|
MESSAGE
de Jacques MYARD
Membre Honoraire du Parlement
Maire de Maisons-Laffitte
Président du Cercle Nation et République
Président de l'Académie du Gaullisme
CONFERENCE -DEBAT
Enghien IRIS
19 mars 2022
Merci à l’Iris et à
son directeur Pascal Boniface d’organiser ce colloque et d’avoir choisi pour
thème « l'Europe face à l’immigration » qui est un
sujet d’actualité et appelé à le rester longtemps.
Afin de bien
comprendre l’enjeu des migrations, il me semble indispensable de replacer l’immigration
dans une perspective historique.
Un bref rappel
historique s’impose :
1° les migrations ont
toujours existé, et ce depuis des temps immémoriaux, c’est une constante
de l’histoire de l’humanité.
2° Les immigrations
ont toujours entraîné des difficultés, des rejets et des heurts.
- vers 450, lorsque
les Angles arrivent en « Grande » Bretagne et chassent les Celtes
qui se réfugient en Bretagne, ils provoquent en Bretagne hostilité et rejet,
attestés par les chroniques.
- au 17ème siècle, lorsque
les Français - des Auvergnats - émigrent en Espagne, l’hostilité des Espagnols
est forte. Ils sont traités de « gabachos », mot méprisant.
En revanche, au 19ème siècle, l’accueil
des artisans français s’est beaucoup mieux passé.
- les Polonais en
France :
L’immigration s’effectue
dans le cadre de la « Mission française pour le recrutement de la main- d’ouvre
en Pologne » puis par la « Société Générale d’immigration »,
société privée. Ces Polonais travaillent dans les mines.
L’intégration de ces
travailleurs polonais n’est pas un succès. Ils vivent entre eux. Un
rapport du Préfet du 11 octobre 1929 décrit une communauté qui ne s’intègre
pas.
A la dépression
économique de 1930 croissent des manifestations d’hostilité et de xénophobie,
qui poussent à expulser des travailleurs polonais par trains entiers en 1933.
En résumé : Il n’y
a là rien de nouveau.
Mais le cas de l’immigration
polonaise devrait nous forcer à réfléchir car le quantitatif - il
y a eu jusqu’à 700 000 Polonais - pose un problème qualitatif, l’absence
de politique d’anticipation.
J’en viens maintenant
aux causes de l’immigration.
- Un premier facteur
est, bien sûr, les guerres. C’est manifestement le cas avec l’Ukraine et ce
fut le cas avec les conflits du Moyen-Orient en 2015.
- mais le facteur
décisif est celui de la démographie.
Faisons le
point : la démographie est en voie de transition et en déclin dans le
monde, Chine comprise, sauf en Afrique.
L’Afrique comptait 250
millions d’habitants en 1950, elle en a 1,2 milliard en 2022 ; elle en
comptera plus de 2 milliards en 2040.
Prenons le cas de l’Egypte :
en 1950, ce pays recense 21 millions d’habitants, en 2022, ce sont 106
millions ; en 2040, il aura 137 millions et en 2050 153 millions d’habitants.
Le taux de croissance annuel y est supérieur à 2 %, - en 2022, il est à 2,18
%. Cela représente 6327 Egyptiens supplémentaires par jour en 2022, soit 2, 3
millions par an.
De même, le Nigéria a,
en 1975, 63,3 millions d’habitants, en 2020, il en compte 206,1 millions
et il aura en 2040 329 millions d’habitants.
Le Niger,
quant à lui, dénombre en 1952, 2,6 millions d’habitants, en 2020 ce
chiffre grimpe à 26 millions ; en 2040, il aura 49 millions d’habitants.
Son taux de croissance en 2022 est de 4 % ; il double quasiment tous les
20 ans.
Les guerres vont se
terminer mais le poids de la démographie africaine va peser de plus en plus.
La maîtrise de l’immigration,
un défi européen, un défi français.
Patrick Stefanini,
spécialiste bien connu de ces questions, estime que la France a perdu le
contrôle de sa politique migratoire.
Il cite quelques chiffres :
- 132 000
demandes d’asile en 2019
- 900 000
étrangers en situation irrégulière
- 318 000 Aides
médicales d’Etat (AME) en 2018 -aide réservée aux irréguliers
- notre système
fabrique 30 000 clandestins par an.
- Il existe une dérive
du droit d’asile : les étrangers entrent de manière irrégulière puis
demandent l’asile.
Quelle réponse
publique à une situation qui a toutes les chances de dégénérer et nourrit la
xénophobie ?
1ère action :
Casser l’appel à émigrer.
Toutes les populations
africaines, manipulées par les filières des passeurs, lisent à livre ouvert
dans notre vie politique :
Leur raisonnement est
simple : s’il est difficile d’arriver et le pari risqué, cependant, après
quelques mois de galère, il sera possible d’être admis grâce à l’action des
associations
Il est donc nécessaire
pour la France de clamer urbi et orbi que si l’on entre de manière illégale,
on en repart.
2ème action :
Maîtriser nos frontières.
Schengen a confondu
liberté de circulation des personnes et absence de contrôle.
Il importe de rétablir
des contrôles aux frontières nationales.
Il est Impossible de
contrôler les frontières externes de l’union européenne, qui sont de vraies
passoires.
3ème action :
Poursuivre en justice les marchands d’esclaves, les passeurs, mais aussi les
ONG qui sont de mèche avec eux.
