je sais que la tentation est dire, " Ecoutez, prenez un ou deux sujets,  concentrez-vous là-dessus et laissez faire le reste dans la médiocrité",  je ne choisirai pas cette ligne, je pense que nous avons le devoir dans un moment aussi grave pour le pays,  pour l'Europe et devant tous les risques de la planète,   nous avons le devoir d'affronter les yeux ouverts sans timidité la situation qui est héritée  de décennies anciennes ,   dans lesquelles on n'a  pas regardé comme nécessaire et urgent la recherche des équilibres sans lesquels on a du mal à vivre,  disons simplement que les dernières années l'accumulation de crise a été telle que  les explications sont parfaitement incompréhensibles.

Je  veux dire simplement que j'ai deux obsessions la première qui est pour moi un des risques les plus graves,  c'est le mur de verre qui s'est construit entre les citoyens et les pouvoirs , entre la base , les femmes et les hommes,  les familles,  ceux qui travaillent, ceux qui cherchent du travail, ceux qui sont à la retraite,  ceux qui mène la vie  des Français ,  dans le voisinage ,  ceux qui affrontent   des difficultés dont il ne voient  pas le relais dans la vie publique. 

Ce mur de verre,  cette séparation,  cette rupture,   pour moi c'est un ennemi à combattre,  et notamment la compréhension de ce que nous disons,  les mots qu'on utilise  pour décrire la situation,  les éléments de langage comme on dit,   si je peux ... j'ai une absolue conscience de la difficulté de la tâche,  si je peux j'essaierai de débarrasser  notre vie publique et nos débats des paroles artificielles,  des mots dont on a le sentiment qu'ils étaient écrits bien avant qu'on les prononce et d'ailleurs qu'on aurait pu deviner à l'avance de ceux  qui les prononce,  à les dire,  ça c'est le premier point.

Le  deuxième point qui était l'essentiel de la promesse du président de la République  élu en  2017 est  ce que  le président de la République élu avait porté devant les Français,  c'était l'idée que on ne pouvait pas se trouver devant un destin dont  on n'était plus maître,  dans lequel on n' avait aucune chance de progresser. 

C'es  pourquoi naturellement je pense à l'école dont je me suis occupé pendant des années et qui n'a pas cessé d'être dans ma vie un point fixe  l'idée que parce qu'on est né dans un quartier, dans un village,- on aurait tort d'oublier les villages-,  parce qu'on est né dans un quartier, dans un village,  parce qu'on porte un nom,  parce qu- on pratique une religion ou qu'on est attaché à cette religion, l'idée que en réalité les portes ne sont pas ouvertes pour vous,  l'idée que c'est ceux qui ont les codes qui savent comment se diriger, que  seuls  ceux-là connaissent  la carte et  ont la boussole pour se diriger dansdans la vie  et si vous ne les avez pas cette carte et cette boussole , cesconnaissances,  ces réseau ces moyens,  alors vous vous trouvez aujourd'hui je le crains dans une situation qui est moins ouverte qu'elle ne l'était il y a quelques décennies,  et pour moi ceci est insupportable,  je viens de là,  je viens de villages au pied des Pyrénées bleu,  je viens  de milieux sociaux et de villages et j'ai fait toute ma viesans les quitter,  je viens de milieux sociaux et de villages qui n'ont pas la chance d'être protégés, favorisés,   je trouve que notre devoir de citoyen , de père de famille de notre devoir de républicain c'est que nous soyons obsédés pour rendre des chances à ceux qui n'en ont pas,  c'est pour moi un devoir sacré et je n'ai pas l'intention de le négliger c'était la promesse du président de la R public et c'est à cette promesse que je compte être fidèle dans les fonctions si difficiles que vous me transmettez euh je sais que les chances de difficulté sont beaucoup plus importantes que les chances de succès jz n'ignore rien de l'Himalaya qui dresse devant nous des  difficultés de toute nature,  la première est budgétaire naturellement puis politique, et puis de l'éclatement de la société où nous sommes,  je sais tout ça,  je pense qu'il faut essayer et je pense que si on essaie peut-être pourra-t-on trouver un chemin inédit et ce chemin en tout cas je sais de quoi il est marqué,  il est marqué de la volonté de réconciliation,  il se trouve que comme tout le monde l'a noté  c'est aujourd'hui l'anniversaire de la naissance d'Henri IV,  comme vous le  savez c'est un ami pour moi un des seuls amis que j'ai eu toute ma vie,  et un des seuls qui m'est vraiment donné un coup de main je lui ai consacré beaucoup de livres et c'est une figure      très importante,  il a fondé sa rencontre avec la France dans des temps aussi difficiles et plus difficiles que ceux  que nous vivons aujourd'hui,  il a fondé cette rencontre sur la nécessité de sortir des guerres stupides ou des guerres secondaires pour se retrouver sur l'essentiel qui est l'avenir du pays , si je peux à mon tour j'essaierai de servir cette réconciliation nécessaire et je pense que c'est là le seul chemin possible vers le succès .

 Merci de  votre présence et de votre amitié.

[Applaudissements]


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