La vidéo de Frontex où
l’on voit des migrants transportés par un navire puis transbordés dans une
barcasse est une réalité insupportable et indigne.
4ème action :
Rendre effectif les expulsions.
. L’expulsion doit être
une mesure administrative
Il faut une
modification de l’article 66 de la Constitution par laquelle il convient de
préciser que l’expulsion du territoire ne relève que de la juridiction
administrative.
. Il nous faut obtenir
des accords avec les pays d’origine pour qu’ils reprennent leurs nationaux.
Nous pouvons exercer
une pression sur ces pays grâce au blocage des visas, à l’arrêt des
transferts ou la suspension des aides.
5ème action :
Mettre en place de quotas pour admission
. les
étudiants sont admis pour étudier et repartent au terme de leurs études
tout en bénéficiant d’un plan épargne-retour pour créer une entreprise chez
eux.
L’objectif est de créer
des liens économiques entre la France et les pays africains avec la possibilité
de bénéficier de visas pour leurs ressortissants.
L’immigration zéro n’existe
pas !
6ème action : Mettre un terme aux
dérives du droit d’asile.
. La demande du droit d’asile
doit être faite dans nos postes consulaires avant l’entrée
sur le territoire national. A charge pour l’État de traiter très rapidement
la demande.
. Si demande est faite
à Roissy dans la zone internationale, l’étranger y reste et la réponse doit être
rapide
Le droit d’asile est
au cœur de l’humanité, mais, comme le dit Max Gallo, » on
est tous pour les droits de l’homme mais ce n’est pas une explication du
monde ».
7ème action :
Quelle politique d’intégration, d’assimilation ?
Il s’agit de redonner
espoir aux hussards de la République en nous dotant des moyens de nos
ambitions.
L’assimilation
fonctionne si le pays d’accueil est ferme et récuse tout laxisme.
En cas de refus, si l’individu
veut être reconnu comme étranger en France, si un Algérien en France veut
faire prévaloir la loi de la charia, alors il faut ordonner son
expulsion.
Il importe de ne
jamais oublier que pour être français, il faut le vouloir, ce qui a pour
conséquence de contrôler l’existence de cette volonté.
8ème action : Quid de l’Europe ?
. La directive
2001/55/CE 20 juillet 2001 sur la protection temporaire appliquée aux
réfugiés ukrainiens est à saluer.
. Mais pour le reste,
regardons les choses avec lucidité, l’Union européenne « a le
cul entre deux chaises ».
Pourquoi ?
C’est là encore la
démographie qui commande.
. D’un côté se
trouvent les pays en dépression démographiques : l’Allemagne de Merckel
fait ainsi entrer 800 000 migrants de manière unilatérale, répondant au
vu du patronat allemand.
Peu importe que ces
braves gens violent et agressent des Allemandes à Cologne ... des salonnards
font le dos rond et se taisent.
De plus, concernant
les relations avec la Turquie, et tabou de la politique étrangère allemande
qui remonte à la Première Guerre mondiale, le Reich a fermé les yeux - un
euphémisme - sur le massacre des Arméniens.
. De l’autre côté,
nombre d’États, dont la France, estiment avoir trop d’immigrés, contrairement
aux ONG qui font de l’accueil des réfugiés leur raison d’être, voire leur fond
de commerce et jouent les apprentis sociaux en alimentant le flux incessant
des entrées illégales.
Voilà pourquoi, l’Union
européenne est dans l’embarras et incapable de définir une politique unifiée
et cohérente.
Voilà pourquoi elle
subit des échecs multiples pour mettre en place une politique d’accueil et un
droit d’asile européens.
9ème action :
Stabiliser l’Afrique grâce à l’Aide au développement APD.
On parle beaucoup d’un
plan Marshall en faveur de l’Afrique.
Les aides françaises
et européennes ont augmenté ces dernières années.
La France se classait
au 5ème rang mondial en 2020, avec 2,4 milliards d’euros, soit 9 % de l’APD
mondiale.
Mais cette aide est
noyée dans l’explosion démographique de l’Afrique.
Comme on l’a vu, tout
accroissement démographique annuel de 2% a pour conséquence que la population
double tous les 39 ans.
Nos salonnards
prétendent qu’il faut élever le niveau de vie pour obtenir la transition
démographique.
C’est faire
abstraction du fait que trois générations sont nécessaires pour y parvenir et
que le train accélère. Bref, c’est illusoire.
L’urgence est de
mettre en place des politiques ciblées pour maîtriser l’explosion démographique.
Ce n’est pas facile, mais c’est impératif.
A l’image des Américains
qui ont commencé à le faire, il faut prendre en compte la dimension
culturelle et religieuses des obstacles à une politique de maîtrise démographique,
mais c’est possible. La Tunisie y est parvenue en son temps avec Bourguiba même
si elle a rechuté aujourd’hui.
Notre aide doit être
réorientée à cette fin.
Les neuf actions
politiques que je viens d’énumérer n’obéissent pas à un ordre séquentiel,
elles sont toutes prioritaires et doivent être enclenchées de façon
concomitante.
***
L’immigration est un
phénomène complexe qui exige une multitude de réponses.
Il s’agit de l’un des
défis majeurs du 21ème siècle, la France et l’Europe sont
en première ligne face à ce défi.
Découvrez le dernier
ouvrage de Jacques Myard : Cliquez ici
|